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samedi 7 août 2010


UNE FEMME DE TROP OU UN ETE PARTICULIER

Attention, ce blog dont la lecture a été ordonnée ou recommandée au conseil municipal... a été égayé par quelques tableaux érotiques, softs, rassurez-vous -ou déplorez le- pour éviter qu'ils ne s'ennuient trop. Et comme question parité, c'est léger à Saint Ambroix, ce sont des femmes qui sont représentées. Merci qui ? 





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(sommaire des blogs HBL)
Note liminaire :

Ce "dazibao virtuel" à l'origine purement saint-ambroisien ayant filé plus loin que prévu, voici un résumé des épisodes précédents pour les lecteurs qui ne suivent pas.




 Hélène Larrivé in situ

Voici donc. Pour Louis-Marie Horeau du Canard Enchaîné, afin que ces choses soient sues, pour toi Nelly Uzan, comme  idée de roman ou de feuilleton d'été bien dans le style de la télé suisse romande qui excelle dans ces histoires rurales à rebondissements à la fois poétiques et sordides. Pour Béatrice, de Libé, pour tous qui découvrez...
           
  A mon retour au pays, la mairie de mon village -disons pour faire vite la "droite"- avait exigé de moi 4000 euros pour une facture d'eau d'une maison que je n'avais jamais habitée dont il s'avèrera que le compteur ne marchait pas... coupé l'eau (c'est toujours le cas, j'ai juste un filet éjaculateur précoce) puis tenté d'en faire autant dans ma maison principale, habitée celle-là. L'autre maison par contre était vide hélas car le père du maire actuel -gauche panachée tristounette-, challenger à l'époque de l'autre ! avait démoli la bâtisse adjacente et dans la foulée, un peu la mienne. Non ce n'est pas un gag. Du coup, le haut mur mitoyen se décrochait dangereusement sur un parking. C'est pendant  le mandat du nouveau maire que mon compte a été saisi, bien que l'équipe ait été élue en raison de la gestion "aléatoire" de la "droite" qu'elle allait assainir -mon cas constituant un paradigme cocasse de cet "aléatoire"-. L'ordre venait de l'ancienne équipe mais, lorsque j'étais allée protester auprès de la nouvelle, je m'étais heurtée à plusieurs adjoints agressifs qui "ignoraient" l'affaire -pourtant objet de plusieurs articles- et me jetèrent fortement -très très !- que cette facture serait payée de toutes manières un point c'est tout !.. Je venais peu avant de gagner un procès contre le "démolisseur" qui avait dû reconstruire ma maison. En désespoir de cause, éreintée par cette série*, je me suis résolue à la porter en place publique par une grève de la faim de 3 jours deux fois de suite. Jusqu'à présent en vain.
*  Il y eut aussi,  intercalé, un épisode burlesque dont je ne puis parler car il est encore en cours de jugement.


Aujourd'hui mardi 22 juin 2010 à 18 heures,

Je commence cette grève de la faim. Rien jusqu'à présent. Tout va bien. Les animaux sont en sécurité. Jo s'occupe de la galerie. J'ai retiré de l'argent. Payé quelques menues dettes. Installé la voiture plus ou moins confortablement. Ça devrait aller. Des messages d'encouragement. Mais un assez sec d'un ami qui me sape le moral, en vain. A-t-il peur et est-ce sa manière de me le dire ? "Ça ne sert à rien, tu vas pas crever pour ça, c'est idiot, les choses n'ont de l'importance que dans la mesure où on leur en accorde" etc... je lui réponds par la phrase de Cyrano je crois, ou de Shakespeare :
Les "grandes" injustices (parfois) font des "unes" même si ça ne donne pas grand chose. Mais les "minimes bassesses qui ne valent pas un regret et même pas un souvenir, mais qui bout à bout font qu'au soir de sa vie on ne peut sans dégoût se regarder en face" sont tues donc souvent acceptées voire pire, soutenues et ceci par nous tous. Je ne me bats pas pour ces 4000 euros mais pour le juste. Ça vaut de mourir ? 1 je ne pense pas mourir. 2 Et puis zut."

Le poulet farci, c'est moi... et quelques autres

Par contre, un avis positif et circonstancié du bouquiniste au marché, qui a fait un an de prison militaire pour insoumission, je le connaissais de nom évidemment (Pélissier) mais je ne savais pas que c'était lui bien que le fréquentant souvent le mardi, comme mon père avant moi. C'est Leclerc qui l'a défendu. C'était en 72, période "creuse" pour moi : la naissance de Maï-linh, je n'étais pas au top de l'actu avec 8 tétées par 24 heures... Mais quand même je me souviens.On a dû signer quelques pétitions, Robin a dû faire quelques manif Bastille République.. puis la vie, le boulot, le bébé... et voilà, pendant tout ce temps il croupissait en prison militaire, ce n'est pas rien. Un an, malgré le talent de Leclerc, ce qui est "bien" du reste car il risquait beaucoup plus. La question essentielle, toujours : celle du suivi des événements de ce type, on se dédouane en signant, en effectuant la traditionnelle marche hygiénique et barka, ça baigne. Non, ça ne baignait pas. De même lorsque les gens sont licenciés, comme Pascal, Domi, (ex élèves de Lydie) : bagarre, articles... puis quelques indemnités dans le meilleur des cas... et plus rien. Et peu après, les types, isolés, désespérés, font une dépression et/ou parfois se suicident.




Lors de la mort d'un proche, même phénomène : sur le coup, il y a presque trop de monde autour de vous, on n'en peut plus même si c'est bien, puis enterrement ou crémation... et plus rien, chacun s'en retourne chez soi. Et les gens parfois dix jours après vous disent, joviaux, sans y penser "ça va?" J'ai beaucoup apprécié cet ex patron de bar de St Ambroix (sulfureux dit-on) qui m'a abordée quinze jours après la mort de Lydie en me disant "je ne vous demande pas comment vous allez." Ouf, quelqu'un de sensé. Il venait de perdre son gendre (jeune) d'un accident et à lui aussi, les joyeux "alors ça va?" quotidiens dans la rue lui semblaient une insulte. Le plus "marrant" fut cette dame charmante qui me demanda dix jours après comment allait ma mère. "Pas plus mal que ça finalement"... Elle m'avait confondue avec F. (il est vrai qu'en vieillissant, on a un vague air de ressemblance, cheveux identiquement blancs fournis etc... ce qui n'était pas le cas autrefois).

J'y vais. Etre devant la mairie m'angoisse autant sans doute qu'eux. Faire du mal aux gens, c'est s'en faire à soi même... Mais subir l'injustice, c'est aussi la commettre... bon sujet de philo ! Je n'ai donc pas le choix. Ce qui me manquera le plus est internet, les chiens et les experts. J'ai acheté des bouquins. Go ! Un peu gênée de me mettre en évidence et cependant il le faut et je l'ai voulu. Tant pis. C'est s'exposer... mais redite, subir l'injustice, c'est aussi la commettre. Contre soi. Je me le répète, O Socrate. Ça me remonte le moral. Robin m'a appelée trois fois, le record. Pas trop négatif à présent que c'est parti. Jo aussi. Toujours gentil. Tout est réglé. Cela aussi me fait peur. Comme si j'avais organisé... passons.



Au troquet où j'écris et surtout consulte mes mails, ils n'arrêtent pas de crier après les buts, c'est pénible. L. me dit que j'aurais dû choisir de faire ma grève après la coupe de foot qui mobilise toutes les énergies intellectuelles des mecs, ma foi assez modestes il faut croire. Tant pis. On ne peut penser à tout., je n'avais pas pensé au foot. Ils sont scotchés. Il pourrait péter une bombe, ils ne bougeraient pas, toutes classes sociales confondues, le suisse alémanique snob, le jeune coiffeur à queue de cheval, Polo un peu crade et ses béquilles, le vieux mineur intello qui a reconnu "mon" portail au Ranquet parce qu'il ressemblait à la galerie ici... Tous vibrant devant le grand écran de Momo. Je me sens en effet déplacée, un peu, mais ils sont sympas, ce qui n'est pas toujours le cas en d'autres endroits, enfin ça dépend qui il y a. Il faut faire avec.

Mercredi 23 juin 2010, 22 heures, chez Momo
Tous devant la télé, désabusés puisque la France a fait un bide dit-on. Il y avait des allemands ou hollandais. Le cœur n'y est pas. Plus. Peut-être aurais-je dû choisir un autre moment ? Tant pis.  J'aime ce café, Momo
est sympa, et il y fait frais. Il a autrefois tenu une cafétéria de Montparnasse, on a dû se croiser puisque je prenais trois fois par semaines le train pour Dreux. Il est le premier à avoir offert la wifi à ses clients, les autres ou plutôt un autre a suivi.

Frédéri
Beny veut absolument rendre service, il tourne autour de moi et m'emmerde un peu. Il paraît qu'il n'est pas dangereux. Mais il est parfois armé et presque toujours saoul. Momo dit qu'il n'est pas tout seul dans sa tête, c'est une véritable colocation là dedans. Bon. S'il m'emmerde ce soir -car il a compris que je dors dans la voiture- j'irai chercher Vôtan. La copine de Maï-linh me suggère une pétition. En effet c'est la base. Le tract est trop long.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 13:30 0 commentaires

Le coup de la zone bleue
La scène avec le garde m'a rappelé (messages pas dans l'ordre) celle de "Danton" où on voit un jeune soldat bafouillant arrêter un Danton  très détendu qui le précède et non le suit ("allons, on y va, dépêche toi !"). Me faire le coup de la "zone bleue" et du blocage du stationnement... à St Ambroix. C'est mignon, il fallait y penser (même à Paris on descend remettre un ticket de parcmètre lorsque le temps s'est écoulé... et là, il est vrai que c'est gênant !) Je vais essayer de dormir. Mon moment de faiblesse venait sans doute de ce que je n'avais pas assez dormi, de la chaleur, et des discours à tenir et à écouter (c'est D. qui m'a achevée). 
Publié par HL

Printemps au parking (caduti massi) le mur décroche, des voitures dessous, 2 ans. Il n'y a pas eu de morts, le Dieu de la nature a veillé.

Sympa le magasin d'informatique m'a laissé la wifi lorsqu'ils sont partis, je redoutais d'être coupée à 19 heures. Je pourrai surfer toute la nuit.  De petits gestes comme ça, sans paroles... Il faut les pointer.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 11:31 0 commentaires


23 h
Mme B. jolie vieille dame aux yeux lumineux, de cette classe ouvrière qui lit Lénine comme Dostoïevski, Gorki, Undset... et se délecte à revoir les cassettes d'Eisenstein ou de Ken Loach s'inquiète pour moi. La classe ouvrière qu'on dit parfois inculte ! Souvenirs des réunions à Clé où les mineurs devisaient théorie anarchiste, la fin justifie-t-elle les moyens, les espagnols, les anar, les communistes,  les polonais plutôt catho... Bakounine contre Lénine, Proudhon contre Stirner... et cette angoisse pour Julius et Ethel Rosemberg surtout dont la photo se trouvait devant ma fenêtre... ce furent sans doutes les premières choses que j'aie dû entendre de mon lit juste à côté. Si ensuite j'ai fait philo, ce n'est pas à cause des Larrivé n'en déplaise à mes tantes... mais sans doute en raison de ces débats pointus de prolos qui ont bercé ma toute petite enfance. A Perpignan ensuite, dans la salle des profs, il n'était question que d'emprunt, de taux, de maçons et des côtes d'objets d'art. La chute !


Anic Darnault

1 h du matin, mercredi 23 Juin 2010
Trop envie de faire pipi, c'est idiot de ne pas y avoir pensé tout à l'heure lorsque le troquet était ouvert. Je suis rentrée, ce n'était pas supportable, pas moyen de dormir, être un mec a ses avantages mais hélas.. J'en ai profité pour charger les deux portables, à plat tous deux (presque) et le téléphone. Une surprise rigolote : C. a trop donné à manger aux chiens, il a l'habitude de ses 30 (?) chats nourris à volonté... si bien que je les ai retrouvés tous les deux affalés et complètement couffles comme on dit à Marseille, certes très calmes, ne demandant qu'à digérer, à peine levés -péniblement- en me voyant. Du jamais vu, d'hab c'est un concert de jappements  surexcités et à qui me sautera dessus le plus violemment. Téléphone. J'y retourne. Je ne suis pas mécontente d'être partie une heure, il y avait B (un gitan souvent alcoolisé et paraît-il pas commode) qui traînait... pas trop envie de l'avoir devant la voiture... Le pauvre gars est suicidaire et violent dit-on.

A l'église, seul endroit frais où je suis allée dans l'après midi, (la chaleur! et puis je m'y concentre bien, il ne me manque qu'un café bien noir, il faudrait le suggérer au curé, ça lui ferait du blé pour ses pauvres) il y a un cahier avec des demandes écrites adressées à la Vierge, touchant, des pages et des pages mal écrites avec toujours les mêmes requêtes, faites que mon mari guérisse, que ma sœur aille mieux, que les analyses de mon gendre soient normales, que maman arrive à convertir notre mécréant de père, que ma femme revienne  (cela revient toujours beaucoup dans tous les termes) etc... Ou des évocations de morts avec prière d'intervenir auprès de Jésus pour leur épargner des années de purgatoire... C'est si triste et litanique qu'on n'a pas même envie de se moquer. Tous ces gens malheureux... On devine tant de souffrances, sans doute énormes... cachées sous les apparences un peu arrogantes typiques du village. On a l'impression d'avoir découvert leur âme. Il y avait un enterrement, sans beaucoup de gens, l'église était aux trois quart vide, ça devait être une personne très âgée... Pendant son oraison, le curé baissait les yeux pour lire à chaque fois le nom du défunt, que visiblement il avait du mal à retenir. Il pourrait tout de même faire un effort de mémoire comme n'importe quel prof, pour un seul nom ! Triste pour le peu de famille qui était là. "Nous accompagnons aujourd'hui notre ami ...euh... Marcel Du... Dibois... en cette journée bla bla bla..." 



 Les rabbins sont plus sérieux : celui de l'enterrement de Mamita savait tout sur elle... dit à mi mot, -gênant, on aurait dit un psy- lorsqu'il m'a regardée pour que je m'avance, brrr... jamais on ne m'avait fait ce coup. Une sainte ? Même Robin a souri, presque ri tant le personnage était à contre emploi. Il en faisait un peu trop le rabbi mais enfin il savait son nom, prénom, famille, existence... tout ce qu'il fallait savoir pour faire un discours qui tienne la route avec plein de sous entendus. On avait tout de même payé une bougie "éternelle" -électrique- qui devait brûler en Israël quelque chose comme 1500 F, mais bon, on en avait pour notre argent. On n'a jamais vérifié si elle y est bien, il le faudra après cette histoire à la con, sinon service après vente comme chez Darty. Ici c'est la routine, pas de chichis, et hop au trou le vieux... euh... Marcel... euh... Dibois. Triste. 

A Paris c'est pire : dix ou quinze personnes (je ne me souviens plus) par jour meurent sans qu'on ne sache rien sur elles, parfois même pas leur nom avec certitude et ce ne sont pas des SDF le plus souvent. Une assoc s'est donnée pour tâche de se charger de leurs funérailles pour éviter que le cercueil ne soit conduit au cimetière comme un encombrant. Quelqu'un fait un petit discours sur la tombe avant la fermeture définitive. Emouvant. "Madeline ou Milène ou Miléna, excusez moi si je me trompe, vous avez vécu vingt ans au 2 rue de la Tour Maubourg, nous ne savons sur vous que peu de choses, que vous aimiez les croissants au chocolat, les marguerites et les romans d'Agatha Christie, vous veniez peut-être de Hongrie à votre accent, pardon de vous avoir envoyé un prêtre catholique si vous étiez d'une autre religion etc..." Des gens perdus, cachés, au passé inconnu, ayant peut-être fui quelque drame, avalés, disparus sans laisser de traces en vingt ans de vie, qui saluaient cependant leurs voisins, leur concierge ou les commerçants.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 16:58 0 commentaires




23h31 Je vais dormir, le village s'endort. Je n'ai pas peur.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 14:25 0 commentaires


Mercredi 23 juin 2010, 22 heures, chez Momo
Tous devant la télé, désabusés puisque la France a fait un bide dit-on. Il y avait des allemands ou hollandais. Le cœur n'y est pas. Plus. Peut-être aurais-je dû choisir un autre moment ? Tant pis.  J'aime ce café, Momo  est le premier à avoir offert la wifi à ses clients, les autres ou plutôt un autre a suivi.  C'est sympa, et il y fait frais.
Beny veut absolument rendre service, il tourne autour de moi et m'emmerde un peu. Il paraît qu'il n'est pas dangereux pour les femmes. Mais il est parfois armé et presque toujours saoul, si bien qu'à un moment je crains qu'il ne sache même plus faire la différence. Momo dit qu'il n'est pas tout seul dans sa tête, c'est une véritable colocation là dedans. Bon. S'il m'emmerde ce soir -car il a compris que je dors dans la voiture- tant pis, j'irai chercher Vôtan, gentil mais impressionnant, et puis si on touchait à son "Dieu" c'est à dire à ma modeste personne, je ne crois pas que ce berger allemand qui se prend très au sérieux question boulot apprécierait. La copine de Maï-linh me suggère une pétition. En effet c'est la base. Le tract est trop long.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 13:30 0 commentaires


Enée portant Anchise fuyant Troie en flammes

20 heures, jeudi
J'ai craqué : un café bien fort et j'ai dévoré le croissant. Failli m'étouffer. Hamid n'a pas voulu que je paye. Trop gentil. Impensable, le moral est immédiatement revenu au beau fixe. Nous ne sommes qu'un assemblage biochimiques de réactions. L'énergie que coûtent le stress et les gens est incommensurable. J'étais déjà restée sans manger plusieurs jours après la mort de Lydie, mais seule, enfermée volet clos dans la galerie écoutant en boucle Werther, et ça n'avait pas posé de problèmes, aucun.

Le garde est venu, le nouveau, un blond élégant surdimensionné, comment tiennent-il avec cette chaleur avec leur uniforme, c'est inhumain... il me dit qu'on est en zone bleue tout en regardant de côté, pas trop à l'aise semble-t-il, que je ne peux pas laisser ma voiture garée toute la journée. Je lui propose de la changer de temps en temps, reculer et avancer, il y a toujours des places libres à cet endroit, en plein soleil., ça ne se bouscule pas. Il a l'air emmerdé. Je lui demande de combien est la contravention. 11 euros. Je lui réponds que c'est OK. Il a l'air encore plus emmerdé. Sacrés élus ! J'imagine la scène, personne ne devait se bousculer parmi eux. Une femme qui n'a quasiment rien mangé depuis 2 jours, pensez comme ça fait "classe" pour de jeunes costauds qui se sont engagés par vocation de justice... Ce n'est pas avec de tels "faits d'armes" qu'ils vont faire vibrer les belles ! Je suppose qu'ils ont tiré à la courte paille. Je pense à cet élève de STT (brillant, rare dans ces sections) qui est devenu flic, motivé par l'ambiance de Vitry où les loubards font régner leur "loi" et quelle "loi"... désireux d'en découdre enfin avec eux, mais avec le pouvoir de l'état et de la justice. Je ne l'avais pas découragé, au contraire. Il avait une moyenne de 15 en philo (et partout), il a dû monter en grade assez vite. Qui sait ? peut-être nous retrouverons-nous un jour face à face.

Je préfère être à ma place qu'à la leur. Dans toute ma carrière, il faut le reconnaître, je n'ai jamais eu à faire quelque chose que je refusais moralement, merci à l'éducation nationale, qui paie mal mais préserve l'éthique de ses chevaux de combat que sont ses profs . Heureusement qu'il y avait le croissant. Sinon j'aurais éclaté en sanglots sans doute. Je m'affaiblis très vite.




Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 10:54 0 commentaires

Une erreur à ne pas commettre pour les néophyte : il ne faut pas que ce soient les mêmes qui fassent la grève de la faim et qui parlent aux gens. C'est cela qui est dur; parler, parler... et surtout écouter (dans certains cas) épuise.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 09:52 0 commentaires


6 h et demi
Des gens m'ont demandé comment accéder au chemin de la Roque. Ils vont y aller. Se baigner ? Pas trop conseillé. Ils me soutiennent. Peut-être faudrait-il une pétition ? Je vais rédiger le texte.
Mais la faim à présent, mon corps crie littéralement qu'il lui faut du carburant. Je ne pensais pas que ce serait si dur. 2 jours seulement. GG est passé, costard trois pièces, ray ban... l'écouter parler de l'entreprise (qu'il n'a pas) m'a épuisée. Il est gras et jovial, content de lui. Mais au fond désespéré. Bien sûr, il me soutient. Il me tardait qu'il s'en aille, sa logorrhée est pénible, je ne le suis pas. Bon, cette grève est un choix, pas de jérémiades... Peut-être aurait-il fallu une autre méthode ? Si je m'épuise, et ça a l'air d'aller plus vite que je ne pensais, je ne pourrai plus me défendre. Mais quoi ? J'ai peut-être eu tort finalement.
Publié par HL à l'adresse 09:35 0 commentaires


Mercredi 23 juin 2010

18 heures
Une jeune femme vient me demander des tracts à distribuer. Je suis touchée, elle s'étend sur sa situation sociale pénible (ses enfants lui ont été retirés) etc... elle veut faire une grève de la faim elle aussi et se renseigne... Je ressens un peu de vague tout à coup... c'est curieux comme le moral monte et descend rapidement, un cycle extrêmement rapide qui passe de l'euphorie à la tristesse en quelques secondes. J'ai vu une autre qui a été accidentée pour la deuxième fois sur le boulevard principal, elle est  nourrie par une sonde qu'elle garde en permanence ; de surcroît, d'une maigreur épouvantable. Il faudrait absolument une déviation. Cela fait dix ans qu'on en parle et nous la promet.

Le pauvre pêcheur

Bien des gens ici sont contraints de requérir de l'aide au quotidien à cause de situations pénibles de tout ordre, maladies, infirmités, mal débrouillardise, marasme social... si bien que les relations sont un peu faussées. Ils ne peuvent pas apporter grand chose, ou le croient à tort, en sont blessés, et se poser devant eux avec un panneau même si on ne les aborde pas, c'est leur faire violence. La démarche de l'affiche est faite, j'observe les gens. Par moment je me sens seule, l'instant d'après au contraire, portée.


Il est incontestable que parmi certains amis ou relations, il en est qui sont gênés et même qui semblent avoir un peu honte de moi. Une cousine par alliance est passée en m'évitant soigneusement, l'air affairée d'une working woman qu'elle n'est pas. Ce que je fais n'est pas "classe" sans doute. On est des bourgeois assez convenables? Pour cette branche, je déroge. Tant pis. Mon oncle pourtant a fait trois mois de prison pendant les grèves des mineurs en 48 et "ils" n'en parlaient jamais, les uns parce qu'ils croyaient cela honteux, lui par modestie... un couple uni pourtant, aimant, mais de deux bords différents. Ce n'est que sur sa tombe que j'ai levé publiquement l'omerta, avec l'aval de Lydie qui elle aussi déplorait ce silence... pour le plus grand étonnement de certains qui l'aimaient pour d'autres raisons -car il y avait de multiples raisons de l'aimer-... et qui ont regretté de ne rien avoir su. Les cévenols ! Drame familial, ici répercuté 64 ans après. Je ne me compare certes pas à Guy, mais comme lui, je fais "quelque chose d'inhabituel" et de public. De pas très convenable au fond.

Ce mélange de plusieurs sentiments contradictoires (mêlés parfois) que je devine envers moi, moquerie, admiration, amitié, honte, solidarité, peur... je finis par l'éprouver aussi. Ça explique ces hauts et bas. J'ai sommeil. Ce serait bien de faire une sieste mais la voiture est en plein soleil, il doit y faire 40°. Tout à l'heure. Dans la nuit cependant, il fait froid, la couverture n'est pas de trop. Je suis allée boire. Il y avait un magnifique croissant sur la banque, j'ai failli l'arracher et le dévorer. La faim me tenaille depuis ; je n'y pensais pas une seconde avant. Je vais l'oublier dans cinq minutes. Je pense à Milena Jesenska à Ravensbrück et  au café au lait que Margarethe lui apporta au "revier" où elle se mourrait, au risque de sa vie.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 08:47 0 commentaires


Le panneau est fait, minable (trop crevée) mais bien visible. Les gens s'arrêtent. Il suffisait de ça. Super.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 07:09 0 commentaires




Mercredi 4 heures
(Message pas dans l'ordre) Pure merveille, un petit magasin d'informatique m'a laissé la wifi. Il me manquait une aile, le net. Je l'ai à nouveau. Moral à la hausse du coup. Je vais faire l'affiche. Enfin ! Chaleur écrasante. Tant pis. Je crois que je me suis intoxiquée hier légèrement avec la peinture dans la voiture, le pot était mal fermé, maux de têtes léger dans la nuit et nausées, cette nuit je le sortirai. J'écris le soir sur les marches du magasin. Ca marche super, quatre barres. 
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 06:48 0 commentaires


Mercredi 10 h
NUIT QUASI PARFAITE ! Le moral est revenu. Sauf un réveil très matinal par les éboueurs mais je me suis rendormie, il faut absolument que je dorme pour résister. Aucune sensation de faim ni même de fatigue, c'est normal, j'ai commencé bas puisque hier j'ai tout de même mangé une minuscule pizza.  (Message pas à sa place, bien antérieur...) J'ai cependant déjà maigri. Pour ceux qui voudraient faire une grève de la faim, une erreur à ne pas commettre est de se fatiguer la veille, de tout ranger chez soi, tout organiser. Ça sécurise mais on part sur de mauvaises bases : le plus dur est le premier jour, non pas à cause de l'absence alimentaire (dans mon cas, pas totale) mais psychologiquement... et si on commence fatigué, on part vaincu. Je n'ai pas encore fait mon panneau, ce n'est pas sérieux, ça fait confidentiel (et au fond c'est sans doute ce que je veux, je n'arrive pas à me mettre en évidence, ça ne se fait pas en somme une mairie de gauche, zut !) je m'y colle.
 
Ce qui me manque le plus est de pouvoir me laver. Je mesure le courage qu'il faut aux SDF pour parler aux gens tout en étant sales. Je suis allée me doucher vite fait au Ranquet. Une fois propre, la vie revient, on est comme tout le monde, plus assuré vis à vis des gens que l'on suppose également propres eux aussi.

Le problème lorsqu'on se lance dans ce genre de combat dans un village est non pas l'attaque frontale qui au fond crève l'abcès... mais les scories : les gens typiques qui sont mal à l'aise parfois parce qu'ils ont peur. Ridicule certes mais... Pendant la guerre, ce devait être le drame du sort des juifs, comme l'écrit Gustave Nouvel dans les lettres à Lydie, et les mêmes qui redoutent (quoi?  ici c'est si minime) devaient alors être littéralement terrorisés. Quoique la sensation de peur n'est souvent pas proportionnelle aux risques réels.  Et pour un pauvre, 50 euros qu'on peut lui accorder au service social, c'est énorme. Ne pas méjuger. Comment auraient-ils réagi ? Comment aurais-je réagi ? Les gens du village, c'est moi aussi, c'est tous. Plusieurs réactions, je cerne ainsi les gens : la solidarité active, souvent mais pas toujours le fait d'amis ou  plutôt de ceux que j'ai parfois dépannés, (pas nécessairement idéologique), la gentillesse superficielle (le plus fréquent), l'indifférence (rarisime), ou parait-il, mais ce ne sont que des on-dit, pas forcément exacts ou alors exagérés, l'attaque indirecte. Il vaut mieux se trouver du bon côté en somme, et certains ont peur des retombées. Il y en a de plus avisés toutefois qui hésitent et redoutent un renversement ;  ils ne savent pas très bien comment ça va tourner d'où leur malaise. Comme l'écrit Gustau Nouvel -loin de moi de me comparer- dans une de ses lettres à Lydie. ("Les mêmes qui nous tirent dans le dos un jour viendront se recueillir sur nos tombes avec des fleurs"...) J'y pense à chaque fois que je vais au Puits de Célas non pas seule mais lors des cérémonies.


Tre de mayo

Paradoxalement mon histoire elle-même, la série qui m'a éreintée, bien qu'en grande partie fortuite (ce fut le hasard, puis la nécessité), dans sa démesure même, joue parfois contre moi : ce que je subis, ils le redoutent pour eux-mêmes.


 Peut-être aussi des gens en grande détresse (il y en a beaucoup) se disent-ils que ces histoires ne les concernent pas vraiment, ce sont des affaires dont ils se sentent éloignés. Il y a quelques temps, une femme, nullement agressive, m'a dit en d'autres termes que si on me piquait 4000 euros, c'est que je les avais, ainsi qu'une maison, et qu'au fond j'étais chanceuse. C'est exact. Mais elle ne réalisait sans doute pas que le même système arbitraire et autocratique pourrait se retourner contre elle en pire, lui piquer son enfant par exemple. Quand on est dans la nécessité absolue, parfois, on ne se rend pas compte. Cela vaut pour moi malgré tout. Je le savais, ce sont les scories obligatoires, seulement plus visibles ici où tout le monde se connait qu'ailleurs.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 04:41 0 commentaires


Le livre «Chants philosophiques» est en rupture de stock à la maison de la presse. Je m'en suis aperçue en allant en chercher un pour M.. J'ai dû réapprovisionner : c'est si dur, simplement de soulever vingt livres, monter une marche et faire 100 m à pied, pas plus. Plus dur encore de devoir me garer à nouveau, un créneau particulièrement serré. Les moindres gestes pèsent, je n'ai plus envie de bouger, même aller aux toilettes me paraît insurmontable. Monter les dix marches à la poste, juste en face du troquet -mon QG- et surtout cette horrible porte en fer qui pèse tant. C'est fait. Pas encore le courage d'aller poster un mandat pour Fred, la chaleur, la queue à faire.. Il le faudra pourtant. Où trouver la force? Mes relations avec les gens deviennent différentes, plus directes, sans doute la fatigue et cette grève de la faim., c'est comme si j'étais droguée. Je les rembarre parfois. Le vieux mineur par exemple, qui m'a dit que les gens se foutaient que je crève, que personne ne me plaindrait... gentiment en fait, c'était pour me dissuader, parce qu'il m'aime bien : j'ai presque crié. "Mais je ne veux pas que l'on me plaigne, je veux que justice soit rendue !!!" Toute mon énergie est soudain revenue d'un bloc. Quant à dire que les gens se foutent de tout et de tous, c'est faux, certains en effet ont peur, les commerçants par exemple, qu'on leur refuse une terrasse, une prérogative quelconque, mais le peuple, lui, réagit. Il n'a rien ou pas autant à perdre. La preuve, presque tous signent. Il s'est excusé, a signé (deux fois s'il l'avait pu). Je vais mieux. Je le paierai sans doute ce soir par un petit malaise. La colère libère mais coûte aussi.




En fait, les commerçants (ou les riches, disons) et les marginaux sont ceux qui souvent ne signent pas, les premiers parce qu'ils ont trop à perdre, les seconds parce qu'ils n'imaginent même pas que leur avis vaille quelque chose, ou qu'ils ont aussi quelques miettes à perdre. Parfois ils se justifient de manière tordue.

Ainsi le marginalissime, un jeune gus sympa, intello, qui me dira plus tard qu'il vit en caravane. Il lit, me questionne, on est en phase, il en rajoute même, il déteste les institutions, les administrations, le système, tous pourris, Kafka (il en fait un peu beaucoup), il veut être libre, du reste il a fondé une micro entreprise de je ne sais quoi pour ne pas être salarié... puis refuse de signer: par principe il ne signe rien avoir d'avoir bien mûri sa réflexion... et m'annonce qu'il est pressé (il file à la Mairie... où on doit lui établir son barème de taxe professionnelle). Vas y coco. Sans commentaires.


Ca se corse. Visite impromptue d'une adjointe (amie d'amie ou plutôt d'ex amie)... qui m'a eue à la surprise, je fermais la voiture, elle était derrière moi. Visiblement peu impliquée bien qu'élue -dit-elle, et c'est sans doute vrai, apparemment elle milite ailleurs- elle a l'air de vouloir jouer les Kissinger et m'a abordée fort gentiment, feignant une totale ignorance -je lui avais évidemment fait quelques courriels auxquels elle n'avait jamais répondu, il est vrai que le Sahel est plus important- et, se prévalant d'une amie commune, (Sylvie Barbe, la belle jeune femme très médiatisée qui vit en yourte à Bessèges et qui, récemment expulsée du terrain où elle se trouvait... a eu le courage de la reconstruire un peu plus loin, sur un terrain qu'elle a acheté cette fois) elle me l'a joué copine et... a même demandé à s'asseoir à ma table où se trouvait une amie. Je lui ai répondu non  "tu fais partie de l'équipe qui a fait ça et ne t'y es jamais opposée.."  A ce moment, le maire est passé, comme par hasard -c'était peut-être un hasard- et je lui ai dit que si, devant moi, elle allait dire zut à ce monsieur, on pourrait en effet discuter, pas avant. Elle a aussitôt sauté, l'a rattrapé, embrassé -ce n'était pas exactement un zut- et ça a duré... duré... Puis elle est revenue et a demandé à signer la pétition, précisant qu'elle avait exigé une réunion du Conseil Municipal parce que l'affaire urgeait. Soit. Visiblement elle va enfin pouvoir agir. Sincère ? Peut-être, je ne sais pas. Mais je préfère la jolie femme  du préfet, plus nature et sans doute plus sincère. (Message pas dans l'ordre).

Gérard Amate ("L'affaire Colonna")

Comédie humaine! Si ces mésaventures me sont arrivées, c'est sans doute parce que j'étais seule et sans fratrie, plus le hasard car L. Pialet aurait pu démolir la maison d'un autre, il n'a pas spécialement choisi la mienne... Et aucun (je parle des élus) ne s'en soucié jusqu'à ce que je porte l'affaire en place publique. Et dans quelques temps, ceux qui s'approchent des canots de survie sans encore y sauter diront que c'est grâce à eux que tout baigne. Ma foi, l'opportunisme (si ça en est, je suis peut-être parano) a du bon.

J'en ai marre, la faim me tenaille trop. Un croissant, mon royaume pour un croissant. Je suis absolument certaine qu'il en reste un. Ce serait bien de dormir aussi... Mais le soleil ! J'ai envie de voler un biscuit dans le panier sur la banque et d'aller le dévorer aux WC discrétos.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 08:24 0 commentaires

Jeudi 24 juin 8 h -20
J'attendais inconsciemment un croissant comme un chien son os, je me demande si je n'ai pas vécu cette journée uniquement dans cette perspective, il restait sur la banque du troquet. Je n'en avais pas cependant l'envie quasi incoercible d'hier, j'ai beaucoup bu et le corps s'habitue sans doute.. c'était juste une récompense que je m'offrais après avoir peiné. J'ai même pris un café avec ! Pas trop de honte tout de même... Je dois tenir... après tout, deux croissants en trois jours, c'est tout de même une grève de la faim. S'il y avait quelqu'un ça serait différent mais parler, argumenter, et ne pas manger est quasi impossible, les gens ne se rendent pas compte de l'effort que cela requiert, surtout ceux qui en profitent (ça arrive) pour me raconter des histoires perso répétitives (si c'est une question sociale qui se raccroche à celle-ci, OK mais parfois ça n'a aucun intérêt)..  ce qui fait dépenser de l'énergie en vain... Normal en un sens de vouloir parler, je suis là, collée, c'est pratique, mais la fatigue... je manque de patience. Avec un croissant tous les 2 jours ou tous les jours, je supporte tout, même les délires de Beny.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 16:41 0 commentaires


Ange noir

Les gens sont tous entrain de manger chez eux ou devant le poste s'il y a un match. Plus personne. Ou presque. Soutien d'un jeune agent immobilier. Plus de fatigue. Il y a des gens qui donnent de l'énergie, d'autres qui en coûtent. J va passer m'a-t-elle dit.

jeudi 24 juin 2010
5 heures et demi
J'ai eu un PV. Le garde était plus emmerdé que moi. Sympa. Il devait verbaliser m'a-t-il dit, et disait ne pas le pouvoir -car il ne voulait pas me verbaliser moi- et se faire engueuler. J'ai tenté de mettre la voiture à l'ombre, en face (où ce n'est pas en zone bleue), il y avait une place que j'avais repéré, mais le temps d'y aller, elle était prise. Je deviens terriblement lente et forcément les gens en profitent. Je suis donc revenue et ô stupeur, la meilleure place devant le troquet (mais en zone bleue) s'était libérée, juste devant la Mairie, je ne pouvais rêver mieux. Il m'a verbalisée, bien qu'à tout prendre j'aie déplacé ma voiture. Emmerdé, sous le regard du Maire par conséquent. Je lui ai dit que je n'étais pas fâchée du tout. Ca l'a rassuré. Apparemment il  a des ordres.

Je bois beaucoup. C'est important, je n'ai plus cette sensation de vertige permanente d'hier. Fuzia m'a dit que je m'étais montrée d'un calme extraordinaire. (Message pas à sa place.) Je ne m'en suis pas aperçue. La fatigue  (la lenteur) ou au contraire la "forme" ? Ca va bien. Je garde le PV juste à côté de l'affiche, ça fait classe. J'espère en avoir pour jusqu'à demain, qui sait ?
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 09:09 0 commentaires


Rue Désiré, l'appartement de la facture d'eau

6 Heures soir, Jeudi 24 juin 2010
Un gars qui hier avait lu attentivement le tract abominablement long est revenu exprès pour discuter, il a signé... et chose un peu honteuse, a même payé mes consommations (de l'eau!) sans que je ne le voie. L'écriture l'intéresse. Il est de l'Ardèche. Je lui ai envoyé mon blog répertoire par mail. Etranges relations côte à côte dans un troquet, cordiales, mais je suis un peu fatiguée de parler... et le net au milieu qui les prolonge et les démultiplie. Ca économise les paroles, on respecte le désir de solitude des gens, ce qui n'est pas le cas parfois lorsqu'on leur parle. Je ne veux pas faire subir à des gens ce que je subis par exemple de D, une logorrhée épuisante sur son entreprise, ursaf, bilans etc... (J'ai eu mon pseudo malaise lorsqu'il est parti). Si ça les emmerde, ils ferment et barka, personne n'est blessé.
Publié par Hélène Larrivé à l'adresse 08:56 0 commentaires 

Ca se dénoue. Une rencontre, Fuzia, qui est venue me parler... Mystique, un peu, mais son pseudo panthéisme me va bien. Ce sera sans doute une relation au long cours, du moins l'espérai-je. Elle a tout de suite signé, la première, la pétition. (Message pas à sa place).

Puis une dame que je savais connaître depuis longtemps sans pouvoir me souvenir d'où. En fait, sa mère a fait le ménage chez Marguerite -ma grand-mère-et m'a gardée quand j'étais bébé. J'avais moins de trois ans. C'est peut-être elle qui m'a appris à lire. Elle était très intello, de cette classe d'ouvriers qui lisent et débattent... Un vieux mystère familial : je savais lire quand ma mère m'a récupérée et elle avait ressenti cet apprentissage intempestif comme une spoliation d'enfant. A l'époque, je n'ignorais pas qui m'avait appris, mais je n'ai pas parlé, sentant que ça allait chauffer et à présent je ne le sais plus. J'avais une vague idée en effet d'une dame qui faisait le ménage (ou sa fille !) et quand j'ai vue cette femme -70 ans environ?- un souvenir a ressurgi, prégnant, le Ranquet,  Marguerite... Celle-ci dans l'affaire ne s'était pas démontée devant les questions coléreuses de sa fille : "elle a dû apprendre toute seule"... avait-elle rétorqué avec l'aplomb et la mauvaise foi d'une femme politique ou d'une commerçante. Fureur jupitérienne, relativement compréhensible, de ma mère, sanglots... "Vous en avez profité quand j'étais au sana..." Il ne fallait pas contrarier Lydie qui en effet revenait de loin... mais il faut reconnaître qu'elle a eu l'élégance de ne pas me torturer de questions, respectant mon silence: à trois ans, j'étais déjà "téléchargée" (ne pas cafter, une question d'honneur etc...) et il ne fallait pas me déformater.

C'était à Alès, on venait d'acheter des chaussures, on m'avait donné un ballon qui me réjouissait et j'ai épelé "B A ba... T A ta... bata".. elle s'était arrêtée au milieu de la rue d'Avéjan, suffoquée. "Tu sais lire ?" Euh... oui. La plupart aurait exulté, ce fut le drame. Normalement, j'aurais dû finir en échec scolaire. Ce ne fut pas le cas.



Je la questionne avidement : est-ce vous ou votre maman qui m'auriez appris à lire par hasard ? Elle ne se souvient pas, elle avait douze ans et venait chercher sa mère le soir, mais ajoute que ça n'aurait rien eu d'étonnant. Du coup, j'ai oublié de lui parler de la pétition mais on va se voir tout à l'heure chez Momo. Réminiscences... je crois à présent en effet que c'est elle qui  m'a appris avec une autre, peut-être plusieurs... Elle m'a fait redécouvrir un passé oublié. Des baby sitters, Mireille T., puis Mr Vialle l'instit, Mme Coté sa belle-mère, la soupe de pâte rivoire et carré de Marguerite et de Josée, Germaine, l'oncle Fernand et sa voiture, (de nos jours, il faut lire "son avion") Madame Peyronnet, sa sœur bonne de curé.... Orpheline putative, toutes les dames -et aussi des messieurs- de mon entourage rivalisaient de gentillesse, de cadeaux, de ballades ; je n'ai pas eu une -petite- enfance malheureuse. Grâce à Marguerite et à ce village qui m'a recueillie. Je leur dois tout.    
Publié par HL à l'adresse 08:32 0 commentaires

 M. passe... et comme hier, affecte de m'ignorer. Cette grève aura eu le mérite de filtrer les gens. Incommensurable. Je me doutais que... passons, mais là ça se voit. Le filtre l'a retenue. Comment peut-on fréquenter des gens quasiment tous les week ends, diner avec eux et les haïr sans que rien ne paraisse ? Je l'avais ressenti à la mort de Lydie  : une quasi indifférence, la soirée donnée dans le jardin une semaine après, l'insistance déplaisante avec laquelle elle m'avait dit "normalement ç'aurait dû être la semaine d'avant et ça aurait bien arrangé mon frère qui avait pris ses jours, mais étant donné les circonstances... on  s'est dit ce n'est pas possible alors on a reculé "... Devais-je m'excuser que Lydie soit morte au moment où le frangin avait posé ses congés?


Je m'en fous, il vaut mieux le savoir ou en être sûre. On fréquente parfois tout le temps des gens dont on accepte l'éthique... discutable et/ou qui au fond ne vous apprécient pas -voire vice versa-... par nécessité... alors que dans des groupes politiques, on est prêt à s'étriper pour une virgule. C'est idiot. C'est quand il se passe un truc lourd que les choses se dénouent. Rare. Ainsi va-t-on diner tous les samedis avec une voisine/parente par alliance et rompt-on radicalement avec le camarade dévoué qui n'a simplement pas été d'accord sur un passage d'un tract. Anerie de militants.
Publié par HL à l'adresse 04:38 0 commentaires

Jeudi 24, 13 30 heures.
Le net est revenu, ouf. Un monsieur type bourge distant, d'un certain âge, avec maman (ou madame) s'est assis à côté de moi. Comme il s'approchait de l'affiche, je lui ai donné un tract, il est allé à sa table, l'a lu posément... et l'a passé à sa femme en lui disant "c'est du bon français" ! Apparemment, il fait le filtre orthographe/style/syntaxe avant de la laisser lire, comme un goûteur de vins. Rigolo. A part ça, aucune réaction. Merci en tout cas d'apprécier... littérairement. On se contente de peu, de presque rien. 
Publié par HL à l'adresse 04:24 0 commentaires



12 h 40
Coup de fil du Kurdistan. Touchant, on pense à moi là bas. Tout va bien, il ne fait pas trop chaud. Une dame d'un certain âge, amie de Mme B. est passée. Sous tranquillisants comme beaucoup de femmes veuves, seules et dépressives. Les toubibs ici s'en débarrassent-ils ainsi ? Il faut croire car il n'y en pas une qui ne soit pas sous lexomyl, témesta ou autre, parfois à doses massives. Elles ont un air vague et certaines semblent totalement refermées sur elles-mêmes, flottant. Celle-ci me parle de ses soucis, reliés aux médicaments du reste ! (elle ne cesse de tomber, a une grosse bosse à la tête... et sa fille refuse qu'elle  garde son petit-fils ou arrière-petit-fils) … J'écoute mal et lui dis de voir un autre toubib qui l'aide à arrêter, elle acquiesce vaguement et s'en va en me disant "bon appétit." J'éclate de rire, elle se retourne et en repartant se cogne contre l'affiche d'Hamid.
Publié par HL à l'adresse 04:02 0 commentaires
24 juin, 11h 30


Anic

Le garde sympa, celui qui AVANT LES ELECTIONS a eu le courage de venir m'embrasser devant la mairie juste après mon "occupation" du service des eaux - il risquait ainsi sa place si la gauche n'était pas passée- a été diligenté pour me dire que samedi, il serait obligé de bloquer la place pour une cérémonie... chose extraordinaire, de remise de médailles à des anciens combattants de 40. Impensable la baraka. Ce sont pour beaucoup des gens que je connais, que j'ai interviewés pour les "Lettres à Lydie" et certains, des amis proches. Jean Castan viendra-t-il ? Pierre Clément ? SUPER SUPER...  Est-ce un hasard? Je suis folle de joie. Des copains invités à deux pas ! Et des gens hors classe. Et bien merde alors, je ne pouvais rêver mieux. Merci.
En fait ce fut un bide, ni Jean ni Pierre, ni Daniel qui boudent ces cérémonies, ne viendront et les autres ne me verront même pas, je suis restée volontairement discrète... mais ils faut dire qu'il ne m'ont pas beaucoup cherchée.

Observation. Quand on rend service, si peu et si naturel que ce soit, on humilie les gens en même temps qu'on les aide... et quand ils peuvent vous le restituer, ils se sentent mieux et se mettent à vous aimer car c'est vous qui êtes dans la merde et ils peuvent se montrer généreux. Etre parfait insupporte, je le ressens avec les gens du rézocitoyens par exemple.  Rendre service aide surtout celui qui le rend, j'en connais un bout sur la question. Surtout lorsque ça coûte si peu (je parle pour moi). Il me semble que Lydie me fait un clin d'oeil depuis la mort. Elle m'aura aidée décidément autant morte que vivante en me donnant (en fait, en m'indiquant la place où elles étaient cachées) in extremis ces lettres de Gustave Nouvel. Elle avait les défauts de ses qualités en somme, et on ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et le cul de la fermière. Sans doute n'aurais-je pas aimé quoique j'en aie dit une mère popote, comme la mère de F. que j'admirais mais bon...
Etre impuissant ou le croire est sans doute la pire des choses. On ne se sent plus humain.

Jeudi 24 juin 2010
Une femme au troquet, visiblement intello, lit le tract, avec attention me dit-elle mais elle a besoin de temps (elle semble anglophone). TB. Le correspondant de Libé (j'ai appelé celui de Toulouse par erreur) me remballe (genre je fais des choses plus importantes)... d'autant plus qu'il n'est pas concerné géographiquement. Observation réitérée : ce sont les gens les moins importants (que j'écris mal à présent, tant pis) qui se la pètent le plus. Forcément, pour compenser. C'est comme les mecs, ne citons personne, mais l'espèce ici est très répandue, qui se vantent de leurs exploits sexuels sans jamais avoir eu personne décidée à en bénéficier, parfois quand on voit leur tête on comprend. Henry au contraire est sympa, beaucoup plus simple d'abord. Par chance, c'est lui qui doit gérer le truc. Le hasard là aussi. Je serais à Toulouse je pourrais aller me rhabiller. Je leur ai proposé de devenir correspondante bénévole. Ici on est excentrés, le trou du cul du monde et il faudrait un oeil.

Je suis allée me doucher chez moi. Je ne peux pas parler aux gens si je suis sale. Sans doute à un moment le faudra-t-il pourtant. Je n'aurai plus la force de conduire (dangereux, je vois trouble par moment).

J'ai fait la pétition. Mais il faut que je me repose un peu. Je tremble (mais ça ça m'arrive tout le temps quand je suis énervée, ce n'est pas lié à la grève.) Mme K. m'a saluée mais n'est pas venue. A-t-elle peur ? Je mets les gens mal à l'aise : c'est une mairie qui se dit de gauche, certes très décaféinée. L'ex équipe a bien autrefois essayé, timidement dois-je dire, de me recruter, comme tous. Sans succès aucun. Du coup, je suis hors politique (enfin hors politique classique). Je n'intéresse personne... et tout le monde en même temps, d'autant plus.  Les politiques ont mauvaise presse à juste titre. Observation  : certains militants sur ce coup n'ont pas été nickels, je m'y attendais... mais pas à ce point. Un contentieux dont j'ignore tout ? Ca se peut dans un village. E. est passé me voir (à ma demande, je voulais vérifier une info) mais apparemment emmerdé d'être vu avec moi...  je lui ai donné RV derrière le kiosque. J'ai eu l'info (sans intérêt)... Mais cela m'a obligée à faire quelques pas sous le soleil,  une performance qui m'a donné le vertige pour un moment. A analyser. Peur? Désir électoral ? (Il n'est pas bon pour lui de se positionner ainsi? Ca me semble l'inverse, mais...) Désir de pouvoir et de ne pas être derrière un écran? Il n'est pas mesquin, (genre "j'ai un permis de construire en instance") donc ça doit être autre chose. QUOI ? Peut-être la simple vanité, les militants n'aiment pas être débordés. Ca m'a tout de même valu des vertiges tout l'après midi. Voulait-il que je paraisse devant les ouvriers comme demandeuse ? Je l'étais certes, mais seulement d'une info dont il m'avait déjà parlé..
 Voir l'analyse au Jeudi 29 juillet, sensiblement différente...
 Comme les politiques englués dans l'idéologie (ou le profit) en somme... Voir "lettre aux militants" plus loin.


Et au septième coup les murailles tombèrent

Le jeune femme infirme qui promène son chien passe et repasse. Je l'avais amenée au super marché quelques fois, à sa demande, elle semble très isolée. C'est loin et pas facile avec les voitures sur la route. Rien n'est fait pour les piétons. De plus elle marche mal. Je réalise qu'elle doit être quasi analphabète et n'ose pas le dire. Le tract est trop long, trop intello. J'avais pris son hésitation hier à le saisir pour de l'agressivité, et lui avais dit que si elle ne le voulait pas, qu'elle ne le prenne pas, un peu sec sans doute, je n'ai plus de patience. Elle ne cesse à présent de me sourire. Elle a dû comprendre que je m'étais méprise et ne sait exprimer sa solidarité qu'en passant et souriant. Elle a raison. Quand on est dans ma situation, tout compte. Même un sourire. Etrange  comme les émotions sont exacerbées à ces moments.

J'ai craqué tout à l'heure. C. m'a engueulée, (il a peur pour moi) je n'avais pas trop la force de répondre, je me suis sentie partir loin et finalement j'ai pleuré, rarissime. Il s'est excusé, il ne se rendait pas compte. Mon Dieu, protégez moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge. Ca va mieux quand même. Mais l'énergie dépensée l'est. (Message pas à sa place)
Publié par HL à l'adresse 02:26 0 commentaires


Vendredi 25 juin 2010
M. est passée avec plein de noms sur la pétition. Des femmes qui me connaissent me dit-elle, je ne me souviens pas très bien. Une fille super, malgré ses ennuis graves. Ca ne l'empêche pas d'aider les autres tant et plus, c'est d'autant plus remarquable qu'elle en aurait grand besoin elle-même... ce qui prouve que même des gens dans l'embarras, et quel embarras, peuvent transcender leur situation. Elle a plein d'idées et veut se consacrer à l'humanitaire mais manque de moyens pour les réaliser. Restons concret: avec 4000 euros, on peut faire des choses. Un gars qui a signé spontanément me dit qu'ici les employés municipaux ne paient pas l'eau, ce qui est illégal. C'est bon à savoir, je l'ignorais. De fait ils sont zélés dans les coupures, un tel avantage vaut bien quelqu'entorse à l'éthique. Accorder un passe droit c'est asservir qui le reçoit.

K.. me dit qu'elle a fait signer la pétition dans son immeuble. Une conseillère municipale (celle-là même qui m'avait dit -très fortement comme à son habitude- que "cette facture serait payée d'une manière ou d'une autre") l'a lui a joué cool ; cette grève de la faim, c'était plutôt folklo, rien de grave, j'étais seule (sous entendu que tout ce que je pouvais subir ne portait pas à conséquence). K. a joué la même partition... et lui a répondu que contrairement à ce qu'elle croyait, "j'avais quelqu'un et pas n'importe qui" (!) etc... blessant pour moi certes mais bon... il faut faire avec ça aussi.
  Une femme seule est toujours ici comme ailleurs (?) chasse ouverte. Comme elles ont toujours assumé et porté le maximum des charges de la société et de la famille qui tient debout par elles, lorsqu'elles décrochent, tout fout le camp. Les mecs cherchent donc à les intimider, soit à leur "compte" -mari-, soit  en général  (les minimes notables parfois) et c'est plus hard en ce cas car ne s'y mêle pas la seule chose qui parfois tempère l'exploitation, le désir sexuel... (encore que les deux peuvent aussi coexister, chez les macs professionnels par exemple qui en jouent.) Si une femme seule s'en sort bien voire mieux qu'avec un bonhomme, où va-t-on ? Mauvais exemple pour bobonne qui dès fois pourrait faire pareil. Haro sur la dissidente. Et puis c'est plus simple car elles sont moins habituées aux pinaillages : plus intelligentes certes (on ne force pas) mais aussi plus naïves...  (4000 euros, quoi, vous z allez pas en faire un flan..)

C'est sans doute pareil ailleurs en effet mais comme ailleurs je ne suis pas seule, je ne le vois pas. Et il faut reconnaitre aussi que dans une ville importante, ces aléas sont moindres car les mouvements de femmes, notamment de lesbiennes, sont présents et vigilants. Donc la copine a fait état de mon mari, Robin... Bien ? Pas bien ? Les deux. Blessant tout de même. Et puis bof... je m'en fous.

Je suis tellement humiliée qu'à présent plus rien ne me touche : j'ai sans doute atteint le fond de ce qu'on peut atteindre dans ma situation sociale (je ne suis ni noire ni sur exploitée dans un travail pénible involontaire, ni juive en 40 par exemple). Normalement, j'aurais dû être à l'abri de ces scories. Tant mieux que ce n'ait pas été le cas, finalement, je comprends mieux ainsi ceux pour qui cette situation est quotidienne, et ma -pauvre- victoire sera la leur. Triste cependant -mais inéluctable- que parfois ce soient des exploité/es qui se montrent (en le cas) les plus virulent/es contre moi, comme s'ils avaient des comptes à régler avec les "favorisé/es" -ou les moins défavorisé/es- dont je suis. F. parlait  du "complexe social majeur" de certaines infirmières qui disait-elle, l'expriment parfois vis à vis des médecins-femmes les plus sympas, jamais ou rarement envers le patron odieux dont elles ont peur.
Publié par HL à l'adresse 12:28 0 commentaires



Une expérience en effet, et tout à l'heure, troublante (elle sera unique)... Une femme est venue m'insulter ; tant de haine, c'est presque flatteur, d'autant que je ne la connais pas. En ces termes "elle a plein de maisons, elle a qu'à les vendre, ou vendre sa voiture (elle n'a apparemment pas le sens de la valeur des choses, quand on voit ma voiture !) elle en a trois (?) et trois maisons etc... Allez y..." à croire que les gendarmes devaient agir sur ses ordres... La malheureuse devait être instrumentalisée car elle venait juste de la Mairie -pour réclamer de l'aide pour sa facture d'eau ? sans doute.- No coment. Facile en ces cas de la briefer contre moi. On veut bien mais regardez à côté... Les gendarmes, à deux comme d'hab, un jeunot la jouant dominant, limite menaçant, (j'ai même cru qu'il me disait de ne plus être sur la place, là ça a flambé, mon bled tout de même, si pourri soit-il, j'y tiens ! il paraît que j'ai mal compris, soit) d'où ma réponse, énergie revenue soudain !!! mais je crains le ressac tout à l'heure, si ça se trouve je vais m'évanouir... et puis un autre plus réfléchi, gentil, un jeu peut-être, peut-être pas. Ce sont souvent des comédiens hors pair, (on le leur apprend) on ne peut pas savoir.

Intéressant, de plus en plus. Certains prolos éprouvent une haine contre les bourgeois, légitime, mais associée par nécessité à une servilité proportionnelle vis à vis du pouvoir, qui  les fonde à tirer sur l'ambulance et non sur le chauffard. Je n'ai pas de pouvoir  mais je suis "bourgeoise" suppose-t-elle ou lui laisse-t-on supposer (et c'est le cas, cadre sup si on veut) : toute l'humiliation qu'elle a dû ressentir lorsqu'elle est venue quémander une aide pour payer sa facture d'eau (et Dieu sait qu'ils ont dû lui en infliger de sévères, je les ai vus à l'œuvre, un jury d'agreg, je crois que j'aurais préféré ne pas me laver dix jours)... pour s'en libérer, elle l'exprime contre moi qui suis, croit-elle, identiquement bourgeoise mais sans pouvoir, comme le loup attaque le plus faible d'une troupe de buffles puissants et inexpugnables qui l'ont blessé et le déchire à plaisir pour se venger. Une erreur, mais bon...

Les gens se battent pour leur esclavage comme s'il s'agissait de leur liberté ô Spinoza. N'empêche, je comprends à présent... C'est intéressant d'être à la fois riche et pauvre, (riche si je compte Robin -mais il ne le faut pas - et très pauvre) on voit les choses de deux côtés et on comprend tout le monde. Du coup, je suis à l'ombre et ça c'est très bien. J'ai mis les panneaux devant la mairie, et les gens lisent bien mieux que sur la voiture, plusieurs ont signé du reste depuis le happening, y compris le vieil intello bien mis un peu arrogant qui avait lu et eu un geste de la main presque méprisant. Revirement à 180°, il m'a proposé un thé, j'ai refusé. Depuis il passe devant moi et me sourit à chaque fois, ça devient excessif dans l'autre sens, il n'a pas de mesure, je souris aussi bon... j'ai même l'impression qu'il me drague. Antigone je suis devenue, ça fait style il faut croire. Les gens sont bizarres au moins autant que moi.

Bon il faut que je retrouve cette dame, urgent, Mme B. saura qui elle est, elle aussi est femme de mineur et elle aussi a bien peu pour vivre. Quoiqu'au fond elle sait certainement que je ne me bats pas pour l'argent, c'est juste une pose au bout de son angoisse.  

"Solitude" (Hélène Larrivé)

Il lui faut impérativement quelqu'un à haïr, elle ne peut se permettre de haïr ceux qui l'ont réduite à cette misère parce qu'il l'aident aussi à en sortir.  C'est classique, on exploite et on fait la charité. Ca permet de pouvoir continuer à exploiter. Cette femme me dit qu'elle va mourir en plus. Elle est usée. Bon, soit. On est tous responsables. Je ne vais tout de même pas me vanter des grèves auxquelles Guy a participé voire menées... quoique... ou que mon intello de père ait  tout de même fait 8 ans de mine !!! (ô les lettres de sa soeur ! des morceaux de gentillesse bourgeoise éberluée, "un Larrivé ça ne le fait pas, retourne à Dijon je t'en supplie Jean, ce travail de galérien n'est pas pour toi, ta femme s'y fera à la longue" etc... ) Après l'Est Républicain, ça a dû lui faire un choc en effet, quoiqu'il qu'il  n'ait pas été seul dans le cas. (Il y est retourné par la suite, à l'Est, drôle de cursus, avant de finir par gagner de l'argent, tardivement, avec une auto école.) Le ciné-club de la mine, le "Sel de la terre"... "Les raisins de la colère" dans la salle des mineurs... enfance... Il lisait toujours les "Lettres française" cependant, la mine ne l'avait pas "eu". Au fond, c'était un personnage lui aussi, moins visible que Guy, moins charismatique (sauf pour les dames). Responsable donc je suis, comme tous.


Je suis plus jeune, en meilleure santé (quelle pèche merde malgré tout !) et sans doute mieux conservée physiquement, et j'ai plus de fric (enfin...) comment ne me haïrait-elle pas ? A sa place peut-être... mais justement, j'ai choisi et eu la chance de ne pas y être. J'ai du bol mais tout de même, mes études je les ai faites, nuits sans sommeil, angoisses devant les résultats des exams, des postes près de chez moi mais avec des loubards à cran d'arrêt, d'accord j'aimais ça aussi... mais la séparation d'avec Robin, reliée ensuite à ces trajets d'une heure et demi et au boulot, ma vie affective foutue. Je l'ai payé assez cher aussi, pas autant qu'elle c'est sûr. On peut aussi dire que j'ai eu de la chance d'être relativement capable intellectuellement, mon seul atout en fait... je ne sais pas. Inextricable. Porter toutes les misères ne se peut pas; j'ai presqu'envie de me suicider par moment, et ça ne me paraît même pas triste, juste la fin normale d'une existence mouvementée qui à présent est arrivée au bout... et me fatigue. Au fond, cette grève n'est-elle pas une ordalie ? Comme si je provoquais mon corps pour voir jusqu'où il peut aller. Idiot. Penser à Fred, il ne se remettrait pas de ma mort, malgré sa copine à présent. Maï-Linh, si, elle m'a oubliée depuis longtemps avec  Spinoza. Arrêtons ces conneries. ARRETE !!! Il me faudrait un café. Bien sucré. Et ça repartirait.
Publié par HL à l'adresse 12:17 0 commentaires

La fraîcheur est tombée enfin. Ca va mieux. Je vais aller dormir. Qu'au moins je dorme. Finalement, cette  femme m'a aidée sans le vouloir ou en voulant l'inverse. Ca arrive. Seigneur, protège moi de mes amis, et laisse mes ennemis fondre sur moi. Le vieil intello repasse encore, il s'y croit ou quoi ? Rigolo. C'est peut-être un type bien finalement, on ne peut pas ainsi me regarder avec tant d'admiration sans être un type bien, non mais... "Belle dame" m'a-t-il dit, ça fait très chanson de geste et ma foi j'apprécie. Le moral est revenu. En dent de scie. Dormir. Rêver (de croissants exclusivement, pardon aux amis/amoureux/enfants, je n'ai que ça en tête.)

Sans doute les inégalités sociales sont-elles plus visibles dans un village, et génèrent-elles plus de rancunes ? Je comprends aussi à présent pourquoi F. ne sort jamais de chez elle au point que l'élagueur, bon saint  ambroisien pur jus, lui a demandé "d'où elle était", elle qui a toujours vécu ici ! Sans doute sa fortune l'éloigne-t-elle est gens ou plus exactement elle s'éloigne d'eux pour éviter d'être prise pour cible ?  Mon problème est que je ne m'éloigne pas, que je ne me la "joue" pas. Facile de me tacler. Paradoxalement on ne lui reproche pas d'être friquée et snob (ou du moins l'ignorais-je, et comme on fut amies, quasiment sœurs en fait, ce qui n'est pas la même chose, peut-être ne l'ai-je jamais su) mais cette femme de mineur me reproche à moi d'être riche (inversion encore une fois de la réalité.) Pour vivre heureux, vivons caché en somme.
Et cependant, elle et sa mère ont été bien avec mon père lorsque Lydie est morte : elles l'invitaient à déjeuner régulièrement et ces repas où il se sapait mylord (deux dames! pour ce vieux Don Juan encore bien fait c'était la vie qui renaissait) furent sans doute ses dernières joies. Les gens sont différents, pour le meilleur, là.

Bon, ici, il faut être caché si on est riche pour ne pas susciter l'envie, et si on est pauvre pour ne pas susciter la commisération, seules les classes moyennes peuvent se promener en somme, ou les marginaux qui s'en foutent... mais même celles-ci dont je suis peuvent abusivement être catégorisées comme riches, tout est relatif... quand on pense que cette femme parlait de ma voiture comme d'une fortune. Emouvant. Et au fond c'en est une car j'y tiens, c'est le souvenir de ma mère qui y est attaché. Mais elle ne doit pas valoir 200 euros (?)


Fort Vauban Alès
Triste ce soir, je ne vois pas de solution, et.....
je mesure la torture qu'est la faim pour les gens qui en souffrent  
sans l'avoir choisi, eux. Une mort assez horrible, l'obsession de manger, manger, manger, on ne pense littéralement qu'à ça, on devient animal, et on parle aux gens en se disant eux ils vont manger après, moi pas, on leur en voudrait presque d'aller au restaurant comme nous avant. On se sent dans une telle solitude surtout. Ca peut rendre cruel. Abîmer (je n'ai pas fait exception, on verra au fil de ce blog mes facultés intellectuelles se dégrader de plus en plus, agressivité etc...)  Quand il ne faudrait qu'un croissant pour résister. Si peu. Héroïque.

On craint de plus en plus que si les pluies attendues dans la Corne de l'Afrique n'arrivent pas rapidement, la situation pourrait s'avérer encore plus catastrophique que la famine de 1984/85. Une alerte spéciale diffusée par le Système mondial d'information et d'alerte rapide de la FAO (SMIAR) avertit que 16 millions de personnes sont menacées de famine pour cause de sécheresses à répétition, non seulement en Ethiopie, mais aussi à Djibouti, en Erythrée, au Kenya, en Ouganda, en Somalie, au Soudan et en Tanzanie.
"La crise humanitaire dans la Corne de l'Afrique a atteint de graves proportions et nécessite une intervention rapide et adéquate de la part de la communauté internationale", a souligné M. Jacques Diouf, le Directeur général de la FAO, qui a récemment été nommé par le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, à la présidence de l'Equipe spéciale pour la sécurité alimentaire et le développement agricole à long terme dans la Corne de l'Afrique.
Les pénuries alimentaires se font particulièrement sentir dans l'est et le sud de l'Ethiopie, où l'on signale de plus en plus de décès dús à la famine. Là, et dans certaines parties de l'Erythrée, de l'Ouganda, de la Somalie et du Soudan, l'insécurité et les troubles civils ne font qu'aggraver l'urgence alimentaire.
L'effet de la sécheresse sur la production céréalière a porté à une augmentation record des besoins d'importations céréalières, désormais estimés à plus de 6 millions de tonnes. Dans le même temps, les pays touchés gagnent moins de devises étrangères pour payer les importations, étant donné les bas niveaux des cours mondiaux des denrées d'exportation comme le café. En conséquence, les besoins d'aide alimentaire, qui ont déjà atteint un record sans précédent en 15 ans, devraient continuer à augmenter.
 ...................


 Bon, il y en a qui vivent avec 500 euros par mois et dont le mari a fait 30 ans de mine, c'est une réalité . Je ne comprends pas : à Molières les mineurs gagnaient relativement bien leur vie. La plupart de leurs enfants ont fait des études et d'excellentes, Mathilde est devenue médecin, Myriam, dirige l'EN sup de Pointe à Pitre etc... Sans doute des différences mais de quoi ? A l'arrachage et au travers-banc, ils étaient payés au rendement, sans doute les plus robustes gagnaient-ils davantage, encore des différences entre eux sûrement et des jalousies. Un monde à l'état de nature (O rousseau) où les mâles les plus forts font mieux vivre leurs familles et les fragiles sont réduits à la misère. En fait, Mme B. me dit que c'est une question de silicose : certains sont "reconnus", d'où pension, et d'autres, les engagés, les lutteurs, ne le sont pas, d'où pas de pension.

J'ai en effet eu de la chance d'avoir de la culture à domicile, et qu'on m'ait inculqué des valeurs qui n'étaient pas celle de la réussite et de l'argent, même si on en avait (très peu) ! Ni de la jalousie. Guy aimait tout le monde, mais c'était un être d'exception qui avait réussi à traverser la vie, après les grèves des mineurs, la prison, le chômage ensuite, sans en être aigri, en conservant son sens de l'humour, sa bonté et sa beauté physique aussi. Le top, il avait même réussi socialement !... grâce à son rejet de la mine. Cette épouvantable sanction qui l'avait conduit au bord du suicide l'avait ensuite imprévisiblement rendu riche. Mais même devenu bourgeois, il était resté prolétaire, amical, aimé, toujours prêt à aider qui en avait besoin, porte monnaie largement ouvert, et comme ça venait de lui, ce n'était pas humiliant. Jamais on n'avait vu tant de monde à un enterrement, c'était la version saint ambroisienne  de celui de Sartre  au cimetière Montparnasse.
Publié par HL à l'adresse 11:56 0 commentaires


Anic

Je me demande si je n'ai pas été trop dure avec les gendarmes. Quoique... je vais peut être aller leur offrir les Chants (il y en a un qui est philosophe) avec un petit mot. Non, finalement, s'ils le veulent, ils peuvent l'acheter, j'ai tiré les prix au max. Finalement, si.
Publié par HL à l'adresse 14:05 0 commentaires


 26/6/2010 Samedi
 L'article est paru. Bien sauf que sur la photo, j'ai l'air d'un cadavre, les seins complètement , non pas en code mais en veilleuse. Sous la ligne de flottaison. Normal. Les anciens combattants sont venus. Ni Jacques ni P. n'ont  eu le cran de venir me voir. Ca confirme : les gens sont à deux ou trois niveaux, comment les juger ? Excellents syndicalistes, militants dévoués, à l'écoute des autres, et aussi à la recherche d'un pouvoir (minime mais bon, c'est tellement ingrat de militer qu'il faut bien une compensation)... ce qui les conduit à ne pas se mouiller parfois (même si c'est idiot car ce n'est pas ça qui l'aurait gêné dans son ascension militante, au contraire). Décevant ? Même pas, après l'euphorie de l'annonce, je m'y attendais. Il n'a pas la carrure de Pierre qui serait venu tout de même, éthique ou intelligence, sans doute les deux. Les gens simples, sans idée de carrière politique ni a priori idoines sont infiniment plus réactifs car ils n'ont pas l'esprit embrumé de scories ... et les vrais politiques à l'assise intellectuelle solide le savent à bon escient. Au milieu, on a ceux qui, devant presque n'importe quelle histoire, avant de s'engager, se demandent toujours "qu'est-ce que ça va m'apporter ?" ou dans le meilleur des cas NOUS apporter? ou "qu'en pensera le parti ?" L'éthique compte parfois (chez ceux de gauche en principe) mais elle passe au second plan.


En fait, j'apprendrai plus tard de J. qu'ils ne m'ont même pas vue ! Je n'étais pas en évidence, ne voulant pas avoir l'air de profiter de... mon pseudo statut d'auteur sur ce thème précisément (les Lettres). Mais s'ils m'avaient cherchée, je n'étais pas loin. Il faut dire que ces cérémonies impressionnent toujours et qu'on essaie de voir X ou Y ou de se cacher de Z bref, on perd l'essentiel. Je lui/ leur en ai voulu pour rien.


Personne décidément ne sait qui est la dame qui m'a agressée hier, impensable, étant donné son gabarit, son allure que dans un village, on ne sache pas qui elle est. Une actrice réaliste, il en faut ? Diligentée pour une prestation originale ? Incroyable mais ça ne peut être que cela puisque je ne la connaissais pas (mais je ne connais pas tout le monde) mais Mme B non plus, ni C., ni personne. En ce cas, quel talent !  Quelle hubris ! J'y ai cru à 100%. Ca explique aussi sa réaction étrange à un moment où ses yeux disaient littéralement autre chose que ses paroles, j'ai cru l'avoir touchée, peut-être était-ce l'actrice qui faiblissait devant une réplique inattendue ?




Les politiques ! Enfin, c'est ainsi. Et les prolos au chômage : la mère de Y. a eu une réaction de rejet lorsque je l'ai abordée pour lui donner le livre -dont son fils est le héros- enfin sorti. Juste un sourire lorsqu'elle a compris que je ne lui réclamais rien, au contraire. Elle vit de ménages, allocations peut-être (?) a élevé seule ses fils et elle a l'air d'une gamine frêle et belle. Les gens très pauvres sont ultra fragiles. Ils ne sont pas tous tirés au cordeau. Bonne mère, harcelée de soucis et d'humiliations, jugeant que rien d'autre n'importe (comment le lui reprocher?)... Père discutable, égoïste sans doute, et tout de même intéressé par autre chose que son pré carré. C'est le pire dans la misère : parfois elle dégrade. Et on ne peut même pas en vouloir à ceux qu'elle a dégradés. Le nez dans le guidon, on ne voit rien. Je fais de même. Sais-je ce qui se passe en Iran ? Oui par les courriels, je lis à peine, je réponds vite fait et c'est marre.


Côté commerçants ou entrepreneurs, Y., sapé ministre, sortant de la cérémonie, a affecté de ne pas me voir. Il a peur pour son entreprise évidemment et il souffre, je l'avais déjà subodoré, de timidité paradoxale. Etonnant  chez ce colosse plein d'humour, fort en gueule, bourreau de travail, toujours d'humeur égale, généreux et d'une intelligence cynique hors pair, qui affecte une obédience anarchiste pure et dure. Un constat: aucun de mes amis d'enfance (ou même la plupart de mes amis "anciens" tout court) ne m'a aidée. Soutenue certes je le suppose dans les propos, mais personne n'a osé venir me voir ni signer. Ça doit vouloir dire quelque chose mais quoi ? Ceux qui l'ont fait ne sont pas des amis d'origine. Choisis-je si mal mes amis? Sans doute. Dans un village, on ne choisit pas, l'ami, c'est le voisin, celui qui prend le car tous les jours avec soi, qui a le même banc à l'église, un arbre mitoyen, ou un caveau proche au cimetière !  Un peu ridicule: j'aime bien X. parce que son caveau jouxte le mien ! Nos ancêtres pourrissent donc côte à côte, ça crée des liens (!) Petit à petit, on force l'amitié, c'est pratique, surtout au temps où il n'y avait pas de téléphone ni d'autos. Mais ce sont des relations à la fois proches et malgré tout superficielles, qui éclatent (enfin, provisoirement) au moindre choc inattendu. Ma grève portera plus loin que ces quatre jours d'horreur. Il y aura les shadoks et les gibies. Ca fera pour moi (en minuscule) comme au temps où certains se sont engagés, si peu que ce soit, pour les maquis, et d'autres non, et ceux qui ont collaboré. Des années après, les enfants portent encore la gloire... ou la honte.


Et puis, à force de se fréquenter par nécessité, la haine survient aussi. Dans une plus grande ville, on change de quartier et on oublie. Rideau.




12 h
Comme si un bon génie voulait me faire passer la (petite) gifle que j'ai reçue, une rencontre (il y en a eu quatre, décisives, lors de cette grève)  Marje. Elle est hollandaise, a vécu en Angleterre et sa thèse de sociologie portait sur les femmes en prison et les centres de rétention pour les sans-papiers. Elle a aussi vécu aux States et s'est installée, sommairement dit-elle, à St julien de C, un village apparemment qui draine des  intellos de tous pays très pointus... et très engagés. Elle est artiste aussi et se sent parfois, malgré son réseau, assez seule. Comme moi. Elle m'a tout de suite dit que les officiels ici étaient très "limités" (elle venait de la cérémonie et avait été apparemment surprise par l'inanité de certains discours)... que répondre ? Mais ils ne le sont pas tous tout de même.. Elle a pris ses distances avec une  famille bourgeoise à la fois humaniste et plutôt à droite, qui pendant la guerre a tout de même connu des privations... et pointe le décalage entre l'engagement social efficace de certains hiérarques dont elle est issue et le réel qu'ils n'aperçoivent pas... bien qu'ils s'en occupent parfois magistralement !


Alfredo Tale-Yax et Jérôme Kerviel, des deux, qui connaissons-nous le mieux ?


Pèche melba
Ca m'a rappelé en soft ce directeur de journal très bien vendu et diffusé y compris parmi un public de gauche ou carrément coco... qui voulait un article sur la question kurde, sincèrement effaré par ce que je lui avais dit... mais qui dans la conversation animée sur le thème, avait parlé des "pêche melbas" (?!) ... Pêche melba ? C'était "Peshmerga", ("ceux qui regardent la mort en face"!) qu'il voulait dire, j'ai cru à de l'humour, ça n'en était pas. N'empêche, ses articles étaient bien lus et c'est grâce à lui que j'ai rencontré Monsieur  Sarazin un des rarissimes résistants vivants ayant assisté à la remontée des corps au puits de Célas, par qui j'ai enfin connu la fille d'Aimé Crégut. Pêche melba ! Un bon vivant, grand amateur de glaces et de vins fins, nobody is perfect. Depuis, c'est ainsi que je l'appelle...


5 h PM Samedi
Apparemment le maire veut négocier, je serais plus à l'aise si Robin était là, je suis mauvaise en négociation. Sauf pour les autres. (Un pitt). Plus du genre activiste que politique. L'inverse de lui. C. me dit qu'il faut me démerder seule, que ça sera un exemple que les femmes peuvent faire mieux que les hommes. Robin a en effet tendance à me mésestimer un peu ou du moins de faire comme si. Le -petit- macho libanais quoi.


G. est passé, il a eu le courage de venir ouvertement me soutenir, apparemment il s'est mis dans les panneaux solaires et ça fonctionne. Pourquoi pas ? Je vais y penser. Pour le Ranquet, ça sera moins prenant que les locataires -jusqu'à six chiens à un moment ça ne me gêne pas trop mais bon-. Bien si on a un grand terrain... Je vais peut-être louer cet été, c'est souvent sympa, disons quatre fois sur cinq. Etrange, G. que je ne connais que depuis un an vient me donner des idées (intéressantes, positives) et Y., ami de toujours, affecte de ne pas me voir à la sortie de la mairie ! C'est ainsi. G. a même badiné sur le vieil intello parisien arrogant... Je ne l'ai vu qu'une fois aujourd'hui. Finalement il me manque. E. non plus n'est pas venu. Un signe mais de quoi ? Peut-être tout simplement a-t-il des ennuis avec sa petite amie. Peut-être ne veut-il pas se mouiller ? Il veut se présenter aux élections; mais il est trop psychorigide pour passer, bien que tout le monde l'aime, c'est un chic type. Avec moi peut-être. Je me demande s'il n'est pas un peu jaloux de mon hubris -toute relative-. Il ne veut pas être le second d'une femme. Je ferais paradoxalement trop de volume bien que la moitié de lui dans tous les sens. Les mecs !



J'ai enfin vu la dame furieuse, elle existe! ce n'est pas une actrice, on a parlé... en effet, 500 euros par mois c'est dérisoire. Et 400 de loyer ! Plus l'eau... Comment faire ? Elle demande des délais. Bien sûr. Et du coup... j'ai essayé de lui dire que ma bagarre était surtout celle d'une femme (pour des femmes) et que si j'étais un homme, ça ne serait pas arrivé, ça a l'air d'avoir passé. Puisqu'en effet c'est en tant que femme qu'elle n'a droit qu'à cette réversion minime de la retraite de son mari, une femme, c'est plus frugal, ça ne boit pas, ça ne sort pas au troquet et en principe ça ne fume pas. Ca fait comme si elles étaient des vieux chiens qui ont perdu leur maître, SPA, fourrière, on n'est pas loin de la piqûre. Je lui ai dit que presque tous mes livres étaient sur le net, pour preuve que je n'étais pas âpre au gain, ce qui était idiot car elle m'a répondu qu'elle n'avait bien sûr pas le net, je lui ai parlé de la wifi, elle m'a rétorqué (évidemment) qu'elle ne pouvait pas s'acheter un ordinateur. Soit. Il faudrait un service informatique ouvert à tous à la mairie et des cours sommaires. Celle-ci se régalerait de dire du mal de moi, et ce serait bien, après elle ne m'emmerderait plus.


Anic

On était -presque copines- à la fin. Je lui ai surtout expliqué que j'avais fait le procès parce que je redoutais que le mur ne tombe sur des gens, et de ça, elle a convenu, (elle a été témoin de l'histoire  de bout en bout et ne pouvait nier le danger, ouf, ce fut dur mais ça a été compris.)


Madame V. est passée, j'ai réussi à l'attraper (je marche lentement pour économiser mes forces) elle m'a engueulée, du coup je l'ai tutoyée (!) elle m'a répondu qu'elle m'y autorisait, (quand on doit économiser son énergie, devant un danger, on tutoie spontanément, ça va plus vite) elle m'a alors dit que c'était pour moi, qu'elle avait peur et qu'elle me plaignait, ça m'a mis en fureur, "jamais ! je ne veux pas qu'on me plaigne... ni qu'on m'engueule", finalement ça s'est arrangé je pense. Elle se sent un peu ma gardienne ou ma responsable devant Lydie étant donné ses rapports avec elle autrefois (elle faisait le ménage et était devenue une amie, son amie la plus proche dans le village: à son départ, ma mère a fait une sorte de dépression). Elle m'a dit qu'ils (elle veut dire toute sa famille) me soutenaient. Ouf. Son estime m'importe beaucoup, elle représente celle de  Lydie. Sur le chemin saccagé, c'est aussi à elle que j'ai pensé (artefact de Lydie) lorsque je l'ai défriché la "zone rouge". Son gendre a eu le courage (voire l'héroïsme) autrefois de s'interposer entre des chiens hargneux  (mordeurs plusieurs fois!) et une petite fille... mais sont-ils allés se promener dans la "zone rouge" enfin mise à plat ? J'espère. Moi, j'aurais sûrement laissé dévorer la petite fille... mais j'ai franchi sans même un battement de cœur la fameuse "zone" tous les jours, sécateur en mains et walk man pour éviter d'entendre  les piaillements  (je haussais le son,  puis très vite ça s'est calmé, ce fut juste le début qui fut duraille). Ils sont trop bien élevés en somme. Chacun a des "courages" différents. Le mien est minime. Et on en parle davantage cependant, les médias ne sont pas toujours équitables.


Un détail: si je suis allée mieux le troisième jour c'est que je buvais du vitel, des litres, je viens de voir sur le net que ça contient pas mal de magnésium, de calcium etc... Je vais boire encore. C'est une sorte de nourriture, avis à ceux qui voudraient se lancer.


RC me dit que je regrette qu'il ne s'implique pas assez. Non, je le regrette de la part d'amis militants purs, dévoués, parce qu'alors je suppose qu'ils ont quelques motivations gênantes... ou un désaccord dont ils n'osent me faire part, mais pour RC, non : on ne va pas demander à un canard de miauler. Un militaire grand bourgeois catholique intello, d'une bonté sans défauts associée à une sagacité pleine d'humour -il me rappelle Guy-... il faut prendre les gens comme ils sont. Je suis beaucoup plus facile qu'on ne croirait. Des amis très divers, à un point extrême... du chef peshmerga angliciste (!) à Totophe, et au milieu pas mal de monde dont RC. De droite (G) et de gauche, (la majorité) et ceux qui sont où on les pose (quelques uns) et les atypiques comme F. qui milite ou se lâche sans doute... mais au Vietnam, partout où on ne la connait pas... et ici file droit par crainte de déroger.





Dimanche 27 juin 2010
Je me suis couchée trop tard pour parler avec C. Du coup, je me suis réveillée à 10 heures malgré l'agitation sans doute autour de la voiture. Peut-être RC. est-il passé vers 8 heures -discret!- comme il me l'avait dit et n'a-t-il pas osé me réveiller ? Dommage, quoiqu'il faut toute mon énergie, tant pis pour les copains.

Au téléphone, il me dit que lui ne ferait jamais ça parce qu'il se fout complètement de ce que les gens pensent de lui. Il me semble que c'est l'inverse. Pour faire une grève de la faim, se mettre en évidence, il faut passer outre l'humiliation de se présenter aux gens de manière un peu forcée et déplaisante. C'est "mal élevé" en somme. Il faut subir au départ la crainte d'être regardé, moqué, humilié même, de devoir parler, plus ou moins se justifier, sentir ce mélange de mépris et d'admiration qui vous pèse... le stress. Plus la douleur PHYSIQUE de ne pas manger, cette sensation atroce de voir sa vie s'enfuir alors qu'il en faudrait si peu pour qu'elle revienne, le bruit aussi de l'estomac qui se tord le soir, et l'obsession de manger... Comment Bobby Sands qui est allé jusqu'à la mort a-t-il fait ? L'horreur pure. Je ne cesse de penser à lui et à Holgers Meins qui à la fin ne pesait que 40 kilos (pour un mètre quatre vingt huit) et à tant d'autres...? Oui, j'ai de la chance. Mon histoire est minime ? Justement, sa résolution aussi. Je m'entraîne pour d'autres.

Mais en forme ce matin. Le garde municipal sympa était à une table avec d'autres, en civil. Sur le coup, je dormais encore et n'ai pas percuté, je lui ai souri, en fait j'ai répondu à son demi sourire discret, puis je me suis reprise, mais trop tard. J'ai réalisé ensuite : attendaient-ils mon réveil ? Voulaient-ils vérifier que je dormais bien dans ma voiture ? Etaient-ils diligentés pour cela ? Ils sont partis peu après.

Rencontré un jeune type arabe (juriste?) qui me dit comme tous d'attaquer en justice, je lui explique que j'en ai assez après trois procès certes gagnés.. mais raz le bol. Il est très "typé" comme on dit sottement -car moi aussi je suis très typée après tout- et pour la suite cela a de l'importance.

Il me raconte ses déboires lorsqu'il a voulu être pris à la mairie pour diverses tâches, des postes étaient à pourvoir, urgent, il a des antennes et le savait... Mais lorsqu'il s'est présenté, malgré un CV impeccable (il s'exprime parfaitement, est sportif, instruit et de surcroît très vif d'esprit) c'était à chaque fois trop tard ; il a alors envoyé un copain blond aux yeux bleus... qui a été engagé tout de suite. Ceci deux fois ! Il me parle du racisme ici (je m'en étais bien aperçue avec un voisin, celui-là même qui en regardant Fred, m'avait dit en croyant me faire plaisir que "ça ne se voyait pas trop" !!! "Ca" désignant l'orientalité de son père évidemment.) Mais je ne pensais pas ici qu'une telle attitude était aussi commune, les gens semblent si sympa. Le fond de la question viendrait-il de là ? Non, je ne crois pas:  car un ex cadre sup des télécom n'est pas perçu comme arabe. Il n'entre pas dans le schéma.

 Azzedine Kalak représentant de l'OLP et ami, assassiné en Août 78 à Paris

Dans un autre ordre d'idées, Ahmed me dit que beaucoup de gens ici ont acheté des maisons pour un euro symbolique grâce à l'ancienne mairie, ils ont parfois obtenu des subventions pour certaines réparations lourdes, (toitures)... les ont retapées eux-mêmes ensuite vite fait, puis louées à bon prix... Il y a des gens qui se seraient faits des fortunes ainsi. C'est plausible puisque autrefois en effet, lorsque le maire désirait que je loge son nouveau garde - le snob venu pour exécuter les basses œuvres dont les autres ne voulaient pas, qui exigeait quatre ou cinq pièces et un hectare au moins, plus piscine si possible pour madame qui ne pouvait pas s'en passer- ça m'avait été proposé en effet et deux fois de suite. A condition évidemment que je garde le Monsieur au prix qu'il avait décidé lui. Les nouveaux font-ils de même ? Je ne le sais pas... Non quand même, j'ai du mal à y croire.

J'ai l'impression que tout, non, pas tout mais beaucoup, est combine, sans doute suis-je  parano à présent, il y a un gars des services technique fils de...  puis l'ouvrier élagueur, idem et encore les gens qui rendent service (en logeant par exemple un employé) auquel on renvoie l'ascenseur etc... Ahmed ajoute un imprévu: le sexe. Je subodorais... sans être sûre, ces choses par trop triviales, on les shunte volontiers dans la famille et chez les cocos en général. Ca m'est venu après, en écoutant dans les rues, avec un peu de gêne... Un cas isolé pensais-je. Non, apparemment, si je suis Ahmed.

Dans une certaine mesure, on peut presque comprendre. Tout est question de mesure. Mais cela semble tellement institutionnalisé ici que certains se plaignent ouvertement  aux terrasses, devant tous... de l'ingratitude d'"élus" qui n'auraient pas voulu les embaucher alors qu'ils sont reliés à bla bla... En somme, ils leur reprochent presque de ne pas avoir fait de passe droit pour eux. Ou d'en avoir fait, mais pour un autre (je ne sais pas) !!! Marrant, nature, quoi. Les loups ne se mangent pas entre eux ? Si. Des petits loups, n'exagérons pas, rien à voir avec Bettancourt. C'est plutôt mignon, quoique la dame aux 500 euros par mois ne serait sûrement pas d'accord avec ma longanimité. Tout est miniaturisé mais c'est pareil. Sauf que de nous, les médias se fichent un peu (pas toujours cependant.) Louis-Marie H. m'a dit qu'ils ne pouvaient venir partout, le voyage, le séjour etc.. Soit. Une telle histoire à Paris aurait depuis longtemps fait la "une" du Parisien, la "deux" de Libé, et la "trois" du Monde, et un article de Louis-Marie H. dans le Canard. Ici, ils attendent que je sois plus mal en point sans doute, ou plus originale, comme G. qui m'a conseillé...  autre chose de plus porteur et de moins cruel vis à vis de moi même. Et zut, pourquoi pas ? 


La fin justifie-t-elle les moyens ? Pas n'importe quelle fin, ni n'importe quels moyens, mais celui-là, si. Même si ça doit me coûter une minime garde à vue, et encore, pas sûr, ça ne sera pas la première fois et j'espère pas la dernière. OK, "it's the price to pay "comme dirait l'autre affreuse (Madeleine Allbright). Oui, finalement.


Le Dugas au 16ème siècle avant JC ?

Ahmed s'en va. Entre temps, Noellie est arrivée, on se croirait chez un psy, elle attend son tour à la table d'à côté... je lui parle à mi-mot de certaines magouilles sans donner de détails, elle comprend d'où je les tiens et me dit de qu'elle se méfie de ce type qui n'a pas l'air très net. Ce regard légèrement voilé, distant soudain, l'éclat des yeux qui change, le déplacement imperceptible de la tête qui se relève, les épaules qui reculent et la bouche qui se pince à peine, ces micros attitudes que seule une caméra au ralenti peut pointer, je les connais, entre mille. C'est le mouvement du mépris et en le cas du racisme. CQFD.

Le maximalisme.
Un type genre petit intello (ou pseudo) passe, lit distraitement et me demande où il y a un restaurant et un distributeur du crédit agricole ! Bon, passons, je lui indique, il croit sans doute que je suis serveuse, à son ton.. Je lui dis que je suis juste la gréviste de la faim et lui tends un tract, il le lit, me demande si c'est moi qui suis passée à la télé... et s'étend sur le tout va mal- on va dans le mur- c'est horrible- partout etc... Je lui réponds que oui, que je m'y intéresserai lorsque ça ira mieux ICI... Il repart pour un tour sans pudeur -ça m'épuise-, je le coupe (ce genre de gars veut éviter de s'engager et noie le poisson.. Ce sont ceux-là qui vous pompent le plus d'énergie) Je le coupe donc sans aucune politesse "oui Monsieur tout va mal mais pour l'heure c'est ICI que ça va mal, vous me permettrez de m'intéresser au reste lorsque je serai plus à même de le faire." Et je le plante au milieu d'une phrase bouche ouverte. Avant je l'aurais écouté et j'aurais tenté de le convaincre d'agir, parfois au cas par cas etc... ça m'aurait épuisée, en vain puisque comme F., il était de mauvaise foi et ne cherchait qu'à se justifier sur le mode "c'est trop petit pour moi il y a bien plus grave !"...  dont il ne se soucie pas davantage évidemment. Les gens engagés, on le voit dans ce bloc note au fil des jours, sont aussi ceux qui spontanément ont réagi et signé et même m'ont donné quelques idées. Un vrai humaniste ne trouve jamais une cause trop petite pour "lui". C'est comme les gens qui reprochent à certains de s'occuper des animaux et non de la famine en Afrique... et qui eux ne s'occupent ni de l'un ni de l'autre. Cette grève m'a mûrie. Il le fallait, à 62 ans !!!

Je préfère ceux qui me disent carrément qu'ils s'en foutent. C'est pour éviter ceux-là que je ne distribue pas aux gens, j'attends qu'ils lisent (derrière la barrière vitrée de la terrasse, assise, je les vois : certains s'en vont tout de suite, d'autres restent, c'est à ceux-là que je donne le tract). Là, le gus m'a prise de court en me demandant le distributeur... et un bon restaurant, il y a des questions qui tuent, quoique je le comprends, je ne suis sans doute pas encore si esquintée et me voyant debout lorsqu'il s'est avancé (après avoir lu) il a cru que j'étais la serveuse ou l'hôtesse, c'est presque flatteur. La barmaid, une petite égyptienne qui ressemble à ma fille (normal R est à demi égyptien) s'est étonnée que j'aie 62 ans, elle voudrait bien m'a-t-elle dit que sa mère soit comme moi. Elle est un peu forte, les enfants trop nombreux sans doute. Trop gentil. Les moindres gentillesses...




Chemin de St Victor, le point essentiel de cette grève

En parlant avec Ahmed, j'ai oublié d'aller acheter des cigarettes et on est dimanche, il faudra attendre. Ca ouvre à 5 heures. Fumer me manque. Le fils de la serveuse apprend à faire des blogs, il en a fait un (en fait on l'a fait ensemble sur le Mali et la famine. Je lui explique au fur et à mesure. Bien qu'il pige vite, ça me fatigue. Je manque de patience.

Voir ou ne pas voir. Marie-Renée
Les gens passent, certains voient, d'autre non. Ce n'est pas qu'ils soient odieux, c'est juste qu'ils ne voient pas. C'est dans le regard que tout se joue. De même Marie-Renée alors qu'Erdal lui avait pourtant parlé de ce que vivaient les kurdes (un quasi génocide) n'a-t-elle pas compris, vu. Lorsque j'en ai fait mention, elle m'a dit avec cet air légèrement condescendant de la bourgeoise élégante cultivée et sympa qu'elle est : "tout de même... tu exagères !" Nous avions cependant entendu les mêmes histoires : mais moi, j'avais écouté, elle pas. De même en 40 certains n'ont-ils pas vu qu'on embarquait les juifs. Et même sur place, qu'on les gazait. Je crois qu'ils pouvaient être sincères, comme Marie-Renée vis à vis des kurdes. Relativement. 
 

5 h et demi Dimanche
Je consulte mes mails, miracle le net est revenu. Stupeur, une copine m'invite à une soirée caritative du Lion's club et, pour m'allécher sans doute, me donne le menu. (En fait on s'est connues par l'assoc pour le Fort Vauban.) Il y a aussi des mails qui tuent. Elle a des excuses, elle ne lit pas la Mars et se montre très dévouée pour l'assos. Mais zut. J'ai pu acheter des clops. Ca plus le net, c'est bien.


M. D. entrepeneur, est passée hier et je l'ai interpelé pour lui rendre le DVD sur le Puits de Célas, ça m'évitait de faire 300 mètres pour le lui apporter, dans mon état de faiblesse, ça compte. Il a eu un geste agacé. Ou me suis-je trompée ? Je deviens parano, peut-être avait-il tout simplement envie de faire pipi et était-il pressé? je lui avais fait une attestation, justice et non faveur, soit, mais semble-t-il j'ai été la première (et cependant tous le pouvaient, intéressant, cette pusillanimité.) Les jeunes sont différents de ce que nous étions au même âge. Sans doute la vie est-elle plus dure pour eux ?





Des messages de soutien d'une collègue de l'école des mines, L.. Enfin quelqu'un sans a priori, sans calcul plus ou moins conscient.  Ca rafraîchit. Joie... En plus elle est marrante. Elle me dit que je suis courageuse. Non. Mais je n'ai peut-être pas les mêmes peurs que d'autres. Par exemple, dans notre immeuble, j'avais terriblement peur de la concierge, femme parfaite qui, comme tous les parfaits, écrasait les autres sous le poids de sa perfection, levée à 5 heures, enfants (3!) nickels, ménage impec.. Un jour j'ai attendu Robin 3 heures à un troquet parce que je n'ai pas osé lui avouer que j'avais perdu mes clefs et lui demander de m'ouvrir.



18h
La chaleur est tombée. On dirait même qu'il va pleuvoir, Dieu ou la nature soient bénis. Le petit Sébastien a pris mon autre ordinateur, il se débrouille très bien. Il fait son blog avec acharnement. Sa mère ne semble pas totalement consciente de ses capacités. Dommage. Parfois, les parents ne stimulent pas assez leurs enfants, qui s'ennuient alors qu'ils ont tant à apprendre et à faire. Or, ce qui est perdu l'est. "Il a bien le temps". Non. Mais c'est aussi désolant de voir d'autres les cravacher alors qu'ils n'en peuvent plus. Il faudrait qu'un enfant ait le même niveau que ses parents, ce n'est pas toujours le cas. Ceux qu'on appelle faute d'un autre terme "surdoués" vivent souvent un enfer, littéralement, moqués, racisés, ostracisés, humiliés, haïs, jalousés. 



Je pense à Satar M., futur prix Nobel j'en suis sûre (!) mon ancien élève, à bout de souffrance dans ce lycée moyen où tous l'avaient mis à l'écart : afghan, issu de la guerre, en deux ans il avait appris le français presque parfaitement et, balancé en terminale S, obtenait sans efforts 19 de moyenne partout. On ne m'avait rien dit lorsque j'étais arrivée, c'était un "test". Je le revois, si maigre, un fil, toute sa vie  intense tendue dans des yeux noirs perçants, soudain me demander posément: 
"Madame, vous posez la question de savoir si ma liberté est incompatible avec l'existence de Dieu. Mais tout à l'heure vous nous avez dit que selon... je ne sais plus qui, ma liberté est  reliée à la liberté des autres et ne s'y oppose pas, au contraire comme on le croit parfois..." Un ange passait. "Oui... alors ?" Et il continua doucement, avec son petit accent afghan... "Et bien alors je me demande moi si ma liberté n'est pas de la même façon... reliée à celle de Dieu (s'il existe) et non  pas incompatible... Or Dieu est forcément libre, voyons... A moins de supposer que Dieu n'est pas un être mais un.... comment avez-vous dit, un concept. En fait, ce n'est pas le problème de la liberté que vous posez mais celui de l'existence et de la nature de Dieu... Peut-il être vu comme un homme ou non? " 

Soufflée. Une des plus grandes émotions de ma carrière. Il avait découvert en un clin d'oeil  -par moi mais si peu- St Anselme, les pères de l'église,  leurs contradicteurs, Rousseau, Kant et sans jamais les avoir lus, surfait sur leurs thèses à 17 ans avec une aisance de sorbonnard... Un cerveau-soucoupe volante, mécanique parfaite aux rouages qui tournant à plein régime, bondissant au quart de tour à une infime pression d'accélérateur et se propulsant à 100 km d'un seul élan sans à coups... Jamais vu. En sortant de la classe, les collègues attendaient avec impatience. "J'en ai un qui est spécial, il en est aujourd'hui à la fin du programme, non, en fait au delà, ça ne va pas être simple à gérer avec les autres..." ..."Satar M., bien sûr..."...  J'ai toujours dit que la philo est une matière comme une autre, ils en avaient là la preuve. 



Seulement voilà, quelques élèves en sortant, devant mon émotion (que je n'avais pas pu cacher, ce fut bien la première fois, je crois même que j'avais les larmes aux yeux) se sont exclamés "tu vas voir, même en philo, il aura 20 !" sur un ton rien moins qu'amène. En fait, Satar vivait un enfer. Il refusait d'aller à Louis le Grand qui l'aurait accueilli avec tapis rouge. "Je suis de la banlieue, j'y reste, je suis comme tout le monde." Comme tout le monde, il le voulait désespérément mais ce n'était pas vraiment le cas. C'est moi qui lui ai conseillé de faire médecine -de la recherche- alors qu'il préférait la philo ("les maths, c'est bien mais c'est tout de même limité, il faut bien en sortir un jour" m'avait-il dit). "De la philo, tu en feras de toutes manières, mais là tu pourras aider les tiens  plus efficacement"... Il l'a fait, avec ce mélange de modestie et d'arrogance -en fait, de lucidité- qui le caractérisait : "la médecine, je crois Madame malgré tout que je vaux mieux que ça, mais bon..." Satar! Au bord du suicide cependant dans sa banlieue grise où il était si seul. 



Rachel Corrie, écrasée par un bulldozer israélien à Gaza

19 heures
D. est passé avec un salut rapide, amical certes. Je l'ai interpelé tout de même.
--  Tu te souviens de l'article de La Mars que j'ai fait sur toi ? Tout était exact, n'est-ce pas ?
-- Oui, parfaitement. 
-- Et celui sur Pascal ? 
-- Tout à fait." Je lui ai alors tendu le tract un peu théâtralement, version longue, c'est un ancien élève de Lydie, brillant littéraire qui n'a pas pu faire d'études, a travaillé en usine et s'est retrouvé au chômage après la fermeture due à un patron véreux. 
-- Et bien c'est la même chose pour celui-là." 
-- Mais on le sait bien Hélène, on connait ta fiabilité !"
Ouf. Il est coincé entre son travail d'animateur obtenu peu après l'article qu'il promenait dans sa poche à l'ANPE, partout.  Un article, ça booste les gens, ils se sentent exister (parfois) ça vaut pour moi comme pour tous. Or son travail... Bon, il a tout de même eu le courage de m'embrasser devant la terrasse pleine du café d'en face c'est à dire devant la mairie.  On ne peut lui en demander plus. Lydie regrettait toujours à 80 ans qu'il n'ait pas fait les études de lettres qu'il aurait brillamment réussies. Devant ses anciens élèves, j'ai l'impression de devoir prendre la suite d'une tache un peu ratée par la force des choses et non par la sienne. Idiot. C'est le complexe de Pygmalion, celui de tous les profs/instit.

Téléphone de  Bernard Bruyat, un ami de Sylvie Barbe (qui vit en yourte et a été expulsée récemment... mais l'a reconstruite à cent mètres sur un terrain qu'elle a acheté, voir le blog)  des "objecteurs de croissance": génial, ils me soutiennent et sont prêts à venir devant la mairie. Décidément, la balle est dans mon camp. Chaud au coeur ! La vie est belle soudain. CA VA MARCHER, ON AURA LE CHEMIN ET L'INJUSTICE QUI M'A ETE FAITE EN TANT QUE FEMME SERA RECONNUE SUR SUR SUR... je me demande si je ne vais pas manger un repas normal. Merci Bernard, Sylvie !!!





Le Guatemala, pays d'Alfredo Tale-Yax, le SDF 
qui est mort après s'être interposé entre 
une femme et son agresseur, à New York

Un peu de vague à l'âme ce soir. Juste au moment où il faudrait booster, classique, le syndrome de la solitude du coureur de fond. J'ai pourtant rompu la grève en partie pour être claire demain car je dois négocier et ça sera sûrement dur. 


Une rencontre extraordinaire de jeunes d'Avignon installés ici, ils ont lu et... se sont littéralement écroulés de rire ! Ils n'en pouvaient plus, effectivement l'affaire est marrante vue du ciel. Ca m'a bien détendue. Finalement, j'ai autant ri qu'eux. Ils n'en revenaient pas. C'est un roman? Des gags en série ? Une caméra cachée ? Non.


Lundi matin, avant la concertation !!!
Toute la nuit sans dormir, normal car re manger (deux croissants et du café au lait, trois cafés noirs sucrés et quelques câpres) m'a surexcitée. A moins que ce ne soit le fait de voir l'issue. Elément  imprévu, certains employés municipaux semblent avec moi, clairement. L'équipe, ou plus exactement une de celles qui les dirige? ce n'est pas clair et prudence, l'amalgame est facile... semble haïe, autoritaire, arrogante, n'acceptant aucune discussion, contrôlant tout, méprisante envers le peuple etc... "ce ne sont pas des gens de gauche" est l'opinion qui prévaut. Beaucoup viennent et me disent bravo mais ne le dites pas... rigolo, ils font tous pareil,  signe d'une mauvaise ambiance, cette chape de plomb, ces petits "secrets" -qui sont les mêmes- entre ceux qui se côtoient tous les jours.  Malsain.
 


C'est comme dans le conte d'Andersen, "Le roi est nu"... En fait, que le roi soit nu, tout le monde le voit mais personne n'ose l'avouer, croyant être seul à ne pouvoir apercevoir les vêtements magiques soi disant visibles uniquement par les "gens de bien".. jusqu'à ce qu'un enfant s'exclame "mais le roi est nu", ce qui soulage tout le monde.


Tommie Smith, 68 jeux olympiques,
un geste qui leur coûta leur carrière

Ca, ça change la donne et me met la pèche. Une femme  d'un certain âge est passée et s'est écriée en me voyant arriver : "des gens comme ça, il en faudrait plus, c'était jamais arrivé encore et c'est une femme qui l'a fait, et on serait moins dans la merde." Le plus drôle est qu'elle avait l'air tellement agressive que sur le coup j'ai cru qu'elle m'insultait. Cette foutue grève aura eu l'immense avantage de mettre en lumière ce qui était latent, des on-dit auxquels au fond je ne prêtais pas foi, ça devait venir de l'équipe adverse pensais-je croyant malgré tout que j'étais la seule à qui c'était arrivé.  Illusion banale des victimes suscitée afin qu'elles se sentent coupables. Ce n'est pas le cas, ce que j'ai subi (renvoi de l'un à l'autre avec chaque fois, usure, les mêmes questions et la même suspicion  jouée ou sincère, cris d'une adjointe -pénible!- et rembarrage par un autre,  puis la mauvaise foi, celui qui a "oublié" ce qu'il a entendu etc...) ils l'ont subi aussi en pire. Ca ne m'était pas réservé en tant que femme, je me suis trompée. Faudrait-il tenir un peu plus ? En profiter pour faire éclater ça, une conférence de presse ? C'est dur tout de même mais apparemment ça en vaut le coup. En tout cas, je ne vais pas négocier du tout. C'est à prendre ou à laisser.


Tout ceci explique leur indifférence devant mes requêtes insistantes, et même devant mon avertissement de grève. Je pensais à une certaine lenteur d'esprit car ici tout va lentement, même moi, je suis le mouvement généralisé... c'était sans doute de l'arrogance, qui est une autre forme de lenteur: un défaut d'adaptation rapide à des situations qui varient. J'étais la femme qui va expliquer re et re et re qu'elle n'était pas là... donner son contrat de location et re et re et re etc...  demander qu'on refasse le mur  bla bla... Presque suppliant!  ce que je n'aurais pas fait avec l'équipe adverse, bon, mais là on était entre "gens-du-même-bord", foutaise. J'ai changé. Sans la justice, je pleurerai encore sur ma chaise devant ma maison effondrée aussi ruineuse à démolir qu'à reconstruire... Oui, Seigneur, gardez moi de mes amis.  



Quelque chose de ce désastre

Lundi
Jour J. Réunion avec P. Des heures ! Craqué un peu. Heureusement il y avait Michel et Robin arrivé droit du train, direct montparnasse- Saint-Ambroix. Ca fait un décalage, il a tenu le coup, il est solide en un sens. J'ai pris les papiers, ces damnés papiers que je garde dans une chemise toujours sur moi. Sans jamais l'ouvrir. Ils avaient les doubles évidemment, mais ceux qui m'étaient favorables, bizarre, les rats les avaient mangés (et moi je n'avais plus certains). Les rats font un tri sélectif il faut croire, c'est des rats écolo. Epuisée. 

Re démontrer que je n'étais pas là (ce que tout le monde sait) que c'est bien Maguy qui... que les factures étaient bien en son nom, il y avait un truc, les numéros des factures : 224 c'était bon mais 222 non, par chance Robert a trouvé des 224 ! Sauvée par le 224. Puis une date de départ de M. Ca c'est pour demain, la CAF. Démontrer donc ce que l'on sait (et que j'ai déjà démontré du reste). Michel dit que c'est normal, l'administration doit rendre des comptes. Exaspération tout de même, tout ce temps perdu. Ne peuvent-ils tout simplement dire qu'ils ont fait une boulette ? Les profs le font bien.


Et le jeune diligenté pour moi ou pour cas difficiles en général, de chercher tel document, de demander, de calculer le volume d'une goutte multiplié par le temps puis le coût multiplié par etc... de donner des chiffres définitifs, une pastille doit laisser passer 1 litre... en fait c'est 30 mais bon... je croyais qu'il avait fait sciences po ou l'ENA parce que, comme disait Coluche, "un technocrate, c'est quelqu'un que lorsqu'il vous a répondu, on ne comprend même plus la question qu'on a posée". La fatigue ? Peut-être aussi. Dès qu'il parlait, je décrochais. Je lui ai demandé combien il gagnait il m'a dit 1600 euros je crois, pas sûr, ça tourne autour de ça. Je lui ai reproché d'enculer les mouches, pas aimable certes, mais l'absence de nourriture agit comme une drogue, les anorexiques en jouent et rejouent, c'est leur truc... et on n'a plus la retenue sociale naturelle chevillée au corps, enfin, pas si naturelle, mais plutôt culturo-naturelle. Cela aussi n'est pas mal au fond,  car cette retenue permet aussi l'exploitation ou la tolérance de l'injustice.


A adopter


Et l'employé releveur venu rue Désiré de répondre à la question de Robin "qui payait l'eau ?"... "Mr E. évidemment, même qu'il rouspétait parce que ça faisait beaucoup." Mr E., c'est à dire le compagnon de Maguy ! Ouf, ça se dénoue. Il y avait deux  (?) adjoints présents plus le jeune technocrate aux gouttes multipliées par le temps multiplié par l'argent, plus l'assainissement égale un paquet de fric... 


  Kafka tout de même : tous reconnaissent que je n'y étais pas mais encore faut-il l'attester. Plus exactement le re et re attester. Un alibi de six ans ou de deux ans seulement qu'il me faut ! C'est pour cela qu'on peut haïr les administrations, le principe même de ces hydres qui dévorent et érodent les gens étant d'user la bête, de  complexifier un affaire à plaisir, et de lancer au milieu de donnes connues archi  connues (mon histoire étant une sorte de paradigme de la gestion "aléatoire" des anciens élus...) un jeune qui n'y connait rien et avec le sourire vous fait tout reprendre à zéro pour la nième fois et vous annonce, suave qu' "on a un relevé fait en votre présence en 2005 donc..." (?!?) sous entendu vous y étiez (relevé issu d'un gus disons, lui même très "aléatoire", et je suis sympa, détail connu de tous mais pas de lui ou il fait comme si) et de vous demander de prouver que vous n'y étiez pas, c'était déjà fait, mais donc les rats avaient bouffé certains documents n'en laissant même plus une miette, les sales goinfres... Epuisant.


J'avais redemandé le dossier à Ralph Blindauer (avocat et ami)... puis l'avais laissé dans son enveloppe, dans la voiture, il ne me quitte pas. J'étais allée le chercher et était revenue avec... en vain. Même le fait que la maison se cassât la gueule, là on était dans un cas d'école exceptionnel car JE NE POUVAIS Y HABITER... n'étant pas suffisant pour prouver que je n'y étais pas..  et tout cela à quelques mètres du bureau de celui avec lequel nous avions devisé autrefois de l'histoire en rigolant: son chef.


Comment ne pas hurler ? Sans doute est-ce le but, conscient ou non. Si je gueule, je me disqualifie. Je vais tenir.  




 Mercredi 1er juillet

Ces papiers, je les garde soigneusement comme des objets précieux mais je n'ouvre même plus le dossier, je n'en peux plus de ces attestations, contrat de location, relevés d'estimation au nom de Maguy pour la rue Désiré, qui m'ont coûté plusieurs jours de recherche !!! de poirautage devant chez elle, et enfin la cerise au dessus du gâteau, car à toute chose malheur est bon... une jolie histoire que voici toilettée...



Une voisine sympa type assistante sociale bénévole qui me prend en pitié (je poiraute tous les jours devant la porte) me fait entrer chez elle et… s'avère être la fille d'Hélène, la cousine dont m'avait parlé Lydie... les riches de la famille, ces nobles et paysans à la fois qu'à la fin Marguerite aidait sans doute, car elle, elle avait "réussi" avec son restaurant-épicerie et eux étaient ruinés. Elle le prit à la rigolade lorsqu'il s'est avéré qu'elle était bien Anne de C, et, avec une certaine classe, me fit visiter son deux pièces plus que modeste : "voyez ce qui reste de la dernière des de C." Et enfin Maguy, sans doute briefée (c'est ma cousine ! La petite fille de...) Et voilà. J'aurais dû la revoir quoiqu'elle n'ait nul besoin de moi, elle gère fort bien sa pauvreté et même trouve l'énergie d'aider les autres mais... Je le ferai après que tout ça sera fini. Comment a-t-elle été élevée après? Lui ont-ils parlé de sa mère? Aussi étrange que ce soit, une parente rencontrée à la galerie par hasard, soit ignorait le drame, soit le niait (par honte?) Elle est morte de maladie m'avait-elle assuré. Suffoquée, je n'avais pas répondu. Un suicide, ça ne se fait pas.



Cris et chuchotements

Son courage me touche. "Voilà ce qui reste de la dernière des de C." Les paysans, les vrais, les "miens" directs... ont mieux réussi à tout point de vue, plus robustes sans doute. Ou plus intelligents. Plus nature. L'horreur pure, se tuer à 25 ans, jolie, en bonne santé -Lydie admirait beaucoup cette cousine si élégante- parce que l'honneur des de C. aurait été définitivement perdu, en laissant une petite fille de quelques mois et des parents âgés qui jamais ne se remirent du double drame... Les villages, le sens de l'honneur! les miens en un sens, même si cette branche -de droite extrême- est si éloignée de la nôtre que nous ne nous voyions jamais. Bon, ces papiers, je les ai certainement obtenus grâce à elle... Merci.

Mercredi 1 juillet, chez Momo, 10 h 30
Ca se corse. La CAF ne peut pas donner de relevés avant 2006, et c'est là la question. Seulement il y a un hic; Maguy serait partie en 2005 ! Comprends pas. La facture extraordinaire de 4000 euros (pour deux mois) date bien de 2007 et c'était juste après son départ. Me semble-t-il. A moins que je ne me trompe.  Ou que ce ne soit un duplicata d'une facture a posteriori que l'on m'aurait donnée alors que je protestais. L'affaire, au départ, m'était  apparue tellement absurde que je ne m'y étais pas intéressée moi-même. Juste une rouspétance de principe : ça ne se pouvait pas PUISQUE JE N'Y ETAIS PAS, CA ALLAIT DONC FORCEMENT S'ARRANGER.  J'avais confiance en la justice de mon bled,. Arrogance naïve : ça ne pouvait pas m'arriver en somme puisque ce n'était pas juste! Et puisque c'était moi. Tu parles ! Après coup, on m'aurait donné une facture -la même- mais postdatée ? Je ne sais plus.


Il reste un élément positif, le compteur ne marche pas. Ca devrait suffire. On me réclame 4000 euros sur la base d'un compteur qui ne marche pas ! Aberrant. Reste la question : il ne marche pas en plus ou en moins ? On saura plus tard grâce au rézocitoyen (un groupe écolo soft) qu'un compteur de plus de 15 ans (et celui-là a bien son demi siècle) n'est plus fiable, il peut s'arrêter, ou filer comme un zèbre, voire tourner à l'envers, bref il est gogol. Mais ce n'est pas important : IL NE MARCHE PAS ! Il  faudrait le faire expertiser, mais ça coûte 175 euros. Or le compteur n'appartient pas à la personne mais au service des eaux. Pourquoi devrait-ce être à moi de payer ? De toutes manières, l'employé dit que ça n'aurait pas de valeur, il aurait fallu un huissier qui assiste au démontage...





Autrement dit, voilà une maison qui n'est pas occupée de 2005 à 2007 et qui affiche une consommation de 4000 euros pendant cette période. Je m'interroge : il faudrait un contrôleur des contrôleurs car ce sont les mêmes qui installent, relèvent les compteurs, et encaissent. Ce mélange des genres, ça ne le fait pas. Les employés municipaux ont tout intérêt à ne pas s'opposer aux élus. Hypothèse romanesque: à cette époque, un élu avait voulu acheter ma maison... inélégant, peu après la mort de mon père, je l'avais envoyé sur les roses, sec. Simple concomitance bien sûr. J'en ai marre. Je me dis que c'était sans doute le but, inconscient ou non. 


On s'est même engueulés avec Robin... Signe de notre épuisement, on perd tout, il avait laissé son portable au Ranquet, puis ne retrouvait plus le chargeur, ensuite il avait mis les clefs dans sa poche et je les ai cherchées une heure, et pour finir, pour être sympa, il était allé chercher des croissants, j'attendais en double file sous les claxons... et quand il est arrivé j'ai hurlé. Nous sommes à bout. Je crois qu'on s'est fait laissée piéger par leurs exigences de recherche de papiers.


J'aurais dû faire comme le grand Scipion à qui on demandait des comptes pour la gestion du forum... il les avait sortis... brandis... et brûlés immédiatement. Cette exigence était humiliante et surtout politique (dit-il). Dans mon cas, elle est blessante car vaine; ce qu'on me demande d'attester, on le sait et ne le nie pas. Ubuesque.

Fleur bleue (Robin Eddi)


Savaient-ils que la CAF ne pourrait remonter aussi loin... et de toutes manières que Maguy (s'ils ne se trompent pas) était partie en 2005 ? Robin est un peu déprimé par moment. Je n'aurais pas dû accepter. M. pense que tout ceci est un hasard, l'ordre de saisie serait passé tout seul, sans que le maire même ne le voie. Contradictoire avec ce qui m'avait été dit ailleurs mais peut-être ai-je mal compris. Il avait presque fini par me convaincre. Et pourtant, l'adjoint et ses propos "tu paieras et c'est tout", l'adjointe (idem mais dix crans plus haut, aïe mes oreilles)... On oublie vite. Je n'y crois plus et finalement c'est tant mieux. Basta. Hasta siempre. 





J'ai peut-être été dure : Robin me dit lui aussi que l'ordre de saisie provient de l'ancienne équipe. Bon, mais il a été donné par la nouvelle, car ça ne se passe pas si vite, il y a le "jugement" (si l'on peut dire puisque je n'ai pas été avertie!) l'ordre de saisie, mais celui-ci reste sans être forcément exécuté, il faut un autre ordre (si j'ai bien compris), c'est en plusieurs temps avant la guillotine. Se peut-il que le maire n'ait pas été au courant? Restons dans cette hypothèse : c'est tout de même une erreur. Ne faisons pas comme le petit peuple affamé qui naïvement demandait au Roi à Versailles... de le délivrer des fermiers généraux collecteurs d'impôts... agissant sur son ordre... Je ne sais pas. Si réellement -ce qu'il a dit et répété- il n'était pas au courant, alors c'est de la négligence. Il me semble que si j'avais été à sa place, ne serait-ce que pour l'honneur, j'aurais fait attention à ce qu'une telle concomitance ne pût avoir lieu. Il est vrai qu'il y a d'autres héritages des anciens peut-être plus lourds encore question injustice, je ne sais pas tout. Et que mon affaire peut sembler secondaire. Mais tout de même, la maison d'un administré démolie par les soins de son père, ça ne se voit pas tous les jours. Enfin j'espère. Les deux "incidents" ensemble sont fâcheux, très.

Les gens se taisent aussi, comme s'ils avaient honte d'être humiliés. Oser le dire c'est s'exposer au rire croit-on (en fait, non). C'est comme les femmes violées ou battues. Et lorsqu'un parle, tous s'y mettent... C'est pour ça que je gêne sans doute.


K. (très fiable depuis que le connais) me dit qu'il y a eu des moyens ... efficaces et radicaux (hard), dont je ne puis dire plus ici, qui ont permis de faire rétablir l'eau à une copine et immédiatement... Non, ce n'est pas ce à quoi on pense car de cela, je ne rirais pas. Bon... Un roman en effet. Marrant en un sens. La fin justifie-t-elle les moyens?  






Jeudi 1 juillet
Une vie presque normale, je mange comme quatre en prévision d'un de re départ. La solidarité de tous, différemment exprimée, J. qui vient m'apporter 400 euros pour des livres, avec ses excuses pour le retard et beaucoup d'encouragements, une grosse affaire pour un militant coco de 60 ans... qui en principe s'intéresse à du plus lourd, en effet ça, c'est un peu léger pour lui mais mis bout à bout, ça fait tout de même la vie de gens. J'ai perdu deux ans pour cette affaire deux ans mis à la suite, en partie l'amitié  de ML. -mon meilleur ami- que je n'ai pas vu depuis un an, on s'est éloignés et le projet de livre commun a été remis aux calendes, peut-être ne verra-t-il jamais le jour - plusieurs livres, mon travail dans une certaine mesure (pas totalement) et pas mal de confiance en moi et dans les autres (en certains du moins) ainsi que plusieurs autres amis proches etc... J'en ai gagnés d'autres, aussi. 50 ans d'illusions tout de même éclatées, il le fallait et ça c'est plutôt bien. Mais aux forceps.


La vie des gens, oui, je pense au chemin effondré... des gens qui se sentent exploités et laissés pour compte, comme ceux qui depuis un an font des acrobaties pour aller chez eux avec tronçonneuses et brouettes (c'est faisable mais pas facile)... ceci pour entretenir la vallée !!! c'est à dire pour tous, y compris pour le voisin d'en face (un gros propriétaire qui a aussi des chambres d'hôtes top.) Mais celui-là est du genre sympa, je me suis payée le culot d'aller chez lui, il m'a reçue fort aimablement -fort satisfait du nettoyage ?- car de chez lui on voit -de très loin- les "trois pins" devenus une véritable décharge-.. nettoyage de la montagne dont s'est chargé celui-là même qui passe en faisant des acrobaties à présent !! un sportif et un costaud, qui n'a économisé ni son temps ni son travail, et n'a pas le vertige, j'ai nommé C. évidemment, un poète aussi pour avoir accompli cette performance  -qui lui a pris plusieurs années car  c'était énorme et de plus il travaille - et pour RIEN , juste pour que ce soit beau, juste parce que cet endroit, il y tient autant que moi et quelques autres... et tous en fait. A présent, de la belle terrasse de ce gros propriétaire, on voit la montagne comme avant... 


Saccage au Mali

et ici : écoulements d'eaux "usées" dans un talweg,
vers la Cèze... en amont d'une baignade...


Voilà l'aberration de nos édiles: notre patrimoine ! tapis rouge pour ceux qui l'abîment par intérêt perso -et à courte vue-  et haro sur ceux qui ont peiné à le restaurer. Un élu (que J., sans aucune malice, n'arrive pas à appeler autrement que "guenille" malgré mes reprises à chaque fois) lors de la "concertation" -et ça, c'est choquant- ne m'a-t-il pas accusée de n'avoir cherché qu'à "valoriser" mon terrain -1000 euros?- Il faut dire que celui-là, venu de l'est, n'a pas saisi l'âpreté des cévenols à préserver et maintenir "leur" nature... en effet hors norme et hors compréhension pour un pragmatique francomtois qui n'y a vu que... désir de profit ! (Tout le monde n'a pas les qualités de mon père, d'origine identique mais qui s'est intégré en un an.) Ici -je l'écris sans trop de gêne car c'est le berceau de ma famille paternelle- ici donc, on n'est pas dans l'Est acculturé, pragmatique et simpliste mais chez les romantiques cinglés de l'"Epervier de Maheux" -à lire absolument pour tout out sider qui prétend gérer nos affaires, ça évitera bien des impairs, des clashs ou de cruelles moqueries-. Trois mois de boulot-défrichage, de combien ai-je "revalorisé" mon terrain? Je sens que je vais me la péter un peu pour faire genre, combien aurais-je gagné en écrivant des piges durant ces trois mois ? Il y en a qui n'ont pas tout compris, ô ces bons comtois sérieux, bosseurs, fiables, on leur demande un papier on l'a le lendemain, germaniques quoi... mais un peu lents (j'en suis à demi.) J'ai essayé de lui expliquer -mais tout le monde parlait en même temps- que je/nous ne nous étions pas arrêtés au petit tronçon débouchant chez moi, qui ne représente même pas 1/10 ème du travail, que nous avions poursuivi jusqu'à Saint-Victor, c'est à dire sur 4 km environ... 

Et là, il fallut une tronçonneuse! il y avait des arbres abattus en travers, merci aux copains ... car la fois où, dent serrées, après dix essais ou davantage, j'ai réussi à la démarrer -"non de nom j'y arriverai, une femme est l'égale d'un homme oui ou merde !"- j'ai ressenti une curieuse douleur dont je n'ai pas tenu compte, toute à ma joie de l'avoir "eue"... -en fait je m'étais cassé la clavicule-.. Engin de mecs, les constructeurs devraient y penser, c'est juste le démarrage qui pêche... je ne suis pas F. qui fait ça au chiqué sans éteindre son clop... 


 F. S. et H au milieu bien sûr, nous étions trois amies...

La "viguerie"... Visiblement l'élu estois n'est pas allé jusque là, ni physiquement ni intellectuellement. Me/nous supposer des motivations perso affairistes (!)... Une observation : aucun autre n'a imaginé que j'avais cherché le profit ! Il a ensuite rectifié (c'est pour vous valoriser) ça, peut-être car ça m'a mis la pèche -et arrangé physiquement.- Toutes nos motivations ne sont pas entièrement écolos ou altruistes, l'ego s'y mêle toujours, soit ; une intello dont on se moque... qui défriche un pan certes minime de montagne, en effet, ça pose sa femme. (Mais une sciatique ensuite, ça pose beaucoup moins.) 


MA., le gus des chambres d'hôtes, m'avait donc reçue gentiment... même lorsque je lui avais demandé d'aller sur sa terrasse pour "voir ce que l'on voyait"... Car Lydie avait fait une piscine... c'était à une époque où il n'y avait pas une telle pénurie d'eau et le puits la remplit aux trois quarts où nous nous baignions parfois sans maillot et j'avais un doute sur cette terrasse chic tout au loin, de l'autre côté de la Cèze... Très loin certes mais... J'avais raison : de chez MA. on nous voit évidemment. A l'œil nu, rien de  précis, mais avec une jumelle, ses amateurs de vins/ touristes à X ? euros par jour déjeunant ou sirotant leur café ont pu apercevoir nos culs. Tant pis, c'est fait.



Puits de mine, la gueule ouverte

Avec quel inénarrable mépris C. qui s'est échiné comme moi (ou J. dans une moindre mesure) et K... sommes-nous traités  : AU MOMENT OU ON A FINI, LE CHEMIN EST "INTERDIT"! Une baffe dans la figure ! Et les usucapteurs vocatifs, eux, sont félicités. Une curieuse gifle en fait car c'est une gifle que nos élus se sont d'abord envoyée à eux-mêmes. Et si j'ai honte, si NOUS avons honte, c'est ici de ceux qui sont censés nous représenter. Je mesure à la réaction (de C., de K., de V., de J..) presqu'excessive (ils sont toujours là à me demander "alors le chemin"? le matin, le soir, au téléphone, tout le temps...) la profondeur de leur humiliation COMME DE LA MIENNE. Décidément, de cette histoire, il faut aussi faire un paradigme. Ca vaut encore trois jours de souffrances, et même plus. (A la relecture : ou simplement des panneaux en tee shirt, c'est moins cruel et plus porteur, car comment parler lorsqu'on voit trouble, avec des vertiges, épuisée, le souffle court... ?)


Question légale à présent. Les maires il est vrai sont dans la merde. S'ils réparent, s'ils entretiennent le chemin, ils sont responsables en cas de chute d'avoir favorisé une promenade vers un lieu dangereux (jusque chez K. il n'y a AUCUN DANGER, mais après, la falaise en effet est quasi à pic.. et soyons honnête, mon aïeul s'y est tué -à cheval il est vrai, et peut-être pompette.-) Ils peuvent donc être attaqués pour négligence. Soit. Mais si ceux qui y vont tous les jours -moi par exemple, ou surtout K.- tombent avec leur brouette, leur tronçonneuse -et pas une petite !-, leurs outils etc... à l'endroit où le mur s'est effondré, ils sont également responsables ! Responsables dans les deux cas, être maire n'est pas une sinécure. La solution (foireuse) serait de reculer le panneau qui annonce glorieusement que "ce chemin est dangereux et ceux qui l'empruntent le font à leurs risques et périls"... juste avant l'endroit où il aboutit sur la "falaise" (jusque là, moins de danger qu'en traversant le Portalet -combien d'écrasés jusqu'à présent ? On en parle à peine.-) Ca pourrait être un modus vivendi équitable. Valable légalement ? Si le panneau tel qu'il est à présent l'est, placé ailleurs, il l'est aussi. Et s'il ne l'est pas, il ne l'est pas davantage là où notre bon estois l'a placé. Observation : mis à part quelques cas burlesques -qui ne concernent pas la mairie ou indirectement- ici, les gens ne sont pas procéduriers: pour preuve le nombre d'accidentés sur le Portalet ou ailleurs sans aucune plainte -aux States ça aurait chauffé pour le maire-.


Plus un écriteau pour signaler que la Cèze n'est pas baignable ou ne l'est pas après des pluies. Il existe ce panneau dit-on ! mais... devant le pont de Saint Victor !!! à 3 km. (A la relecture, non, il n'existe pas ou si secret qu'on ne l'a pas vu.) On est à la Roque, l'eau est en apparence claire, très profonde, (4 à 5 m) il fait chaud, on veut se baigner... et on file interroger le panneau de Saint Victor pour vérifier ?  Etonnant comme en certains cas, les maires sont tatillons et en d'autres, laxistes. Exemple D., qui a laissé sans broncher des voitures garées sous le mur décroché un an ou plus (risque majeur, attesté hélas, on a vu le résultat, à un poil près j'y laissais ma peau) s'inquiète pour un chemin... qu'il ne veut pas réparer pour que les touristes ne tombent pas... au mépris de ses administrés qui eux le prennent de toutes manières TOUS LES JOURS parce qu'il n'ont pas le choix pour accéder chez eux. Dégourdis, les cévenols ? Sans doute. Mais ils ne le seront pas toujours. De toutes manières, la commune a obligation d'entretien. Vont-ils réagir, ces riverains traités avec un tel mépris ? Oui : au bout de deux jours d'une grève de la faim sans doute, lorsque les caméras de TV seront là ou lorsque je serais en mauvais état. (La chaleur pour moi complique les choses, ç'aurait été mieux l'hiver, le froid ne me gêne pas.)



Jean Cabanne
 
M. est sans doute en train de négocier. Ils prennent la météo là bas, comme si j'étais un orage électrique de montagne. N'empêche, le copain, doux, calme mais tenace, a effectué un vrai travail de psychothérapeute envers moi. Ma foi... Il m'a même fait vaciller à un moment (D.  le maire, n'aurait rien décidé... Bon sang mais quelle coïncidence, OK ça arrive, je la ferme.) Mais alors qu'il le prouve. Des boulettes, tout le monde en fait; et plus on a de pouvoir, plus on en pond, c'est logique "il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas" comme dit la sagesse populaire. Mais alors il faut les réparer, vite: cette lenteur n'est pas de bon augure et apporte plutôt de l'eau à mon moulin. Mais il est vrai que tout est lent ici. Je ne sais plus. J'ai quand même vaguement l'impression de me faire avoir.


M. aurait pu être prof de fac ; je pense moi qu'être journaliste est sans comparaison : sans eux, je pourrais en effet crever dans ma voiture. Si ça bouge un peu, c'est uniquement grâce à eux et au soutien populaire, je ne me fais aucune illusion. (Et pour le mur de ma maison effondrée, grâce à la justice.) Oui : Seigneur, protégez moi de mes amis.


Réunion ce soir du rézocitoyen. Des spécialistes pointus de l'eau, de la pollution, etc... Dommage que certains d'entre eux (en fait, deux seulement) soient aussi sympas que des troncs d'arbre en travers d'une route mais baste, on est sérieux ou on ne l'est pas. Ceux-là sont jeunes et ils en font juste un petit peu trop. C'est eux les spécialistes. Pour pénétrer dans ce rézo, c'est plus compliqué que  pour le Lions's club (franchement très aimables, honte à moi mais c'est ainsi), il faut... je ne sais quoi. Ils m'ont dit quelque chose comme "on vous écrira". J'ai cru que ma tête ou ma connotation ultra leur déplaisait. Soit. Pas du tout. Y., commerçant anar (qu'il dit) prospère, généreux, marrant et aimable que tous adorent... même des gens de droite, Y qui est un ami proche du gratinissime, ne citons personne, disons  d'un maire de droite député d'une grande ville proche, picoleur bon vivant et dynamique dont le nom commence par un R, bref, Y. lui même s'est fait blackbouler tout comme moi. Ils se satisfont entre eux, comme une famille nombreuse qui se méfie un peu de l'extérieur. Dommage. Mais ils sont au sens du terme irremplaçables. Avec eux, il suffit de se tenir à sa place, dans les rangs, et de ne pas déborder du cadre, même en croyant bien faire. J'ai du mal mais j'y arrive. Je dois leur faire un peu peur, comme Y., mais d'une autre manière.

  
On va y aller et poser la question DE FOND ici : le contrôle des contrôleurs. Un truc : que TOUT LE MONDE demande le contrôle de son compteur, tout le monde à la fois et régulièrement (le genre  parano quoi) et au fond il y a de quoi lorsqu'on voit un compteur QUI NE MARCHE PAS vous facturer 4000 euros en un ou deux mois... au moment même où tous reconnaissent que vous n'étiez pas dans les lieux.. et -scénar catastrophe- au moment où vous êtes en bisbille avec les ceusses qui...


Un femme seule, pensez, une petite retraite (ils se sont étonnés de sa modicité, et oui, une cadre sup.. il faut dire que j'ai encore loupé des papiers qui m'attribueraient ce qui m'est dû, R. va s'en occuper, et que la militance et des années de dispo pour me livrer à des activités vitales et bénévoles, ça ne se pardonne pas, sauf si on est Régis Debray et condamné à mort, à propos, salut et fraternité) bref, une femme seule mal dégourdie (OK) sans fratrie, (hélas) c'est l'hallali. 

Une dette de 50 euros, et le gus "releveur de compteurs", huissier de son état qu'on dit de justice et tout et tout, n'imaginant même pas que c'était un oubli vu mes fringues ce jour là, il faut dire qu'il ne s'était pas annoncé comme un gentleman se doit de le faire chez une dame, et hop, proposition -discrète- de vente "ça vous libèrera", ma réponse du genre "allez vous faire mettre" ou l'équivalent, je n'étais pas encore redevenue une vraie Saint Ambroisienne... et ces foutus 4000 euros qui sortent d'un chapeau. Ouahhh.


A ce propos, cher couillon de B. par qui tout peut-être est advenu, envoie-moi z'en un autre plus rock and roll la prochaine fois, tiens, celui de G.C. par exemple, venu pour les contraventions de Fred (ah le sagouin, je parle de mon fils...) beau, souriant, mince, un brun à lunettes comme je les aime, même Tess l'a fort bien accueilli, les frêles elle juge que ça ne vaut pas un coup de dent, un signe qui ne trompe pas.

Mais peut-être deviens-je parano, hypothèse à envisager, que ce compteur déconnait réellement (à la hausse, car il aurait aussi pu déconner à la baisse... ne supportant pas la solitude après le départ de Maguy et de sa nichée, il se serait mis à "boire" et à facturer, sur facturer et sur sur facturer comme un petit fou, ça se peut, un compteur dépressif, ça s'est vu, un compteur qui se suicide) et que personne n'y était pour rien. Ca se peut. 

D'ailleurs Mr L. sérieux en diable, opticien, pignon sur rue et tout et tout, expliqua un jour à mon père estomaqué que "les objets avaient une âme et réagissaient parfois avec passion, se cachant par exemple lorsqu'il leur en prenait fantaisie (!) puis réapparaissant etc..." Il appelait ça faire "ouki ouki" (sérieux!) bon, il y a ici des gens encore plus curieux que moi et à celui-là, je ne confierais pas mes yeux, quoique, après tout, si, Jean en était satisfait, c'était un excellent opticien... Un compteur donc qui fait "ouki ouki", ça se peut. Ici, tout se peut. 


J'attends le résultat du travail de M. Un super chic type. Il dit que ça le vaut. Réunion tout à l'heure avec lui. Je suis redevenue en forme. Robin est en train de peindre les murs abîmés par le chantier, ils ont fait au minimum. Il s'y est fait et veut rester... Ailleurs  les gens ne sont pas mieux mais comme il y en a plus, dans le tas, forcément... Ceux comme mon voisin... on ne les voit pas, il suffit de tourner la tête. Ici, quand je me lève, il arrive que ce soit la première personne qui passe devant moi.



Des compteurs dans la tête

Vendredi 2 juillet
Réunion hier du rézocitoyen. Ils ont changé semble-t-il. Toujours un peu élitiste-calé mais plus ouverts et on y apprend beaucoup. Ils informent mais ne s'engagent pas... cependant, avec l'info, d'autres le peuvent. Ca fait toujours très "conférence pédagogique" genre sympa... où les absents sont  tout de même tancés. On se sent près de devoir donner un billet d'excuse... Seulement voilà, il y avait un autre écriteau annonçant une réunion sur l'eau (bigre!) pour le 8... et tout le monde s'y est trompé, nous les premiers... jusqu'à ce que je sois allée vérifier. Encore les gens du troquet d'à côté m'ont-ils rappelée pour me crier "non, c'est pas aujourd'hui, c'est le 8, regardez, c'est écrit"... même après que je sois revenue leur dire qu'il ne s'agissait pas la même réunion. J'ai eu du mal à les convaincre. Magie des affiches et du pouvoir : c'est écrit par la mairie donc c'est vrai. N'empêche, la plupart sont restés rencognés devant leur demi, à rouspéter sur le prix de l'eau, inacceptable etc... "Mais venez, c'est en face!" Sans succès. Ils "savent" et n'ont nul besoin de s'entendre dire que ça fait cher pour le bas peuple. Soit. Un échec donc pour ce rézo, il faudrait être moins élitiste-calé, plus marrant, plus proche des gens... quoique c'est facile de critiquer, pour les décrocher de leur querencia, c'est peut-être mission impossible ou alors il faudrait  carrément un strip tease.


Les gens du public : très sympas, instructifs. Apparemment des chemins saccagés il y en a plein, certains réagissent,  passent tout de même comme moi, malgré insultes et/ou menaces, d'autres s'en retournent : on ne va pas se balader comme on va au combat. Ca coupe tout de la magie des lieux. Quoique c'est exactement ce que je faisais... en fait, j'allais à la Roque comme on monte au feu, au début du moins. Sans trop d'émotion certes, mais... invraisemblable, dans mon propre bled et chez "moi" particulièrement, là. Ces réunions devraient se doubler d'autres ensuite entre des gens spécifiquement intéressés par une question, en prévision d'actions collectives, ne serait-ce que passer sur un chemin accaparé, mazette quelle action héroïque !! A la mesure de St Ambroix, c'en est bien une. Ce rézo est un tampon indispensable. C'est ce qu'il y a de mieux pour s'informer, base nécessaire à tout acte. L'eau intéresse tout le monde et l'affaire de ma facture a porté (certains ignoraient l'histoire ou pensaient qu'elle était réglée depuis longtemps). 

Un monsieur, professionnel des compteurs pointu, nous assure qu'un compteur peut délirer au bout de 15 ans, tourner n'importe comment, à la hausse, à l'envers, s'arrêter etc... Il est intarissable sur les compteurs, c'est son truc.  Un matheux du compteur. Il faudra qu'on aille le voir.



Le lutrin et l'art poétique

Pas de nouvelles de M.. Bonnes nouvelles dit Robin. Je suis plus circonspecte. On verra. Je mange en prévision, quoique peut-être n'est-ce pas un chose à faire, il vaut mieux y aller progressivement si on veut tenir. C. et Y. viennent tous les jours ! "Alors le chemin?" c'est devenu le cri de ralliement  comme "Delida carthago est". Ici ça donne "alors le chemin?" et après tout la restauration de ce chemin vaut bien la destruction de Carthage, Cicéron.


Un petit happening tout à l'heure, identique (en moindre) à celui de la dame aux 500 euros pour vivre (femme de mineur de fond pourtant) et qui exigeait que les gendarmes m'embarquent (!) moi qui étais riche etc.. Une conseillère municipale ("beaucoup de bruit pour rien" ô Shakespeare) est venu clasher alors que j'étais au troquet en train de bosser, avec menaces etc... j'aurais mal compris ses propos relatés. ("Personne ne la prend au sérieux, ne l'aide ni ne la soutien" -sous entendu elle peut toujours crever dans sa voiture- car elle est seule, sous entendu sans mec etc...) L'affaire se complique comiquement et sinistrement. Pas trop branchée internet, apparemment quelqu'un l'a aiguillonnée en lui pointant un passage comme un foulard rouge à un toro -je vois fort bien lequel après coup... et ce n'est certainement pas celui mis en cause publiquement lors de son clash, ô les politiques de tout niveau, qu'ils sont trognons !-  Résultat prévu, faena. En un sens sa réaction est excellente si on l'analyse à plat : elle s'est sentie ulcérée, soit d'avoir tenus ces propos,  soit de ne pas les avoir tenus mais sous-entendus, (cas le plus probable) soit qu'on le croie ou que je le croie, ou tout simplement de les voir écrits car dire est une chose, l'écrire ou la voir écrite en est une toute autre... Ce qui montre au moins qu'elle en a saisi la portée. Supposons donc qu'elle ne les a pas tenus et tout est bien. Excellent même.


 Ca m'a rappelé cet élève qui m'avait insultée en termes... disons virils, à qui j'avais tendu un papier et dit "écris le" (il se vantait de le "dire devant n'importe qui, même devant moi et le prouvait !") ... "puisque tu assures pouvoir le dire à tous, écris le, c'est le seul moyen." Ce caïd s'était montré soudain tout chose, ça ne marchait pas comme il l'avait prévu. "ECRIS LE !"  Un silence de plomb. C'était comique, il avait pris son stylo, commencé "va te..." puis l'avait lâché en colère... et jeté au sol. Il n'y arrivait littéralement pas. J'avais alors moi-même écrit au tableau ses paroles, sous les rires déchaînés de tous... avec juste un peu de trouille qu'un inspecteur ne passât par là et ne s'étonnât. "Lorsqu'on dit quelque chose à quelqu'un, surtout en public, il faut toujours pouvoir l'écrire, ou le voir écrit, sinon c'est une ânerie". Puis j'avais effacé puisqu'il avait évidemment refusé de signer: rien n'avait été dit par conséquent. Happy end.





Pour certains, le discours a une simple fonction de clôture, de défoulement et ne porte pas. Mais lorsqu'il est relaté publiquement, écrit, soudain, ce que l'on a dit apparaît d'un bloc... et on peut en avoir honte, que les paroles aient été prononcées ou seulement sous entendues, voire pas dites du tout, ça ne change rien sauf de mériter des excuses. C'est pour cela que les journalistes, les écrivains ou les  intellos en général (c'est à dire en fait tout le monde) sont parfois haïs, c'est pour cela que ce blog cependant régulièrement balayé inquiète. Donc on va dire que rien n'a été dit et barka, je suis parano (ce n'est pas tout à fait impossible).


J'aurais compris ce que je redoutais... tout de même avec une certaine pertinence puisque, après que tous reconnaissent que je n'étais pas là, il en est, celle-ci par exemple, sortis d'un chapeau, pour me dire encore -et avec quelle vigueur, là aussi je suis sympa-  que je dois le re re re  prouver ! Parce qu'il y a ici des cas "célèbres" pagnolesques où un gus -petit entrepreneur, bourreau de travail, et pas un intello, ça c'est sûr- a  montré qu'il avait des arguments extrêmement dissuasifs pour que justice lui soit rendue, et encore, "justice", ce n'est pas certain). C'est ce que nous appellerons l'argument "cric de manivelle", ça le fait aussi bien qu'un blog et ça prend moins de temps. Mais je suis une femme, cet argument, je n'en veux pas, et je n'ai pas moi une nombreuse fratrie prête à en découdre en rang serrés au cas où. Et Robin n'est pas du genre de JN. Vae Victis si l'on veut. Si on ne devient pas parano avec ça, on ne le deviendra jamais. Laissons tomber.


Forces de l'ordre


Mais le pire est que ça a marché. Je suis partie et j'ai craqué, juste 5 minutes mais je me croyais plus forte, je suis fragilisée comme jamais et surtout j'ai perdu l'habitude d'être insultée depuis que je ne suis plus en banlieue, c'est à dire 20 ans tout de même, le lycée Carnot, ce n'était pas du boulot mais de la détente. Le temps passe et ici je suis devenue chochotte ; autrefois, à Vitry, je ne me serais même pas interrompue de mon ordinateur.


Ce sont souvent les gens les plus mal en point socialement (je m'inclus malgré tout, de part mon inaptitude à certaines choses, même si elle est compensée par d'autres) qui parfois sont les pires (je ne m'inclus pas) par défaut de réflexion. Les gens se battent  pour leur esclavage comme s'il s'agissait de leur liberté. Les femmes surtout.


Souvenir de combats sur l'excision, de cette conférence à Martigues sur les droits de l'homme où on m'avait invitée pour "Noces kurdes" et du bottage en touche de cette belle femme noire, ministre de la santé et médecin, arrogante, qui refusa de donner sa position sur la "question" (j'étais blanche et spécialisée (!) sur la question kurde, je débordais du sujet ?)... pour gloser, elle, presque une heure ! sur l'injustice impensable qu'il y avait à ne pas considérer l'Ecole Normale Supérieure de Bamako au même titre que celle de la rue  d'Ulm ou même de Cachan voire Fontenay, pur scandale etc...  Une vague envie de lui répondre que s'il n'y avait pas d'équivalence, c'était parce qu'elles n'étaient effectivement pas équivalentes, mais là j'aurais aggravé mon cas. N'empêche, lorsque je suis partie, des femmes noires sont venues PARLER CONTRE L'EXCISION discrètement à mon stand (mais aucune n'avait osé répondre à la place de leur ministre qui résolument refusait même de me voir, moi la toubab contestataire). Les "politiques", toutes couleurs confondues... passons. Excisées, elles l'étaient, ces femmes, comme leur ministre sans doute, comme 90 % des femmes maliennes, mais motus. Plus de plaisir, des accouchements mortels souvent, tissus trop rigides, des bébés morts au passage de temps en temps etc... mais motus.


Le hic est (mais peut-être est-ce une illusion funeste) que Momo semble gêné à présent avec moi, c'était sans doute le but. Le problème est là : lorsqu'il y a dérangement ou même "agression" (là, verbale, mais c'était limite) l'agressé est souvent responsabilisé dans l'affaire au même titre que l'agresseur. Le terme consacré est "celui qui cause des histoires"... qu'il en soit responsable ou victime, on ne cherche pas... et on peut en arriver à mettre à l'écart l'agressé autant voire plus que l'agresseur. Les gens n'aiment pas se trouver dans une tourmente qui risque de vous contraindre à prendre parti. Surtout lorsqu'on est commerçant. Son salut me semble à présent moins cordial. (Mais peut-être est-il simplement harassé de travail?) Tant pis. Lorsque je m'assois pour bosser, il doit sans doute (comme moi) redouter que "cette-facture-devra-être-payée-un-point-c'est-tout" ne surgisse et ne clashe à nouveau. Peut-être me fais-je des idées.





Trois heures, vendredi 2 juillet

Un copain récent, FE. (car cette histoire m'a reliée à pas mal de gens nouveaux, parfois plus efficaces pour l'affaire que les amis de toujours, emmerdés jusqu'à l'os entre l'amitié, les menus services rendus ou offerts, la famille... et la même chose pour des gens de l'équipe... ou encore l'intérêt trivial, rarement -cas T.-) donc FE. survient à la terrasse, on devise aimablement comme si de rien n'était... puis je lui relate sans insister la sortie de "cette-facture devra-être-payée-un-point-c'est-tout"... que je viens d'analyser comme positive. Apparemment pas la seule sortie (mais... je n'ai pas croisé l'info, restons prudent.) 

Et c'est la chute. "Qu'attendre d'une arabe ?" Malaise. Il y a des jours comme ça. Me voilà contrainte de défendre par principe celle qui m'a agonie il y a un quart d'heure et ne rêve que de me faire raquer ce que je ne dois pas en le sachant fort bien (pour se payer une prof de philo sans doute ou peut-être se dit-elle que j'ai les moyens.) Tout est embrouillé. Je n'ai même pas eu le réflexe de lui répondre que Robin était sépharade donc mes enfant idem à demi. 


Mais c'est sûr, il m'aurait répondu que "lui, ce n'était pas pareil." Pourquoi ? Parce qu'il est cultivé et faisait partie des classes ultra favorisées de son pays. A un certain niveau social  (et même dans la déconfiture complète -la guerre-) on n'est plus arabe ni même juif. On est comme "tout le monde" comme dit Coluche. Il faut donc à un arabe, à un juif ou à un noir beaucoup plus de prestance sociale, d'études, et même de beauté physique, d'intelligence, de générosité... pour arriver au niveau normal d'un franco français pur jus depuis des générations 100% de sottise garantie NF estampillé d'ici en plus, le top. Je deviens odieuse... par amour aussi  mais pas seulement. Ce n'est pas les arabes ou les juifs qu'ils haïssent, mais les pauvres dont ils sont (FE) donc eux-mêmes. Fanon l'a magistralement simplifié et analysé.

M. appelle. Réunion du Conseil Municipal (non, du bureau -?-) lundi à mon sujet. Bigre... Finalement, si dure fût-elle, la grève de la faim m'avait mise à l'abri -plus ou moins- de ces scories. Tout compte en effet : Momo est parti tout de suite après le (petit) happening. Sans intérêt évidemment. Il semble que certains qui ont le "pouvoir" savent parfaitement signifier sans les mots ce qu'il faut être et où. Banal. C'est sans doute pour cela que je ne veux pas vraiment être commerçante même si la galerie, les gens, faire plaisir, les écouter, et parfois même gagner un peu d'argent, une toile tous les mois, c'est le pied... je ne pourrais jamais vendre mon âme au diable, en fait c'est idiot, tous ne le font pas, Guy ne l'a jamais vendue et il a fort bien réussi, mais c'était un être d'exception.  




Jean Cabanne


RC. va venir. On va pouvoir peut-être parler de Stendhal et de la sexualité de Julien Sorel car j'ai mon idée là dessus. Ca va mettre un peu d'air. Pour une fois, je voudrais qu'il mette ses décorations, je deviens de plus en plus conne en somme.


Je voulais aller à la mairie voir "cette-facture-devra-être-payée-un point-c'est-tout". Robin me l'a déconseillé. Lui, peut-être dit-il, mais là c'est moi qui n'ai pas voulu. Elle pourrait croire affirme-t-il à une allégeance, et comme elle m'a menacée (et qu'elle a le pouvoir, moi pas) les relations sont faussées à présent. Et puis sa façon de dire d'une femme "je suis allée la chercher, je te l'ai amenée, la voici"...  On ne parle pas des gens ainsi. Les gens défavorisés par l'existence qui ont acquis un minime pouvoir, parfois, se comportent avec une arrogance plus outrée encore que les princes qu'ils ne sont pas et qu'ils taclent, comme pour compenser. Ils vilipendent et copient à la fois, et en exagérant encore. Même Laurence n'aurait jamais osé parler ainsi de quelqu'un, et plus "princesse" -libanaise en plus- ça ne se peut. J'hésite tout de même, il me semble que je le dois après la sortie de FE. Restons concret. Il faut revoir la plomberie avec Robin. Chiant mais nécessaire.


Il est trop tard. Nos histoires de plomberie (tout est bouché par le chantier, les écoulements sont pleins de ciment, ça coule de partout, on ne sait où et... cloque dramatiquement les murs en bas -impeccables- hélas!) m'ont retardée. Pas simple de déboucher, quasi impossible car je ne veux pas utiliser de toxiques, la Cèze est déjà assez polluée. Même P. n'a pas pu. Il va falloir refaire des canalisations, percer la voûte : le merdier absolu. Soit. Mais on pourra peut-être se doucher normalement, enfin, quand on aura l'eau. Tant pis. Les canalisations avant tout.





16 heures, samedi 3 juillet
On a gratté, gratté le plafond abîmé. Un peu de repos. On est à la terrasse chez Momo, on a mangé et comme des couillons, chacun est sur le net. Je n'ai pas trouvé le site du cabinet d'urbanisme diligenté par la mairie qui s'occupe de St Ambroix pour 90 000 euros ou plus (S. du rézocitoyen ne savait pas précisément le coût, sans doute supérieur)... ce rapport dont un des scoops est qu'il faut "restituer la magie des lieux", certes certes... Touchée, le terme, même s'il n'a rien de mirobolant et d'original, est de moi dans le blog sur le chemin. OK mais pour 90000 euros? c'est cher, moi je l'ai fait gratos. Impossible de trouver leur projet noir sur blanc sur le site de la mairie qu'on nous a indiqué, c'est très planqué il faut croire, 1 heure en vain, je n'avais jamais autant merdé. Et cependant c'est avec notre argent. 


Vu enfin S. sur le boulevard. (Le site est "mairie overblog". On va voir.) Robin est tout à fait en phase : elle est politique, posée,  informée, bref elle assure, rassure et convainc dit-il. Moi, je fais plutôt activiste ultra etc... Soit. Mais il en faut, comme on dit des gendarmes lorsqu'on ne les aime pas. Et je n'ai pas le choix. Je serai parfaite après.


11 heures, samedi 3 juillet
Grâce à S. et au rézocitoyen, on a enfin pu voir l'étude d'urbanisme  diligenté par la mairie, de ce fameux cabinet Nicaya (assez peu signalé sur le net dois-je dire : qui sont-ils vraiment ? Deux ou trois gus apparemment et tha's all, il me semble que pour 90 000 euros, on aurait pu avoir de plus jolies pointures)...  Ce ne fut pas facile à trouver, c'est en bout de blog, dans les archives (et pourtant elle ne date que d'un mois !) après un article pas du tout sur le sujet... qu'il faut ouvrir avant... bizarre, c'est comme si on n'avait pas voulu qu'elle soit lue. Au bout d'une heure d'efforts, je n'ai jamais autant bataillé, c'était ultra protégé, j'ai enfin pu l'uploader dans un blog, où on peut enfin accéder d'un clic. http://nicaia.blogspot.com. Je vous la laisse savourer.


On y apprend que le village n'est pas à la mesure de son potentiel, qu'il faut dynamiser des quartiers et l'événementiel, moderniser nos équipements sportifs, aménager la circulation en fonction des horaires scolaires, "restaurer la magie des lieux" et de notre patrimoine  (ça, OK, commençons par le chemin) et identifier nos richesses -sans précision-... (de la période  mitraïque -probable- au Dugas dont parle -gratos- Rodier dans sa thèse, 15 siècles avant les romains, exceptionnelle s'il a raison... nulle mention)... Il paraît aussi que 70 personnes (qui?) auraient été consultées. Pas moi en tout cas. J'ai envie de hurler.

Le paradigme de la gestion technocratique est là : nous faire raquer 90000 euros pour s'entendre préconiser de "restaurer la magie des lieux" et ne plus avoir ensuite les moyens d'en payer 2000 pour suivre ces injonctions, restaurer par exemple un chemin conduisant précisément à un paysage superbe et poétique!... ça rappelle le gus qui vend son râtelier pour pouvoir manger mais qui alors ne peut plus rien avaler parce qu'il n'a plus de dents. Et ils me pompent 4000 euros pour de l'eau que je n'ai pas consommée. Ca m'a requinquée.

Dimanche 4 juillet
Le compte à rebours. Moins peur que lors de la première grève, je sais ce qu'il faut faire à présent (boire boire boire et surtout de l'eau minérale + un café sucré par jour et on peut tenir au moins 3 jours sans trop de vertiges, après je ne sais pas, ça doit dépendre de l'état physique et psychique) et les gens connaissent aussi l'affaire, je n'ai plus besoin de répondre à chaque fois aux mêmes questions. (Tous ne lisent pas.)


Robin a lu le rapport Nicaya, il s'est même endormi dessus. Au moins a-t-il des vertus soporifiques, c'est moins dangereux que le gardénal certes mais beaucoup plus cher. Lui n'est pas si offusqué par la somme exigée, habitué aux budgets pharamineux des télécom et des télé-opérateurs. Il ne se rend pas compte : on est à St Ambroix, pas à Montpar...  Le style technico administratif cuistre, vide et pompeux m'insupporte, même si au milieu de ce fatras répétitif-roboratif qui énonce souvent des évidences, il a parfois une perle. Au fond, le coût représente à peu près 20 couillons comme moi  à qui on a escompté 4000 euros indus, et ils doivent bien y être sans doute dans le village (90000/4000)... d'où mon ire.





Le monsieur d'un certain âge (que j'appelle le Seigneur du Dugas étant donné l'emplacement de sa maison) m'a dit qu'il se prépare de grandes choses (?) il n'a pas voulu préciser... un personnage étonnant, un peu procédurier (après tout il a raison, être "cool" ne paie pas, j'en suis un vivant exemple)...  autrefois en bisbille avec l'ancienne mairie, lesquels avaient tout bêtement accaparé un terrain sien au Dugas ("tu t'endors, tu es mort") alors qu'il était loin... Il avait certes eu gain de cause... et en avait profité pour me lâcher illico ("il y a des choses possibles et d'autres qui ne le sont pas"...) ô stupeur, a signé (j'avais hésité à lui proposer mon tract, c'est lui qui était venu le prendre sans hésitation) ! Sans doute doit-il avoir une fuite ou quelque chose du genre. Un homme de poids cependant, à tout point de vue.  Intelligent, tenace, presque retors sous ses dehors bonasses, il se bat exclusivement pour lui certes, mais de fait, aussi, contre l'arbitraire.. et peut faire jurisprudence. Personnage à ne pas négliger (et qui ne parle jamais en vain, pour ce que j'en ai vu.) Que mijote-t-il ? Que se passe-t-il dont il veut avoir la primeur ? Suspense. 
Suite au prochain épisode...



Jour J. demain. C. est passé comme d'hab : "alors le chemin". J'ai eu le tort de lui répondre qu'à mon avis, ils cherchaient à pinailler pour  me/nous le faire "oublier"... et en ce cas ce n'est même pas la peine qu'ils s'emmerdent dans des négociations foireuses car je n'arrêterai pas. Il semble découragé. Comme Robin. Il a même eu l'idée d'une histoire oiseuse de réunion de copropriétaires, je vois ça comme une affaire sans fin, ça va encore fatiguer la bête pour rien... Les copropriétaires ! C. et K., soit, mais aller chercher Mme A. à Salindres (80 ans) Mme S. (idem) ou son fils, Mr A. (ou son frère) à Uzès, Mr L. (injoignable) !!! les réunir etc..  Ca va prendre un an et d'ici là le chemin sera fichu. Et puis, pourquoi les copropriétaires ? les autres n'auraient-ils pas le droit d'aller se promener ?



Affaire dans l'affaire

Ce chemin est évidemment plus important que ces 4000 euros que je ne dois pas. C'est pour tous, pour (comme ils disent dans le rapport à 90000 euros) préserver notre patrimoine et sa magie etc... 4000 euros, ce n'est que 4000 euros. Mais c'est une question de justice. Le reste aussi d'ailleurs (outre que la promesse nous en a été faite.)  "Alors, le chemin?" Il me contraint x fois à répéter répéter répéter. Il doit avoir peur que je ne me sacrifie, ce n'est pas le cas, ce serait si je ne le fais pas que je me sacrifierais.


 Lundi, jour J. Il paraît que c'est pour ce soir. Robin a enfin changé (j'ai raison, il ne faut pas baisser les bras.) Nuit quasi normale et tout est différent en somme, c'est comme le croissant. Un croissant et la déprime cesse illico, on se sent comme tout le monde soudain. Modestie : nous ne sommes qu'un assemblage de phéromones, d'hormones, d'atomes et de liaisons moléculaires, et ce que nous croyons l'entendement, le logos ce n'est que le résultat de ces réactions chimiques aléatoires, parfois déficientes, surtout si on ne mange pas, s'il fait trop chaud, si on ne peut pas se laver correctement (toujours pas d'écoulement et évidemment un simple filet d'eau froide), si le moral est bas, cercle vicieux. Se laver est sportif ! on se "douche" au dessus des WC, ma foi ça marche mais il faut de l'équilibre -que je n'ai pas-.  R. rigole et me dit que si je me casse la gueule, il les attaquera. Je préfère ne pas me la casser, j'ai un peu trop tiré sur la corde en ce moment. Ou on va au Ranquet qui semble le luxe absolu en comparaison. Bon, il en est qui font 15 km pour trouver de l'eau à peu près potable en Afrique. A côté, ils seraient au paradis, même avec un robinet peine à jouir. Cessons de jouer les chochottes. Le confort du reste est culpabilisant, ça doit être la raison de mon pseudo-stoïcisme, pseudo car sans le net je suis perdue.  


Compteur farceur

C. a tenté de déboucher. Une manière sans doute de m'aider et de se faire pardonner son vague à l'âme d'hier. Ca a l'air de marcher (faiblement) mais il en est sûr, il n'y a pas de ciment dans les tuyaux, ouf. Le maçon a fait du bon boulot sur ce coup. Ce ne sont que des débris organiques. Son produit soi disant bio n'empêche, pique drôlement la gorge. Bio, ma foi... avec des enzymes. Or les enzymes, ce n'est pas forcément excellent pour les poissons. Que faire ? Va pour les enzymes. Gloutons. (A la relecture, je rectifie, c'est hélas du ciment et le maçon a bel et bien TOUT  bouché.)



Toujours rien du Palais. Les nerfs. Ca doit causer. Heureusement il y a eu S. Elle me dit sa solidarité... et ici, elle compte beaucoup, sa gentillesse, son courage au travail, son humour et sa bonne humeur l'ont fait apprécier de tous, surtout des messieurs dois-je dire. Elle détonne un peu, mais elle, c'est accepté : c'est une des quelques personnes avec laquelle on peut parler normalement, sans sous entendus, sans se censurer, et même en rigolant. Elle connaît tout des tenants et aboutissants mais ne m'en dit pas plus, d'autant que je ne lui demande pas et ne veux pas le savoir. Je reste sur ma position, facture indue et chemin dû. Point. 


Il semble que j'aie soulevé des lièvres que j'ignore moi-même, comme une caméra branchée un peu partout qui filme sans aucun parti pris... et que, sans que je ne le sache, il en est qui se marrent. Pourquoi ? Comment ? je m'en fous. Je "filme". Et rectifie si besoin est au fur et à mesure.


Il est sans doute inéluctable que dans un village tout soit intriqué, que tel personnage soit aussi le tonton de celui qui a fait le chantier de tel autre et le cousin d'un troisième qui lui doit de l'argent etc... Pas moyen d'y échapper... sauf que l'out sider isolé, même du bled comme moi, peut devenir chasse ouverte, surtout s'il l'ouvre trop. Je me demande comment font les vrais outsiders, à moins de s'écraser ou de se relier fissa à une coterie à tout prix. Ce doit être cela que j'ai raté, pas seulement par idéologie, par naïveté surtout, ne me faisons pas meilleure que je ne suis. Je me suis crue chez moi en somme, j'ai cru à la justice toute simple. On m'a fait des propositions cependant (les ex) que j'ai déclinées, pas uniquement par honnêteté, mais aussi parce que je redoutais que cela ne m'entrainât trop loin. Ca doit être banal et explique que les gens se montrent parfois un peu pusillanimes. Je dérange.

Certes je fais  (faisais devrais-je dire, exemple le chemin) tout ce que je peux pour aider (la gauche, pensez il fallait se retrousser les manches !)... mais c'est sans doute justement pour cela que je gêne.

Par définition, ceux que l'on aide n'ont parfois pas le pouvoir ni même l'idée de se défendre, eux-même ou a fortiori les autres, y compris ceux qui les ont tirés d'affaire -du reste ce n'est pas la peine de le leur demander-... et ceux contre lesquels il a fallu ferrailler ne ratent pas l'occasion de nous pousser dans le ravin lorsqu'on le frôle. Il y a bien sûr de multiples exceptions à cette théorie générale évidemment.

Le pire est que, si ça vaut pour les gens en détresse - là c'est normal, banal-... ça vaut dans certains cas aussi pour les élus et à cela on ne s'attendait pas: un chemin enfin défriché, ("on voit que la mairie a changé" a-t-on entendu plusieurs fois de la part de promeneurs).. et le panneau d'interdiction ensuite qui fout tout en l'air, avec la "justification" lamentable d'un élu : "c'est qu'il y a des œuvres de prix qui pourraient être volées !"... ou "ça valorise la village"... 

Navrant : qui valorise le village ? Un syndicaliste paysan qui va en Afrique greffer des oliviers ? Un viticulteur qui fait renaître des plans anciens résistants au phylloxéra ? Un auteur-défricheur-tronçonneur-blogueur? Oui. Pas ceux qui fondent à interdire et qui parviennent à persuader des..."  persuadables"  qu'ils les promeuvent quand ils se promeuvent et les écrasent. Honteux que ces persuadables soient nos élus.
 Regardez le net, c'est un flic redoutable.


La colonisation qui apporte la civilisation aux indigènes.. et leur vole leur pétrole ou leurs terres, c'est banal, mais... zutant de la trouver chez soi. Mais drôle aussi : comme dirait un cruellement désespéré : "Mais pourquoi es-tu revenue ? On ne t'avait jamais vue avant et on était bien tranquille.." Et oui. Immigrée en somme, je gagnais ma vie ailleurs puisque ici ce n'était pas possible et puis quoi ? La gauche est passée, avec des écolos calés en poste non ?... la nature, notre patrimoine doivent être préservés etc... (Là je me gourais, si j'ose, mais bon...) Naïveté de ceux qui pourtant nous représentent. 

Comme disait F. "T'avais qu'à te présenter et faire en sorte de passer un point c'est tout." Mea culpa ? B. est horrifié. Son maximalisme m'agace. De toutes manières il n'est pas sûr que je plaise, quoique... ça se pourrait par défaut, pas d'illusion... ça rappelle J. qui me disait au sujet des "Les lettres à Lydie" : tu comprends, sur le Puits de Célas, ON N'A PAS AUTRE CHOSE (!)
 
Et puis il y a aussi et surtout le hasard, ce foutu hasard qui a fait s'effondrer ma maison.



On est allés à la Roque hier. Stupeur, le panneau d'interdiction était remis, certes en biais ! Mais remis tout de même... et des travaux dans la propriété que le chemin longe se préparent, clim peut-être? dépassant donc sur la voie publique, c'est reparti, dès qu'on a le dos tourné ça s'aggrave... C. et K. n'y étaient pas allés depuis une semaine, par ma faute aussi, ils ne peuvent être partout et voilà. Des câbles bizarres descendent sur le mur et des espèces de grosses boîtes  moches dépassant semblent prévues. Plusieurs câbles électriques (non branchés, du moins faut-il l'espérer) courent sur le chemin. Une gaine blanche jusqu'au sol. Empiètement de la voie publique, c'est clair. Qui s'en soucie ? OK beaucoup le font mais en la circonstance (tentative d'empêchement de passer, intimidation des gens) cela semble une provocation. Et go, ils vont encore dire que c'est dangereux ! Et ça le sera, forcément, puisqu'ils l'ont rendu ainsi dans l'indifférence de tous. Rien de tel qu'un câble électrique qui balade au sol pour décourager les gens, je m'en serais retournée en d'autres circonstances. Voilà selon nos édiles, des gens aimables... et ceux qui comme moi ont peiné à restaurer "la magie des lieux", des gens suspects. "Ils" font venir des touristes de temps en temps ? ma foi, j'ai par curiosité demandé aux restaurateurs, commerçants et troquets du bled l'an dernier s'ils avaient noté une augmentation de fréquentation depuis la fameuse expo. Réponse de tous "c'est quoi?" J'explique. R.A.S. Pas d'augmentation de chiffre. Il est possible toutefois que les chalands aient été dans d'autres restau ailleurs, plus chics... mais on a plutôt l'impression qu'il n'y a pas de mélange avec l'aborigène, sauf un ou deux exposés pour faire genre. Malgré une amabilité superficielle, car pendant l'expo, tout le monde est parfaitement aimable, même ceux qui vous ont agoni juste avant pendant que vous piochiez, commerce oblige... 


Il faudrait une étude plus sérieuse (rapport/coût, en comptant les subventions) je ne l'ai pas faite. Mais de toutes manières, comme disait une femme lors de la réunion du rézocitoyen, nous devons  nous soucier de nous mêmes qui demeurons ici tout le temps, avant les touristes si "porteurs" soient-ils... Et consentir à fermer un chemin communal pour complaire à quelques uns sous prétexte qu'ils font venir des chalands est une forme de prostitution. 

De surcroît, une terre en bout du chemin était le jardin de l'hôpital, où autrefois les vieux allaient chercher les légumes le soir. J'ai honte. 

Et c'est aussi une mauvaise politique : à Gordes, la nature a été  respectée, le patrimoine est magnifique... si on met un moellon sur son mur on va en taule... et le résultat est que le prix du m² est multiplié par ? Ici, je verrai pendant ma grève plusieurs personnes désireuses de s'installer, d'acheter, des gens dont la profession leur permet de vivre où ils veulent -le net-, attirés par les prix assez bas... repartir ensuite.


L'histoire de la goutte d'eau

A Gordes, les piscines doivent être invisibles de l'extérieur, de même que les maisons, les murs des chemins sont obligatoirement en pierres sèches, la forêt est intacte... des gardes municipaux (femmes) à cheval patrouillent tout le temps pour vérifier... et ma foi, ils n'ont pas choisi les plus moches, c'est poétique le matin lorsqu'on se réveille, merci Vincent, de voir ces belles amazones qui mis à part leur chemisier marqué au dos "police municipale" ont l'air de faire une chevauchée dans les bois pour se faire admirer par le peuple. Le pays est intact, pas de pub de supermarché, pas de câbles qui passent sur les maisons, tout est restauré au fur et à mesure... 

 Saint Ambroix pourrait ressembler à cela si...

Ici, tout est saccagé dans l'indifférence des édiles (sauf à Barjac, cas exceptionnel) "ça fait marcher le commerce"! non ou à très court terme... la route d'Alès avec ces maisons qui ont poussé tout le long, la plupart hideuses, les zones industrielles... Et tout près de chez nous, ce chemin... 


Il faut se battre au cas par cas, rien ne sert comme E. de faire de grands tracts généraux, il faut monter au feu, ce n'est pas difficile si on s'y prend au début. Mais ensuite, lorsque le pli est pris, quel boulot... Car plus les gens sont dans l'illégalité, et plus ils s'accrochent, c'est normal, aux prérogatives qu'ils se sont octroyées : celui qui a eu le culot de fermer un chemin commun aura aussi celui de menacer qui le réouvre. On le voit toujours : il n'y a rien de plus "légalistes" que ceux qui sont dans l'illégalité, rien de plus formaliste que les petits loubards de banlieue (toi tu as le droit de.... toi pas, le chef l'a dit, si tu renâcles, on te met la tête au carré.) De même, en plus soft, un qui a eu le toupet de mettre un panneau de pub plus ou moins sur la voie publique aura aussi celui de tancer qui a fait une fresque purement déco pas tout à fait à son goût dans une rue adjacente peu fréquentée. J'en ai marre. Dire que le Canard ne peut pas (en principe) venir dans nos contrées... Il va falloir insister, à ça je suis prête. Après tout il y a le soleil, faute d'autre chose et cela ne peut être usucapté. Les journalistes aiment bien ces cieux ensoleillés. 


Une énorme fuite d'eau sur la rue, ça coule comme un petit ruisseau sur la terrasse de Momo. Dommage. Mais ça fait frais. Ils vont sans doute venir réparer, urgent. J'attends. Il fait si chaud que j'ai envie de me vautrer au sol.  


Un détail : SD. me dit en rigolant qu'elle est "bien" avec "cette- facture-devra-être-payée-un-point-c'est-tout", très sympa en réalité, je hausse le sourcil... et elle ajoute toujours en riant qu'il vaut mieux être bien avec elle que pas bien. Ca, j'ai vu. Et bien tant pis, je ne le suis pas. On a l'impression qu'il règne ici, surtout parmi les gens fragiles, une ambiance bizarre, délétère et autocratique, inquiétante, une sorte de loi du plus fort ou du qui-crie-plus-fort. Tout s'y mêle, amis, amis d'amis, ennemis, ennemis d'amis, jalousies, rivalités, rétorsions, allégeance... bon je m'en foutrais si au bout du compte ça ne générait de telles injustices, quasi tolérées, on en parle comme de la météo, "et oui c'est comme ça, on fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie"... soudain pointées par tous au delà même de ce qu'on pensait lorsqu'on a donné le premier coup de pioche ou d'envoi sur le clavier. Tout est là : dans le premier coup de pioche ou "publier le message" sur l'ordi. Mais qu'il est dur, ce premier coup de pioche! Reste qu'il est donné et que si je repars pour un tour, c'est une bonne chose de faite. 


Fayoun ! (Robin ?)

Un peu culpabilisée par moment, brefs, fugaces... une mairie de gauche que l'on attendait depuis si longtemps. J'avais tant regretté la mort de Lydie ce jour là particulièrement. Ils n'auront pas fait flores et l'histoire ne les retiendra pas... ou les retiendra peut-être, mais pas comme on aurait voulu. Et puis, comme dirait Lénine "seule la vérité est révolutionnaire" et à cela je crois. Tant pis. Etre de gauche, ça ne veut pas dire grand chose. Mais la vérité, si.


Mme F. m'a dit quelque chose d'important qui depuis m'interpelle: elle aide tout le monde bénévolement depuis des années, bibliothèque etc... elle a même mes livres et a tenu à les acheter... et plus rare, je crois bien qu'elle les a lus... Et lorsque je lui ai demandé pourquoi elle était de droite, elle m'a répondu (en substance) que c'était justement pour cela (qu'elle aidait les autres). Autrement dit, elle était de droite pour les mêmes raisons que je suis de gauche. Soit. (A l'inverse, Mme S. qui décidément ne vieillit pas, toujours élégante, me regardait avec une certaine commisération -lors de la fête pour les élections-. Devant elle, j'ai toujours l'impression d'avoir une merde de chien sur la tête.) Cela veut-il dire que lorsqu'on a "réussi", à la mesure de Saint-Ambroix, il faut être parfait envers ceux qui n'ont pas eu cette chance ? Une sorte de conscience malheureuse, droite et gauche confondues ? Soit. Ca fait un peu "charité" (mais Mme F. est tellement gentille que ça passe). Et elle l'appelle solidarité, ce qui change tout. Elle est de gauche sans le savoir à mon sens. Sans doute dirait-elle de moi que je suis une femme "de droite qui s'ignore". Ici, même les mots changent de sens.

Lorsque par exemple des gens de gauche se comportent en exploiteurs [dans certains cas] et d'autres de droite s'échinent pour tous... les valeurs sont un peu bousculées. On ne sait plus. Mieux vaut alors ceux de droite. Je crois qu'ils n'ont pas compris tout à fait... ou c'est moi. Ou c'est l'idéologie qui fausse tout. Exemple, certains militants purs et durs n'osent pas venir me voir... et des gens de droite grand teint me manifestent leur sympathie... A analyser plus tard. Simple question de gueule peut-être. Pourquoi aime-t-on les gens ou les hait-on ? Pour les mêmes raisons souvent. Pour des choses inconnues de nous mêmes. Frustration ? Inélégance ?
 
Et puis, j'écris ce que tous disent. A voix basse. Malpolie en somme, je dérange -et j'arrange à la fois, l'un entraînant l'autre-; dans les familles, et le village est une grande famille, ceci se tait si on est nickel : silence et discrétion, c'est bien cloisonné. C'est qui a fait dire à mon voisin "je fais ce que je veux chez moi"... et s'étouffer de stupéfaction rageuse lorsque je lui ai répondu "non ! " Lorsqu'on est dans un navire et qu'on a loué sa cabine, on n'a pas pour autant le droit de percer la coque "juste de son côté". Fatiguée.  

Fayoun !

JP est passée, short et chemisier moulant, jambes bronzées de star elle le sait et en joue, toujours le sourire... un seul mot -elle travaille, elle est pressée- mais scandé : "ça va  mar-cher"... et elle file. Ca suffit à me faire rire. Cette vamp a une tête bien faite et sait se faire respecter : on peut regarder, admirer, éventuellement "en" parler, mais pas toucher. Marrante, elle met de la couleur. Elle lit aussi, on s'est connue par la "bibliothèque" que j'avais installée dans le couloir. Hélas, elle va partir, elle s'ennuie trop. "Même pas de mecs intéressants ici" dit-elle, dépitée. Chacun ses critères. Zut et triple zut. Ne pourrait-on retenir de gens comme elle, un peu hors norme, créatifs, cultivés et bosseurs  -belle en plus- ? Saint Ambroix semble sécréter de la morosité à tous points de vues, même sexuel en le cas. 

Une idée: que des gamins, bien encadrés évidemment, refassent le chemin. Une sorte de groupe. Il y a eu pas mal de cambriolages. La nouvelle pizzaïola s'est fait piquer sa voiture. Le travail physique, ça détend aussi. Ca me manque. Ces baignades le soir avec les chiens. 


Dommage, ce staphylo. La restriction de nourriture (?) l'a fait diminuer encore; il n'est plus que du volume d'un demi oeuf de caille. Peut-être l'exérèse ne sera-t-elle pas nécessaire. Mal placé, cependant, juste à l'aine, l'endroit le plus embêtant si je me souviens de ce que disait J., sur la saphène interne ou les ganglions  lymphatiques, une grosse veine, peut-être la plus importante, pas sûr.. la blessure mortelle classique des matadors ! mais bon... C'est un peu de ma faute aussi, je ne me suis pas douchée immédiatement malgré la petite douleur ; j'en ai "profité" pour élaguer encore et encore ce foutu chemin, les ronces poussent à toute vitesse.. (Décidément, il m'aura valu une forme olympique, puis une sciatique, et à présent, ce truc.) Et le soir, c'était sans doute trop tard. Ca piquait de plus en plus... fièvre et un oeuf carrément (de poule, aussi dur) qui avait "poussé"... je l'ai exprimé : du sang rouge vif, une bonne quantité, et ensuite des peaux blanchâtres, pas mal de liquide séreux clair et... ?  des filaments noirs, comme des cheveux...  le "trou"  en cône, assez profond, pas trop engageant... Soulagement immédiat, j'allais continuer lorsque j'ai regardé sur le net... où il est dit que c'est la chose à ne pas faire (oyez oyez) parce qu'on peut envoyer le staphylo dans le sang. J'ai arrêté (sinon je l'aurais tout "eu"). Et il est resté cette petite boule enkystée. Peut-être va-t-elle se résorber (si je recommence la grève!)  


Toujours rien du Palais. Ils doivent causer. Ou ne pas causer et s'en ficher, ne rêvons pas. Je ne suis qu'un atome, 200000 signalements ou pas comme dit MJ... Quoique... Eli eli labat sabat'ahni !!!  Pas de parano

Femme en rose (HL)

Chose imprévue, W. et Maï-Linh s'enquièrent de moi. Touchée +++. Je ne savais pas qu'elle savait (Maï-Linh) et ne le voulais pas. Sans doute Fred a-t-il cafté. W. un peu abrupte, est la meilleure finalement de mes belles-soeurs. Oui, touchée je suis : je pensais qu'elle m'avait oubliée depuis 10 ans. En fait, c'est celle qui a un engagement politique le plus constant et le plus sincère, sans aucun doute la tête de bélier de la famille. R. préfère toujours la "petite" M. douce, brillante et inconsistante. Il a tort. En fait, toutes ont leurs prégnances, mais c'est dans une situation comme celle-ci que l'on mesure lesquelles sont les plus importantes. E cosi. 


19 heures 31 Toujours rien. L'affaire est entendue; à moins que ça ne discute et discute encore à l'infini. J'imagine la position de K, une amie (ex amie devrais-je dire). J'aime mieux être à ma place qu'à la sienne. Une question tout de même : si vraiment cette saisie à ce moment précis est une erreur (OK) alors pourquoi ces réticences, c'est le moins que l'on puisse dire, à la réparer? Là, Michel, Robin, désolée, je marque un point. Il me semble que si j'avais fait une telle boulette, je l'aurais rectifiée illico avec des excuses. Autre anomalie: le maire dit que la saisie a suivi son cours sans son avis (ou que c'est un adjoint qui a confirmé l'ordre sans qu'il ne le sache). Soit. Mais que par ailleurs il ne peut prendre sur lui  d'annuler. Là, ça devient louf. On peut donc saisir un compte sans qu'il ne soit même au courant (OK)... mais il ne peut a contrario prendre la décision inverse sans en référer à tous ? Y a comme un défaut dans le raisonnement.  -3 en philo à l'oral du bac.


 Deux poids, deux mesures ? Un adjoint, mettons M., décide comme ça, en se levant le matin, de me faire saisir... (juste un ordre, puisque la procédure est déjà en cours du fait des "anciens")... le maire n'est pas au courant, une broutille, soit, on ne va pas l'em. pour si peu. Et soudain, mis devant l'affaire (gênante tout de même... à ce moment là surtout) il aurait les mains liées pour rectifier la c. de son subordonné ? Ce n'est pas dans l'esprit de hiérarchie. Autre hypothèse : quelqu'un (un/e adjoint/e ?) aurait volontairement envoyé l'ordre... pour générer le clash prévisible et disqualifier le maire ? L'ambition, si futile soit-elle, parfois fait faire des choses un peu limites. Les prochaines élections... Juste une idée. Mais même et surtout en ce cas, on prend ses distances avec l'adjoint/e et on rectifie. Et/ou si c'est un fusible, on le fait sauter. Possible du reste que "cette-facture-devra-être-payée-un-point-c'est-tout" en joue le rôle. Le milieu est rien moins que féministe et les femmes, sans aucun poids dans une équipe de mecs bien homogène, endossent  souvent en ces cas des rôles peu enviables et peu glorieux.


Œuvre de Jean Larrivé, prix de Rome de sculpture 1904, parc de la tête d'or.
Ceci est codé, désolé pour les non saint ambroisiens.

Minuit. Je me prépare. Rien évidemment, je me suis fait avoir, ils voulaient que j'arrête cette grève qui faisait trop désordre, sous prétexte de concertation (entre eux)  histoire de gagner du temps.. (avant la fameuse réunion sur l'eau) mais par contre des gendarmes devant la mairie, des voitures et des voitures. Que s'est-il passé ? Bizarre. Et les municipaux qui tournent devant chez moi... Plus de batterie. Je dois lâcher. Il se passe quoi ? Je n'ose imaginer qu'ils ont peur de moi tout de même. Mais si c'est ça, j'en suis flattée. Qu'on se rassure ici, je suis non violente en principe, c'est justement l'origine de mes ennuis: si j'avais dès le départ sorti mon cric de camion pour "me" rétablir l'eau à la GB ("viens me couper coco, Killer et moi on t'attend de patte ferme") tout baignerait, c'est le cas de le dire (pour moi).


Mardi 6 juillet
Rien n'a filtré mais je saurai bien dans un moment. Aux impôts, j'ai cette fois un son sensiblement différent. Un ordre de saisie donné  peut être exécuté bien plus tard, il y a des relances, re re lances etc... sans que la Mairie qui pourtant a lancé l'affaire n'y soit pour rien. Tiens tiens... mais ça change tout! Sauf que, admet la guichetière à regret, il peut y avoir "empêchement" à cette ordre de saisie puis "levée de l'empêchement" (!) ô que c'est beau ! que c'est chou ! En somme, c'est exactement ce qui m'avait été dit mais exprimé d'une autre manière. Quand je pense qu'on dit que les philosophes (et les toubibs) jargonnent abscons pour entortiller le chaland ! L'administration et ses délices sophistiques : un vrai régal pour le Canard enchaîné. Pour leurrer les gens, il n'y a pas mieux, il faut au moins une licence de philo pour s'y retrouver et encore. Même R. au départ n'a pas pigé.


Sylvie Barbe ("Danse avec les yourtes")

L'article sur les "Chants philosophiques" est paru. H. s'est surpassée. C'est de loin le meilleur qu'elle ait fait (sur moi en tout cas). En fait, malgré elle, elle est plus philosophe que littéraire, comme moi. Elle devrait tourner carrément sa veste. Sauf qu'il n'y a pas beaucoup de livres de philo régionaux, un mixte assez improbable qu'elle dit réussi. Joie. Je l'avoue, je redoutais le pire -qu'elle s'endorme ferme sur le bouquin sans pouvoir jamais se réveiller.- Elle m'étonnera toujours. Re joie.


Et surtout, coup de fil de Bernard Bruyat lui même, en phase, avec moi, et ce n'est pas rien !! En fait, et c'est là le truc intéressant et stimulant, tout le monde est en phase, (même ici) pour des raisons qui ne me sont pas toujours dites, que je devine, et qui me touchent infiniment. Mais personne ne le sentait clairement avant cette grève! 

On part du quotidien, du minime, c'est à dire presque de l'un, et au bout du chemin, on atteint l'idée de déconstruction et du sentiment collectif de préservation de la nature et de nous-même, de notre dignité sans laquelle rien ne se peut. On va du microcosme au macrocosme, c'est comme une autopsie  in vivo. Les gens parlent, glissent, je ne suis qu'une caméra qui restitue, parfois je ne saisis pas tout ou pas tout à fait, c'est ce qui est bien dans l'affaire. Ce blog dépassant donc à présent le cadre purement saint ambroisien, il me faut souligner ce que ici tous savent : le chemin qui a été massacré conduit (entre autre) à une terre très fertile, facilement irrigable, qui était autrefois le JARDIN de l'hôpital-hospice dit de charité, les bonnes sœurs qui le dirigeaient ayant nourri leurs pensionnaires avec ses produits durant des années. Les "vieux" encore valides passaient et repassaient avec des brouettes le soir pour aller chercher les légumes frais de la soupe, une activité agréable à laquelle ils ne renâclaient pas, escortés par des aides soignantes ou des religieuses. Il y en a une, la première à avoir signé la première pétition, qui s'en souvenait encore avec émotion. Une femme extraordinaire, qui adorait son métier (depuis toujours ici) qui semblait avoir 40 ans et qui devait forcément en avoir... beaucoup plus. 


L'absurdité est là : on est en quasi pénurie alimentaire et on laisse abourir des terres parce qu'un gus tente d'empêcher leur accès. Abattant au passage des arbres qui tiennent la sienne, transformant un verger en pelouse et se targuant ensuite de la gêne  (on "voit" en effet à présent chez lui) pour prétendre "interdire" le chemin etc... Société du spectacle où l'inessentiel ou le funeste priment sur l'essentiel et le vital.



En attendant Godot


Marre d'attendre. Je vais devant la mairie. J'ai fait mon panneau, cette fois TB. C'est un coup à prendre en somme. La chaleur ! Un peu de vague à l'âme, ça va passer, c'est le premier moment qui est le plus dur, comme le premier coup de pioche. Après, tout va... 


Mercredi 7 juillet
Robin a téléphoné à la Mairie. Rien évidemment. Je le savais. Mais c'est excellent tout de même qu'il l'ait "vu" comme on dit, de ses propres yeux. Ca m'a rappelé le mur (de la maison), les atermoiements successifs épuisants-angoissants lorsque je suppliais littéralement P. de reconstruire ou au moins de le consolider, le danger étant maximum... tout ce que j'obtenais étant : "la semaine prochaine, je dois avant voir X"... "je ne l'ai pas vu, il est en vacances"... "dans un mois au maximum"... "dans trois mois, quand je vais pouvoir construire, tout sera réglé"... et pour finir, la phrase historique juste avant l'effondrement de mes trois sols voûte comprise : "ne vous en faites pas Madame Larrivé, le mur, il a pris sa place (!) il risque plus rien"... Et pendant ce temps, des gens -j'ignorais que c'était moi ou Fred en premier-  risquaient leur vie, bricolant tranquillement leur bagnole à l'ombre du mur, place très courue le mardi... User la bête, toujours... et ce pauvre voisin à bout qui n'en dormait plus, aussi inquiet à cause du mur que de P. : des deux écueils, il ne savait lequel était le plus inquiétant pour sa santé et surtout ses affaires.


Donc si devant un danger majeur, attesté par experts, (était-il besoin d'experts pour prévoir que ce mur allait s'abattre? Mais bon) certains atermoient sans souci de la vie des gens, comment s'étonner que devant un autre bien moindre, on voie à l'œuvre le même processus? Reste, M. et Robin, c'est à vous que je m'adresse ici (!) que cela apporte de l'eau à mon moulin, bons militants qui aviez réellement cru au coup au hasard et de la nécessité et m'en aviez presque convaincue, puisque des gens aussi calés le pensaient, ça devait être vrai, deux contre un, je m'incline, même si une petite voix au fond de moi renâclait. Isn'it? la philo, quoi : je me laisse facilement convaincre (en fait persuader) par le logos.  Et puis c'est toujours plus confortable d'agonir le hasard que des copains ou amis (et y en a, plus exactement y en avait dans cette équipe.) Qu'est-ce qu'elle disait la parano, mes choux?  


Le hasard

Bon ça veut dire qu'il faut que je m'y re colle, à présent, il y a trop de choses en jeu, dussais-je y laisser des plumes. J'en laisserais moins que si je lâchais et partait à Beyrouth, projet récent, Ham'ra, le rue de phénicie, le  vieux druze sur la montagne, biblique avec sa gandoura, qui nous a conduit chez lui alors que nous nous étions perdus -des coups de feu nous avaient déviés-... la peur aussi, légère, il avait une sublime tête de berger de l'ancien testament certes, mais... il y avait aussi la voiture au nom de Misrahi (!!!) -autant dire Dreyfus-... et on était bien paumés dans la montagne, quoi de plus simple de nous kidnapper et rançonner, ça se voyait tous les jours, et des "juifs", ça n'aurait pas fait un entrefilet dans l' "Orient le jour"... Robin m'avait dit "il n'y a pas de risque, c'est un druze"...  et, le scoop si longtemps après c'est qu'il m'a avoué hier qu'il avait eu peur lui aussi sans rien montrer. Des as de la dissimulation, les libanais, et après tout c'est confortable aussi... Et cette réception improvisée dans la pièce blanchie à la chaux, aux banquettes tendues de tissus rayé rouge et noir, cette ferme pauvre et belle et ce couple isolé agréablement surpris de voir débouler des "parisiens" avec une petite fille qui avait dévoré abricots sur abricots, la honte quand on avait vu le petit tas de noyaux à ses côtés... Que sont-ils devenus ? La femme, non voilée, parfaitement belle, je crois qu'elle était même légèrement maquillée, semblait beaucoup plus jeune que le mari. 


Rigolo : il parait que le conseil doit lire mon blog avant toute décision (?!) Des devoirs de vacances ? Du coup, il me faut reprendre question orthographe, pas question de laisser des coquilles, noblesse oblige, zut triple zut... Je n'ai pas (sur le net) mon garde fou, H. qui trouve des fautes comme un chien des truffes, ni hélas Lydie, moins pointue mais plus rapide.



Rebelote à la mairie. Le jeune "employé aux cas difficiles" qu'on appellera ED, a fait son rapport, dans lequel il a omis de mentionner que d'après l'employé releveur des compteurs qu'on appellera RC, les factures étaient bien payées par "Mr E." le compagnon de Maguy. Finalement, Mr E. n'est plus sûr... et l'adjoint l'Est qui était présent lors de la déclaration fatidique ne se souvient plus très bien... bigre, ça date de la veille pourtant, "faï pas buon s'es faïre vieil" ! puis  ça lui revient doucemanette mais il affirme finalement qu'en fait, RC voulait parler... de la rue des Cigales (?!!) et rebelote... sauf que ça se passait rue Désiré et que c'était bien sûr de cet appartement-là qu'il était question. RC confirmera d'ailleurs peu après à Robin. Sa théorie, la plus évidente, est que le compteur dysfonctionne comme beaucoup. Soit. Finalement ED est d'accord pour marquer (c'est à dire rajouter) dans son rapport les propos de RC, bien qu'il affirme que ça n'ait aucune importance ... sauf de corroborer mes dires ! Il semble de bonne foi. 


Il me dit aussi que j'écris bien mais qu'il faut que je me méfie car on reconnait les gens sur le blog. OK mais ça, c'est mon job et toiletter, je sais faire, au fur et à mesure, parfois le jour d'après. Des faits seulement, au fil des jours. Des coïncidences aussi, enfin toute la vie d'un village qui me dépasse de beaucoup. Une autopsie in vivo filmée sans commentaires souvent. Analysée, ça oui, parfois.


Essayé de discuter avec "cette-facture-sera-payée...", une erreur, réellement sa rage est hors de portée. Finalement, devant certains, il vaut mieux garder son quant à soi. Mais elle s'occupe du "social", et ça, bigre... Ca explique certains propos, certaines attitudes "je te fais ça à toi, je dois le faire à lui..."  Elle parle comme si elle tenait la place divine à elle seule... Distributrice de la manne, peu habituée de fait aux rapports d'égalité semble-t-il. Le social ou la charité est une activité suspecte (parfois) qui requiert un talent tare. Il est malsain de la mêler au pouvoir.


Hypothèse: et si au fond je lui faisais concurrence sans le savoir ? (Les fringues pour certains, les "remontage de moral" le soir pendant que je faisais la fresque ?.. quelques articles aussi...?) Une réminiscence déplaisante: un certain X du secours populaire qui, après l'article sur Totophe, m'avait giflée dans la rue. L'article ne l'incriminait pas, il relatait simplement, dans la veine soft très Midi-Libre, l'aventure de Totophe, SDF gentil mais alcoolo depuis toujours, quatre ans d'âge mental, un soir où il gelait à pierre fendre, qui, en chemise, complètement bourré, était venu s'effondrer devant mon portail, seul endroit éclairé sans doute à 10 heures à Anduze, par cette nuit glacée..  



Embrouillaminis (Robin Eddi)

...Puis la suite, comique: je le rentre laborieusement, on se casse la figure dans le jardin, il s'effondre sur le lit dans la pièce de la chaudière et ronfle aussitôt, bien couvert.. Et go : mes appels successifs (10 ? 20 ? je ne sais plus) au terme desquels tout le monde m'envoie bouler, le secours pop sur répondeur, renvoi à un autre numéro, identiquement sur répondeur, le curé gâteux, le pasteur sur répondeur aussi, le SAMU, l'hôpital, la police, etc... Seuls, les gendarmes sont venus, pas trop contents (pour l'un) d'être  réveillé à onze heures par ce temps.  "S'il a un malaise, vous êtes responsable." Soit, mais dehors, il serait mort... J'ai  donc gardé Totophe un an, pas de problème certes, sa passion étant de ramasser les feuilles une à une -il les guettait du fond du jardin, assis sur sa chaise, me faisant part de ses prises lorsqu'elles valaient le coup, ajoutant parfois "qu'est-ce que tu ferais sans moi, hein?" à quoi je répondais invariablement "ça c'est vrai, tu es bien brave" ça ne me perturbait pas, c'était comme un disque... et le  jardin n'avait jamais été aussi nickel. Il m'a manqué lorsqu'il fut enfin admis dans un HP adapté... dont il s'est échappé plusieurs fois pour revenir chez moi, il aimait mieux être libre évidemment.

Mais voilà, l'article  de Thierry Dubourg avait eu un succès mahousse et tout le monde venait apporter des objets divers à la galerie, c'était le must, on venait voir Totophe comme au zoo avec des croûtes, couvertures -nul besoin à présent mais bon- télé, neuve! frigo, tapis, vêtements, etc... En somme, par culpabilité d'avoir failli le laisser périr, les gens rivalisaient de générosité : dans l'appentis de la chaudière, clair, ensoleillé, avec son entrée séparée sur le jardin aux bambous, il était logé plus confortablement que moi. Ca s'était donc "arrangé" (si l'on peut dire) sauf que dans le village pourtant civilisé, j'avais croisé quelques jours après un quidam... qui m'avait mis une baffe sans prévenir ("salope"). J'ai compris ensuite, le responsable d'Emaüs qui avait tout de suite saisi m'avait expliqué : "vous lui avez "volé" un pauvre, vous l'avez mis en cause indirectement et de cela il ne se remettra pas... Vous avez pointé une défaillance chez un parfait, il pense avoir raté sa carrière etc... On a souvent le cas." Fais-je de même ici? Est-ce que je lui "vole" des pauvres ?


Le social est affaire ambiguë: le meilleur et le pire. Qui est mieux de Mme Q. ou de celle-ci ? Si j'étais dans la misère, je crois que je préfèrerai la bourgeoise retenue à une ex consoeur de pauvreté qui m'engueule et "va" me chercher pour "me" confronter en gueulant comme si j'étais un chien etc... 


Pas dans le style du village

Conclusion : mieux vaut ne jamais avoir affaire à ces services et à ces gens-là quels qu'ils soient. Je dois sentir le chien: Vôtan inquiet, exhalant une odeur assez pénible, malgré la chaleur, se colle à moi dès que j'arrive. Je lui manque. Du coup, dans la rue, les chiens me reniflent avec intérêt. De fait, "cette-facture-sera-payée" a affecté tout le temps que je lui parlais de partir dans les pommes, s'éventant vigoureusement, l'attitude de certains jeunes de banlieue... à l'instar de CH autrefois -elle est devenue maire de V. au fait... je crains le pire, c'était une des plus perverses de tous les élèves que j'aie jamais eus.- Un peu d'excès sans doute ici ... mais sur une base réelle. Il faudrait que je tonde Vôtan... Quand on n'a rien à dire des gens, on dit qu'ils puent. Ou qu'ils sont fous. L'olfaction est le plus labile de nos sens, et la santé mentale est difficile à apprécier. Là, j'ai eu les deux. C'est ce que font les racistes. Et aussi les racisés. Dans mon cas c'est peut-être vrai. Tess et ses oreilles purulentes, aussi. Tant pis.


Je croise l'info une fois de plus. C'est fait : des clashes, il y en a eu au moins deux autres. Bon boulot de journaliste. "Ne te vante pas, voyons, tu n'es qu'un cas. Ne deviens pas mégalomaniaque." Rire fait du bien. Honte à moi, je n'aurais pas aimé être la seule et cependant ç'aurait été mieux pour tous. Soit. J'ai encore dû voler des pauvres à qui de droit. Qu'est-ce qu'on devient si tout le monde est solidaire ? Les pro du social, profession pas inintéressante et assez valorisée, n'ont qu'à aller se rhabiller. La Rochefoucauld, le salaud, n'a pas tort. Toutes nos motivations sont égoïsme. Ca vaut pour moi, évidemment. 

Je le dis ici clairement : Totophe m'a beaucoup apporté, quelques ennuis évidemment -dont la baffe- mais dans l'ensemble, il faut le dire haut et fort, la "charité" paie bien ; le nombre de gens qui me disaient "vous êtes formidable"... à qui je répondais invariablement "pas du tout, il était devant ma porte -je travaille la nuit- je ne pouvais pas ne pas le voir, c'est juste le hasard..." et qui ajoutaient parfois : "et en plus vous êtes modeste", on n'en sort pas. Une bonne affaire, "Le petit garçon derrière un taxi" a flambé à ce moment-là, 70% à cause du talent de Suzanne, 30% de l'affaire Totophe, et les feuilles, corvée quotidienne n'avaient qu'à bien se tenir. Cet hiver-là, sa présence silencieuse derrière la galerie, dans sa querencia où il regardait le foot à la télé me plaisait -je me sentais moins seule-... moins les réveils à six heures -car c'était un matinal- "t'as pas un café dis ?" mais cela aussi n'était pas si mal car je n'avais pas de réveil. Il le buvait avec moi, je me mettais au travail et lui s'en retournait guetter les feuilles, inquiet d'en avoir laissé passer car c'était un consciencieux.


Robin, lui, veut attaquer en justice. Cette grève lui fout la trouille, il sait ma détermination et s'en désole. Ca le rend presqu'agressif par moments. Il dit que le délai de forclusion dans le domaine civil est de 4 ans. (Je le croyais de beaucoup moins.) Ca se peut donc. Il s'y colle. Moi, je n'ai pas la force. Trois procès en deux ans, déclinaison en fait de la même histoire même gagnés -plus ou moins- ça fait beaucoup, je n'avais jamais esté jusqu'alors. Les deux ne sont pas incompatibles. J'y retourne. La fraîcheur ici... ca va mieux. Ouf.  
 
Opale
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Pendant ce temps, Robin a fait une lettre  à la fois claire et désopilante qui résume assez bien les faits... pas marrants du tout... La voici.
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Robin Eddi à Monsieur le Maire de Saint-Ambroix,

Depuis 2007 nous contestons la facture d'eau de 4000 euros du 2 rue Désiré où nous n'avons jamais habité, sans résultat. Ma femme excédée s'est finalement résolue à faire une grève de la faim devant la Mairie pour attirer l'attention sur l'injustice commise. Vous avez proposé à Michel Pernet journaliste à la Marseillaise de servir de médiateur.. Mon épouse a accepté de faire une pause dans sa grève en attendant le résultat des négociations, preuve de sa bonne volonté. Résultat ? Néant. Elle est donc décidée à la reprendre ce jour le 8 juillet 2010.

Lors de l'entrevue du lundi 28 Juin 2010, vous avez déclaré que vous n'aviez pas de preuve que c'était Mme A. qui payait l'eau au titre de locataire.
1/ Nous vous avons fourni une attestation de sa part confirmant qu'elle payait bien l'eau et une facture en son nom.

Vous avez rejeté ces preuves en disant que celle-ci concernait sans doute... la rue des cigales (!) où réside son ex-compagnon. Et surtout disiez-vous, la facture ne comportait pas la part assainissement en vigueur dans le centre ville (où se trouve la rue Désiré).
Le lendemain, j'ai apporté à M Bagnol, employé au service des eaux une facture avec assainissement (214!) au nom de Mme A. rue Désiré. Un point important selon ses dires qui devait aider fortement à la solution du problème. Puisque nous savons maintenant au nom de qui était le compteur et à qui les factures étaient envoyées, le problème est réglé. Non.

Car vous avez alors soulevé un nouvel argument :
Une fuite d'eau éventuelle se serait produite entre février 2005 et 2007.
Impossible car Mme A. est partie suite au danger de l'affaissement du mur mitoyen avec M Pialet, mur dont nous sommes allés souvent vérifier l'état nous-mêmes et avec des maçons. Si c'était le cas nous l'aurions constatée (elle aurait été très importante.)
Vous avez néanmoins voulu vérifier. Nous nous sommes rendu avec M. Bagnol et M. Koenig, adjoint, à la maison pour vérifier qu'il n'y avait pas de fuite qui pouvait expliquer cette facture exorbitante, quasiment une piscine olympique. Le rapport établi montre clairement qu'il n'y en a pas
M. Bagnol a alors voulu s'assurer que le compteur respectait le règlement c'est à dire était en état de fonctionnement. Vérification pertinente car il est apparu qu'il était en panne. Depuis quand ? Nul ne sait.

Au cours de cette enquête nous avons recueilli les déclarations de M. B. (releveur des compteurs) assurant que le paiement de l'eau de Mme A. (donc de la rue Désiré) était effectué par M. E. son  compagnon, confirmant ainsi les déclarations de celle-ci, de ma femme, et les factures produites.
 Tout est donc réglé ? pas encore.

Vous avez d'autre part reconnu que depuis le départ de Mme A., confirmé par la CAF en octobre 2005, la maison n'a pas été habitée. Il est vrai que ce point, vous l'avez admis sans preuve écrite. Le problème est réglé ? toujours pas.

Ceci devrait nous amener à conclure que s'il y a eu consommation exorbitante c'est entre février et octobre 2005 et s'il y a eu fuite c'est entre octobre 2005 et 2007. Mais depuis la découverte de l'absence de fuite et la panne du compteur, rien n'est sûr.

Quelles explications peuvent être avancées ?
– La gestion de la société des eaux à cette époque.
– Mme A. aurait sciemment gaspillé de l'eau entre février et octobre 2005. Peu probable (elle n'est pas partie en mauvais terme avec nous.)
– Le compteur a dysfonctionné, ce qui paraît l'explication la plus probable.*

Vous avez demandé un contrôle du compteur par un laboratoire, indépendant, à nos frais, bien que dans les trois hypothèses, nous soyons hors de cause. Mais au labo, on nous affirme  que tout ce qui pourra être démontré, c'est que le compteur ne marche pas, et qu'en aucun cas on ne pourra  savoir ce qu'il a bien pu faire pendant son arrêt, le coquin.  Inutile donc de payer  100 euros pour qu'on nous réaffirme ce que nous savons. Mais M. Bagnol a une autre idée : il propose de le faire contrôler par... son fabriquant lui-même,  ce qui nous semble spécieux.




La logique voudrait qu'enfin vous reconnaissiez maintenant qu'il y a eu un problème dont nous ne sommes en rien responsables. Rien jusqu'à présent.



De plus, le règlement de la compagnie des eaux précise :
Article 7 L'abonné ne doit payer que la quantité réellement consommée.

Quelle est la consommation réelle depuis février 2005 ?
Le seul relevé probablement fiable c'est à dire avec un compteur qui fonctionne semble être celui de février 2005. Le suivant en 2007, alors même que l'appartement était vide depuis octobre 2005 (!) n'a pas de sens. Ce compteur ayant dysfonctionné  entre 2005 et 2007.

Personne ne peut donc avancer le volume de consommation réel tel qu'indiqué dans le règlement depuis le relevé de février 2005.

Par ailleurs le règlement précise qu'en cas de panne de compteur la consommation qui doit servir de référence est celle de la période antérieure similaire (article X).
Pour évaluer la consommation de février à octobre 2005, la période de référence doit être 2003-2005. La facture de cette époque (où Mme A. vivait rue Désiré avec ses enfants) est relativement faible, puisque pour 10 mois, par exemple du 15/6/2003 au 27/4/2004, elle accuse seulement 50 m3 tout ronds, soient 74,96 euros, ce qui fait 7,50 euros/mois... ceci appliqué de fev à oct 2005 (9 mois) on obtient donc 605 euros.

Ensuite, seule la location du compteur doit être prise en compte... encore qu'on peut se poser légitimement la question du montant de l'abonnement d'un compteur de plus de 30 ans donc largement amorti... et de plus hors d'état de tout service. 

Ces deux articles fournissent une base claire de facturation dans notre cas.

Depuis octobre 2008 (date du début de la saisie du compte) jusqu'à ce jour, 2337 euros ont déjà été prélevés. 1276 euros restent  donc dus hors location du compteur.


      Veuillez agréer, Monsieur...                             Robin Eddi
 
*bien que l'on puisse s'étonner d'un compteur (en quelque sorte en copropriété) dont la consommation a été payée, à un moment par M. Larrivé (alors âgé et récemment veuf), puis par M E. compagnon de la locataire (là, c'est normal)... et dont à présent on exige le " solde"   (4000 euros)... à ma femme parce qu'il serait resté en son nom tout ce temps. Un gag ?
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Rencontre avec une conseillère municipale PC de Roanne, et son mari, on a parlé, ils ont évidemment signé. Intéressante : des histoires comme ça il n'y en a pas chez eux. Le PC est-il particulièrement vertueux ? Ou l'ignore-t-elle ?


Jeudi 8 juillet 3 heures
Robin a enfin eu le laboratoire indépendant où on lui a répondu que toute expertise ne pourrait que confirmer que le compteur était arrêté sans plus de précision. Inutile donc de payer 100 euros ou davantage pour s'entendre dire qu'il est cuit. Sympas, ils auraient pu nous faire l'article. Il est allé apporter la lettre avec ce rajout, de taille. Perso je n'aurais même pas tenté le coup, subodorant qu'on nous amusait encore, le dernier round peut-être mais... c'est bien tout de même qu'il l'ait fait. Cercle bouclé. On a les factures de Maguy avec le 224 fatidique, l'assertion de l'employé assurant que son compagnon payait, le compteur naze qui surfacture durant une période (une piscine olympique quasiment) où il n'y a personne et où il ne peut y avoir personne puisque la maison est en péril... ça devrait aller. C'est un roman… politiquement incorrect, anti administration, anti bureaucratie et technocratie, anti gestion aléatoire et si on est de mauvaise foi, anti gauche mais bon...





18 heures 

Réunion sur "l'eau"
On sent qu'ils se préparent comme à un oral de bac, fébriles, têtes un peu fermées, soucieuses, en rang serrés. Houleux, à la manière de Saint Ambroix, toujours clean. Question parité, toujours pas terrible: il y a le maire, son second, un autre, personnage-clef comme nous le verrons qui s'agite et fera passer le micro, quant aux femmes, elles sont sagement assises, groupées, genoux serrés, immobiles, tout en bas à droite de l'estrade et aucune ne l'ouvrira.

 Naissance de la parité

D'abord, on a une suite de diapo peu lisibles sur un grand écran et le jeune B. aux côtés du maire -qu'il semble ne plus quitter- de lire ce qui est écrit au fur et à mesure, des chiffres, des chiffres, toujours plus désespérants les uns que les autres... et les exigences de la DDASS, la station d'épuration à replâtrer avant casse, la nouvelle qui ne sera pas écolo comme on aurait voulu... ça sera plus cher en  fonctionnement, tant pis, (ça a été refusé... par qui?)  le prix du terrain exorbitant... etc 

Le maire semble aussi enjoué qu'un conducteur de bus sur la ligne Vitry-Balzac... le forage qui a raté, rien ne va plus, je décroche un peu mais j'ai l'impression qu'ils ont sorti autre chose de pas prévu, de l'eau minérale ? Des truffes ? Une tombe pharaonique? Ca peut être intéressant aussi. (Pourquoi pas ? l'eau pure de vos cellules, ça le fait bien) bon, mais ça ne colle pas... Ca dure un peu beaucoup : on a l'impression que tout ça est fait pour retarder l'orgasme. Mais ça va venir, je le sens bien.

"Ils nous embrouillent avec leurs chiffres" dit une dame à mes côtés. C'est ce exactement que je pense. 

Donc on apprend ou re apprend que Saint-Ambroix a peu de réserves en eau, il va falloir re forer... Des canalisations "fuyardes" en série, le terme est joli, qui font perdre 65% de l'eau pompée, à croire que c'est les shadoks... qu'au centre ville il faut séparer les eaux du tout-à-l'égout de celles du pluvial, ce que n'ont pas fait les anciens... bien qu'ayant découvert les canalisations pour de menus travaux, très menus en fait, le genre de foucades au coup par coup dont parait-il ils étaient coutumiers, j'ouvre, je bricole, je rebouche, je réouvre, je re bricole, je rebouche et go... ce qui contribue à la saturation de la station d'épuration... qui dégorge dans la Cèze... d'où sans doute mon staphylo...  station qui n'est plus conforme depuis 2005... Le maire annonce qu'à présent on sera dans la légalité... mais ce sera cher. Il fallait trouver un terrain inondable, le mas Chabert était le seul disponible, cela génèrera des dépenses d'investissement énormes d'où le prix de l'eau augmenté: 1,67 euros le m3 ? Là, je ne suis plus. Ces chiffres me donnent le tournis.

On découvre ou re découvre aussi que les canalisations en plomb sont à remplacer sur toute la commune d'ici 3 ans. Très "fuyardes" donc, toxiques aussi, ce qui n'est pas dit, elles perdent + de 6 m3 d'eau à l'heure. 3,8 euros le m3 ? La moyenne étant de 3,40 euros, on serait en dessous. En Europe ou je ne sais où, elle serait encore plus chère parce que blabla, quelqu'un s'exclame qu'elle s'en fout. Il a le nez dans ses papiers, récite... bref c'est aussi folâtre qu'un compte d'exploitation, je décroche.



Racines

On dirait qu'il s'agit de préliminaires pour occuper la place afin d'éviter quelque suite fâcheuse. C'est ce que je ressens, peut-être à tort. Une lapsus intéressant du placeur de micro, un collègue du privé, celui qui donnera la parole au bas peuple : "on va vous concerter sur ce qui a été décidé"...  je ne peux m'empêcher de rire tant c'est chou. 

Bon, et puis il faut y aller tout de même. Les questions. J'ai une vague idée qu'il y en a qu'ils redoutent. Moi.

Ça commence : des factures qui bondissent comme des cabris surexcités, doublent ou triplent, un gus qui se voit comme moi (mais au moins lui habite-t-il au lieu dit) taxé d'un monument, 5000 euros ou plus, je ne me souviens pas, et subodore qu'on aurait mélangé les tuyaux  lors de travaux de voirie importants près de chez lui, il a l'air d'avoir bon caractère et le prend bien... il faut dire que moi aussi au début, j'avais même ri de bon coeur, et pour lui c'est le premier round, mais on ne sait pas dans quel état il sera dans un an si comme moi on le saisit impromptu... Plusieurs femmes surtout que l'on sent énervées-désespérées disent qu'elles n'ont pas prévu une telle dépense et ne pourront l'assumer, le "placeur du micro" qui arpente la salle comme Dieu distribuant la manne -la parole- lui assure, rassurant, qu'il est prévu avec les impôts un étalement sans relance ni frais si elle se manifeste (aïe, les leçons de morale en prime, je crains le pire... et étalement jusqu'à quand?)...  il s'étend un peu beaucoup sur cet "avantage"... "Soit -rétorquera un autre- mais il faudra tout de même payer et les gens qui n'en ont pas les moyens ne le pourront pas davantage d'ici un mois, deux ou trois".. Une évidence.


Une dame ensuite à l'accent étranger demande ironiquement des éclaircissements sur sa facture qu'elle cherche en vain à comprendre, il y a d'abord l'abonnement + l'assainissement... et ensuite une autre facture avec la consommation plus, rebelote, l'assainissement. Les explications semblent embrouillées. On nous propose aussi la mensualisation en option sur 10 mois. Horreur ! Le technicien parle ensuite de télé relève des compteurs individuels... qui sera en option en nov déc 2010. Impossible qu'ils tombent en panne ceux-là qu'il dit, tu parles si j'y crois. 


Dans le style du village

Puis un scoop, un monsieur pointu parle de certains compteurs à hélice (?) qui parfois avec le vent auraient tendance à s'emballer, le technicien en convient. Bigre, des éoliennes ? Le nôtre était-il du genre envolée lyrique avec le vent d'autant ?

Une autre déplore que le prix du m3 ne soit pas le même partout: aux bourgades, 1,8 euros le m3 contre 3,50 euros le m3 chez elle. Elle doit se tromper (?) Et enfin, une énorme fuite régulière coule route d'Uzès, gros comme un bras assurent les riverains...


Il y a aussi une assoc fondée par une petite femme énergique et jolie qui a attaqué ni plus ni moins la mairie au tribunal administratif pour sa hâte à avoir pris cette décision si impopulaire (apparemment 2 ou 3 jours ?) sans en référer au conseil voire aux payeurs (le mot vache à eau a même été prononcé)...  Au passage le maire annonce qu'à présent les employés du service des eaux payent leurs factures comme tout le monde.

Je demande alors à parler et le meneur de jeu me dit qu'il l'a vu mais que ça doit se faire dans l'ordre, OK. Arrive mon tour, il me tend le micro, "invitus" (mais pas "invitam") semble-t-il en me disant à mi-voix, ses gros yeux fixés sur moi, comme en confidence (!) "succinct!"...  et pendant que je parle, s'assied juste en face de moi, carrément retourné vers moi comme si je ne m'adressais qu'à lui, quasiment mains tendues vers le micro pour le reprendre, attendant comme Tess son sucre pendant que je fais le café, attitude qu'il n'a eue avec aucun autre intervenant...  bref, il me déconcentre, me gêne ostensiblement, ça rappelle Vitry où certains élèves, se plaçant exprès tout devant l'estrade, affectaient pour troubler le prof agacement, ennui profond, exaspération, ricanements. De fait, je bafouille lamentablement, je le sens, ce qui me fait cafouiller encore plus, cercle vicieux... et là il s'y croit puisqu'il a aussitôt le geste de me demander de booster, pensant le poisson frit ; mauvaise pioche... certes "on ne se fait pas perturbateur comme on se fait nonne"  comme chante le poète, le toro n'était pas tout à fait estourbi et la colère me fait immédiatement me reprendre, je me lève, me retourne vers les gens et je peux enfin m'exprimer normalement. Quelques mots sur mon affaire... soudain clairs, bien articulés, sonnant normalement. Je mets les deux équipes dos à dos. Pas de fine politique certes, mais c'est ainsi. On applaudit. Parano ? Non, là il était clair qu'il voulait m'empêcher de parler. Ca s'est finalement retourné contre lui.




A nouveau la litanie de ceux qui ne peuvent pas ou très difficilement payer... puis quelqu'une, MS, une collègue de collège, proteste vigoureusement parce qu'elle ne pourra pas être raccordée à la station d'épuration bien qu'elle soit juste à côté et ait prévu tuyaux et canalisations ad hoc. Silence un peu gêné, puis propos vagues et rassurants ensuite. Note à la relecture : elle sera remboursée de ses travaux.

Ensuite, une belle jeune femme énervée, tout au fond attaque très fort, elle a une entreprise, ou deux, je ne suis pas, elle paie son eau, le coût est exorbitant... et ajoute-t-elle, cette augmentation de 100% va forcément générer des impayés... (elle a raison, c'est obligé)... mais  la voilà qui s'écrie pour finir en beauté sa sortie "et moi je ne veux pas payer pour la racaille." Mouvements divers. Le malheur est qu'elle est applaudie. Je hurle littéralement "le mot racaille est de trop"... et on me dit gentiment "mais ce n'est pour vous, voyons" (!)


Et sur ces paroles définitives, la belle jeune femme en rage contre la "racaille" quitte la salle...  et on la voit sur le seuil discuter avec une souriante "cette-facture-sera-payée-un-point-c'est-tout" ! Celle qui en charge la noble tâche d'aider les pauvres devisant copine avec "Je-veux-pas-payer-pour-la-racaille", tout baigne... CQFD.




BC me répondra, docte -j'ai essayé de dire tout le mal que je pense des services socieux, je laisse la faute de frappe, qui parfois briefent les petits bourgeois besogneux ou dégourdis contre les  pauvres, ou pire, les pauvres les uns contre les autres -la "racaille"- il faut qu'on se serre les coudes et ne pas se laisser aller à  nous entre déchirer- BC donc me répondra que "c'est une réalité économique". Je réitère que le mot "racaille" qui désigne souvent des immigrés pauvres -mais oui mon cher- est odieux et que de la réalité économique, je m'en fiche. Affligeant: "Peau noire, masque blanc" in situ, on recule ici d'un demi siècle, et on se transporte aux Antilles.


Ca finit par la prestation claire et écolo d'un spécialiste de l'hydrologie (on va devoir pomper sous peu, vers Meyrannes peut-être, puisque le premier forage a raté mais il faudrait penser à économiser l'eau et à réparer les fuites d'abord -et il y aura des subventions-).  A quoi S.D. répond que si on consomme moins, comme les investissements sont de toutes manières les mêmes, l'eau qui tient en compte ces coûts... va augmenter ! Robin n'est pas d'accord avec cette théorie, qu'il trouve simpliste mais il ne dit rien, dommage. Exemple : la station étant prévue de grande capacité, il faudra donc beaucoup chier pour l'amortir, et comme, malgré tout notre sens civique, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, il faudra trouver ailleurs de la merde pour la nourrir. Une idée géniale : le nettoyage des fosses septiques, le "grattage" me dit Robin et l'envoi dans la station de la "chose", à nos frais of course. Totalement inutile mais ça nourrit les bêtes. On n'en sort pas. Vache à eau, vache à merde nous sommes.



Les gens s'en vont, devisent... et nous nous avançons vers l'hydro géologue -on veut lui parler de l'eau de la Cèze à la Roque-..  du coup, un vieux monsieur me dit au passage qu'il prenait souvent le chemin de St Victor pour aller se baigner, il faudra le contacter... Mais voilà, lorsque je m'approche de l'hydrogéologue, il m'annonce d'emblée qu'il ne peut pas prendre parti pour mon affaire (!)  ce que je n'avais pas la moindre intention de lui demander. L'eau de la Roque n'est pas bonne répond-il, étant donné l'emplacement, du moins tant que la station à indigestion sera en fonction. Merci sec et je file. Il en est, sans aucune méchanceté pourtant, qui n'ont parfois pas même l'idée que l'on puisse se battre pour autre chose que son pré carré, l'hydrogéologue  sympa qui, me voyant arriver vers lui, me dit d'emblée -en substance- qu'il ne peut rien pour moi comme si j'allais lui demander un euro... l'adjoint qui affirme qu'on a défriché le chemin pour valoriser notre terrain etc... J'ai parfois l'impression d'être une mendiante ou que certains me voient comme telle. A cela aussi il faut résister. Robin s'est marré de ma réaction (partir -merci monsieur- sans saluer immédiatement après l'aimable réponse) mais pour une fois, il l'a comprise.  


E. ? pas un mot. Timidité de ce militant hors pair ? Ou pas dans la ligne ? Une amie à lui qui s'enquiert de ma santé et du soutien des gens a... refusé de signer, le cas jusqu'à présent est unique (elle m'a dit qu'elle devait faire des commissions etc)... Les politiques, quels qu'ils soient, je crois que je ne les regarderai plus jamais de la même manière. Tonitruants à vide parfois (plus maximaliste, tu meurs) et devant un parti à prendre, même minime, la fuite ; ou alors sincèrement (?) indignés devant une injustice... qu'ils renforcent un peu plus encore une fois élus comme si c'était tout naturel. Essayant d'empêcher les gens de parler aussi...

Vendredi  9 juillet
Coup de blues, et pourtant tout va bien. Le fait de recommencer est plus dur que je ne pensais. Car j'avais attaqué avec une certaine inconscience, je ne savais pas où j'allais... et à présent je le sais. Me faire arrêter sous prétexte de négociations n'était pas si mal calculé  finalement. Je rentre au Ranquet me laver. Sonia m'a dit son soutien -elle ne s'était pas manifestée jusqu'alors et j'avais cru à une sorte de désaveu... en fait elle était tout simplement malade, je suis tellement "dans" cette histoire que je crois que tout tourne autour.- La plus belle fille de C. blonde et fine, que nous admirions tant, nous les "petites" à nattes ! Elle le demeure pour moi, quarante ans après. Blues blues pourtant...


Bruno Manser

Un bon génie pourtant veille, Denis m'appelle, coup de bol de me trouver puisque je ne suis jamais au Ranquet. Il va venir, joie. Il a déjà gagné pour Colonna, (sacré Denis), il n'a plus qu'à faire un troisième best-seller qui  s'appellera "L'affaire Larrivé". Ce blog bien relooké-toiletté-mixé-clean afin qu'on n'y comprenne rien, replacé à Meaux version thriller réaliste France profonde, ça peut le faire... encore une chance que j'aie tout noté au fur et à mesure, on oublie si vite lorsque ça se bouscule. Il m'a remis la pèche, quoique ces histoires ne l'intéressent que par moi c'est à dire très peu.. Inattendue, après une vie de militance héroïque et de souffrances, cette embellie. Talent et humour pour une fois ont payé, à 60 ans. Et MJ. qui disait et répétait qu'au delà de 40 ans on ne pouvait jamais percer littérairement: faux, archi faux, Denis le démontre ici magistralement. Peut-être  est-ce exact en littérature classique ou pour des romances, mais pas dans le domaine essai politique. Il me tarde de le voir, MJ aussi. Toujours le blues pourtant, par moment. Souvarine, en somme.  

Le coup de blues est passé mais j'ai perdu la journée. Je me demande si je ne suis pas un peu droguée au café. Il faudrait une grève avec café et ça irait au poil. Après tout, why not? Il faut innover.

Les chiffres qu'a calculés Robin m'ont accablée. Ils m'ont déjà pompée de 2337 euros. Ce n'est que de l'argent mais aussi le symbole de.. je ne sais pas, de quelque chose en tout cas. J'y retourne requinquée mais cette journée qui est perdue l'est... 

Samedi 10 juillet
L'affaire commence à se connaitre bien, on m'aborde dans la rue pour me demander où ça en est... Et comme d'hab, d'autres histoires, poignantes ou drôles. Un monsieur dont la facture a doublé bien qu'il n'ait rien fait de particulier... et qui par ailleurs tente depuis 20 ans d'obtenir la nationalité française, en vain, il y a toujours un papier qui manque ou qui (à force de traîner dans des tiroirs) est périmé, ça fait comme les yaourts. Son père est cependant ancien combattant de 40 couvert de décorations, de ces soldats du corps expéditionnaire de Leclerc qui ont vaincu Monte Cassino auquel les amerlocks avaient renoncé, considérant la forteresse comme inexpugnable... et ainsi fait sauter le verrou alpin, pour libérer ensuite Rome en deux ou trois marches, on en parle si peu... Un exploit, lorsqu'on voit les lieux, monter chargé sur la falaise presqu'à pic, sous le feu des tours, tenter l'abordage.. tant de fois en vain, jusqu'au moment où enfin la défense fut percée... Le nombre de morts fut effarant et lorsqu'on lit leurs noms, ce sont presque tous des tirailleurs kabyles marocains habitués aux escalades de l'Atlas. 

Il y a quelque temps, dans un troquet en face la mairie, devant des propos de comptoir anti arabes pénibles, j'avais fini par lever la truffe de mon manus... et avais mentionné -sans agressivité- le sacrifice de ces soldats marocains qui a accéléré la fin du fascisme et évité les bombardements dont les amerlocks étaient fans et ils arrosaient large les coquins ! Silence gêné, puis une réflexion qui fera date dans l'histoire de la c.. 
-- Bon... oui, d'accord, mais c'est  pas d'eux qu'on parle puisqu'ils sont morts !"  (Il ne faut pas en faire un cas général certes mais ça fait un coup).




Bref, ce monsieur qui vit en France depuis 40 ans, qui y a travaillé tout le temps, élevé ses enfants qui tous ont fait des études n'arrive toujours pas à obtenir la nationalité française. Un article à faire tant c'est burlesque. C'est son but, il y tient, le racisme qui le touche de plein fouet le révolte mais sans colère pourtant. Cette nationalité, il y a droit et la veut. 

Il insiste sur l'impeccabilité de son cursus, celui de sa famille et de ses enfants ensuite... ce qui ne change rien pour les fonctionnaires zélés de la sous préf. Si on en demandait autant à bien des français, il y en a peu qui mériteraient de l'être.

Il propose qu'il y ait à la mairie un médiateur avec des permanences régulières, il en connait un excellent qui autrefois l'a tiré d'affaire pour une histoire d'emprunt bancaire à taux variable -augmentant  bien sûr- qu'il avait signé sans lire -il ne lit pas très bien le français-, un gars de la CGT. Il s'est proposé autrefois à Saint Ambroix et a été blackboulé par les anciens. Un médiateur ? Ce n'est pas utile voyons, ici, tout baigne, c'est connu.

Au restaurant, on parlait de moi tout à l'heure, j'ai cru à des moqueries, ce n'était pas le cas. Au contraire. 

Midi-Libre a fait paraitre une excellente photo où on voit parfaitement l'adjoint tenter de me perturber pendant que je parle. Il est à 50 cm de moi, assis vers moi et semble attendre impatiemment son tour comme à la poste. La distance cependant semble plus grande, fâcheux effet de perspective, dommage. Demain l'article: parleront-il de la grogne ? De moi ? On verra.


Bruno Manser

Dimanche 11 juillet

Happening habituel, ça n'arrange rien. Mon Dieu, protégez moi de mes amis... Midi Libre n'a pas parlé de mon affaire... ce n'était pas mal calculé de m'avoir conduite sous prétexte de négociations foireuses à arrêter "provisoirement" ma grève. Je voulais par principe rester devant la Mairie, Robin m'en a dissuadé, il voudrait feindre que les choses soient normales... on est en vacances, la vie est belle etc... J'ai eu le tort de céder : du coup, le journaliste qui parait-il m'est favorable (!) ne m'a pas trouvée, n'a pu m'interviewer, d'où la même chose pour Henry etc...

Tout est donc à reprendre presqu'à zéro. Le fait est : si je ne me défend pas ou mal (ce qui est le cas depuis le début, une mairie de "gauche", pensez, ça bloque les élans contestataires !) ce n'est pas ML ou même Libé qui me défendront. Conséquence évidente (ce que G. me dit depuis le début) : passer à la vitesse supérieure. Robin est contre mais à présent je suis en roue libre et les événements ont hélas montré que j'avais raison contre lui. Comment ai-je pu me laisser persuader d'arrêter, que tout ceci ne provenait que du hasard?

Un événement marrant (enfin moyennement) au milieu de ce bazar : j'ai perdu ma clé d'ordi avec en sauvegarde, car je sauvegarde tout deux fois, disquette + clé, des textes bruts -non toilettés-. Sans doute sur la plage de Saint Victor avant-hier soir.. R m'avait reproché la saleté du cordon, je l'avais enlevé et... plus rien nulle part, aucun souvenir d'après. On est allés dans la nuit la chercher, en vain, impossible de passer, là aussi les bords de la rivière sont à demi privatisés puisqu'il y a une barrière et un écriteau dès que la guinguette est fermée. J'ai mal dormi. On y est retournés le matin, rien. Si quelqu'un la trouve, deux cas de figure : la plus probable, il efface et s'en sert perso. Ou il a la curiosité de la lire. Deux hypothèses  encore : ou c'est un jeune qui s'en fout. Ou c'est un gus d'ici qui se bidonne. Et là, deux cas encore : ou il le montre à ses copains pour se marrer et c'est tout... ou il l'uploade sur un site et c'est la merde. Acte manqué ?  Robin rit. Moi pas. Je prie le Dieu du micoucoulier que ce soit un touriste non francophone si possible... ou un honnête citoyen qui avec mes coordonnées me la rapporte. C'est arrivé à Robin à Paris, c'est comme ça qu'on a connu Cris et Sylvette. Mal dormi, presque pas.  




Le Dieu du micoucoulier m'a entendue : j'ai retrouvé ma clef, ouf. Elle était dehors sur un fauteuil. Tess veillait à côté, c'est du sérieux, personne n'a pu y toucher. Je vais envoyer à D. pour son étude et effacer.


Et puis triste, infiniment. CQFD : des enfants du quartier sont venus pour que je les ramène chez eux, ils revenaient de la rivière, étaient passés par le chemin de St Victor dont un tronçon a été abattu... chemin  qui a été "interdit" à la circulation, d'abord par un riverain, ensuite tout à fait officiellement par la mairie -bien qu'il n'y ait pas d'arrêté municipal -qui serait illégal- juste le fameux panneau foireux "chemin dangereux"... et l'un d'entre eux s'était blessé à l'œil. Le scoop : pour aller se baigner, ils étaient passés... par la propriété même du riverain "interdicteur" !!  qui les y avait "autorisés"...! A présent en effet, le seul accès facile de la rivière est cette propriété, les bords de la Cèze étant, là comme ailleurs privatisés.  
 " Des fois il veut, dès fois, quand y a le maçon, il veut pas" m'a dit innocemment un petit, précisant : "aujourd'hui, ils ont bien voulu, c'était gentil quand même" !!!  Je crois que de tout ce qui s'est passé aujourd'hui, cette réflexion candide a été la pire. On nous vole la baguette et de temps en temps on nous octroie des miettes, encore cet enfant bien élevé a-t-il remercié.

Il faut trouver un autre type d'action. Lequel ? Je subodore que lundi il n'y aura rien... aucune illusion là dessus, Robin en convient -presque- à présent : au moins cette grève aura-t-elle eu pour résultat de lui/leur avoir montré que je disais vrai... et même au dessous de la réalité. Le procès ne m'emballe pas, malgré tout les atouts qu'il a engrangés. Ca va encore davantage m'user.

Vu D. trois minutes, une  conférence à Marseille, une autre à Aix etc... Déçue, plutôt. Il me dit la même chose que Robin. On verra après avoir réglé ça. Il y a des gens qui comptent sur moi à présent et je ne peux plus reculer sans déroger, décevoir.



Comme si de rien n'était, on est allés à la Roque. On a compris la raison de la générosité inattendue du riverain : empiétant sur la voie publique, des tuyaux, équerres, câbles électriques encombrent tout... Il ne convenait sans doute pas que les gosses ne le vissent et ne le disent à leur parents avant que ce soit fini. En revenant, un bruit d'eau soudain : de l'eau mousseuse venant de la maison se déversait dans le thalweg. Est-ce la raison de la tentative d'interdiction, tout bêtement ? C'est dans cette eau que nous nous baignions, quelques mètres en aval. Robin a pris une photo. Voir sur ce blog.

Lundi 12 juillet 2010
Moral revenu d'un bloc, étrange, cette grève m'a laissé dans un drôle d'état. Le fait d'avoir dormi dans une pièce fraîche voûtée, celle de Marguerite, son âme doit flotter quelque part ici... ou d'avoir désépaissi mes cheveux qui me faisaient si chaud... Redite, nous sommes un assemblage biochimique de molécules. A savoir pour ceux qui voudraient faire la même chose : une  grève de la faim n'est pas anodine -ce que je croyais-, même trois jours et pas totale. 

 Appelé les notaires pour la parcelle dont on a signé -et payé- la promesse de vente, l'acte devant être prêt un mois après ! dix mois d'attente, décidément, pour acheter une terre qui a coûté 50 euros, c'est plus complexe que pour Malakoff - réglé en une heure, accord, signature, les vendeurs étaient aussi satisfaits de s'en débarrasser que nous de l'acquérir, convocation une semaine après, et barka.- C'est peut-être normal. Redite: ce qui prend un mois ailleurs en prend dix ici : le temps à Saint Ambroix n'est pas une grandeur mesurable avec les mêmes outils qu'en physique classique, il varie avec, non pas la vitesse mais avec beaucoup de paramètres très sophistiqués... théorie de la relativité à revoir ici CQFD...  Je ne vais certes pas leur reprocher d'avoir perdu des papiers, mais tout de même, une administration,  des pro sérieux  largement payés, on ne s'y attendrait pas... Ca me rassure presque.




Ce soir donc le happening à la mairie, on va parler de mon cas. Marrant : il y a des gens qui sont à eux seuls des baromètres des rapport de force variables, toujours placés dans le sens du vent (mais parfois ils se trompent).
Ils sont plus précieux que des grenouilles, surtout lorsqu'ils sont un peu au courant des événements. Exemple, MM, toujours distant envers la plèbe... devenu à un moment amical, et j'écrivais magnifiquement, et j'avais un humour décapant, et on ne pouvait lâcher tel livre de toute la nuit... bon, on m'offre un sucre, je donne la patte... bien que Y. m'ait avertie avec son cynisme habituel : "c'est parce que la gauche va passer, ils prennent leur parque - je laisse la faute de frappe- avec des braves couillons comme toi." Fî! quel vilain sentiment ! 
Et il avait raison, comme toujours ! Dès que j'ai été en bisbille à nouveau, mais avec la "gauche" cette fois, il a recommencé à ne plus me "voir" sur le Portalet. En fait, j'ai de la chance, si l'on peut dire : ma situation variable me permet à présent de discerner sans erreur l'opportunisme de la bonne foi, la pleutrerie -rare mais tout de même- de la simplicité -l'engagement est si minime, goddamned-, le bon grain de l'ivraie ; parfois on est surpris, dans les deux sens. Dont acte.



Pour bien faire, il me faudrait traîner sur le Portalet afin de débusquer quelques grenouilles qui sautent et voir leurs réactions, car il en faut plusieurs pour être sûre.


J'ai fait un tract plus court, en vitesse. 

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Pour tous ceux qui ont subi des injustices aussi importantes et qui n'ont pas pu comme moi les écrire et les publier, ceci est écrit.

1 Un compteur d'eau qui ne marche pas (attesté) et vous facture 4000 euros pour deux mois (facture), à une période où ma maison n'était pas et ne pouvait être habitée (voir le mur qui se décrochait). D'où la saisie de mon compte. D'où 3 jours de grève de la faim.

Un relevé pour une famille nombreuse (9) de 74 euros pour 12 mois...

QUELQUE CHOSE DYSFONCTIONNE DANS LE SERVICE DES EAUX ! QUOI ? JE NE SAIS PAS.

2 Un chemin desservant des propriétés (et que nous avons défriché) abattu sur un tronçon... d'où privatisation de la Cèze, et la promesse de le reconstruire... depuis un an! Toujours rien, et à présent pire, on n'est plus très sûr d'avoir promis, ou bien celui qui s'est engagé n'a rien transmis etc...

QUELQUE CHOSE DYSFONCTIONNE DANS LE SERVICE MUNICIPAL. Quoi ? Je ne sais.

Si les deux situations ne sont pas réglées, je referai une action du même type ou autre. Car cela n'est pas acceptable. JE NE ME BATS PAS POUR L'ARGENT MAIS POUR LA JUSTICE ET NOTRE PATRIMOINE, c'est à dire tous.
Hélène Larrivé

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Et go !

Pas mal de succès tout à l'heure : quand on a la pèche, c'est toujours ainsi, que ce soit à la galerie ou dans une action militante. Il faut dire que mon second tract est meilleur, plus court et le panneau assez explicite. Une femme qui revient de la piscine avec ses enfants signe immédiatement, c'est une jeune mère, qui appelle une autre, également, qui signe aussi etc... Un peu triste, elle me dit qu'elle va devoir déménager: étant donné le prix de l'eau, elle ne pourra pas rester. Elle ne pourra pas payer sans d'énormes difficultés, que ce soit par mensualités ou non, ça ne changera rien...
Elle propose de fonder une assoc et que l'on se regroupe pour refuser cette augmentation : on a été prévenus trop tard, et dans son budget comme dans celui de beaucoup, équilibré au plus juste, un écart de 200, 300, 500 euros et tout bascule. Le hic est qu'il n'y a plus grand monde précise-t-elle, (les vacances) et c'est sans doute voulu. Je lui donne mon site. Une autre propose une action plus spectaculaire et marrante avec les journaux à l'appui. Décidément, les gens réagissent ! les cas sont un peu différents mais tous reliés à une gestion autocratique inacceptable qui fait litière des difficultés des pauvres... juste plus burlesque pour moi qui n'habitais même pas au lieu du "délit", c'est tout. J'ai honte de cette "gauche" que nous avons portée au pouvoir et sur laquelle nous avions fondé tant d'espoirs. Un monsieur vient exprès pour le tract, apparemment il me cherche depuis quelques jours (c'est à dire depuis mes "vacances" en attendant les diktats du Palais) et à la mairie on lui a dit qu' "ils n'étaient pas au courant ! Une grève de la faim ? Non, ils ne voient vraiment pas"... c'est un commerçant qui l'a renseigné. Déçue par l'aimable hôtesse, mais bon.  Redite : j'ai de la chance de n'avoir jamais eu dans mon boulot à forfaire.



Un couac, rare en principe et unique ce jour. Une jeune femme me dit d'un air un peu condescendant qu'elle est "tout à fait au courant".. et ajoute doctement "les fuites après compteur, que voulez-vous, ça arrive"... "Mais il n'y avait pas de fuite !" Elle ne se démonte pas, elle est tout- à- fait- au- courant répète-t-elle (!) "mais comme c'est de l'eau qui a été consommée, évidemment, on ne peut rien faire." Vertiges... qu'est-ce qu'elle me raconte avec son air pincé de je-sais-tout ? Je perds patience "aucune eau n'a été consommée puisque je n'étais pas dans les lieux, si vous êtes au courant, vous devez le savoir." Elle était allée se renseigner ? Oui. Elle repart un peu perplexe avec un geste vague et une sortie digne d'un procureur: elle ne peut en aucun cas prendre position parce qu'elle a eu un son de cloche complètement différent et que devant deux histoires n'est-ce pas... On sent parfaitement qu'elle jubile à plein orgasme de se sentir pour une fois quelqu'un d'important et compte monnayer cher son approbation circonspecte... pour une histoire dont en réalité elle se fout complètement. Il y a des gens comme ça, rares ici, en principe ce sont plutôt des politiques citadins frustrés. 



Une autre me dira la même chose, on lui a parlé de fuites, de robinets laissés ouverts... (une piscine olympique?) et assuré que tout cela allait s'arranger. Mais celle-là, plus sincère, a regardé ma facture et ahurie a signé aussitôt. Moralité, rester et demeurer. Déçue tout de même : qui raconte ces histoires de fuites ? 

H., M, passent et un petit coup de klaxon discret, geste de la main...  ça fait chaud au cœur. Une bonne journée. Je n'aurais pas pu faire ça sans manger. H. me dit qu'il y a dans un village des intrications infinies qui fondent ce type de problèmes. Je ne suis pas intriquée, ou pas intriquée comme il faut. De temps en temps, "cette-facture-sera-payée-un-point-c'est-tout" se plante devant le perron, scrutant alentours, poings sur les hanches, belle image de Hadès devant l'Achéron. Les gens qui passent s'écartent légèrement. Un curieux mouvement d'évitement, léger mais bien chorégraphié, plusieurs fois. Ou est-ce une idée? "Les rites d'interaction" (Goffman) en quelque sorte. Il faudrait plus de cas pour analyser, ce serait intéressant. J'aurais dû avoir le culot d'aborder les contourneurs, je ne l'ai pas fait pour ne pas les mettre en porte à faux. Le social est aussi un moyen de tenir le  peuple. La pire saloperie qui soit : c'est leur âme qu'on leur suce avec les miettes qu'on leur concède. On n'en sort pas, même individuellement : Totophe, qui curieusement avait le droit de vote, une erreur administrative sans doute, était allé voter Ségolène après m'avoir demandé qui il fallait choisir. Mais pour me faire plaisir, il avait bourré son enveloppe de bulletins, c'est pas plus cher.






Les "cocus" selon (...)
Un truc marrant : un gus, relié à la mairie par opportunisme, a lu un de mes blogs et m'a reproché de, je le cite "traiter les gens de cocus" (?!?) Je me marre. "Non, c'est impossible, c'est un mot que je n'emploie jamais..."... "Si ! Je l'ai vu !" ... "Où ? Je vous dis que ce n'est pas possible..."... "Dans un blog, on s'est bien reconnus vous savez..." (!?!) Qu'est-ce que c'est que ce délire ? Mot vulgaire, sens et signification confondus, peu euphonique, pas dans mon vocab. Et soudain c'est l'illumination, je me plie de rire. J'avais en effet parlé des «cocus» de la gauche et du reste c'était de moi qu'il s'agissait, ou quelque chose dans ce style. Il a fallu expliquer, un peu gênée. "C'est au sens figuré, ça ne veut pas dire qu'ils sont cocus, mais simplement qu'on leur a fait croire des choses fausses, qu'on s'est servi d'eux pour être élu, qu'ils ont été trompés" etc... Brrr... Sur les (20?) pages du blog, c'est ce mot seul qui l'a fait tilter. Bigre, le sexe, il n'y a que ça de porteur littérairement pour certains. A savoir. Je vais l'enlever. Le second degré, ça passe mal. Une erreur philosophique-pédagogique. Mea culpa.
  Demain, le marché.


Dimanche 14 juillet 

Le marché...
La plupart des gens "du matin" viennent dans l'intention d'acheter, qui des saucisses, qui les ingrédients du repas du jour ou de la semaine, voire des gadgets à bas prix parfois perdus ou hors service dans la journée... La chaleur, écrasante. C'est cela qui fait hésiter. J'ai arrêté, je suis chez Hamid. Des signatures, beaucoup, évidemment. Et un mini drame: j'apprends que de mon affaire, il n'a en fait jamais été question, en Conseil du moins (peut-être dans les couloirs mais top secret et encore n'est-ce pas sûr.) Ca s'appelle se faire avoir en beauté. Dire qu'on attendait comme des couillons devant la porte, décidément, je me crois  plus importante que je ne suis... en fait, je le suis mais pour les gens, pas pour nos élus qui font litière de ce qui doit cependant être actuellement dans le bled l'injustice majeure de leur fait, du moins reconnue et un peu médiatisée. Et même entre eux, il semble que l'ambiance ne soit pas franchement à la concertation.  Ni au féminisme. Une seule personne dirigerait, avec un collaborateur (?) qui n'est même pas élu, point barre.. Quant au reste de la troupe, elle suivrait sagement assise yeux baissés-genoux serrés à faire de la dentelle comme pendant la réunion. Qui sait ?

C'est toujours comme ça au marché, on rencontre dix personnes intéressantes (très)... et une masse de chalands chargés-harassés qui ne pensent qu'au rapport qualité/prix des poulets, des légumes et des fromages. Parfois pénibles. Normal. Mais parfois une seule personne est (malheureusement) plus importante que dix, ça joue dans les deux sens. 

Une femme (juriste) à l'esprit clair, rapide, efficace, me dit de faire un référé, Robin sera aux anges, elle semble sûre de son coup. J'aimerais la contacter ensuite, elle semble OK. C'est un cas typique dit-elle, (mais le référé est le jugement de l'urgence et là j'ai tout de même un doute : un mur qui s'abat, soit, mais de l'argent, est-ce une urgence ? Oui si on meurt de faim, ce qui n'est pas mon cas)... A voir. Il y a aussi le préjudice psychologique certes, non négligeable.




Je m'amuse de deviner à la tête des gens leurs réactions et me trompe rarement. Cette dame de 50 ans, belle et simple, en noir, sans cabas, qui vient d'arriver, (donc en retard) c'est sûr, elle lira et signera. Bingo. Celui-ci, rouge, épuisé, avec poussette et des cabas accrochés, consultant accablé sa liste, ce n'est pas la peine, il n'en peut plus... Mais si c'est une femme, elle s'arrêtera tout de même. 

Parfois les gens me font un geste de lassitude, les tracts, ils n'en veulent pas, raz le  bol, mais lorsque je dis qu'il s'agit de l'eau, soudain, les voilà qui pilent et se retournent en tendant la main "il faut l'ajouter systématiquement!" m'a dit l'une. Succès garanti. Ca me gêne un peu car il s'agit surtout de justice. Mais bon, l'eau est la base et mon histoire un paradigme. Va pour l'eau.

Donc si je résume, le calcul des intérêts de l'emprunt auquel la mairie a dû se résoudre et l'épongement de la dette par l'augmentation du prix de l'eau demeurent obscurs, personne n'aurait été même concerté-avisé, y compris dans l'équipe... et nul n'a pu obtenir les chiffres exacts, le détail de la stratégie sur le long terme etc... pas plus S. du rézocitoyen que d'autres. Robin (ou tant d'autres économistes, ça doit se trouver) dont ce fut le boulot aurait pu établir le truc gratos mais bon... L'économie, la gestion d'une dette, la stratégie de remboursement ne s'improvisent pas  et se lancer dans un tel emprunt -un acte grave- qu'il faudra bien honorer ensuite (si possible sans pressurer encore plus le bas peuple, générant un tel mécontentement, le mot est faible), c'est du culot, surtout sans en référer semble-t-il à quiconque. Le comptable de la Mairie également donneur de micro, qui répond au nom de "Gouret" (!) apparemment n'en saurait sur ce point crucial pas plus que... n'importe qui : une décision qui aurait été prise encore une fois non pas en triumvirat mais en duumvirat et fissa, d'où le procès de la jolie dame en colère pendant la réunion. La rapidité n'est pas un défaut mais tout de même, aucun de nos deux supposés "triumvirs" ne semble assez qualifié (seuls) pour nous engager ainsi durablement. 



De fait, l'équipe est assez unanimement désavouée, c'est une litote. J'arrive à point nommé en somme, bien que mon histoire au fond soit particulière (mais toutes le sont.)


Mais des scories aussi. Il y a l'inévitable qui me dit: "Mais madame, il faut ab-so-lu-ment faire opposition aux prélèvements!" Passons. Il insiste, il est du genre coriace. "Si, je vous assure, c'est faisable, je l'ai fait moi même avec Aquaboulevard... Ils m'avaient…" Et de se lancer dans une interminable saga de 100 euros qu'il a trop envie de distiller point par point dans toutes ses péripéties, c'est sa gloire et sa victoire, pas moyen d'y couper... Il est si fier de lui qu'il empêche les gens de lire. Je parviens quand même à lui dire pendant qu'il reprend son souffle que le fisc n'est pas Aquaboulevard mais il faut le lui répéter x fois car il repart comme un yoyo arrivé en bout. Puis hélas il a une autre idée. "Mais alors, il suffit de dire à la banque de.." Apparemment il ne sait pas ce que prélèvement sur salaire veut dire, il n'est pas fonctionnaire, tant mieux pour lui. "Parce que moi j'aurais immédiatement séché mon compte et barka, d'ailleurs, j'ai un copain qui..." Non ! C'est une autre saga qui se prépare mais avec Darty cette fois. 

Cette fois je coupe et ça ne lui plaît pas du tout.  Il devient agressif. "Vous êtes en train de vous griller au soleil pour rien, à quoi ça rime tout ça, je vous le dis, une grève de la faim, mais ça ne changera rien, c'est perdu d'avance, vous êtes conne ou quoi"-sans agressivité pourtant-... Rare à ce point tout de même, unique en le cas. Seigneur, qui va me délivrer de cet abruti ? 


Sexy 

Robin arrive à point nommé, je le lui refile... et je l'entends repartir sur l'affaire "Aquaboulevard" dont celui-ci n'a pas encore pu bénéficier, sauf que Robin sait se débarrasser de ce genre sans hausser le ton, ce que Fred appelle la jouer suisse alémanique. "Notre cas est autre, excusez-moi" et il le plante bouche ouverte au milieu d'une phrase à suspense palpitant... Coït interrompu, le gus cherche quelqu'un pour éjaculer, il n'y a personne car le soleil et lui ont fait fuir tout le monde, il s'en va alors  mécontent en maugréant : "les gens sont égoïstes, ingrats (!) et cons, ils se fichent de tout, faut pas s'étonner après si tout va si mal" etc... Ouf. 

Une solution pour dégager ces scorieurs est de leur donner la pétition : comme leur but n'est que de gloser sur leurs histoires qui ont toujours fini en happy end grâce à leur sagacité... cherchant à les assimiler même si elles n'ont rien à voir, orgasme coupé, ils filent aussitôt. Il faut y penser.

Dans le genre plus sympa, quoique... il y a la dame BCBG de 50 (?) ans au moins, brushing impec malgré la chaleur qui me questionne net et clair au fil des idées, pas idiotes certes: "Avez-vous vu l'association des consommateurs?" Oui. Résultat : zéro, j'ai juste payé mon inscription. Il aurait peut-être fallu insister (?) "Un médiateur ?" Il n'y en a pas. "Mais il en faut un!" Certes, mais il n'y en a pas vous dis-je. Le seul que l'on m'ait indiqué est à Alès. Je lui ai téléphoné. Résultat ? Un coup de fil. Ce n'était pas son secteur. Et rien. Peut-être aurait-il fallu là aussi insister (?)"Et un avocat ? vous savez Madame, vous pouvez demander l'aide juridictionnelle et quelqu'un pour vous aider dans vos lettres, je sais que ce n'est pas simple pour certains !"  Dit avec juste ce qu'il faut de condescendance et de gentillesse mêlées; exaspérant. Ouais. Merci. Elle m'"explique" aussi dans la foulée, sans que je puisse y couper, que la pétition ne sert à rien et une grève de la faim encore moins.


Ce n'est pas la première fois que ce genre-là se méprend, c'est même classique... ainsi à Clamart, au petit supermarché chic, une rombière énervée, pendant que je rangeais péniblement mes emplettes dans un sac à dos s'était exclamée très fort, avec ce même ton auto-satisfait "moi, quand ça m'arrive, au moins je dis "je m'excuse!""... et à ma réponse "et en ce cas vous êtes deux fois impolie"... elle s'était immédiatement justifiée: "oui je sais... ça ne se dit pas, mais parfois il arrive qu'on ne parle pas exactement comme on le devrait, c'est excusable..." donneuse de leçons devenue élève tancée sur sa syntaxe en une seconde. 

L'autre était plus lente et lorsque je lui dis que les lettres, je savais faire -en fait c'était même un peu mon job- et que je n'avais pas droit à l'aide juridictionnelle, elle partit perplexe, là aussi élan coupé, ça ne collait pas au schéma habituel... Oui ma belle et tant mieux.

Des gens sympa aussi. Surtout à la fin du marché. Signatures et idées (mais réelles et originales, téléphones) etc... Ouf, ça remonte le moral après le héros d'Aquaboulevard et la charitable douairière.  Par contre,  M. est passée, mais cette fois à un mètre et a feint de m'ignorer comme d'habitude, sauf que normalement c'est de l'autre côté de la rue... Ca ou le soleil ? Je me suis endormie comme une masse l'après-midi. 



Jo est passé juste avant, je lui ai refait une lettre, rien de mirobolant, quelques secondes à peine...


Mais Robin s'énerve, je suis trop accaparée par tous, la soude que C. a mis pour déboucher a coulé partout dans la galerie, ça empeste, le jeune n'a pas su lisser le mur, il y a des vagues partout... bref des vacances à plâtrer, à traiter, négocier et à attendre le résultat de décisions du Palais, pas génial.

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Il est vrai. Cette grève m'a entraînée plus loin que prévu. Dévoilant d'autres affaires, plus graves souvent et d'un autre ordre. J et le saccage de son terrain, et à présent Djamai, qui veut devenir français et vit une saga dont le résumé sous forme d'article est en fin de blog : une détente, penser à autre chose de plus important...

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Vu H. A la mairie, il semble que certains soient un peu choqués tout de même... à voix basse, quoique de moins en moins basse...  et qu'il y ait des mouvements souterrains. Merci aux courageux. Drôle d'ambiance. Ca rappelle des souvenirs. On vous dit mais il ne faut pas dire et cela x fois. Appel du Kurdistan encore. Miracle du net. Diarbakhir la ville martyre que j'aimerais tant revoir à présent...



Mercredi 14 juillet

Robin est au Ranquet -il est parti alors qu'il venait me rejoindre chez Momo où j'envoyais des mails... dès qu'il m'a vue entourée de gens- me disant que je l'appelle si je voulais qu'il revienne me chercher. Il  devait se doucher, étant plein de plâtre.

A présent il est deux heures et demi, j'ai essayé de lui téléphoner en vain, il doit dormir à poings fermés. Il y a pas mal de types saouls en ce 14 juillet et rentrer à pied... niet.




Ce que je lui fais subir est pénible : il oscille d'une seconde à l'autre entre joie romantique et indifférence agacée. C'est normal. Venu me voir, comme pour des vacances, il se trouve propulsé au front et ne me voit pas... Et les gens d'ici (mes amis) le fatiguent parfois. Moi, non. Cette affaire nous éloigne et nous rapproche aussi. (NR Il s'y fera plus loin et ses réflexes de militant efficace joueront à plein, mais après coup.)

Il vient de m'appeler et me demande pourquoi je ne suis pas venue. Il n'a pas entendu le téléphone et propose de venir me chercher -en fait il a dû s'endormir sans s'en rendre compte-. Je refuse.



Cela ne regarde que nous ? En un sens, mais il n'est pas mal de souligner a minima les conséquences les plus graves des injustices sociales dont on ne parle jamais : divorces après licenciement (banal) ; violence conjugale après surendettement (aussi banal hélas); drames familiaux après une erreur judiciaire (l'affaire Clövers) ; traumatisme de guerre affectant les relations amoureuses ("Noces kurdes") ; racisme ou ostracisme obérant définitivement la sexualité ("La plus haute des solitudes"*) etc... Nous ne sommes pas des machines et, de ces "artefacts" inchiffrables mais bien plus importants que les préjudices matériels, il faut aussi faire mention. 

* Tahar Ben Jelloun fut le premier à parler de la sexualité problématique des immigrés réduits à l'abstinence pendant des années (ou à avoir recours à la prostitution ce qui est une autre forme d'abstinence)... et des conséquences de ces vies hachées  anti naturelles... immédiates et à long terme (définitives  parfois) sur leurs affects et leur socialité... dont la majeure est évidemment le manque de confiance en soi et l'impuissance... Priver un homme ou une femme de sa sexualité, le/la castrer symboliquement est sans doute la blessure la pire que l'on puisse lui infliger. J'avais été en effet gênée à l'époque par certains regards -pourtant très soft- sur Marie-Jo lors de réunions dans des foyers sonacotra où il était clair que devant cette walkyrie prêchant le marxisme, certains vivant seuls depuis des années pensaient à tout autre chose qu'à la lutte des classes...  


Les copains faisaient la bouche en cul de poule : tout de même, parler de "ça", ce n'était pas politique, et quel rapport avec le combat social ? Tu rigoles ? Le sexe, ça compte pour toi comme pour eux. Mise à feu immédiate : anarchiste ! Stirnérienne (insulte suprême).. Reichiste (un cran en dessous)... Stal !

Rien de plus prude et cul-bénit qu'un gauchiste toutes tendances confondues, et les cocos sont souvent pires, pardon Jacques, Pierre, Christiane... on se demande même s'ils font pipi-caca. Dans les Cévennes, c'est encore plus marqué : L. n'osait mentionner le cancer du sein d'une camarade et à ma question "y a-t-il atteinte ganglionnaire?" devenu rouge, me répondit, mal à l'aise, qu'il ne savait pas. Ils n'en parlaient pas ("c'est gênant pour un homme"). Si brillant en public qu'il enflammerait un auditoire en récitant le bottin, il n'ose demander à une amie côtoyée  professionnellement depuis 20 ans l'état de ses aisselles. Sacré cocos. -A ce propos, il n'y a pas d'atteinte ganglionnaire = guérison quasi certaine.-    


Mercredi 14 juillet 5 h et demi PM  
Les mouches
Nouveauté détestable : j'ai trouvé un ruban attrape-mouches au Ranquet, j'ai les cheveux pleins de glue... et une vingtaine de petites bêtes les ailes dans la colle, les pattes s'agitant, la tête tendue, semblant supplier qu'on les sorte de cet enfer de mort lente. Elles m'évoquent les femmes qu'on a vues lors de la réunion engluées dans des factures qu'elles ne pourront honorer (moi également.) Je les ai décollées délicatement et n'ai pu en sauver de façon sûre qu'une, les autres sont sur les marches mi ombre à sécher après un bain de lessive et rinçage, mais la plupart ont une aile arrachée et sont condamnées. Je me suis mise à pleurer. Foldingue? Les bouddhistes trouveraient ça normal. Sauf que je ne suis pas bouddhiste




A moins comme dit Ma. que je ne le sois sans le savoir, comme Monsieur Joudain faisait de la prose.
Plus probable: cette grève m'a laissé quelque déséquilibre biochimique qui va se résoudre... inch'allah. 



Jeudi 15 juillet
Forme revenue et cependant... Il faut trouver une autre stratégie. Je la tiens. L'imagination au pouvoir...




Vendredi 18 juillet
C'est reparti. Vu Bernard Bruyat, contact de poids... il m'attendait devant la mairie et s'était renseigné... et on lui avait dit à lui aussi que l'affaire était réglée! discussion intéressante avec Robin sur l'économie (comment se passer de l'argent)... Sylvie va appeler les abjecteurs de croissance (je laisse la coquille) et un sitting devant la mairie avec FR3, ça le fait aussi tout à fait... 

 Je recommence bas, un coca ce soir et sans doute demain un café, et plus rien. Beny, complètement saoul comme d'hab me surveille attentivement, je l'ai vu fouiller derrière les panneaux, comme il le faisait lors de mes trois premiers jours de grève de la faim... Je l'ai engueulé... il est si fier de deviser  amicalement avec la "haute"... "J'ai vu Monsieur le Maire" m'annonça-t-il d'un ton d'importance un soir que je peignais la fresque "et je peux te dire qu'il aime pas du tout ce que tu fais, ta fresque par exemple"... Passons. Mais il m'aime bien pourtant. "Cache toi simplement si tu manges" m'a-t-il rétorqué. Personnage à facettes, comme tous.


En vrac... Des femmes qui ont demandé l'étalement de leur facture... qui a été refusé aux impôts ("impossible pour une si petite somme" aurait-on rétorqué à l'une, seule avec son gamin, pour laquelle 10 euros comptent !) du coup elles veulent lancer un mouvement de contestation... et ne pas payer! Soit pour celles qui le "peuvent", ça risque de les marginaliser un peu mais peut-être ont-elles ont raison au fond... Quant à celles qui ont un salaire, si petit soit-il, ce n'est même pas la peine d'y penser, elles seront comme moi directement ponctionnées et hop.  Ca n'encourage pas les gens à travailler, surtout au SMIG.





 Des gitans aussi viennent me dire qu'ils ont reçu une facture énorme alors qu'ils viennent juste d'arriver, on leur a conseillé de venir me voir.. .(!) Ils veulent aller protester -une jeune femme est assez agressive- et... me demandent de venir avec eux. OK. 
 



Le soir les gens sont "mieux". Un couple avec lequel nous avons parlé presqu'une heure, ils vivent en Suisse, le mari, qui travaille avec le net, voulait acheter une maison ici (les prix sont abordables dit-il) mais cette affaire ne l'encourage pas... la jeune femme, passionnée de littérature, observe que Saint-Ambroix est surnommé Sainte Ambrouilles, et que ce n'est pas pour rien... Cette réput du village s'étend donc jusqu'en Suisse... Un peu honte. Elle a vécu ici un temps et en est partie à cause d'histoires semblables qu'elle ne précise pas. Mais les noms de certains "héros" de cette saga, elle les connait fort bien. Brrr... jusqu'à Genève, on fait florès !

Un hollandais parlant anglais qui s'enquiert de la fiabilité de nos compteurs, je crois comprendre qu'en Hollande ils les changent tous les trois ans... 

Un monsieur âgé de Gagnières qui écoute attentivement, comprend immédiatement... et signe avec ses encouragements.  Un collègue sans doute, dommage, il n'a pas le net.
 

Un couac, évidemment, la (jeune) femme élégante des HLM qui vient me faire part de sa facture exorbitante, elle est allée protester aux impôts... on lui aurait dit qu'elle était bien habillée et coiffée (!)  CQFD : demander des délais c'est s'exposer à de délicates observations... Mais elle ajoute hélas, inconsciente du comique de sa formule "qu'il faut s'appeler Mohamed ou Fatima ici pour obtenir un étalement et surtout pas Dipietro comme moi."  Et re et re et re... Je n'ai même plus eu le courage de relever... C'est grave en fait, il ne faut pas s'habituer, j'aurais dû gueuler...


Donc contrairement à ce qui a été dit, beaucoup se voient refuser de payer en plusieurs fois et examinés-scrutés de manière inacceptable: faudra-t-il aussi que ces dames montrent leurs sous vêtements pour démontrer qu'ils viennent de monoprix et non d'une boutique sexy ?

Je vais dormir. Le panneau est une simple toile, plus explicative... lisible aussi. Je l'utiliserai ensuite pour peindre par dessus. Crevée. Parler fatigue. 


Samedi 17 juillet
Nuit excellente quoique courte : malgré les apparences, cette voiture est aussi confortable qu'un lit, du moins le mien. Travaillé un peu le soir... Le matin, Robin vient me réveiller... café, petit bonheur matinal, j'ai décidé d'une grève avec café, obligatoire car je vais devoir parler, parler, parler... Mon panneau (une simple toile mais cette fois bien écrite) est très lisible et, sans que je ne m'en sois aperçue, beaucoup de gens stationnent ou ont stationné devant, discuté... pendant que je dormais, non visible du moins j'espère. Depuis quand et depuis combien de temps? Peu ont osé se servir du tract placé sous la lettre en pile... Toilette rapide aux WC de chez H. Pas l'idéal mais bon...

Djamel arrive immédiatement au troquet, sans doute attend-il depuis ... un moment : ça devient le bureau. Le public du marché aux puces n'est pas le même que celui du mardi. Les gens flânent, chinent, il y a de pauvres étals mais parfois avec des trésors mal présentés... et surtout ils lisent, prennent le temps. Presque tous signent. Vu une belle jeune femme à qui on a escompté une "location de compteur" pour un appartement qu'elle avait quitté depuis (1?) an... même cas que moi en moindre : "prouvez le (que vous êtes partie): pour nous ce compteur est toujours en votre nom et vous nous devez 28,56 euros que multiplie 23,45... divisé par... multiplié par... pour la taxe de... égale.. bla bla"... Fritage, elle n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds... et si j'ai bien compris -mais il y avait beaucoup de gens et tous voulaient jouer leur partition- soudain son garage n'est plus accepté, re fritage et on lui répond que deux adjoints ne sont pas d'accord... et parmi ces deux, celui que J. appelle "guenille"dans le rôle de l'homme fort, je le croyais même un pro, militaire ou truc du genre mais non. De droite m'a-t-il dit, là je comprends mieux, ça cadre avec mes schémas. Elle s'en va donc... et voit son garage resurgir sous son nez peu après.

Une autre à qui on a refusé l'étalement de sa facture d'eau... je lui dis qu'elle a un droit de réponse dans Midi Libre, même si le journaliste n'y est pour rien, il n'a fait que relater les promesses de l'adjoint-donneur-de-micro, qui si j'ose, s'est gouré. Une autre encore à qui on a fait une "estimation" catastrophique alors qu'elle n'était pas dans les lieux... prélevée puis remboursée mais longtemps après etc... Les cas ne sont pas tous identiques, je ne sais ce qui est juste ou non (parfois cependant c'est évident) et il m'est arrivé -avant hier- de refuser qu'un gus ne signât la pétition : il avait lui-même apposé une pastille à un locataire récalcitrant sur la base qu'il payait à sa place, et il râlait après que le service de l'eau l'ait contraint à l'enlever. Ne pas tout mélanger.




Puis le mini drame – et cependant je n'en suis qu'à mon deuxième jour- : une femme qui m'a ''eue'', je m'en veux encore. Haut fonctionnaire aux impôts à Nîmes (?) annonce-t-elle tout de go, peu amène, l'air de celle qui va définitivement trancher mais exige preuves sur preuves... et surtout allégeance, c'est Saint Louis à elle seule, et cependant je ne la vois pas venir, elle est minuscule et semble fatiguée : une fonctionnaire des impôts aussi, pensez. Elle commence par la litanie habituelle, comme si elle constituait un dossier à étudier ensuite... Pourquoi n'ai-je pas... etc ? Et me questionne en salve serrées. Notamment elle doute de manière assertorique déplaisante de ma facture ''ce que vous dites est impossible madame, faites attention vous vous discréditez''... me regardant comme si je voulais lui vendre du poisson pas frais... et ça continue avec ses questions : ''comment sais-je que...'' 



 Puis elle me reprend sur un terme qu'elle feint de ne pas comprendre et me recommande (limite menaçante) d'éviter de dire ce qui n'est pas ''vrai'' confondant intentionnellement mensonge et vocabulaire inapproprié (en fait je dis la même chose mais autrement)... et elle s'enquiert soudain d'un ton de procureur de qui aux impôts m'aurait dit que... (sous entendu ''je vais voir ça de près, ça va chauffer''). Puis la stroumpissine ajoute, méprisante : ''la guichetière je suppose?" Je réalise soudain que je ne sais pas réellement à qui j'ai à faire... peut-être une pseudo mythomane, avec le recul cela semble à peu près sûr, les ''vrais'', modelés par des études et concours, se montrent en général modestes, polis et naturels... mais dans le doute... je lui réponds que c'est la femme de ménage... Elle m'assure qu'elle ne ''voit pas ce qu'elle peut faire pour moi'', je la plante enfin en rétorquant qu'elle ne fasse surtout rien, je préfère... Et elle s'en va satisfaite -elle a obtenu ce qu'elle voulait- en me lançant que "mon agressivité ne joue pas en ma faveur, du reste elle va se renseigner elle-même car de mon fatras tendancieux, on ne peut absolument rien tirer"… Se renseigner... sur moi ? Mauvaise foi, tentative d'esbroufe (''je vous dis que ce n'est pas possible''), harcèlement (''pourquoi ? Non ça ne se peut pas. Comment ? Je vous dit que c'est impossible''), mégalomanie (''je ne peux rien faire pour vous''), c'est bien une administrative en effet... mais de quel grade ? Les subalternes savent parfois à merveille copier leurs chefs avec juste un peu plus d'outrance odieuse.

Je retourne à la table... il y a Djamel et Robin... et je craque. Il y a des gens qui jubilent d'une souffrance ou d'un simple embarras chez l'autre et l'accentuent encore sous prétexte de les comprendre ou pire, de les pallier... Détestable certes... Frustration ? Tempérament particulier ? Lorsque j'avais été contrainte de passer l'entretien -collectif- préalable au ''stage'' de proviseur (en fait je l'étais déjà malgré moi et m'ennuyais comme un rat mort) on avait tous subi d'étonnantes questions en série rapide : ''aimez-vous l'autorité? humilier les gens ? Le détestez-vous ? Quel effet cela vous fait-t-il de refuser quelque chose ? Rien ? Plaisir ? Honte ? Tristesse ? Appréciez-vous que les gens insistent ? Cela vous fait-il perdre vos moyens ou au contraire vous stimule ?... Seriez vous capable volontairement de militer pour une injustice ? Comment ?'' Je n'ai jamais su quelles étaient les bonne réponses mais on pouvait deviner le pire et ça m'avait laissé un goût amer.


Sans doute cette dame a-t-elle subi avec succès ce genre d'épreuve ? La joie d'abaisser l'autre ou pire, de feindre qu'il s'abaisse... de le voir se dépêtrer dans des difficultés insurmontables en restant sur la berge tout en haut au sec, de faire comme s'il requérait un service perso -à examiner- quand ce n'est pas le cas, est-ce naturel ?  Il y a une personne par jour de ce type sur cinquante ou davantage. Nietzsche parlerait de frustration sexuelle mais c'est un obsédé. N'empêche, me voilà fragilisée en une journée seulement.
 

Puis le reste est OK. La plupart des gens contrairement à la stroumpissime des impôts pigent vite, ahuris tout de même de la démesure de mon affaire (4000 euros, merde).

Un couple de bouddhistes sympas avec qui je parle longuement -ils ont eux aussi compris immédiatement- m'invitent à une réunion, ça va s'arranger... du coup, je leur parle de mon expérience étrange juste après la mort de ma mère et ils me disent que j'ai là atteint l'état de Bouddha, ça a l'air de les intéresser... je sais déjà par des amis bouddhistes que c'est décrit dans leur iconographie comme tel... Du coup, je suis si élue (je laisse la coquille, c'est ''émue'' évidemment que je voulais écrire) que j'oublie de leur parler de la pétition. Rebelote: je serais bouddhiste sans le savoir. Moi, j'en doute mais bon...
Et puis ô stupeur, le maire qui m'attend ! et me dit finalement que mon cas sera étudié en commission... "de fuite." Commission de fuites ? Ca devient de plus en plus loufoque... et d'autre part  je n'ai pas de fuite. Il faudrait plutôt créer une commission-sans-fuites qui me sera réservée j'espère, à tout seigneur... Robin ricane: "dans l'administration, lorsqu'on veut enterrer une affaire, on crée une commission" dit-il. 
Une ex collègue de Clémenceau avec ses enfants et son mari. Elle se souvient de moi... moi, à peine. Touchant.



Un couple de témoins de Jéhovah aussi, je ne m'en étais pas aperçue: agréables, simples, pas de prosélytisme cette fois, on se connait, ils venaient à Anduze devant chez moi avec leur livrets tous les jeudis... Elle n'a pas de retraite, lui gagne peu, le prix de l'eau leur semble exorbitant... par moments je suis si fatiguée que je ne donne même pas la pétition.

J'ai un peu dormi (sur ma chaise). Et pris un -petit- chocolat; un goût exquis. Lorsqu'on ne mange pas ou quasiment, la saveur des choses s'exacerbe. Tout paraît délicieux. Il est particulièrement cruel de faire cette grève tout près d'un restaurant, les odeurs me gênent. Voir manger les gens m'agace, m'attriste -un peu- surtout s'ils sont gros ! je deviens conne. 

Je suis à l'intérieur du troquet pour pouvoir recharger mon portable, la nouvelle serveuse grande et belle m'a demandé pourquoi je faisais la grève de la faim, c'est la seule qui l'ait fait, je n'ai pas eu la force de le lui expliquer mais lui ai donné le tract avec le site, ça économise des mots. Et comme on ne me voyait pas dans l'arrière salle, elle s'est inquiétée de moi auprès de son collègue: elle a eu peur que j'aie eu un malaise aux WC. Des gestes comme ça... touchant, là aussi. 



Je retrouve ici ce que disait Viesel sur son expérience des camps de la mort, honte à moi,  en microcosme, divisé par mille milliards de trillions : les hommes sont capables du meilleur et du pire. Un petit geste, c'est tout. Une phrase, "où elle est la dame qui fait une grève de la faim?" Sont-ce les mêmes et qui le peut ?

Le machisme parfois! La femme veut lire, le mec pas et l'entraîne... ou pire, le mec lit et la femme attend sagement derrière lui qu'il ait fini sans même regarder. Cela ne se produit presque jamais dans l'autre sens. Rare mais je l'ai vu aujourd'hui deux fois. Lorsque les gens sont seuls -je veux dire pas en couple- par exemple une mère avec ses enfants, des copains entre eux, une bande de jeunes, des femmes ensemble... cela ne se produit jamais. Le couple est le lieu de l'oppression.












Dimanche 18 juillet, 3 h du matin !
Des jeunes gens des HLM me cherchaient vers 11 h, on leur avait parlé de moi, ils sont visiblement écœurés par les factures d'eau : un véritable drame chez eux. Ils sont admiratifs que je fasse "ça" pour tous, car eux ont immédiatement compris les raisons de ma voiture stationnée devant la mairie et de ma grève -partielle encore-. Au bout de la colère, ils sont prêts à en découdre, veulent venir à la Mairie etc... Je leur parle de moyens plus efficaces que la violence, du sit-in, ils signent tous avec fureur, à en trouer le papier et emportent une pétition vierge pour la faire signer. "Ma mère, tu parles si elle sera d'accord... la Monique, qui fait que pleurer depuis, Magali, c'est elle qui nous a dit de venir, et Pierrot, il sort plus etc... Comiquement, ils supputent ce qu'ils vont ramener. Je me sens requinquée... et bouleversée. 
  (Note après relecture : en fait, pas un ne viendra le lendemain...)


Je rends grâce au Dieu du micoucoulier qui m'a offert cette facture de 4000 euros me permettant à présent de voir plus loin que ma galerie, le kurdistan etc... Chez "moi"! On parle à bâtons rompus de la vie, des parents, du lycée, (d'herbe aussi).. et ils me disent avec philosophie que dans leur existence faite d'angoisse de fin de mois, de parents désespérées, de mépris vis à vis d'eux en tant que pauvres, d'exclusions, "on passerait son temps à boxer tout le monde sans l'herbe". A retenir.  Il faut leur proposer quelque chose d'efficace, de non violent et de porteur. J'achèterai demain des tableaux et on écrira au feutre de couleur ce qu'on voudra, artistiquement si possible et ce blog, "dazibao virtuel" deviendra réel... J'imagine qu'ils écriront le montant de leur facture... et/ou leurs revenus mensuels... puis on coupera la toile et on se l'accrochera tous au dos. Pas mal. Efficace, porteur... et ça évitera les fritages. 

Robin dit qu'il faut proposer autre chose pour payer la station d'épuration et la dette contractée sans notre avis car la question est là... D'abord, baisser les salaires de nos élus, ensuite, il y en a deux ou trois voire quatre surnuméraires dont on pourrait très bien se passer et ensuite, trouver. Robin se débrouille plutôt bien pour ça... Il faudrait aussi une commission populaire qui pèse sur les décisions prises et exiger l'accord de tous. Après tout, c'est nous qui payons. 




Les gendarmes passent et re passent... Un peu culpabilisée de leur occasionner ce surcroît de travail. Je sens bien les choses à présent, sauf que ça va beaucoup plus loin que prévu.    



Dimanche 18 juillet, 6 h 30 mat
Un aléa grave. R. avait attaché les deux chiens au même câble (il y en a deux, assez éloignés l'un de l'autre afin qu'ils ne s'enroulent pas, qui leur laissent 25 m de déplacement calculé ombre soleil, avec deux confortables niches)... Il n'a pas l'habitude. Béni soit le dieu qui m'a fait revenir pensant que j'avais oublié le chargeur de mon portable... qui se trouvait en fait dans la voiture. Il faut faire attention : le stress fait parfois commettre l'irrattrapable. Du coup, j'ai mangé deux sucres. Les animaux sentent d'instinct le danger : ils ont eu l'intelligence de ne pas bouger, mais jusqu'à quand auraient-ils pu résister avec le soleil le lendemain ? Il ne faut pas baisser la garde pour les choses quotidiennes… 

Une rencontre... de celles qui mettent le moral. Au moment où je vais enfin me coucher (!) -j'ai tout noté de la discussion avec les jeunes au fur et à mesure- un gars de mon âge s'avance vers moi... Sur le coup, je le déplore presque, j'ai trop sommeil, pitié, mais bon... Je ne le connais pas mais il sait ''tout''... ça repose, nul besoin d'expliquer, il était à la réunion et depuis s'est renseigné (ce que j'aurais fait à sa place). J'apprendrai ensuite qu'il est un pro du renseignement ! 

Sa théorie est juste, évidente: dans le village, une structure féodale : une pseudo ''élite'' profite de la naïveté -réelle- des gens -une bonne majorité- pour les exploiter ouvertement ou les maintenir dans la sujétion sans la moindre vergogne, toutes tendances politiques confondues, je simplifie. Il a quitté le village comme moi fort longtemps et comme moi est revenu, même les dates coïncident … avec une joie mêlée d'exaspération. 

Cette structure pseudo féodale, on l'a vue avec les ''anciens'' et à présent, dans mon cas du moins, on la voit avec les ''nouveaux''... Les premiers étaient sans doute beaucoup plus ''hard'' -il semble qu'il y en ait même un qui ait à présent quelques ennuis avec la justice- mais bon enfant, natures et sympa en apparence. Tout se passait à la bonne franquette et à leur manière ils étaient aussi naïfs que ceux qu'ils exploitaient (exemple ces factures d'eau de 50 m3 tout ronds, trognon); les ''nouveaux'', plus distants, assertoriques, se sont fait haïr en un rien de temps autant -voire davantage- que leurs prédécesseurs malgré une gestion, mis à part quelques ''détails'' dont je fais partie, peut-être plus autoritaire mais sans doute plus saine, sans forcer ! (A voir tout de même.

Il me dit que les choses étant ce qu'elles sont, ça va se régler assez vite. Vite, ma foi, la notion est particulière ici car cela fait 2 ans que ça dure. Soit mais je souligne que mon affaire a dévoilé des drames plus importants qui la dépassent largement.. Il m'encourage, je serais "une battante, ça va le faire, les medias etc..." Je ne regrette pas la demi heure de sommeil perdue... Malgré sa profession ("je suis de l'autre côté de la barrière" me dit-il lorsque je la lui demande) je me sens très proche de lui.

 

Réveil tardif, volontaire. Il faut dormir faute de manger. La planche m'isole assez bien de la chaleur, pourtant torride, c'est à noter, le bois, même de peu d'épaisseur, est un excellent matériau.

Acheté un table et deux chaises; enfin je peux être autonome, mis à part le chargement du portable et la douche. Plus pratique aussi pour la pétition. Je m'organise...


Vu un jeune couple sympa désireux d'acheter eux aussi, ici, car ce n'est pas cher. Des intellos. Mon histoire les estomaque. Ca fait "tiers monde" observent-ils. Ils signent et me souhaitent bon courage. Une embellie de temps en temps. Je leur parle tout de même des fouilles du Dugas, honteuse de n'avoir eu que mon affaire à leur conter. Lui va souvent en Afrique. Sa profession est originale, détective privé. Un roman que cette histoire ! Après le militaire spécialisé dans le renseignement -à la retraite- du petit matin, voici son confrère en quelque sorte. 

 Vu de frère d'une amie d'enfance que j'aimais beaucoup, Betty, que je recherchais depuis longtemps... -elle n'habite plus ici depuis longtemps.- Par lui on va se revoir... Finalement, pas une si mauvaise journée. 

Mais vertiges, de plus en plus pourtant. Je suis presque tombée plusieurs fois. Si ça se termine mal, restera ce blog qui peut-être fera changer les choses ensuite. Futile ? Peut-être, peut-être pas. Il faut y croire ; on part d'une facture (fausse ? En tout cas inexacte) et on arrive à bien davantage parce qu'au fond ce n'était pas la question. Juste une question de dignité et de justice, une paille !

Ca ne va plus très bien. Je m'affaiblis, mais moins que lors de la première grève parce que je bois davantage et prends du café ou des boissons sucrées de temps en temps... sauf qu'il semble à présent que mon cerveau dysfonctionne -légèrement-. Un exemple: j'ai cru qu'on m'avait volé les clefs de ma voiture alors que c'était R. qui les avait prises -machinalement ou acte manqué-... et j'ai forgé là dessus tout un scénar incriminant deux jeunes gitans qui avaient louché sur mon portable de manière insistante juste avant... Racisme sous jacent ? Aurais-je réagi ainsi s'il s'était agi d'autres ? L'habitude des loubards de Vitry, autrement plus hards que ceux d'ici ? Un peu tout. Donc mon entendement n'est plus tout à fait fonctionnel : comme n'importe quel crétin, j'ai implicitement posé l'équation gitans = voleurs. Le stress y est pour une part. Honte à moi.

Attention à ne pas dériver vers la pseudo hallucination -ou transformation tendancieuse sincère de la réalité de manière funeste- des malades. Au fait, le racisme est-il une maladie ? Je suis devenue ''malade'' par l'absence de nutriments ; en ce cas de stress grave, le corps pare au plus pressé, cœur-poumon et cerveau mécanique... l'entendement ma foi, n'étant pas une priorité vitale... ça c'est sûr, il n'y a qu'à voir certains ! Ca rappelle ce malade mental de Saint-Anne -maniaco dépressif- qui, disait-il comiquement, ''sentait'' venir ses crises maniaques ''parce qu'il se mettait à devenir raciste juste avant''... signe que le délire clastique -global- était proche. A voir avec des neurologues.





Et puis, un paranoïaque a souvent été d'abord un persécuté... qui a mal tourné. Ne retenons de cette fournée (je laisse la coquille) que le fait d'avoir peut-être retrouvé Betty et rencontré des gens intéressants, même s'ils ne vont sans doute pas rester... C'est le problème de la spirale aspirante : d'un univers délétère -même si ce n'est le fait que de quelques uns- les gens sains partent. Ne restent que ceux qui sont idoine ou ont été affectés, et ça empire ; c'est pour cela qu'une lutte même minime est importante. Et affectée, je suis en train de l'être.

Lundi matin
Nuit bonne, toujours, finalement cette voiture me convient bien. C'est le soleil cette fois qui m'a réveillée, je m'étais un peu déplacée car je gêne H. pour son restaurant, quoique la place que j'occupe soit marquée... Il faudra que je recule à nouveau car cela me fait perdre une heure de repos et j'en ai besoin.

Lundi 19 juillet, soir
Ratage à demi, à demi seulement, une série de malchances, Sylvie s'est pété un pied -le stress, le déménagement et le changement de yourte l'ont sans doute épuisée-, des "objecteurs" sont en vacances, et FR3 n'a pas été prévenu à temps par la coordinatrice, ils ne savent pas s'ils vont pouvoir venir -car ils filment en Lozère- mais ils vont essayer... et finalement ne pourront pas arriver. Ce n'est pas grave car  l'affaire est à présent au long cours et je ne lâcherai pas. Il faut seulement trouver des idées porteuses. Michel lui-même qui a tant fait, a été coincé à l'agence, seul -les vacances-. 

Mais ce fut une excellente soirée tout de même avec des amis de Bernard (une d'elle habite à côté de chez nous à malak !), J. , D.. etc... Huit personnes seulement mais les gens qui passent sont attirés par nous, les affiches, bien faites, et le contact s'établit tout de suite: ils sont tous unanimement écœurés. En fait, il y a eu moins de monde que le matin où j'étais seule ! mais ça ne fait rien, c'était  infiniment plus porteur avec des gens avec qui on est en phase qu'avec ceux qui -ce matin- requéraient plus ou moins de l'aide -bien que ce soit plus important bien sûr.- Eux m'en apportent, ça fait une belle différence! Il y a Lydia -Lydia !- belle et radicale qui explique -le nez dans le guidon, nous ignorons parfois l'actu plus importante- les gens condamnés dans des manifs huit ans de prison! et les violences policières, P. intello et artiste qui comme moi refuse le terme... Jeanne qui revient de Malakoff...

Racines

On s'est bien marrés. A refaire évidemment, cette fois autrement, un cran plus haut. A remarquer tout de même, ce qui corrobore ce que je sentais : du village, deux seulement sont venus malgré les promesses de disons 20 au bas mot ! Personne notamment des jeunes des HLM surexcités de la nuit précédente, ni leurs parents qui les avaient envoyés.  Pourquoi ? Ce ne sont pas des militants, c'est sûr, seulement des gens de bonne volonté révoltés -ponctuellement-  mais qui n'ont pas idée de la manière de mener une lutte... raison du reste de leur sur exploitation ! Ici, un rendez vous est toujours un peu aléatoire, surtout lorsqu'on est au chômage ou harassé par le quotidien, on vient ou on ne vient pas, ou on vient à 22 heures quand il était prévu 18, ça ne porte pas à conséquence. Ils perdent ou n'ont jamais acquis l'habitude des contraintes sociales, du temps, de la bagarre même, se livrant à des explosions violentes qui font illusion puis s'en retournant dans leur coin sans avoir la force de sortir. Et puis leur vie entière est faite d'aléas : il y en a peut-être qui ont eu un accident, un drame imprévu, une histoire qui a provisoirement obéré tout le reste...  Sur ce point, mon analyse diffère de celle de B. qui a perdu espoir dans l'efficacité des luttes populaires en général ; je crois moi à leur sincérité et même leur réveil. Leurs propos ne sont pas seulement comme il le pense des foucades de café du commerce.

Cercle vicieux : s'ils en sont là, c'est justement parce qu'ils n'ont pas su se défendre ni même eu l'idée qu'ils le pouvaient : comment les faire changer en si peu de temps ? Leur violence que B. dit tartarinesque, je la crois réelle. Comment leur demander de défendre quelqu'un d'autre -ce n'est pas tout à fait le cas ici mais c'est tout de même le point de démarrage-? Cette situation paradoxale, je ne suis pas fâchée de l'avoir démontrée à Robin qui, moins inscrit dans le village, plus ''parisien'', avait du mal à comprendre : je suis à la fois entourée, parfois louée, soutenue... et totalement seule... la ''maman''. Soit. N'empêche : s'ils ne s'aident pas eux-mêmes, qui le fera ? Et cependant, mystère des foules, on le sait bien, il en faut peu pour que ça clashe. Demain peut-être y aura-t-il le déclic -mais un déclic durable- imprévu, à partir d'une autre affaire par exemple...

Désengagement ou engagement versatile sont le fait de ceux qui ne pensent même pas qu'ils peuvent vraiment compter. Lorsque j'étais allée vérifier à Nîmes que le chemin de la Roque était bien cadastré comme communal, le seul des "enfants" -13 à 18 ans- qui attendait (impatiemment !) mon retour fut le petit parisien en vacances... bien que mon départ quatre heures avant ait été perçu par tous comme une expédition de renseignement déterminante. Il a eu juste une geste d'interrogation de loin, j'ai fait un signe de tête... et il avait levé les deux bras, exultant. Etonnant que ce soit lui qui se soit montré plus soucieux de notre patrimoine que les enfants d'ici qui s'en étaient retournés à leurs occupations sans plus y penser.



Racines

Autre hypothèse cependant, plus funeste: des pressions. Des adjoints dont "cette-facture-sera-payée..." sont restés de l'autre côté de la route, installés sur la terrasse du café  d'en face ou  carrément sur le perron de la mairie. Les gens les redoutent sans doute, surtout ceux qui sont le plus révoltés contre eux, c'est à dire les pauvres. Comment demander de l'aide -ou seulement l'étalement des factures- si on a été vu en compagnie de dissidents ? Prévu. Ca rappelle tout de même les femmes battues qui, après l'avoir agoni pis que pendre, dès qu'elles sont rafistolées, retournent avec leur compagnon malgré promesses et idées vengeresses égrenées en leit motiv des jours et des jours. 
 

Je suis à peu près sûre que ce soir, lorsque je serai seule, les jeunes sont revenir me voir avec les mêmes formules guerrières définitives. Il faudra que je leur explique que ce défoulement qui obère l'action est malsain... et refuser de les écouter. J'ai malgré moi joué le rôle d'un psy apaisant... mauvaise pioche. C'est pourquoi en général les militants refusent souvent  d'entendre des doléances précises et ce type de discours... ce que je ne fais pas.

Des gens qui signent aussi... beaucoup certes. Bon, ce n'est pas si mal mais loin d'être fini. Bernard propose de faire l'intermédiaire et de me relayer sur la table, avec d'autres copains à tour de rôle. 

Prendre garde tout de même à ne pas faire le jeu de la mairie, c'est à dire à alourdir une affaire simple, (après les "commissions de fuites," et sans doute les "sous commissions sans fuites" ou de "fuites qui se sont réparées seules" etc...) ils maîtrisent l'art de complexifier, de noyer le poisson,  et mine de rien, ça nous coûte, car je présume qu'il y aura un expert ès fuites et un expert ès non fuites, payés évidemment pour leurs prestations... comme le jeune "spécialiste des cas difficiles". Je crois que demain je vais aller à la mairie avec mes affiches en tea shirt. On verra.   
 

Mardi matin 20 juillet
Une heure du mat
On a enlevé la voiture de la place à cause du marché, parlé -beaucoup- avec les copains. Joie, la vie redevenue normale, presque, car je sais d'expérience qu'il me faudra quelques jours -trois à quatre- pour récupérer complètement moralement -les ''hauts'' et les ''bas'' demeureront encore longtemps- et après, le repas à la guinguette... 


Récup au cimetière dans les poubelles : les plantes étaient vivantes et refleurissent !

Matin: le marché. Toujours le soleil, les gens épuisés, l'espace trop étroit pour les poussettes, les vieux, les infirmes de fait sont exclus... Ce n'est même pas la peine de distribuer les quelques tracts qui me restent encore. Je suis arrivée à la Mairie trop tard pour voir P. il est juste parti... et peut-être est-ce mieux : il y a des lieux plus propices, ces locaux finissent par me mettre le bourdon et me rendre agressive... ou me donner le fou rire parfois – ''la commission de fuites'' par exemple, qui a eu un bon succès d'estime dans le public éclairé-. Je fais comme un blocage. 

Dans le couloir de la mairie, il y avait trois ou quatre messieurs membres du personnel ou assimilés en file... avec, toujours, cet air mi figue mi raisin de gens naturellement sympas mais qui devant l'odeur de soufre et de fagot que j'exhale de loin, mettent parfois un demi, un quart ou à peine un huitième de bémol, ça dépend, l'administration, c'est très délicat : ''bonjour... bonjour... bonjour... bonjour...'' On aurait dit des condoléances à une famille navrée lors d'un enterrement... et ma foi c'était un peu ça. Sauf que c'est juste l'honneur qui est décédé et qu'ils n'y sont pour rien.

 Cet après-midi, je m'y recolle...
 

Et je n'ai rien fait ! Epuisée; manger me crève, je m'étais habituée à mes trois orgeats-trois cafés et encore pas toujours. Digérer me donne sommeil, je suis une larve, je n'ai pas encore récupéré. Plus la chaleur...  Demain peut-être. On est tout de même allés voir Sylvie. Belle soirée dans lumière au clair de lune devant sa yourte. Son histoire est emblématique et marquera le village et bien au delà. Un courage exceptionnel. 


 

On s'est bien marrés, le pauvre maire de B. devant les camions des décroissants et du Dal, -pas des tendres, le Dal- juste avant son procès en expulsion de sa yourte ("occupation en "réunion" -?- en vue d'y habiter d'un espace bla bla bla... ! en "réunion" ? sauf qu'elle est seule, ce qui a fait foirer la combine des promoteurs vocatifs qui voulaient la virer)... le pauvre type embarrassé, les c. coincées entre deux pierres, lorgnant la caméra comme s'il s'était agi d'un serpent à sonnette prêt à le mordre... immortalisé par la vidéo qui nous avait tellement réjoui.  "Vous me parlez de pressions que j'aurais subies de la part de... euh... promoteurs... mais là... bon, des pressions... euh... (regards vers les 40 copains occupant)... des pressions !! Surtout qu'en plus on m'annonce encore trois camions en route qui vont arriver tout en l'heure, alors... hein, des pressions..." On s'était pliés de rire. Et oui, coco, être maire comporte quelques aléas.

Demain, Bernard va me relayer... Puis d'autres. Beaucoup d'objecteurs sont en vacances hélas ou sur un autre chantier. On va devoir être en roue libre ou quasiment, quoique les choses parfois se débloquent imprévisiblement. 



Sylvie me donne la pèche: si elle y est arrivée (dans des circonstances bien plus hard que moi) je peux le faire aussi. C'est si minime mon affaire. Elle aussi a défriché un chemin communal, qui à présent est bien fréquenté. Une murette a été refaite également à sa demande. Il faut croire que la mairie de Bessèges est plus réactive... ou que son combat est plus vendeur, plus romanesque en tout cas. Son passage à la télé aussi l'a portée finalement, même si elle était réticente. Une jolie femme en hiver dans une yourte colorée expulsée par des promoteurs, ça le fait plus que les  glauques affaires d'un village hélas plus connu pour celles-ci que pour ses vestiges -peut-être- mithraïques. Et cependant, ces petites gouttes mises bout à bout détruisent autant les gens, davantage même puisqu'elles passent inaperçues. Peut-être suis-je au bout ?


Mercredi 21 juillet
Il fait gris, béni soit le Dieu du micoucoulier, ça me va parfaitement. Je vais pouvoir m'installer confortablement devant la mairie. Comme tous les matins depuis que j'ai recommencé à manger -peut-être trop d'un coup- j'ai la nausée. Quelques troubles intestinaux aussi. Ca bruite là dedans comme dans ma tête. Des hauts et des bas encore. Epuisée, à un point que je n'imaginais pas. Ma goinfrerie est en la cause, il fallait y aller soft. Déséquilibre biochimique sans doute. 

A présent, oui, il faut que ça cesse. Ma vie, mon intégrité valent si peu ! Comme celle de tous les exploités, de ceux qui ne savent pas se défendre -mais je sais-je mieux, moi qui suis soi disant philosophe? ... de ceux qui arrivent ici avec le sourire (mon bled, qui m'a recueillie autrefois)...  et à qui on dit "vous devez 4000 euros" on ne sait jamais ça peut marcher et CA MARCHE... de ceux à qui on démolit  une maison (merci la justice certes)... et de ceux qui, le soir, sur les marches de la mairie, hurlent après la vie qu'on leur inflige, prêts à tout casser ou taguer... et ont tout oublié le lendemain. Ou ont peur d'une qui, poings sur les hanches, les regarde sur le perron parce qu'elle a -ou le croit -le pouvoir et ça la change agréablement de ce que -peut-être- elle a subi.  Et en un sens elle l'a puisque le pouvoir est d'abord persuasion des masses de lui-même, un vide certes, une illusion, qui devient réelle-... de ceux à qui on vole un sac de farine et à qui on laisse lécher les poussières et qui disent merci... de ceux qui sont ou furent mes amis et/ou camarades et parfois ne bougent pas d'un poil ou dans certains cas (pour mon bien certes) me sapent le moral (ils ont peur que je ne meure)... de celles qui sont battues et retournent à leur bourreau dès qu'on les a rafistolées pour en reprendre une dose etc... 
 


Qu'au moins ces séries d'injustices soient, deviennent visibles comme dirait Bernard... à travers moi transparente. Un milieu où celui qui truande (permis de construire foireux en série ou autres combines même pas originales -je ne connais pas tout- car originaux ils ne le sont pas, et ce n'est pas difficile de gagner de l'argent, si seulement ils usaient de leur talent, assez minime, pour le village et non pour eux)... un milieu donc où les dégourdis ont pignon sur rue,  -forcément- ils sont devenus riches donc puissants donc redoutés donc à lécher, ils peuvent vous nuire... et ceux qui rafistolent ou tentent de limiter la casse -autant que faire se peut- sont mis à l'amende, harcelés et crachés...


Aller déjeuner avec R. Qu'est-ce qui me prend ? Il me prend la fatigue et l'écœurement et sans doute une fragilité cachée soudain révélée par l'absence de nourriture quasi totale de 3 jours deux fois de suite -et la chaleur là dessus-.

Des jeunes femmes encore, alors qu'on est avec R. et qu'on a commandé chez Momo, la même histoire qui revient, on leur a coupé l'eau pour 100 euros et lorsqu'elles sont allées à la mairie protester,  personne à chaque fois... Robin a tenté de leur expliquer qu'on allait créer une commission avec l'observatoire des pratiques communales pour éclaircir les choses, fixer des règles de gestion afin d'éviter qu'il y ait des gens coupés pour 100 euros etc...  Mais l'une est partie, un copain l'attendait et l'autre a tourné la tête. Je crois qu'elles avaient décroché au mot "commission" et je ne les en blâme pas. 



Il y a des gens si nombreux ici que j'appellerai  les "raves", (révoltés à vide) qui après les litanies (larmoyantes ou guerrières) dévidant à la chaîne les injustices qu'ils ont subies, s'en vont se rencogner devant leur demi panaché ou avec un copain qui les appelle pour voir un match. 

A la relecture : c'est faux, je suis trop dure, troublée par l'expérience de lundi où sur 20 attendus, trois seulement sont venus du village -encore pour l'un était-ce uniquement pour que je lui fasse une lettre!- Rave, je le suis aussi -en un sens- : le stress de ceux qui vivent au minimum, toujours sur la corde raide, jonglant avec l'angoisse, soumis comme tous ceux qui ne comptent pour rien à toutes sortes de pressions, et il leur en faut peu -une facture d'eau qui double, simplement- sont conduits à la versatilité, comme on boit pour oublier... Ce qui semble résoudre les problèmes sur le coup et en fait les aggrave. Simplement, il en faut davantage -d'injustice et de stress- lorsqu'on a des revenus et/ou une assise intellectuelle et sociale, 1300 euros dans mon cas sans compter les livres, aléatoires, deux "  best sellers"  , un bide, le reste étant moyen... (je parle comme éditrice, et à la mesure d'un toute petite de province, et non de ma casquette auteur avec éditeur -parisien- où malheureusement se trouve mon seul vrai best seller car  question fric, ça n'en vaut même pas la peine -je ne touche que 8% des ventes c'est à dire rien, et la littérature engagée se vend mal, peu importe). Je sais ce qu'il faut faire pour gagner de l'argent -comme auteur- je ne vais pas ici le dévoiler  -car ce ne sont pas que des amis qui me losent, génial, je laisse la coquille-  je l'ai fait pour un copain dans la merde et ça a marché, mais pas pour moi. Pas de vantardise : si j'étais réellement dans la même situation , je le ferais c'est évident. Après tout ce n'est pas pire qu'autre chose. 




Redite : il est bon que cette quantité de stress et d'injustice géante   me soit tombée dessus car je peux ainsi mieux comprendre ceux qui vivent tout le temps dans cette situation -pour des affaires qui semblent moindres, semblent seulement-... mais de fait il m'arrive également de réagir comme eux, mal :  rancœur déplacée, énervement, versatilité -moindre car l'expérience de la militance m'a appris à résister-, mauvaise diplomatie, maladresses... Tout ce que j'ai écrit sur les gens de Saint Ambroix doit ici être à biffer. C'est une c. Mais il est bon qu'elle soit exprimée au fil des jours tout de même car cela montre que nous sommes tous soumis à ce type de  comportement inapproprié, absurde et même cruel, qui va à contre sens de nos intérêts et surtout de la vérité et de la justice. TOUS. Prof de philo, prolo, bourge, intello, ignorant...
 


Et d'autre part, le stress divise les gens. A fleur de peau, éreintés, ils finissent par se tromper de cible, se disputer entre eux alors que l'ennemi est ailleurs, tranquille et c'est le même. Diviser pour régner. J'ai au moins la satisfaction de ne pas m'être faite avoir sur ce coup.. lorsque "cette-facture-sera-payée" mais aussi certains parmi mes amis m'ont "lancée" et avec quelle vigueur! contre ma locataire... je devais l'attaquer, la faire raquer (selon l'adjointe au social !) ou au minimum ne plus saluer J. (selon C., plus réaliste) etc...  Je ne me suis pas laissée convaincre mais avec C. il a fallu ferrailler ! On ne va pas attaquer plus pauvre que soi pour une affaire si foireuse, la famille n'est pas comme ça isn'it ? D'une part, j'aurais perdu l'honneur, d'autre part, on ne tond pas un pou, et surtout ça n'aurait pas été juste. CQFD.

Diviser pour régner, de la part de ceux qui sont responsables, cela se conçoit et c'est confortable : pendant que les pauvres s'étripent, ils sont peinards. En réalité, on l'a vu, elle n'y était pour rien puisque les factures -certes minimes- avaient bel et bien été payées ! Problème insoluble du reste. Scénar de thriller ou de roman picaresque... que ce compteur vraiment farceur qui marque ce qu'il veut... puis meurt de sa belle mort, mais après un dernier sursaut d'énergie qui lui fait cracher in extremis ses 4000 euros... J. me disait bien que juste avant la mort, on a parfois une sorte de rémission incompréhensible -et une lucidité soudain quasi parfaite- ainsi tante qui  est sortie de sa léthargie, m'a souri, demandé l'heure d'une voix quasi normale -miracle?- et a dit que c'était l'heure de dormir... retombant aussitôt. Le coup du compteur donc. 
 



Spleen passé, à demi... je sais que ça va revenir...
La table devant la mairie, finalement, ce n'est pas si mal... Robin est 
allé chercher un cutter pour couper les tableaux, je vais m'en faire un tee shirt... Il s'est laissé pousser la barbe, ça lui donne un  air de révolutionnaire mexicain. Des gens regardent les affiches un peu estomaqués. Une dame -celle au petit chien obèse qui n'arrive pas à marcher- a signé... et me dit qu'on était dans une configuration planétaire exceptionnelle et qu'il allait se passer de grandes choses en août... Quoi ? Sans doute la résolution de nos affaires... Lorsqu'on est mal, les gens ne s'arrêtent pas. Normal. Là c'est ''moyen''. 
 

J'espère que B. n'a pas eu d'ennui. J'ai l'impression que ça peut durer tout l'été. Il faut, comme dirait M.J., le prendre ''comme une étude de cas en vue d'une histoire sinon vous deviendrez folle.''

De la violence conjugale aussi, juste à côté de nous ! mais cette fois c'est un homme qui a morflé, une belle estafilade au bras, large, nette... j'appelle le médecin à sa demande et un répondeur me renvoie à un autre... qui me dit qu'il est dans son cabinet et ne peut rien faire pour ''moi'', (toujours pour ''moi'' ! décidément je porte les drames du bled toute seule) ça sera pour ce soir quand il aura fini ses consult ! Authentique. Les commerces  ferment, plus de médecins... mais heureusement il y a encore les gendarmes. Ils sont arrivés assez vite. Savent-ils recoudre un blessé? Le tiers monde en effet.




Bernard arrive enfin. Ouf, il n'a pas eu d'accident. Beny passe, pas trop saoul pour une fois... et nous explique doctement comme à son habitude ''qu'il y a des antibiotiques dans l'eau, qu'il l'a dit et que c'est pour cela qu'on l'a enfermé chez les fous.'' Je doute un peu qu'on l'ait bouclé seulement pour cela – sa dipsomanie le rend parfois violent- mais Jeanne confirme: il y a en effet des antibiotiques dans l'eau. Simple, cher Watson : les gens en prennent pour rien, ils les chient, les stations d'épuration laissent filer, on les ingère à nouveau, on les excrète encore et l'ensemble finit par faire une assez bonne concentration. On boit plus ou moins notre merde... et les bactéries et antibio qui vont avec. Beny précise qu'on en ajoute aussi car les canalisations sont vétustes et sales. Est-ce exact? Il n'est pas si mal renseigné finalement, ayant vécu toute sa vie dans le camp de nomades, juste à côté de la station d'épuration. A voir ce soir sur le net. 

Dans la même veine catastrophiste (quoique...) mais plus drôle, Bernard et Robin affirment que les hommes sont en train de se féminiser à cause des hormones  femelles (la pilule) excrétées et réingérées... à voir encore... Le fait est que la quantité de spermatozoïdes dans un éjaculat est parait-il beaucoup plus faible à présent qu'elle n'était il y a 10 ans et diminue régulièrement de plus en plus. La nature fait bien les choses : on se reproduit comme des lapins et souvent c'est les plus pauvres qui en font un max. Comme cette petite jeune femme de 23 ans qui a déjà cinq enfants... que son mari lui aurait fait retirer, qui se morfond -également pour sa facture d'eau qui a doublé-… et passe son temps devant des bières et se fait plus ou moins embarquer tous les soirs. Passons, c'est peut être la détresse qui la fait ainsi agir, je deviens cul béni.
 

Plus aucune patience. Deux autres sont revenus comme prévu avec les mêmes histoires de facture et de coupure... Robin a encore une fois tenté de leur parler de l'observatoire des pratiques locales et globales de... passons aussi, il faut tout de même garder espoir et Bernard est excellent pour ça. Mais je trouve le discours un peu sophistiqué, je crois qu'ils ne se rendent pas compte qu'on n'est pas à Vals ni à Paris mais à Saint Ambroix, ville pas particulièrement réputée pour sa vivacité intellectuelle. J'en suis.




Mais le must -et le clash- ce fut deux hommes de mon âge qui se sont moqués de moi, en termes au début sympa tout à fait tolérables, on a le droit e se marrer... puis pour l'un, beaucoup moins... ''pour une fois qu'on a une mairie de gauche tout de même... vous n'allez pas...''  Là, j'ai craqué, j'ai hurlé tout ce que j'avais sur le cœur... en termes disons ''virils'', rare et il y avait un public en face. Choqués les gus, ils partaient en faisant des yeux comme des soucoupes lorsque Bernard et Robin les ont rattrapés et leur ont parlé...


Moi, je me suis remise à mes panneaux, je n'écoutais plus,  raz le bol de devoir me justifier surtout lorsque les exigences sont visiblement  spécieuses... apparemment ça s'arrangeait grâce à Bernard et à Robin.. il s'agissait d'artistes (?) qui, ont-ils dit ensuite, attendaient la gauche depuis 60 ans... comme moi. Ils se sont excusés, moi aussi, à la fin tout baignait... l'un a même dit qu'il allait parler de mon affaire à un pote à lui, W., le coiffeur-footballeur-adjoint à la culture (ça le fait aussi) on est multifonction dans cette équipe lorsqu'on est un mec... quant aux femmes, une prof d'histoire comme K. par exemple, on l'a collée aux chemins ruraux, crapahutage dans les restanques assurés etc... c'est ce qui s'appelle la bonne répartition des tâches et la parité... Certes, on peut être coiffeur et excellent écrivain, ici c'est le cas ; prof d'histoire et sportive, ici ce n'est pas vraiment le cas... mais la littérature -et non certes l'écriture qui peut être un don inné en dehors de toute culture classique, exemple Steinbeck-... la littérature donc s'apprend, comme le foot ou la coiffure... et l'inverse eût été préférable pour tous.



Bref le monsieur agressif-sympa-aimable va parler de cette sombre affaire à W.... comme s'il ne la connaissait pas... c'était gentil tout de même et je l'ai beaucoup remercié... comme on remercie un enfant qui vous offre un collier de nouilles lorsque vous avez perdu votre sautoir de famille... salut à la prochaine... J'étais émue, réellement, aux larmes -je  dois manquer de quelque chose encore- (j'aurais sans doute pu dire et faire la même chose que lui, quoique peut-être pas, pas devant quelqu'un qui a fait 3 jours et 2 fois de suite une grève de la faim)... Jeanne, beaucoup moins, elle pense qu'ils ont juste voulu jouer leur partition. Robin dit qu'ils étaient simplement obnubilés par les piles de leur portable, mission impossible, le petit magasin -qui vendait les téléphones- lancé par de jeunes courageux a fermé après un cambriolage, incapables de faire face aux traites et aux travaux malgré l'assurance...

Heureusement qu'il y avait les copains : j'ai bel et bien craqué, pour la première fois et en public. Ensuite, on est allées avec Jeanne voir la galerie, moi en femme-sandwich avec les affiches. Elle a aimé. Bernard propose de s'installer quelques jours ici, quel bonheur... Jeanne doit remonter à Malak mais va redescendre aussitôt. On en profitera pour voir Sylvie. Petit à petit, il se crée des choses, des liens, des rencontres. Je me sens moins seule. Observation : aucun de ceux qui m'entourent -je veux dire efficacement- ne sont vraiment d'ici, du moins à l'origine.




J'ai acheté des fruits : D n'a pas voulu que  je paye. Touchant... et gênant à la fois... Il y en a qui manifestent leur solidarité de cette manière. Décidément, je suis devenue mendiante et plus ou moins SDF... 

Il faut aller prendre des nouvelles du gus que sa femme a blessé. Pas trop grave mais il était ''KO'' et complètement blême sous le coup de l'émotion. Une histoire d'amour qui a mal tourné. Ca peut arriver partout. Mais ce n'est pas partout qu'il n'y a pas d'urgence médicales.

Et on n'y est pas allés malgré toute notre compassion superficielle ! R. voulait voir la vidéo de l'émission sur Sylvie... qui l'a tellement ému qu'il en a renversé son verre d'eau sur l'ordi ! j'ai dû aller fissa le sécher, le redémarrer... et reconfigurer la wifi qui en avait profité pour se barrer... Fini à 1 h. Moralité : ne pas jeter la pierre à ceux qui ratent des RV :  c'est dans les situations de stress qu'arrivent les accidents, minimes ou graves.  Et la leur, toutes proportions gardées, est identique à la mienne. J'ai été trop dure -et conne- envers eux. Mea culpa.
 


Exemple, depuis cette grève, on a : 
1 perdu les clefs de la maison x fois, cherché, aller-retour, fouillé...
2 celle de la voiture -en fait c'est R. qui les avait-: dépanneuse etc... 
3 failli bousiller l'ordi...
4 failli laisser s'étrangler les chiens par une mauvaise attache 
5 esbougné -un peu- la voiture de Fred
6 perdu ma clef d'ordi d'où une expédition à minuit à la plage de St Victor où je supposais l'avoir oubliée -en vain-...
7 perdu mon numéro de CE -d'où désespoir de la guichetière qui a dû par gentillesse le rechercher ; à Paris, on m'aurait envoyée balader, ici, ils ont l'habitude des couillons comme moi etc... 

8 égaré -et retrouvé- un chèque important -mais ça c'est courant-

Donc si moi qui suis dans une situation relativement favorisée, je débloque -un peu- que dire de ces jeunes désespérés d'avant-hier ? Les incriminer est injuste : c'est justement un des effets pervers de l'exploitation et/ou du harcèlement, factures qui doublent, humiliation d'avoir à quémander un délai, de devoir étaler ses misères devant qui-de-droit-pas-sympa... que de conduire les pauvres à perdre les pédales et à ne même plus voir la manière parfois évidente de se défendre... et à se braquer les uns contre les autres; je n'ai pas fait exception, preuve que le système est bien fait. C'est grâce à ce blog qui met tout à plat (et que je toilette après lecture) que je réalise mes erreurs -et injustices- et je les rectifie. Une sorte d'autopsie de ces affaires au jour le jour. Des éléments pour une étude sur la manipulation... ou un roman -mais ça je ne sais pas faire, c'est pour un autre-.





Une embellie rigolote : une femme que je connais, bien que je doute qu'elle se souvienne réellement de moi, la plus jolie fille de la plage de St Denis autrefois, corps de déesse que tous les mecs reluquaient tandis que nous, les "petites" -14 ans- pataudes dans des maillots "une pièce", bavions devant ses bikinis au soutien gorge à balconnet qui semblaient offrir ses seins superbes à l'admiration de tous.. a acheté deux livres -Chants philosophiques- et m'a demandé de les lui dédicacer. Sur l'affaire de l'eau, elle ne sait pas trop... je n'insiste pas: elle fait partie de la bonne bourgeoisie de gauche un peu emmerdée, et autrefois, ne nous voyait même pas. C'est déjà bien qu'elle ait acheté mes livres, ce qu'apparemment elle fait régulièrement. Le village, quoi. PO est donc une lectrice. Magie de la littérature.


Et une autre aussi, un ancienne instit, femme d'exception qui a su autrefois imposer à une Lydie récalcitrante de me faire passer en CE1 (dont je suivais déjà les cours -c'était une classe unique-) bel acte de bravoure pour celle qui, plus jeune que ma mère, avait d'abord été son élève ! "Je ne veux pas qu'on en fasse un singe savant"... L'héroïque avait tenu bon : "à quoi ça sert de la laisser en CP puisqu'elle suit de toutes manières les leçons du CE1 ?" Gagné à l'arrache. Bien ? Sans doute. Mais plus tard, à 12 ans, se retrouver avec des filles de 14 maquillées et choucroutées qui ont honte d'être vues avec vous, se moquent et vous mettent à l'écart, passons... Une autre lectrice donc. Jubilatoire de parler à tant de gens à la fois en un seul mouvement. 



Je réalise que je fais une sorte de signature "sauvage", et ma foi ce n'est pas rien ici. DF soi-même  (qui se la pète un max... "et j'ai été à Oxford et à la MIT... et j'ai fait une émission sur radio truc etc"...) venue à Saint-Ambroix superbe après invite de Midi-libre et un joli article avec photo classe a passé sa journée à s'emmerder derrière des cartes postales "poussez-vous  ou baissez juste la tête, excusez-moi, merci, désolée..." et n'a vendu aucun bouquin.. Elle est repartie en se jurant de ne plus jamais remettre les pieds dans "ce pays de ploucs" ... En fait, elle avait à la fois tort et raison : le livre était déplaisant, genre je suis une intello brillante et viens vous offrir mon regard sur ces contrées poétiques certes mais où on se demande vraiment comment on peut vivre... succès à Paris ou à Anduze où les Cévennes se vendent toujours bien, mais ici... De plus, les gens ne lisent pas ou très peu. Même MK aux innombrables best sellers n'a vendu que cinq livres lors de sa signature -annoncée-... et c'était un succès -à la mesure de St Ambroix-. Encore un qui ne reviendra pas volontiers... en fait il était surtout venu me voir.

Donc une signature "sauvage". Bigre. C'est un peu inquiétant aussi : je me demande s'ils ne pensent pas que pour la prochaine grève, j'irai jusqu'au bout et veulent garder de moi quelques lignes perso avant ma disparition. Avis : je compte tout de même m'en sortir sans -trop- de casse. Mais merci tout de même de me lire.



Le jeune garde surdimensionné est venu -avec le sourire- avertir les gens d'enlever leurs voitures de la place, il va devoir verbaliser incessamment sous peu, il se prépare un vide-grenier. Bon succès d'estime sur la terrasse où des belges ont été charmés: "Qu'est-ce qu'il sont sympa ici !" Mais il n'a pas répondu à ma question: est-ce que cela concerne aussi l'autre place -où j'ai ma voiture-? Il doit avoir ordre de ne pas me parler. Ce regard que je pose heure après heure,  jour après jour, sur le village, le plus fidèle possible, telle une caméra à grand champs qui tourne dans tous les coins sans rien rater dérange certains il faut croire. Ce sont les aléas de ma situation, les aléas de l'écriture aussi. Relater, filmer inquiète: on est bien entre soi, pote closes (je laisse la coquille !) C'est des affaires privées, particulières, on se mêle uniquement de ce qui nous regarde et ce qui nous regarde, c'est notre pré carré, point. Chacun s'isole, croit être seul dans sa déréliction... et c'est ainsi que les injustices perdurent... ce qui me pousse à continuer. Je n'ai que "ça"... et ma foi, c'est mieux que rien, c'est même essentiel -sauf qu'il y pas mal d'illettrés ici, mais ça cause, ça cause...- Je vais tout de même voir, si ça se trouve, il est en train de me verbaliser. St Ambroix ! 

Le vide grenier ! au début, je n'arrive pas à avancer, tout le monde s'arrête, me parle : qui a vu sa facture doubler, tripler... qui n'était pas là... qui a eu une fuite etc... Il faut distinguer les cas : ceux comme le mien, inexplicables, reliés sans doute à des compteurs "farceurs" (consommation identique voire moindre et cependant triplement de la facture par exemple); ceux qui hélas proviennent d'une consommation habituelle normale "simplement" multipliée par deux (!) en raison de l'augmentation ; et tant d'autres,  souvent panachés, telle cette "vieille" dame ("votre âge à peu près" m'a dit gentiment le vendeur de la superette) à qui on a changé le compteur, qui escomptait 300 euros comme d'hab et se voit avec 1300, alors qu'elle est pourtant seule à présent... Ces compteurs sont décidément par trop capricieux et il conviendrait de les vérifier systématiquement.





J'ai enlevé mon panneau pour pouvoir avancer. Ce soir, j'ai le moral. Mais à supposer que l'affaire soit réglée, ce qui est loin d'être le cas, en arriver à TROIS JOURS de grève de la faim... DEUX FOIS DE SUITE c'est tout de même révélateur d'un dysfonctionnement drastique. La gauche ! Rien ne sera plus comme avant. Un peu honte d'avoir porté cette équipe au pouvoir, si peu que ce soit. (Et ce n'est pas peu.)  

Vendredi 23 juillet, matin   
Le coup de l'homme sandwich a fait un tel tabac avant hier (j'aurais dû faire ça plus tôt) et surtout hier au vide grenier (où beaucoup de gens vendaient ce qu'ils avaient pour payer  leurs factures d'eau !) que ça tournait à l'émeute... Il en faut si peu ! c'est là qu'un membre du conseil (le seul à qui j'accepte de parler) est venu vers moi avec des propos relativement rassurants. 


J'ai toute confiance en lui : avec sa femme et quelques autres, ils ont infatigablement œuvré autrefois contre la décharge polluante -de P ! toujours lui décidément...-  et de manière efficace et déterminante ; sans eux on l'aurait peut-être encore... (note : la merde est ce qui rapporte le plus après la drogue...) et ma mère à 80 ans (!) avait à l'époque tenu des "piquets" d'arrêt ; il s'agissait de se mettre au milieu de la route et de faire s'en retourner les camions arrivant d'Allemagne, rien de grave, ils n'était nullement agressifs et ("ya ya! Yavool!") faisaient demi tour sans histoires... Lorsque j'étais venue en vacances, j'avais même organisé les "tours" et les "postes", le moins couru étant  de 3 à 6... Je l'avais donc occupé une seule fois... en compagnie de BN qui, malgré son travail éreintant, avait trouvé l'énergie de perdre trois précieuses heures de sommeil, maquillage impec, sapée lady, c'était trop marrant à 3 heures du mat dans la nuit d'hiver devant un vague feu de bois, en bas d'une décharge qui puait le cadavre... Encore  moi, allais-je dormir à 6 heures mais elle, travailler toute la journée d'un seul élan. Il y a des femmes comme ça. "C'est mon devoir" avait-elle dit simplement. Les espagnols !


Moins trois kilos ?

Donc j'ai confiance en lui certes MAIS IL A PEUT ETRE ETE MANIPULE sans le savoir. Je me méfie à présent systématiquement, il faut le comprendre : lorsqu'un employé du service est eaux dit devant un élu "ce compteur était payé par Mr E, même qu'il rouspétait parce que ça faisait cher"... élu qui le lendemain ne se souvient plus... puis, mémoire revenue, affirme sans rire qu'il devait s'agit d'un autre compteur !!! on peut légitimement se défier. Par conséquent je continue. J'ai lancé une mode. Il y a des femmes qui se sont organisées et refusent de payer. 




Du chemin, plus important que l'eau -car c'est pour tous- il semble aussi qu'"on" ait parlé mais là, il n'est pas sûr. DONC JE CONTINUE. 

Mais surtout....
Bernard (Bruyat) qui se définit comme "chercheur indépendant et sécessionniste" initiateur du "CRAC" (cercle de réflexion et d'accompagnement à la commune) a écrit une lettre à la mairie de St Ambroix... la voici, je ne résiste pas à l'ajouter. Je l'ai un peu simplifiée tout de même ! 


OBSERVATOIRE INDEPENDANT DES PRATIQUES DE DEVELOPPEMENT RURAL ET COMMUNAL 
à 
Monsieur le maire de St Ambroix

"Le rôle des citoyens dans un système démocratique est d'être acteur et non serviteur; le pouvoir élu est là pour les servir et non les asservir. Notre but : permettre aux citoyens d'inventer l'avenir, les solutions, ne plus se désengager ni s'en remettre aveuglément à des élus etc...

Le déficit à la fois de participation des habitants et de communication des élus des communes est constant, à divers degrés cependant. Les différentes structures qui se mettent en place (Communauté de commune, Pays) n'ont pas pris en compte ces facteurs primordiaux pour la préservation de nos territoires surtout dans les zones les plus reculées.

 

Nous proposons une action qui doit être initiée avec votre aide, par les municipalités en lien avec les habitants de leur commune. (Vous trouverez ci-joint notre document de présentation concernant notre action -Cercle de réflexion et d'accompagnement à la commune- ou CRAC).

Comment espérer un authentique engagement des gens si leur imaginaire reste captif ? Le projet vise à promouvoir une politique de la participation et de la citoyenneté, desserrant l'emprise des rapports de pouvoir pour investir l'identité communale en friche, aboutir à un autre rapport à la commune, en marge de l'activisme des communautés de communes (des politiques publiques) et institutionnelles (politique et technique). La commune est l'unité de base de la société, ce qui val mal ''ailleurs'' va d'abord mal dans un village : et c'est là qu'il faut agir en premier. Pour peser ailleurs.

La mise en œuvre du projet le modifiera nécessairement. (Un projet ne coïncide jamais avec son propre fonctionnement.) Entre celui-ci et ses réalisations, se nichent de l'imprévu, des lignes de fuite, des plages de silence dont il faut tirer parti... et dans cet écart, d'autres initiatives peuvent advenir... Le CRAC est une structure souple, ouverte et disponible qui considère qu'il n'y a pas de ''petites'' affaires (ou qu'une ''petite'' affaire peut devenir ou en cacher une grande). Cette "disponibilité" du projet fait retour vers les personnes, libres de leur initiative. En préservant sa  porosité, le ''cercle de réflexion et d'accompagnement à la commune'' autorise les trajectoires singulières, libère la participation et en cela, se distingue de nombreux projets communaux très bavards, rigides voire fumeux qui multiplient les injonctions et les recommandations." Bernard Bruyat

 Ca va chauffer, Dédé...
 

Une émission de FR3 certes très confidentielle, 6 h du mat d'après ce qu'on m'a dit, (à vérifier)... où le maire a parlé (de quoi exactement je n'ai pu savoir, de l'eau c'est sûr mais encore...?) et dans laquelle, tout comme en réunion (?) aucun nom n'a été prononcé, (à vérifier aussi, l'info n'est pas croisée)... ça devait donner : "4000 euros... de "touit touit"... qui met le souk parce que "touit touit" n'a jamais habité le 2 rue D... etc " Donc me voilà  "touit touit"... excellent pseudo pour ce dazibao virtuel... 


Reste le chemin, plus important que tout le reste. Ce n'est pas fini hélas. Fatiguée... et heureuse aussi ce soir.

Dormi 13 heures aujourd'hui -8 heures la nuit et 5 heures de "sieste", mon record quasi battu de juste après la naissance de Maï-Linh. Les neurones se reconnectent, ça télécharge doucement. Et il y a autre chose, envoyé par Bernard et Sylvie en même temps,  je l'ai lu mais sur le coup, j'étais trop épuisée pour réagir... mais en me réveillant, les idées claires soudain, j'ai dû "régler" ça en dormant comme ça m'arrive souvent. Voici l'histoire : un copain qui vit pauvrement: jardin, petit élevage, avec sa famille dans une maison-cabane... risque d'être expulsé par le maire de sa commune. Déjà harcelé par les chasseurs qui ont tué quelques un de ses cochons etc... L'horreur!
 


Je propose un RV soft avec le maire de son bled pour commencer "bas". Bernard est TB pour ça... avec sa profession de foi philosophique genre Derrida mâtinée de Deuleuze plus une pointe de Stirner et un fond de Proudhon... bref le programme de la licence de philo, c'est trop "top" pour les maires-tyrans de villages qui doivent aussitôt céder à toute revendication honnête de peur d'en recevoir une autre en fait de devoir de vacances, puis encore une autre etc... Vive les intellos, surtout que Bernard le fait avec une splendide bonne foi et une inaltérable gentillesse. Sinon, je veux bien me le faire celui-là... quoique la diplomatie ce n'est pas trop mon truc, je verrai mieux Sylvie... On fait un assez joli trio, Sylvie, image romanesque BCBG de reportage télévisé, yourte colorée et elle-même belle et impecc, au langage fort et châtié à la fois ; Bernard l'intello parisien à qui on ne la coupe pas... et moi en arrière garde de bull, ça peut le faire. Ca me mettra le moral aussi : que tout "ça" ait servi à quelque chose.



Tous ceux qui, sans nécessairement l'avoir choisi au départ, vivent comme il est raisonnable et heureux de vivre, dans la nature, à l'indienne, ne consommant pas -donc ne polluant pas- subissent un véritable harcèlement même dans les villages où ce mode de vie était la manière traditionnelle d'exister de tous. Forcément, ils ne vont pas chez Bricotruc ou à Super Champion acheter une nouvelle fosse septique (obligé d'après nos technocrates au bout de ? 10 ans, même si celle qu'on possède est au poil voire meilleure, ça fait marcher le commerce) et, pour remplir la fosse à merde, de la bouffe en quantité qui nécessite un congélateur (vite fonçons chez "But"  -terme combien révélateur - ils en ont en promo...) attention tu as oublié les bactéries pour ensemencer, on va recevoir Jojo et ses six gosses, et l'essence pour la tondeuse, l'engrais et les pesticides pour les mauvaises herbes... plus le joint de l'arrosage automatique qui se met en marche uniquement quand il pleut, y a comme un défaut, et les médocs -pour se soigner et occasionnellement s'accabler d'autres maladies qui en nécessiteront de nouveaux etc... cela aussi fait marcher le commerce- vie de stress "volontaire" que nous avons tous plus ou moins connue, fins de mois, emprunts, bagnole, PV, engueulades-... Et ceux qui s'échappent de cette existence, qui vivent comme Sylvie (ou quasiment -chez moi, même tissus colorés comme isolant, mais c'est sur les niches des chiens-chats-) sont chasse ouverte... de la part des malheureux qui souffrent aussi du même système absurde où un tiers des gens meurt de sur bouffe et l'autre de faim... Bon, go les copains, après mes 13 heures de sommeil, l'entendement est revenu opérationnel enfin presque. Salut et fraternité.  Touit touit touit...
 



Dimanche 25 juillet
Toujours rien du Palais. J'ai voulu aller à la messe avec mon panneau mais ils étaient affairés tant et plus (il devait y avoir quelque chose de spécial, une fête, commémoration) que j'y ai renoncé pour ne pas les déconcentrer : je considère un peu le curé comme un collègue et n'avais pas envie de troubler sa classe déjà étique. Bien peu de monde en effet, la foi se perd, il faut dire qu'il est vraiment rasoir, rien à voir avec celui de l'église d'Alésia où j'étais allée pour me reposer -la chaleur, toujours- et qui m'avait beaucoup émue lorsqu'il avait demandé à chacun de se donner la main puis de s'embrasser en nous souhaitant (je crois, pas sûr) "paix sur terre aux hommes de bonne volonté". 



ANALYSE

Conclusion provisoire : dans cette affaire, les militants ont souvent été au dessous de tout ; les assoc -du moins à Saint Ambroix- : moyen, mais bien en tant qu'individus. Aucun/e ne m'a défendue ni n'a défendu les autres exploités comme moi car il paraît qu'il y en a 13 dans l'affaire, ni ne s'est positionnée en faveur de ceux qui ne pouvaient payer.
 


Cela confirme l'idée que toute structure militante, politique ou informative, même si elle se  donne pour mission de promouvoir la justice, contrôler la démocratie, soutenir les exploités etc... (le syndicalisme par exemple) se montre inéluctablement inopérante  lors d'une lutte nécessaire spontanée, non prévue par sa déontologie, ce qui est le cas de toutes, mouvance sociale oblige. Une structure militante veut maîtriser l'événement et non s'y soumettre, ce qui la rend à la fois "active" -mais à vide- et inutile. Très vite elle dérive en spectacle-esbroufe, s'usant en des actes symboliques sans  portée : diffusion de tracts le mardi (que personne ne lit), réunions le samedi, meeting -et préparation!-, grèves d'une journée etc... sans agir vraiment sur les urgences au quotidien, ne pouvant s'adapter aux événements -qui ne s'encadrent jamais parfaitement à ses prospects, ce qui est le fait de tous-. Si bien qu'oubliant son engagement initial, sa priorité devient elle-même en tant que structure. C'est ainsi qu'elle se discrédite, se folklorise y compris vis à vis de ceux qu'elle est censée "défendre". Aucune structure (parti etc)... n'échappe à l'autarcie qui la coupe de ceux qui l'ont fondée et de ceux pour qui elle est théoriquement constituée. 



Exemple : la plupart de ceux qui ont signé la pétition sont des gens sans ligne pré tracée, cap à tenir, arrière pensée; ils l'ont fait en un mouvement évident, sincère et spontané de solidarité et/ou de confraternité dans l'exploitation. De cela, les militants ne sont pas capables. (Ceux parmi eux  qui ont signés étaient souvent extérieurs.) C'est pour cela qu'ils sont coupés de l'ensemble, folklorisés ou rejetés : ils ne sont jamais où on les attend, là où ils seraient nécessaires, toujours surnuméraires, superflus et redondants... et parfois insincères. D'où l'excellence de l'idée de Bernard avec son "observatoire". 



Lundi 26 juillet
Presque pas dormi à l'idée de recommencer les piquets, mélange d'excitation et de lassitude. Vu Jo, qui semble avoir un moral un peu à la baisse, c'est cela le problème lorsqu'on décide de vivre autrement, il faut être fort, ce qui n'est pas donné à tous, savoir s'auto contrôler aussi, se guider... Sans l'autre et le travail comme bouée, on est en roue libre. Pas simple.


Piquets ensuite devant la mairie avec Bernard. Des gens très divers, pour une fois. Un gus employé à la communauté des communes, visiblement un peu alcoolo, assez étrange. Résumé : j'ai tort, personne ne me soutiendra, mais je suis quelqu'un de bien, ça se voit tout de suite (?!) il n'a pas à me donner de conseils, pas du tout -mais il n'arrêtera pas de m'en donner et de fort mauvais- d'ailleurs il sait des choses... étant donné son travail (?!) etc... Son analyse est sans appel: il vaut mieux que je paye comme ça je serai ''clean'' et ensuite attaquer, mais surtout pas à présent parce que je me ferai ramasser, d'accord ça prendra deux ans mais c'est comme ça, ou les médias... mais d'ailleurs j'ai un portable classe, on voit bien que j'ai les moyens donc je ne suis pas crédible etc... Étrange, un dipsomane en demi délire désireux de se valoriser devant moi ? (Il a tout de suite demandé si Bernard était mon ami !) Ou un téléguidé -il ressortait de la mairie- avec ordre de me fourvoyer ? Naïf en le cas car tout de même je sais ce qu'est une forclusion et nous sommes ''limite'' dans l'affaire, donc si ça doit partir en justice, c'est maintenant ou jamais. On a fini par s'en débarrasser avec le trac de Bernard. Radical il a fui comme un lapin.
 
Anic


Un monsieur aussi d'un certain âge, bourge, attentif, efficace... ami de Frèche (!)... qui en deux secondes me donne un excellent conseil... que je tairai ici.

Et enfin DR, une femme qui voudrait vivre en tipi, dans un coin de nature, tranquille, comme Sylvie dont elle est l'amie; conversation fructueuse, délassante enfin, riche. Intéressée par le tract de Bernard. Elle a fait il y a peu signer une pétition pour ralentir la circulation dans le village, seule, et a recueilli 400 signatures... avec pour unique résultat jusqu'à présent d'avoir imposé des piliers devant le passage pour piétons de la mairie -mais cela a peut-être évité des morts. Elle fait des randonnées et est allée avec le maire en visite… au chemin de la Roque !! apparemment éboulé vers Saint-Victor, triple zut, depuis ma sciatique, je n'ai plus poussé jusque là. A moins qu'ils ne se soient trompés à la bifurcation, ce qui me semble le plus probable. Musicienne aussi, ça met du baume au coeur. Cette foutue grève aura eu le mérite de me faire rencontrer des gens intéressants. 



No coment

Les "gens", concept de fermeture
Un cas extraordinaire, unique : un jeune gars du Martinet, sympa, venu discuter -il a tout compris immédiatement- et tout à fait en phase... qui a refusé de mettre son nom, d'une manière assez étonnante -hypocrite? disons limite- après avoir précisément demandé s'il y avait un papier à signer (?!) et déploré la pusillanimité des "gens" qui laissent passer de telles histoires sans réagir. Devant la feuille, soudain, il a hésité, comme s'il se condamnait à mort -j'ai cru qu'il était analphabète-  puis, à regret, apposé un vague graffiti illisible qui n'avait aucun sens. Et il se montra ouvertement satisfait de sa prouesse: un "Che" était né. Je lui ai dit -sec- que ça ne voulait rien dire et l'ai barré, refusant de le traiter en gamin qu'il était, puis je l'ai questionné. Non pour le harceler mais parce que je voulais savoir de quoi il avait peur. "Non, il n'avait pas peur... mais enfin c'était un petit village et les gens"... donc vous avez peur, mais de quoi ? Je ne veux plus que vous signiez, ce n'est pas la question, je veux juste comprendre. Non, enfin il "n'avait pas vraiment peur  mais" etc... 



Le cas typique d'ami/es qui taclent à l'envi "les gens d'ici" -dont ils constituent cependant de purs fleurons- "qui ont peur du qu'en dira-t-on" etc... et refusent de sortir le soir parce que les "gens" diront que... "Ils diront quoi, les gens ? Que tu cherches un mec? Une nana? Mais c'est bien le cas, non ?" L'hypocrisie est un art délicat. Je me suis énervée avec ce jeune homme : s'il est ainsi à son âge, que sera-t-il à cinquante ans? Ils ont peur de tous... et  vilipendent d'autant plus ceux qui comme eux ont peur de tous !...  c'est à dire "les gens", terme de bouclage, de transfert. Les "gens" ! mais les "gens", c'est "EUX", c'est tous, sans exception. Imagination bridée, vilipendée, c'est l'art de s'occasionner des emmerdes, de s'inventer des histoires, de se et de faire du mal... En 40, qu'aurait-il fait pour les juifs ? Les "gens", pensez ! A l'époque, les "gens" c'étaient les nazis. C'est à dire tous ceux qui ne disaient pas non. La peur d'être différent, de faire ce que d'autres ne font pas, de voir son nom inscrit sur une feuille... et le vouloir aussi en le cas ! ? associée à la honte devant cette peur (ça c'est plutôt bien) quel pauvre drame. Bernard m'a reproché d'avoir évoqué la guerre et de l'avoir questionné. Je ne crois pas que ce fut un mal : lui dire "merci" ou "bravo" pour son absurde graffiti eût été méprisant. Quant à la guerre, dire comme lui "à présent c'est fini passons à autre chose" n'a pas de sens outre que c'est une insulte pour ceux qui sont morts: nous sommes faits, formatés par le passé, que l'on voit resurgir ici à partir de quelques "cas"... vivant et... intact.


Du coup, j'intercale et déplace ce message, en fait bien antérieur. 
Une vieille dame apparemment encore d'attaque que l'on voit souvent avec une autre plus jeune -une employée ? Une amie? Les deux?-... que Lydie soupçonnait en 40 de... disons d'avoir  été du mauvais côté, passant devant moi, je m'étais avancée exprès, ce que je ne fais presque jamais, voulant faire une expérience... dit deux mots en aparté à l'autre... qui lève les bras au ciel, exaspérée, méprisante -cas unique- et, tout en me tournant le dos, s'écrie assez fort "ça va,  ça va, encore ces histoires". Je sais à présent que Lydie avait raison : elle avait toujours raison, ça fait froid dans le dos. "Encore ces histoires", c'est exactement la réflexion de J. lorsque j'ai révélé un scoop familial un peu gênant, -si peu!- toujours tu pendant 50 ans, le "encore" fonctionnant aussi comme outil de défaussement lorsqu'on ne veut pas trop entendre ni par conséquent prendre position... Version comique à présent: une autre (idem) s'approchera de moi au contraire en clopinant, cordiale (tiens tiens?)... et me demandera, puisque je pratique "si bien ces choses à ce qu'on dit, vous savez, ces machines" -elle montre l'ordinateur !- enfin tout ça... -elle doit parler d'internet- si je ne peux pas lui mettre une annonce, elle vend des chats de race superbes, tatoués, pucés etc... d'ailleurs puisque j'aime les bêtes... etc Elle me fait carrément l'article. Soufflée, je lui réponds que je recueille des animaux ce qui n'est pas la même chose...  Lydie avait raison là aussi. Brrr.  Fin du message...


Reste le problème de ce jeune homme : pourquoi m'avoir demandé une pétition qu'il avait si peur de signer ? pensait-il que son tag serait une gloire appréciée ? Se complaire dans le symbole vide de sens, à son âge, tout de même. Je ne l'ai pas joué à l'hypocrisie, ça, ce n'est pas possible. C'eût été humiliant à la fois pour lui et pour moi. Il m'a tellement rappelé F. qu'à travers mes questions c'est en fait elle que je cherchais à comprendre vingt ans après.

Il semble qu'il soit employé au nettoyage de bureaux administratifs, sans doute travaillant avec la mairie. J'aimerais le revoir pour discuter. Pourquoi n'a-t-il pas osé dire qu'il risquait sa place et la risquait-il ? Je n'ai jamais demandé à ceux que je sais liés professionnellement à des mairies de signer -ou à des commerçants, même ceux chez qui je vais tout le temps -. J'oublie souvent la pétition du reste. 





Le scoop à présent. Un très vieux monsieur passe, visiblement il ne veut pas s'attarder, sa femme me dit qu'ils sont de Molières, alors forcément... je lui réponds que moi aussi, enfin de Clé, je dis mon nom... et je parviens à comprendre qu'il a travaillé à la mine. Extraordinaire! j'ai voulu lui parler de mon père -comment avait-il vécu ce boulot si différent du journalisme ?  les grèves? - mais il m'a répondu assez sec qu'il le connaissait peu (?) parce que lui était dans les bureaux et ne rencontrait pas les mineurs (!) Il se souvenait tout de même que mon père était correspondant... (?) des "lettres françaises", je savais qu'il les lisait mais j'ignorais qu'il y participât... et de Midi-Libre, je n'en savais rien non plus. Et il m'a répété, s'en allant en clopinant que les ouvriers, il ne les fréquentait pas, même pas mon père. Dommage qu'il soit trop vieux pour que j'aie pu lui répondre merde. Sa femme -ou employée- qui le soutenait, a eu l'air gêné et a dû "suivre" le mouvement comme si elle était une cane. Mon père, cet inconnu... Le vieux schnok ne m'aura pas aidée à le connaitre, quoique si, un peu : L'Est républicain, La Bourgogne, Le Comtois, et à présent les Lettres françaises... (et Midi-libre! le gus a dû se tromper, ça devait être La Marseillaise)... La mine -le fond-, et cercle bouclé, une auto-école ici. Une vie. Un courage certain. Dommage qu'on se soit si peu connus. Pourquoi ? A cause de Gustau ?  Cette grève m'aura appris le coup des "Lettres françaises". Pas inutile. 

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Et enfin, pour élever le débat...
Quelques réflexions rapportées (Illich) de Bernard :
Chaque fois qu'on est ''contre'', on laisse supposer que le ''pour'' pourrait avoir raison. Etre contre ne sert à rien, il faut être ''dehors''. 

Pas d'accord : être "contre", je le vois plutôt comme mélioratif. Bernard comme péjoratif dans la mesure où "rien n'est acceptable dans le système de gouvernance mondial" dit-il. Je lui réponds : "penser c'est dire non". Tant pis si ce "non" suppose son contraire,  cela, Hegel l'avait dit avant Illich. On n'en sort pas; se dire "dehors" c'est souvent être de mauvaise soi ;  on mange, on a besoin d'argent, on le gagne -parfois- etc... Peut-on inhaler de l'azote et exhaler de l'oxygène ?



Celles qui sont plus ou moins en "dehors" du système

Denise a l'air de s'en tirer bien, ainsi que Sylvie, c'est vrai. Mais pour deux cas d'irrédentistes héroïques, combien de faux "je-suis-en marge-ailleurs" ? On a tous connu des "ailleurs" purs pseudos. Une superbe icône anarchiste sexy et distante de la fac, après un DEUG de philo... a "fini" comptable dans l'entreprise de bâtiment de son père (rien moins qu'humaniste) pendant que sa mère élevait l'enfant qu'elle avait eu le "courage de faire seule" suscitant à l'époque l'admiration de timides éberluées. Il est devenu lui aussi un prospère entrepreneur etc.. Je me méfie de ceux qui sont "ailleurs". JE SUIS DEDANS PARCE QU'ON NE PEUT PAS ETRE AILLEURS.



En fait, on est toujours à la fois "dedans" et "dehors" ; c'est un mouvement de va et vient constant. Je suis "dedans" lorsque je vais acheter à manger chez netto, "dehors" lorsque je proteste parce qu'ils ont changé les étiquettes des produits ; dedans lorsque non compte est saisi, dehors lorsque je fais un piquet devant la mairie... La soumission au système est quasi inéluctable -mon compte saisi- mais la prise de conscience et la réaction ensuite restitue aux êtres brisés leur totalité vitale QUELS QUE SOIENT LES MOYENS UTILISES. La preuve : depuis cette grève, je me sens mieux, même lorsque je me heurte à la colère -rare- à l'incompréhension -rare aussi- etc... Ceux qui m'ont conduite à cet extrême, eux, comptent le nombre de points au "sondage" qu'ils perdent irrémédiablement chaque jour : dialectique hégélienne.  
Même le "dedans" et le "dehors" changent eux aussi de place. Ce blog par exemple est un "ailleurs" : je suis "dedans" lorsque je parle aux gens devant la mairie et que je réponds parfois aux mêmes questions... et "dehors" lorsque, seule devant mon clavier la nuit, je transcris et/ou -rarement, il faut que ce soit avec Bernard et le cas est rare- analyse longuement ce qui a été dit. Par ce mouvement d'aller-retour constant, je trouve ma place et change peut-être -un peu- la réalité. Comme tous, mais tous ne l'écrivent pas.




Belle journée, discussions intéressantes avec Bernard, des divergences aussi : il y a tant de manières pour faire bouger les choses, aucune n'est à jeter a priori, c'est l'avenir qui tranchera. Tacler ceux qui usent de certains moyens non académiques, par exemple les médias (?) -même si en effet lorsqu'on a affaire à eux, on ne maîtrise plus rien, ex l'émission sur la 2 où ce que j'avais demandé d'enlever a été au contraire mis en évidence, ils sont fortissimes au montage, et ultra rapides puisque c'était du demi direct!- est contre productif. 



Mardi 27 juillet
Un courriel d'un ami militant émérite grâce à qui j'ai connu Jeanne Boyer, une rencontre déterminante -une amie de Lydie en plus!-... m'a inspiré cette réponse, à contre emploi en fait car elle ne s'adresse pas à lui. Ici, j'ai fait comme les -mauvais- profs qui éreintent les présents à cause d'un grand nombre d'absents... Idiot.

Ce que je reproche aux militants actuels, c'est parfois la futilité-rigidité de leurs engagements... et de laisser passer DEVANT EUX des choses graves -même symboliques- sans réagir... Ce que je leur reproche, comme à tous les politiques même les meilleurs, c'est, devant quelqu'un qui par exemple fait une grève de la faim, de se demander ''qu'est-ce que ça va nous apporter... ou nous coûter ? si... si ça marche ? SI ELLE MEURT -ça peut être pas mal... ou emmerdant- ? Si ça foire ? Silence et attente, on verra bien après -or, dans le cas d'une grève de la faim, un jour, une heure, une minute comptent.




Ce que je leur reproche, c'est une certaine insincérité dans l'engagement ou plus exactement un défaut d'adaptation aux situations qui toutes varient sans cesse -ce que j'écris ici n'est peut être plus vrai actuellement-… c'est d'être incapables de faire CE QUE FONT SANS Y PENSER LES GENS SIMPLES, ''NORMAUX'', j'emploie le mot à dessein. Ce que je leur reproche, c'est d'avoir formaté leur être de manière telle que l'événement imprévu -jamais tout d'une pièce- ne les atteint plus (ou trop tard)... ce que je leur reproche, c'est d'avoir privilégié la ''ligne'' c'est à dire l'idée sur le réel au point de ne MEME PLUS VOIR LE REEL, obnubilés par l'idéologie et la stratégie qui va avec.

Entre celui qui ne ''signe'' pas une pétition parce qu'il a peur pour son job ou son permis de construire et le militant toujours sur la brèche qui EVITE de passer devant la mairie depuis ma grève alors que c'était son lieu de propagande privilégié, il n'y a sur le plan pratique AUCUNE DIFFERENCE, même si les raisons du premier sont mesquines et celles du second, obscures.


Depuis mon ''histoire'', je reçois toujours des mails groupés d'amis parfois très proches, militants très pointus -que je n'ai plus le courage de lire en entier- sur telle question, le PLU, une charte citoyenne votée, merveille, à l'unanimité (!) une lutte pour le statut des communes etc... et, sauf un cas, ABSOLUMENT RIEN, MEME PAS DE QUESTIONS... SUR LA GREVE QUI ICI AGITE UN PEU TOUT LE MONDE, MEME LES PLUS DESENGAGES... et cependant il y a lurette que je leur ai fait passer  à tous le blog en réponse justement à des messages groupés. Un silence assourdissant. J'ai même eu droit au menu alléchant d'une fête quelconque. 
 

Sur le plan de la lutte pratique, je m'en passe, 250 signatures à ce jour et encore j'oublie souvent de donner la pétition -il en va différemment sur le plan psychologique- mais l'image qu'ils donnent est celle d'une structure frigide absorbant en vain l'énergie des meilleurs d'entre nous... incapable de s'engager en dehors de procès bureaucratiques symboliques systématisés, qui  accapare et castre même les plus combattifs. Pendant qu'on débat en commission et/ou signe -ou pas- une charte, qu'on pinaille sur tel article, on occulte les petites ''affaires'' et leurs victimes, pour le plus grand confort de ceux qui en bénéficient. Injuste et surtout contre productif: tout comme le public -c'est à dire moi actuellement- est davantage révolté par les petits tireurs de sac qui nous pourrissent la vie que par les combines d'un ministre... ici cette "affaire'' est un paradigme tandis que de telle charte ON SE FOUT. (Je sais, c'est idiot.)

Le public est par définition ''people''-comme moi en ce moment- ; ces tracts distribués en pleine cagne le mardi par des dévoués rouge vif -je parle de leur tête-, combien et qui les lisent ? Qui? Les militants. L'avantage de ma situation est que je suis devenue "idiote" et que dans ce stress intense, je me fous également -provisoirement- de telle charte car CE QUI ME TOUCHE DE PRES, MOI ET BIEN D'AUTRES me/nous bouchent l'horizon. Les militants au contraire, les yeux fixés sur une ligne de fuite reculant sans cesse, trébuchent sur une ornière qui bée à leurs pieds... et se scient les pattes. 


Cependant on peut parfaitement à la fois s'intéresser à une charte, à la bande de Gaza, à Bettancourt, à la forêt amazonienne... et à celle qui fait une grève de la faim contre une municipalité qui a repris en plus hard encore les attitudes et les affaires de celle d'avant, contre elle et quelques autres c'est à dire contre TOUS. Les engagements multifonction vont de pair: mais pas lorsqu'on est affaibli par une grève de la faim de 6 jours non consécutifs qui aiguise les affects, rend agressif, obnubile, et change la vision des choses. Je comprends mieux les ''imbéciles'' à présent car j'en suis et ''imbéciles'', ils ne le sont pas: seulement accablés, harcelés et fautivement persuadés qu'ils sont "petits" et incapables de lutter contre les ''grands''… L'intelligence, la sagacité, la générosité ne sont peut-être qu'une question d'équilibre glycémique et de stress. 

Une signature, un mot, un coup de fil -là je rêve- ... Trop tard, c'est trop tard : les engagements juste avant la ligne d'arrivée sont suspects et il est hors de question que quiconque récupère ce que j'ai fait avec l'aide de braves gens sans malice comme moi qui ont vu leurs factures tripler et à qui on a dit comme à moi ''cela sera payé d'une manière ou d'une autre, il n'y aura aucune dérogation, pour qui vous prenez-vous, il fallait y penser etc''-... et qui m'a coûté quelques souffrances physiques non achevées. (Rage dentaire).

C'est pour cela que sur le blog, j'ai intentionnellement placé des photos d'Azzedine Kalak, représentant de l'OLP et ami, mort assassiné à Paris en 78 peu après qu'il ait refusé... -perplexe et hésitant, il avait jeté un coup d'œil sur mon ventre, j'étais enceinte de six mois-... d'aller au restaurant : s'il était tué, tous le seraient avec lui avait-il observé... J'avais ri, insisté : et en effet la rafale qui l'a abattu boulevard Haussman a fait trois morts...

J'y ai mis aussi des photos de Bruno Manser, de Rachel Corrie etc... On peut, non pas lutter, mais penser à tout à la fois  mes amis, même à des questions triviales AUSSI. Les militants, eux, ne le peuvent pas! il faut croire qu'ils sont formatés pour une voie unique avec des sens interdits visibles d'eux seuls barrant toutes les bifurcations empruntées par tous... ou que leurs batteries ne tiennent vraiment pas la charge.

Hélène Larrivé

Pas le courage de "faire le marché" ! Bernard l'a eu, lui. Il a un don pour ça, convaincre et recruter. Bravo. Un être précieux. 
En fait, il a craqué juste après : saturé par la pollution dit-il, épuisé par cette foule agglutinée, il est parti. Je le comprends, après le marché.



Mercredi 28 juillet
Toiletté ce blog. Je suis trop rude. Un artefact de cette série de "malchances" est que je crains parfois qu'on ne cherche à utiliser mon affaire et en effet elle est trop "belle".  Revenir à son bled comme au ventre de sa mère et se trouver propulsée au front m'a sans doute troublée, une litote. Durablement. Je devrais demander des dommages intérêts. Quoique non : ça m'a appris aussi. Je ne regrette pas, et à cette vie de "propagande" qui me force à sortir de mon cocon d'intellectuelle et me rappelle des souvenirs, je me suis habituée. 


Vu hier un nouveau résident -retraité- affolé lui aussi par sa facture; il me confirme la manière méprisante dont sont renvoyés à la mairie les gens qui viennent se plaindre. Parfois avec humour, comme la jeune femme de l'accueil (?)... sans doute celle qui dit qu'elle "ne voit pas s'il y a une grève de quelque chose, non vraiment..." Mais  à cet humour, il n'est pas sensible. Certains déménagent en série, me dit-il dans son quartier, assez spécial -défavorisé-. Et ils ne paieront pas. Est-ce le but? Chasser les pauvres ?  Comme on a fait à Paris intra muros? Cela fera-t-il venir les "riches" ? A Paris, oui, ici, j'en doute, le paysage est trop abîmé.




Madame N passe pendant que je parle avec ce monsieur, le salue, me salue, souriante... et file. Un personnage, saint ambroisienne pure, mari résistant, serviable, aimable, excellente amie, un genre de sainte laïque de village... et qui me met incontestablement à l'écart, légèrement, depuis mes bisbilles avec la mairie. La "gauche"? Ou autre chose ? Je l'ignore. Après tout, je suis à demi un "bout rapporté" ? La famille compte beaucoup pour elle, les anciens, ceux qui sont d'ici depuis des lustres... Bon, justement, j'en suis, il n'y a pas de quoi en être fière mais c'est ainsi. Alors, pourquoi ? La "gauche" ? on n'attaque pas la "gauche", si fragile ici. Aurais-je fait de même à sa place ? Possible... mais je serais allée me renseigner à la mairie. Peut-être l'a-t-elle fait. Que lui a-t-on dit ? Difficile de lui mentir, à elle. Alors? Laissons tomber, à celle qui a montré son courage autrefois, je n'en veux pas. 

Et il ne faut pas tout rapporter à cette affaire: il est possible que ce que j'écris même bien toiletté nickel, la choque -il ne s'agit pas de la facture d'eau-. Cela ne se "fait pas" ne se "dit pas". Etre auteur est un atout et une tare. Ici on se tait. Beaucoup. Tout le temps. Et se taire sur certains drames, certaines injustices, à la longue, rend fou. DONC JE PARLE. Comme disait Semprun, "j'avais le choix entre écrire et me suicider, j'ai choisi d'écrire". A minima. Ça m'a pris à 50 ans, tout de même une assez longue réflexion. Désolée, Madame, c'est ma manière de résister. Je serais "celle par qui arrive le scandale"... un minime scandale certes mais ici il n'en faut pas beaucoup. Dont acte : je dérange. Tant pis,"it's the price to pay. Of life."

 

Jeudi 29 Juillet...  analyse de mercredi 28 juillet 6 heures

Vu E. "notre" unique gauchiste de service sans lequel Saint Ambroix ne serait pas ce qu'il est. Par hasard, il sortait du tabac. "Alors comment ça va" ? Je lui déverse en vrac ce que je pense de son attitude ajoutant que si "ça s'arrange" ce n'est pas à lui que je le devrai. "Oui, c'est vrai, on n'a pas bougé"... "on"! comme s'il était à lui seul 100 personnes empêchées par quelque grand prêtre ordonnateur. Certes il pèse son poids mais je n'ai pas vu de lui sortir des dizaines de petits "on" qu'il représenterait ou qui le représenteraient, ça, jamais je le jure. Deux ou trois intermittents du spectacle seulement les jours fastes, et encore l'un d'eux n'est-il pas d'ici. Pour les grecs, même pas un "tas".

"On", le pluriel des militants ou des profiteurs qui fondent des assoc bidons à deux pour obtenir des subventions... ce "on" qui dédouane, leurre, permet de frimer et de se cacher derrière des fantômes... La ficelle est énorme: "Non, tu n'as pas bougé... ce qui entre parenthèses n'aurait pas changé grand chose, c'est juste une question de principe"... C'est -assure-t-il avec un splendide aplomb- qu'il n'avait pas trop apprécié mon tract (lequel?)... j'aurais tout mélangé. Là, il me prend carrément pour une pomme, il est sans doute du village celui qui a su le plus précisément l'affaire au jour le jour, celui en qui j'avais le plus confiance... Il ne se démonte pas, mon staphylocoque, c'était hors sujet" bref l'événement n'était pas dans la ligne, bien rangé comme il faut à sa place pour être élu au "jury des ons" et mériter que les "ons" bougent ! Prétextes dont je ne sais ce qu'ils cachent. Touit touit touit ? ...  Et bien... peut-être.




Du reste, s'il m'a parlé, c'est sans doute parce qu'il pensait l'affaire réglée, ça ne risquait rien... Si j'avais encore été devant la mairie, il ne m'aurait pas "vue" puisqu'il la contourne depuis. Il s'est fait "avoir" en somme.

Et puis il y a aussi l'affaire des employés qui ne paient pas l'eau, mal venue sur le blog... En fait, j'ai simplement tout relaté au fur et à mesure -enfin, pas "tout" évidemment mais ce détail qui peut-être pouvait en expliquer d'autres ne m'était pas apparu à shunter-...
Plus honnête est celui qui me dit "désolé je ne peux pas signer parce que j'ai mon beauf qui a un permis de construire bla bla..." 
 


Voilà quelqu'un qui, si tous étaient comme lui, m'aurait laissée aller, moi et d'autres sans doute à...  disons peut-être pas la mort -ou sans le vouloir- mais assez loin -car sans Robin et Michel,  je n'aurais jamais lâché cette grève et au fond je les remercie-... et qui cependant du village un de ceux dont j'appréciais le plus la lucidité et l'engagement. Peur d'un débordement et c'est vrai, je déborde ? D'être au second plan ?  

 Son attitude, lorsque, durant la grève, je lui ai demandé une info et qu'il est venu, me laissant planter au soleil pendant qu'il s'avançait ostensiblement vers des ouvriers municipaux ... lesquels du reste ne lui avaient rien demandé, je ne l'aurais pas relevée -les mecs sont souvent infantiles- mais je la pointe après coup. L'info aurait, a, pris trois secondes. Sans doute tenait-il à ce que je sois vue debout l'attendant pendant qu'il devisait chiffons avec des ouvriers, pas pressé: un sollicité, une solliciteuse. Se montrer entre deux pôles et au premier plan confère une certaine position de force pour l'avenir. Parmi ces  municipaux, se trouvait un allié à... bref on en revient à la mairie, cercle bouclé. Certaines "places" semblent occupées comme autrefois les "charges" par des coteries qui ont tout intérêt à ce que les dissidents soient mis au pas. Incontournables -E. les ménage- ils sont peut-être assez peu solidaires de leurs collègues moins protégés. Il ne faut pas faire de généralité. Mais une théorie, si.

Les tricheurs

Pas mal joué: il redoutait d'être vu avec moi et voulait ainsi "montrer" devant les potes qu'il se faisait tirer l'oreille. [En fait, comme il m'avait dit les connaître tous et qu'il allait les sonder sur mon "affaire", je voulais seulement savoir ce qu'il en était de la révolte de certains et de l'ambiance assez délétère qui  semblait régner envers certains élus, un seul peut-être. Cela était-il général, de quoi s'agissait-il ? Il m'a seulement répondu en substance qu'il y avait "des types qui s'étaient habitués à rien branler et là il n'était pas d'accord." Trop crevée pour analyser, ça m'avait pourtant mis mal à l'aise de sa part : des propos de patron.] 

C'est devant ce clavier que je vois le puzzle s'emboîter: il y aurait donc peut-être des luttes internes au sérail, des hiérarchies complexes... chez les ouvriers, les petits chefs en font parfois un max... et E, par naïveté ou opportunisme (?) courtiserait les happy few plus "porteurs" pour sa boutique (là il a tort)... tandis qu'à moi, ce sont les autres qui auraient parlé... Je n'ai rien à "vendre", je débarque et me bats en out sider, ça inspire plus confiance que les "pro" qui ont dû se discréditer depuis des lustres vis à vis des plus exploités comme à présent ils se sont discréditent vis à vis de moi. 

Du reste, si ce blog a été recommandé au personnel, c'est sans doute pour en briefer certains contre moi. La censure en "pochoir" est incontournable: quelques passages peuvent être mis en exergue, hors contexte donc déformés. Notamment celui où je relate qu'un signataire a mentionné que les employés du service des eaux ne la payaient pas, ce que j'ignorais. Une phrase sur 130 pages. Cela aussi est le prix à payer. 


Par principe, je n'ai shunté que ce qui n'était pas important -trop perso ou sans intérêt, non vérifiable ou non croisé- et j'ai flouté large ce qui était trop spécifique afin que seule l'idée demeure. Quant à ce qui n'était pas encore certain mais probable, je l'ai mis au conditionnel et ensuite ôté lorsque ce n'était pas confirmé... ou tourné à l'indicatif  dans le cas inverse.

Un blog n'est pas un livre, il bouge et se contredit parfois... Il demeure inévitable que certains personnages "publics" soient en évidence, rançon de la "célébrité" qui va de pair avec un engagement militant, un poste, un mandat ou un/des livres publiés: on ne peut avoir le beurre etc... Lorsque des "people" (et là ils ont tort car c'est pour se faire du blé) ressortent des photos de Cécilia -non, c'est l'autre qu'importe- en petite tenue voire sans tenue, de Sarko bourré à bloc etc... ça en fait partie. Lorsque antenne 2, après m'avoir promis de shunter tout ce que j'avais dit sur les prépas de l'ENS (obligation de réserve aïe...) le met au contraire en évidence et ensuite... en fait carrément la bande annonce d'un film que je n'avais même pas vu -excellent au demeurant- donnant l'impression que je le commente,  ça en fait aussi partie. Travail remarquable, les images qui suivent mes propos, quoique "hard" -le tabassage et le viol d'une femme par deux mecs- s'accordent parfaitement à ce que je dis... et mon éditeur exultant a vu les ventes de "Secret de famille" s'envoler... 

La gratuité de l'eau, un prétexte ou le fond du problème ? Ai-je été utilisée ? Possible. On tient les gens au pied par de petits passe-droits et lorsqu'on veut les leur ôter, il est plus confortable de prétendre y être contraint par la légalité ou la publicité que de sa volonté propre. Cela peut expliquer le désengagement de certains, cercle bouclé. 

Reste qu'on ne peut compter sur ces épiciers du syndicalisme dont le formalisme opportuniste privilégie les privilégiés afin de recruter des clients les plus intéressants, n'hésitant pas, quoiqu'on leur ait infligé, à sacrifier les hors norme, les plus faibles... et aussi les plus nombreux. Même stratégiquement, c'est maladroit : obnubilés par la boutique à achalander, ils ratent une "affaire", si j'ose, "en or" -car c'en est une et B. par exemple l'a fort bien vu- qui eût pu les porter aussi bien qu'ils l'auraient portée, avec un minimum d'efforts car je l'ai menée sans "eux"... eux, pluriel impropre, je me laisser bourrer le crâne car E à Saint Ambroix ne représente que lui-même... 
 

C'est bien de l'avoir passé au filtre : car de cet engagement envers le pouvoir actuel que par ailleurs il critique bien plus que moi -plus radical tu meurs- je ne me doutais pas. Pas de panique, de toutes manières je n'escomptais pas grand chose sauf de vagues info... que d'ailleurs je n'ai pas eues -ce qui est aussi une info d'ailleurs-... et puis ça manquerait au village de ne plus le voir se griller le mardi devant le vendeur de serpillières analphabète qui le hait parce qu'il fait fuir ses clients, distribuant des tracts que personne ne lit. Notre fer de lance de la lutte ouvrière, quoi.
Inutile de shunter ou même de toiletter ceci à la relecture car ça ne pourra lui faire que du bien : malgré ses positions irrédentistes, il s'est montré là un partenaire fiable et conciliant et il lui en sera sans doute tenu compte à l'avenir pour sa carrière. Je devrais même en rajouter une couche si j'étais sympa.

Vu Madame V., âgée... mais qui lit toujours la Revue philosophique.. ce que je ne fais pas ! Elle a stationné longuement devant mon affiche, apparemment elle a des problèmes de vue... et elle n'a pas le net évidemment, je vais lui faire -pour H. aussi- un tirage papier. Depuis qu'elle lit mes livres, elle m'appelle "Hélène" comme tous... Qui l'eût cru ? Décidément, cette grève aura changé la donne. 

E. (et ses "ons") évitent celle qui fait concurrence à sa boutique et qui n'est pas récupérable bien qu'elle soit pour l'heure la plus affectée par ceux dont il doit (je laisse la coquille) pis que pendre...  Mme D. et sa sollicitude amicale... dont acte. Panta rei. (Tout s'écoule).



Vendredi 30 juillet
J'ai repris ma place à la Mairie, en un sens ça me manquait ces discussions avec les gens. Des touristes qui mettent un peu d'air, tous unanimement choqués :  on est avec vous etc... Je me sens mieux.. quoique. Une jeune femme arabe parisienne, incrédule : 
-- Mais c'est impensable, qu'est-ce qu'ils font les gens ici? Ca va s'arranger, ce n'est pas possible !" 
-- Oui c'est sûr..." lui dis-je, tant elle semble troublée, pour ne pas lui gâcher la soirée.   


Car il m'arrive de me sentir gênée par ma propre histoire, ennuyée de déranger des gens qui s'apprêtent à aller au restaurant, surtout lorsqu'ils sont sympa. J'ai aussi honte pour "nous" ;  l'impression est prégnante devant des "étrangers" que nous sommes un pays du tiers monde que ceux "d'ailleurs" ne peuvent comprendre... et qu'ils ressentent devant mon tract ce que j'ai éprouvé à Beyrouth lorsque la guichetière du poste de police impavide avait tendu sa carte de séjour à Robin.. et l'avait barrée de rouge pour indiquer qu'il était juif. "C'est quoi ce trait, en haut ?" Elle avait levé la tête sans qu'un muscle de son visage ne bougeât. Une gaffe de française. J'ai  compris soudain, Robin m'avait saisi le bras: "Mais c'est dég..." Une pression plus forte, je me suis interrompue.

Ici c'est moins grave certes mais après lecture de l'affiche, ça donne: 
-- Mais vous n'y étiez donc pas ? 
-- Non."
Regard vers la mairie.
-- "Ils" le savent ? 
--  Oui.  Tout à fait.
-- Mais alors ?
Voilà : MAIS ALORS ?  Et c'est moi qui suis mal à l'aise...




Ou bien, des flamands avec leur accent qui me rappelle Louvain et l'université catholique avec tous ces curés en civil, juste une croix :
-- Mais attendez, "ils" vous en veulent ou quoi ? 
-- Je ne sais pas. Peut-être.
-- C'est évident tout de même !... (rires)
Et c'est encore moi qui élude, embarrassée... C'est toujours la victime qui se sent gênée parce qu'elle est blessée, un peu ridicule... qu'il s'agisse d'un cambriolage, d'une agression, d'une erreur de compteur d'eau si monumentale et si coriace ou d'un trait rouge sur une carte de séjour. 

* Note : au Liban, toutes les confessions sont ou étaient indiquées sur la carte d'identité ou de séjour, mais les juifs ont droit au trait rouge tristement évocateur du nazisme.

Chez Momo. Les mêmes personnes toujours, au fond elles me manquaient pendant ce jour d'absence pour "nettoyage de blog": les deux petites lesbiennes sympa sirotant leur café, la belle joconde aux traits entre Greco et Vinci, inquiétants, jambes démesurées sur la chaise d'en face, le serveur ch'ti radical, l'ancien élève de Lydie qui exulte dans son nouveau travail, finalement le licenciement lui a réussi mais après combien d'angoisses et de galères. Passer de l'usine bruyante qui l'a rendu sourd à un poste d'animateur aide-soignant où enfin il peut donner la mesure de lui même, le bond est énorme vers le ciel. Tout son être le manifeste. Une bonne soirée, rien qu'à le voir. Parfois les histoires finissent bien. Il ne m'a pas aperçue du reste, un peu obnubilé par la Joconde renversée en arrière qui rit avec le serveur en pause. Surdimensionée pour lui me semble-t-il, quoique Sarko... J'aime bien les voir vivre. 




Le très volumineux belge dont le tee shirt n'arrive pas à contenir le ventre, là tous les soirs, me regarde du coin de l'oeil:
-- Y en a qui travaillent tout le temps,  ben dites donc, il en faut des comme ça pour qu'on puisse s'amuser nous... 
Je ris. Ce n'est pas un travail, mais un jeu. 

Samedi 31 juillet
Bonne nouvelle matinale, le maire veut voir Djamaï. Sans doute Michel a-t-il fait passer l'article dans la Mars. Djamaï ! Français il veut devenir, français il va être à présent, vive la marseillaise, l'orgasme enfin se prépare, après .... 10 ans de préliminaires ? disons... J'imagine la scène.. 

"Comment donc mais bien sûr... si longtemps ? mais nous n'en savions rien, ô mais quelle histoire...  Votre papa a fait El Alameï ? Euh... Il est décoré ? Euh... Ecoutez, vraiment, on ne sait pas comment ce retard est possible. Les subalternes parfois, une erreur... oui je sais, vingt erreurs.. non, plus trente... mais il faut aller de l'avant à présent, ne pas se pencher vers le passé. Bon à toute chose malheur est bon, c'est réglé et on vous offre même le Larousse avec pour nous faire pardonner... vous ne savez pas lire, ah bon... 
Alors on va fêter ça... Vous prenez quoi, pastis ou martini? O pardon, vous ne buvez pas..."  

Pour mes 4000 euros, on pourrait imaginer un scénar idoine, mais  à Paris, pas ici : "Comment donc mais tant que ça... ? Vraiment ? depuis 3 ans ? C'est à n'y pas croire... " Les maires de villages sont défavorisés sur ces coups car ils ne peuvent incriminer un subalterne lorsqu'on les a croisés tout le temps... Paris a ses avantages... Merci Michel pour Djamaï... et puis ça m'évitera des réveils dès potron minet... 

Reprise le 2 août : ma candeur est indécrottable, ce n'est pas en fait pour s'excuser qu'il a été reçu... mais tout le contraire, voir plus loin... Passons là aussi. Mais je " passe"   veaucoup je trouve en ce moment (je laisse la coquille)...  
 


J'y retourne. Il est 13 h ici. Aux States, les gens s'apprêtent parfois à aller au ciné ou au théâtre -du moins à New york- ;  au Kurdistan, certains se réveillent devant leur café et d'autres sont déjà à pied d'oeuvre ; à la Réunion, c'est l'hiver et le jour n'est pas encore levé et au Vietnam, on est au milieu de la nuit. Magie du net, qui sont ces amis qui s'intéressent à ce village... ou à moi... ou à l'eau... ? Pour certains, je le sais ou m'en doute... Salut et fraternité à tous, je me sens moins seule dans ma querencia avec mes animaux. Un clic et l'histoire de notre pauvre village file en Californie... 

Bon, je vais faire un passage sur les fouilles du Dugas tout de même... pour ceux qui lisent à 4000 kilomètres... ou pour le tourisme comme dit le maire. A ce propos, il serait bon qu'une rue ou un chemin -tiens tiens- portât le nom de celui qui a oeuvré sans relâche pour l'histoire du Dugas, le spécialiste justement des fouilles dont la vie d'infirme fut un calvaire silencieux achevé récemment, peu après la mort de sa mère dont il s'occupait et à qui il ne survécut pas -mission accomplie-. J'ai nommé Jean-Paul Rodier. Y a-t-il comme il le supposait un lien entre le "culte" du toro de Mitra -curieux culte puisqu'il s'agissait de le tuer- et la  légende du "vol au biou" -boeuf-? Les coupe-têtes creusés dans la pierre en haut du rocher qui domine sembleraient l'infirmer -pas de sacrifices humains à l'époque mitraïque ou des résurgences très marginales- mais ils sont peut-être bien antérieurs et plusieurs cultes ont coexisté longtemps, Bââl, les mazdéens, Mitra etc...



Ou encore cette légende proviendrait-elle d'un scoop publicitaire antique destiné à faire venir les chalands à un moment où le marché qui faisait vivre la ville se désaffectait dramatiquement ? Tiens tiens, déjà, au 10 ème siècle ! Est-ce la raison de la mauvaise réputation de Saint Ambroix, un bled de filous prêts à tout pour des écus ?  


5 heures PM
Des barrières devant la mairie... Impossible de se garer. Pour moi ? Peut-être pas... Aucun problème, je me mettrai ailleurs, porter mes affaires sera un jeu d'enfant. Avantage de se nourrir normalement. 


Juste avant d'y aller, je reçois un mail de Joseph, un ami militant -ce qui se fait de mieux, anarcho syndicaliste espagnol-... ma foi assez pointu qui m'interpelle. Voici toiletté easy ce qu'il cite issu d'un pasteur américain de droite extrême: 
"Tout pouvoir ne peut distribuer aux uns que ce qu'il a préalablement pris à  d'autres. Quand la moitié d'un peuple croit qu'il ne sert à rien de faire des efforts car  l'autre moitié les fera pour elle, et quand cette dernière moitié se dit qu'il ne sert à  rien d'en faire car ils bénéficieront à  d'autres, c'est la fin des haricots." 
Et bien, ça ne me semble pas faux, mais il faut juste retourner la formule. Cette "moitié" qui ne fait pas d'efforts comptant sur les autres, c'est le gens en place ou leurs épigones... et cette autre moitié qui refuse de s'éreinter puisque cela bénéficiera aux autres, c'est le peuple exploité qui à un moment baisse les bras (RMI etc). Exemple de l'eau et de ceux qui ne la payaient pas quand d'autres se trouvaient surtaxés pour éponger... sauf que ce ne sont pas des "cas sociaux" qui étaient exonérés de "jure", mais justement des gens en poste et en place... et ceux qui se trouvaient surtaxés, des pauvres sans appui, hors-caste, "racaille" ou classes moyennes... Ces classes qui vilipendent parfois à l'étourdie les "cas sociaux" qui ne paierait pas alors que c'est au contraire ceux qui ont -petit- pignon sur rue qui bénéficiaient de cette faveur officielle. Ainsi retournée, la formule est exacte.




A la mairie, une petite foule bien sapée, une commémoration quelconque ? Non, c'était un mariage... au fait c'est vrai, c'est fait pour ça aussi. Certains, après la traditionnelle photo, lisent l'affiche... m'encouragent. Une anglaise qui passe avec deux petits enfants la traduit à toute allure et parfaitement me semble-t-il pour son mari, j'essaie de retenir ses termes. C'est curieux, il me semble connaître la mariée qui soulève tout le temps les volants de sa lourde robe Pompadour, montrant ainsi des jambes parfaites qui tirent un sourire même à Hamid malgré sa fatigue... Dix, vingt, je ne sais plus combien de points de suture, des ligaments arrachés à l'épaule, les traits tirés, il continue tout de même à travailler, c'est la saison. Je dois délirer, on dirait la jeune femme du service des eaux qui avait suscité l'admiration de Robin autrefois lorsque j'avais occupé le bureau -ils s'apprêtaient à me couper l'eau au Ranquet-. Un jeune homme de la noce est venu lire et, estomaqué, m'a demandé s'il n'y avait pas un médiateur. Non, ici, c'est connu, tout va bien et il n'y en a pas besoin. Je n'ai pas donné de pétition.




J'ai écrit le texte de l'affiche sur une grande pièce de tissus blanc, j'y ai même fait quelqu'ajout... et je la porte comme un péplum. Tout à l'heure, je vais l'arranger à la grecque avec deux fibules sur les épaules. Et à l'instar d'Isabelle sa chemise, je ne l'enlèverai que lorsque l'affaire sera réglée... tout comme, selon son vœu, la reine catholique dit-on ne la changea que lorsque les maures furent chassés de Grenade.



Et en allant chez Momo pour envoyer mes messages, un vague sentiment de manque au terrain vague soudain, curieux...  C'était le grand panneau publicitaire en fer qui annonçait la création d'appartements sur ce terrain, là depuis 13 (?) ans... tordu, rouillé et irrégulièrement déchiré vers le bas, qui n'y était plus. Scié ou arraché, il demeure toutefois adossé au mur. Redite, ici tout est lent, très lent. En 13 ans, on avait fini par s'y habituer et il nous manquera.. comme la vieille voisine odieuse.. qui représentait pourtant une trace de notre passé.  





Des gens des Vans aimables et positifs, apparemment aux prises dans leur village à des histoires du même genre mais moins ''hard'' -des parisiens venus à la retraite, ce qui aggrave leur cas-… qui me disent que ''la gauche est une véritable maffia, tout comme la droite''... et me recommandent de m'adresser à Sarko. Je n'ai pas donné la pétition, mais le site et le blog.

Un gars que je connais chez Momo... je ne l'avais pas reconnu, sapé très prof à la retraite, ce qu'il n'est certes pas du tout... que ''la Bisette'' repère du trottoir d'en face et vient embrasser et re embrasser... Il se montre sympa avec elle, le cas est rare, et lui donne un euro qu'elle lui demande. Souvent on la rembarre : elle boit, est mal fringuée, parfois confuse... Cette femme de cinquante ans un peu simplette, autrefois très belle dit-on, dont beaucoup d'hommes du village -et pas forcément des marginaux!- ont profité, qui à présent font semblant de ne pas la connaître, est ici un peu la ''Fiancée du pirate'' version Zola. Elle ne le prend pas mal; malgré l'exploitation à laquelle elle a été livrée et le rejet qui s'en est suivi, elle n'en veut à personne sauf peut-être à une voisine qui un soir m'a bousculée devant elle -la Bisette compte si peu-. Je me sens très proche d'elle, moins généreuse cependant : il m'arrive de haïr, même si ça ne résiste pas à l'analyse. Comme un vilain staphylo qu'on exprime et qui sort tout de suite sans laisser de traces. Sans doute suis-je plus naïve : ces histoires, je n'aurais jamais imaginé qu'elles m'arrivent. Tandis qu'elle ne se fait aucune illusion sur les gens. Il n'empêche qu'elle les aime. Une sainte? Elle rappelle l'héroïne de "Breaking the waves"!.

Elle vit avec un ex para alcoolique lui aussi dans une minuscule pièce en rez de chaussée, et lorsque je lui ai donné des vêtements cet hiver -neufs, achetés à bas prix à la croix rouge- elle les a revendus aussitôt pour acheter de l'alcool, si bien qu'ils n'ont pas dessaoulé de la semaine. Depuis je ne lui donne que des usagés, ce qui n'empêche qu'elle les refile aussitôt à d'autres, soit gratos, soit contre des clops pour son mec car elle ne fume pas. De temps en temps, elle s'en va ''faire les mégots'' pour lui. Elle ne sait rien garder pour elle-même mais emprunte souvent de menues sommes, un euro, deux euros, toujours à sa demande. Il arrive dit-on qu'elle ''vole'' dans les potagers quelques légumes, ce que lui reproche un des jardiniers qui ne plaisante pas avec ses courgettes. Je crains fort en y repensant qu'elle ne m'en ait amenées car à un moment il y avait toujours des cageots devant ma porte, elle trouve que je me nourris mal. Elle vole aussi des croquettes pour son chat... que d'ailleurs elle a -peut-être- volé lui aussi, il passait dans la rue... elle a décidé qu'il était perdu, ce qui me semble fort improbable - c'est un superbe-... qu'il risquait de se faire écraser, ça d'accord... et elle l'a aussitôt pris chez elle... A., qui nourrit des chats errants l'a engueulée: le matou est suffisamment gras sans qu'il soit nécessaire de chaparder pour lui la pitance de ses protégés. Histoires de village, touchantes et tristes. De gens simples. La vie, quoi...


Dimanche 1er août
Une réflexion gênante à la relecture qu'il faut bien faire pourtant. La notion de justice et de démocratie ne sont peut-être pas claires pour certains : une histoire n'est jamais comme à la télé qu'un combat qui les dépasse, même s'ils savent en être l'enjeu... c'est juste un rapport de forces qu'ils ne pensent pas pouvoir infléchir et qui au fond ne les concerne pas vraiment, même s'ils sont intéressés comme public. Le fond, plus complexe, disparaît derrière la forme. "X." contre "Y." se comprend mieux que Justice contre Pouvoir. Il y a un ''chef'', qui a la force dont on peut tout redouter cependant sympa autrefois dit-on, il aurait aidé des copains au collège... etc ... et un autre qui finalement pèse aussi son poids, plus aimable et plus proche, battant et criant très fort lorsqu'on l'écorche: moi en le cas. Ils visionnent le spectacle de l'extérieur comme un film, une anecdote peu banale -en fait elle l'est mais juste démesurée-. Ce n'est pas une question d'opportunisme : simplement, ils sont persuadés que tout ce qu'ils pourraient faire serait s'arroger.. Hors propos. Sur des sables mouvants, moins on fait de mouvements, moins on s'enfonce. Sans calcul aucun, ceux-la se détermineront toujours en faveur du plus fort. Cela rappelle la conversation entre deux élèves qui vibraient en regardant un film palpitant : -Pour qui tu tiens?" chuchote l'un à son voisin. -Pour les bons" répond-il. -Et qui sont les bons?" interrogea Lydie. - C'est deux qui gagnent." ! Société du spectacle en effet. Il faut faire avec.




La notion de justice est remplacée par celle de force à laquelle il faudra se soumettre... et selon leur optimisme, ils supputent. J'ai quelque chance, le truc est vraiment énorme, 4000 €, presque trois millions traduisent les plus âgés, un chemin communal, pensez... et surtout je semble tenace etc... Mais c'est toujours a priori sur le mode du "je" et du "ils", rarement du "nous" ou alors ça ne vient pas tout seul. La notion de justice est abstraite; celle de force, concrète, facile. Un coup de poing se comprend mieux que la justice, ou une facture d'eau, quoique celle-ci soit si énorme qu'elle finit par ressembler à un paradigme de coup de poing sur la figure. C'est une chance en un sens. Un cran au dessus et on a alors -logiquement- l'idée de vengeance. Un signataire s'est exclamé à propos de ceux qui actuellement m'accablent qu'ensuite "ils allaient se trouver dans une position délicate" (!) -si je me présente, sûr dit-il que "je passerai". A cela, je n'avais jamais pensé, forcément puisque ce n'est pas une question perso. Un film ! D'autres du reste me l'ont suggéré : sans doute ma pugnacité leur apparait-elle de bon augure, même si certains n'en saisissent pas les raisons... ou après tout, pensent-ils, se battre pour soi n'est pas différent de se battre pour tous -ça, c'est moins sûr mais bon-. Un autre s'est targué... d'être ''clean'' vis à vis du maire car il n'avait jamais signé de pétition contre la décharge (!) soulignant ainsi son crédit ... dont il  pourrait user en ma faveur. Sympa, quoi. On n'en sort pas. Au fond c'est juste une question philosophique : qu'est-ce que la justice ? C'est par là qu'il fallait commencer... Si on ne l'a pas en tête, on ne peut que défendre X parce qu'il est sympa et "Y" non.  Je ne crache pas dessus mais bon... Tant pis, je fais avec, ce n'est pas une humiliation pire que celles que j'ai déjà subies.


Une femme que je connais m'a invitée pour un pot, plaisir pour une fois de se détendre que je me suis accordée... et finalement, c'est bien plus que des bavardages. Douce, des problèmes familiaux, c'est une bourgeoise malheureuse dans sa belle maison que les voisines lui envient ; son amie qui s'avère venir du même ''pays'' que moi, nous avons des relations communes etc... me raconte  alors une histoire banale ; un huissier engagé par elle, alors qu'elle bénéficiait pourtant de l'aide juridictionnelle à 100%, aurait ''prélevé'' sur l'argent qu'il avait recouvert  -des arriérés de pension alimentaire assez conséquents- presque la moitié de la somme pour ses ''honoraires''... alors qu'il devait être payé par ailleurs par l'AJ. Malgré ce qui lui avait été dit au tribunal, elle a laissé courir: sans voiture, depuis un village perdu non desservi, se rendre à Nîmes est une expédition... et, justement en raison de la "ponction", elle se trouvait dans une situation pénible ; endettée, elle n'avait pas obtenu ce qu'elle escomptait... Cercle vicieux, on affaiblit quelqu'un par un vol... qui ensuite n'a plus les moyens de se défendre justement contre ce dol... Les pauvres sont un gibier de choix. Il en faut certes un grand nombre pour amasser un bon pécule mais globalement il y a moins de risques. Des histoires de ce genre concernant du personnel de justice, parfois des élus ou des notables sont courantes, quasi litaniques, insupportables.

Le dimanche est un mauvais jour en général, ici du moins... des gens lents, épuisés par la chaleur, comme moi, en famille souvent, surveillant les enfants -les voitures filent vite dans ce village-couloir presque tout entier réduit à une nationale qui le traverse- c'est peu propice à la lecture et a fortiori à l'engagement... Je me demande si ma propre fatigue reliée à la chaleur et au mal de dos ne joue pas. Je crois que je vais ''rentrer'' me reposer, m'allonger... Tout à l'heure, ça ira mieux.

Des jeunes gens lisent, intéressés semble-t-il, je m'approche pour leur donner le tract avec le site... et ils s'en vont aussitôt ! C'est la première fois que cela arrive. Ils sont étrangers et ont dû croire que j'étais un témoin de Jéhovah ou que je voulais leur vendre quelque chose... comme au Maroc où les commerçants ambulants attirent les touristes par des affiches et leur sautent dessus dès qu'ils s'arrêtent. Plus le soir tombe, plus les gens sont sympa. Sans doute ont-ils moins chaud. Et ils n'ont pas les enfants avec eux à surveiller. Plus libres, plus détendus.

Plus de batteries, excellent prétexte pour retourner me reposer chez moi. J'en ai assez de tous ces gens mornes qui regardent l'affiche d'un air distrait tout en marchant et continuent à avancer lentement  en mangeant leur glace, sans doute saturés comme moi par la pub, émotions et entendement obérés. Des veaux dirait de Gaulle. A moins que ce ne soit le début du mois ? La période creuse ? Les gens d'août en effet sont plutôt moins sympa que ceux de septembre, c'est connu. Pourquoi ? Corps déformés, rouges, tee shirt en vagues, tongs traînantes -ils en pensent sans doute autant de moi-... je n'ai pas envie de les aborder.

"La Bisette" est venue me faire part de la chaleur, merci, je n'avais pas remarqué, et s'en est repartie au foirail. Dans sa minuscule pièce, il fait trop chaud dit-elle; aussi sortent-ils tout le temps, ce sont des gens de dehors que l'on voit tous les jours, incontournables, comme Beny. Seuls les bourges avec la clim restent chez eux, si bien qu'on ne voit "traîner" que les pauvres, les marginaux, des gitans, des touristes... ou moi. 

Beny est marrant: lorsque je parle à des gens, parfois il arrive qu'il se mette au milieu et m'interrompe pour me contredire, tel un élève perturbateur. Ca ne porte pas à conséquence. "Elle a bu du café et de l'orgeat" précisa-t-il hier gravement débarqué à un moment où je parlais de tout autre chose que de ma grève -il était accouru, soucieux de rétablir l'ordre et la vérité, s'intercalant entre un couple et moi... et il sentait pas mal le vin- ... "Et elle a eu bien raison" lui a répondu l'homme en rigolant. Attitude que j'ai observé chez lui depuis pas mal de temps, significative sans doute (?)... quoiqu'étant donné le personnage, on ne puisse redouter grand chose de lui... et a contrario, en fait de recrue, il y a mieux. Il a cependant signé la pétition, ce que je ne lui demandais pas plus qu'à la Bisette.  

Downloadé ce blog pour ceux qui n'ont pas le net, nombreux... 

Lundi 2 Août
Sylvie Barbe m'envoie la vidéo dont m'ont parlé des touristes avant hier au sujet de l'expulsion musclée de femmes africaines. Honte. bien sûr... mais que c'est crétin surtout !!! J'en viens presqu'à plaindre les policiers  qui vont ainsi passer à la postérité devant leurs enfants. 
 

Et je repense à ce jeune soldat noir de la F.A. à Beyrouth qui m'avait mise en joue et qui au mot "elle est française" avait aussitôt abaissé le canon de son arme braqué sur ma tête -à 10 cm-. Ce mouvement, il m'arrive toujours d'en rêver -aucun traumatisme cependant, la scène est plutôt marrante à chaque fois-.. ça se passe toujours au métronome en trois temps : "sors tes papiers" (je me penche sur mon sac).. bruit de l'autre côté de la vitre ouverte (klkak klk)... je relève la tête, surprise... et vois la kalach braquée sur moi en même temps que j'entends R. hurler en arabe "elle est française elle a pas compris"... et au mot  "française" le canon s'abaisse immédiatement.  2, 3 secondes ? Même pas le temps d'avoir peur... La suite est comique, j'enfonce le clou : "Dis donc je suis française et toi tu me tues !" L'air gêné du type qui veut rattraper le coup, sa main me tapotant l'épaule :  "Excuse-moi, mais on peut pas savoir, au Hesb aussi, ils en ont des blondes, des jolies comme toi"... Je ris et lui rends son accolade : "Merci, c'est pas grave, allez, je comprends, tu risques ta peau..." Quatre secondes  en tout ? Je sais à présent qu'on peut mourir sans avoir eu peur et qu'un seul mot -"franzaoui"- peut être un levier qui fait baisser le canon d'une arme braquée sur votre tempe. Sauf qu'à présent, avec les prouesses viriles de nos zozos expulseurs d'africaines avec bébés (l'horreur), il n'est plus certain que le mot "français" ferait disjoncteur. Et je n'aimerais pas me retrouver à un check point, en joue d'un africain harcelé par les voitures suicides, aux nerfs plus ou moins solides.

Triple zut, ne nous comportons pas de telle manière que ce "crédit" dont nous bénéficions auprès des peuples d'Afrique ne s'épuise. C'est peut-être à cela que je dois -comme bien d'autres- la vie. 

Je me réinstalle. Chaleur insoutenable, je viens de prendre une douche et je suis aussi moite qu'avant. Je crains de sentir mauvais, Cette-facture-sera-payée a dû me marquer comme CH autrefois, redite, maire à présent.. et pas de Saint Ambroix hélas ! Tant pis. Je n'ai pas mis la table, ça fait trop ''bureau'' et bloque les gens, comme si je faisais moi-même figure de bureaucrate. Du coup, c'est mieux.

Et c'est le must. Quand je suis dans un état de stress "positif", cela m'arrive parfois ET JE N'AI PAS D'EXPLICATION A CELA, voir un blof (je laisse la coquille) ''parallèles sécantes''... Je rencontre une jeune femme journaliste à Fr3, qui passe par hasard, elle lit attentivement, me questionne... Et je lui dis immédiatement -qu'est-ce qui m'a pris? en ces cas je ne ''réfléchis'' pas, ça sort tout naturellement, comme si quelqu'un d'autre parlait à travers moi -:

'' Vous avez fait philo'' -c'est une affirmation et non une question-... et je lui sors les '' Chants philosophiques''. Elle me répond, elle aussi sans y penser, ''oui''.. et après hésitation, le prend et je le lui dédicace en vitesse devant la mairie. Comment l'ai-je su, ce ne sont pas des études banales, nous étions 50 à la fac contre 300 ou davantage en lettres et plus en médecine, et encore les trois quart étaient-ils des mecs ? Aucune explication. 
Un adjoint, toujours le même, sort immédiatement après... et me salue... ou bien fait un geste agacé, je n'ai pas bien compris... et file aussitôt. L'affaire l'intéresse mais rien de sûr, elle n'est pas une décideuse dit-elle... cependant, je n'ai plus à présent la réserve genre ''philosophe-emmerdée-en-lutte-contre-la-gauche-pour-qui-elle-a-voté''. 

Pas d'héroïsme, cette réserve provient, provenait de ma crainte  de passer pour l'andouille... que je suis, mais ''je me le sers moi-même..." etc.. Donc, même récemment, j'eusse souhaité que tout se passât encore sans -trop- de vagues. J'ai changé. Lorsqu'on se gare dans les clous et qu'on vous le signale, on s'enlève avec diligence et on fait éventuellement des excuses si on est poli.. mais lorsqu'on y demeure un mois malgré les risques (l'administration ! ''l'administration mon cul'' comme dirait Zazie...) ce n'est plus une erreur, c'est une faute. Jusqu'à présent cependant, rester devant la mairie ne me déplaît pas. Quand j'en aurais marre, je mettrai le turbo et ça finira.



Djamaï m'apprend que le maire lui a reproché de s'être fait, je cite, ''enrôler'' par moi qui me servirais de son histoire pour médiatiser la mienne (!) Oh que c'est beau ! C'est le coup du ''vous avez voulu valoriser votre terrain en défrichant le chemin''... sauf que ça ne vient pas d'un estois égaré mais d'un ''d'ici'' :  sans excuses donc. Mais Djamaï, dont personne ne s'est vraiment soucié avant que je ne mette son histoire sur le blog  -du reste, j'ai enlevé l'article  de celui-ci depuis une semaine et l'ai mis ailleurs où il y a plus de monde en ligne-… est suffisamment lucide pour ne pas s'en laisser conter. Il faut dire que la ficelle est un peu grosse. 

Tiens, par curiosité, je regarde -comme tout auteur qui se respecte mais je me me respecte sans doute pas car ça fait longtemps que je ne l'ai pas fait-... mes "signalements"... il faut taper "Hélène Larrivé" dans la fenêtre de droite directement sur google et ne pas louper les accents sinon ça optimise. C'est fait, merci mes amis!... Ouahh !! non je ne dirai rien, après tout, je ne vais pas tout mâcher, à vous de voir, un clic, c'est pas dur.
Et pour les blogs aussi, vous qui les surveillez comme une station anti sismique, vérifiez vous mêmes ce qu'un ouvrier non francophone à l'origine a compris seul...
Un clic vous faites, ou deux, allez, et go, surtout ''grève de la faim'' . C'est justement pour cela [j'ignorais toutefois le bond de mes signalements et ça me met le moral, merci, qui était assez moyen] c'est disais-je justement pour cela que j'ai accroché sur les blogs les plus achalandés des gens qui ont comme lui subi des injustices diverses dont tout le monde se fout [enfin non, pas tout le monde, la preuve, disons "tout le monde parmi les gensses en poste à Saint Ambroix" ou dans des bleds idoines ce qui réduit considérablement le monde] dont Djamaï. Inversion là aussi des buts supposés, comme pour le coup du chemin,  faut-il croire qu'il en est qui transfèrent ? Le net est un outil de poids... et aussi un flic de poids, le meilleur... et le pire parfois. Là il m'arrange tout de même bien. 

De même lorsqu'on me dit que ''c'est réglé'' pour que j'arrête ma grève... et décourager les médias à la veille d'une réunion qui allait sans doute être pénible -ce à quoi j'ai consenti, la gauche, pensez, malgré tout- … [On est une famille en somme et il n'est pas bon devant l' "ennemi" supposé de dévoiler que le tonton picole ou que la tata n'a pas l'électricité à tous les étages isn'it?]

Décidément révélateurs, ces sinistres malentendus : la réserve est prise pour impuissance; la longanimité pour faiblesse; l'éthique pour servilité ; l'engagement politique pour allégeance... et l'engagement tout court pour paparazisme... ça, ça vient de sortir frais pondu. Il faut donc ''cogner'' -fort- pour être pris au sérieux, sans souci de la casse qui peut aussi vous entraîner en tant que groupe. Comme avec les loubards qui tirent souvent sur le prof le plus sympa parce que de lui, croient-ils, ils n'ont rien à redouter et qui parfois se cassent les dents... Dit autrement : on est vite pris pour un con, plus encore qu'on ne l'est vraiment. Plus exactement pour une conne.

Un détail pour être honnête : Djamaï a commencé son parcours du combattant lors du mandat de l'ancienne mairie, 7 ans... puis l'a poursuivi lors du mandat P., 2 ans. Les ''responsabilités'' (un quart /trois quart) sont donc encore en faveur de la ''gauche'', attention le temps tourne et bientôt ce sera là aussi un partout la balle au centre. Réflexion jolie : '' mais l'administration vous savez... bla bla. '' Sauf que l'administration, c'est ''eux'' !
 


Une réponse-argument, un peu sotte j'en conviens et a posteriori de un an, je ne suis pas une rapide, à Gérard (ça ne concerne que lui mais bon, je n'ai plus de temps à consacrer perso à des amis) : l'avantage d'être un peu connue est justement (à ça je n'avais jamais pensé jusqu'à ce jour) qu'on ne peut vous accuser de ''paparazisme'' et de récupération donc d'insincérité. Dont acte.

Aujourd'hui, des gens "bien", partout... contrairement à hier. Des flamands ! joie d'évoquer avec eux Louvain et la ''catho'', leur gentillesse simple, directe, la manière dont de Walhens, de Walhens, sauveteur de l'œuvre de Husserl, le ''de Gaulle'' belge mais philosophe et non général, à l'époque recteur de l'univ... nous a accueillis AL. et moi. Je le cite, je n'ai jamais oublié ce colosse qui avait davantage l'air d'un bûcheron que d'un évêque et théologien, impressionnant, au sourire éteint, sans doute empreint de ce qu'il avait vu et subi en 40 ; alors que je le remerciais de nous avoir logés... ni plus ni moins dans un château (!) et offert une bourse -plus un petit travail-, il me coupa d'un revers agacé : Madame, ne nous remerciez pas de vous avoir accueillis, c'est vous qui nous avez fait l'honneur de venir vous réfugier chez nous, et c'était le moins que nous puissions faire.'' Il parlait évidemment d'AL fuyant le fascisme. Les belges ! Dire cela simplement, presque hautain, comme s'il reprenait une petite étudiante en philo pour un contre sens. J'avais eu envie de l'embrasser mais je n'ai pas osé, un tel monument. Merci Monseigneur, où que vous soyiez à présent. (Ca c'est des cathos... autre chose que les pauvres punaises ricanant sottement parce que "une telle" a son soutien gorge qui a lâché dans l'émotion de...) Peut-être aurait-il fini par me convertir, le filou si je n'étais rentrée en France au bout d'un an en vitesse. Pour parler comme lui, il m'a fait l'honneur d'essayer. "Madame, dans votre passion pour la justice, c'est évidemment Jésus qui vous anime". Evidemment (!)

Donc ces belges sont estomaqués par ma facture, mais je n'insiste pas, ils méritent mieux. Je ne leur parle que de la thèse de Rodier et des fouilles, en fait, ils en viennent mais comme tous, n'ont pas poussé jusqu'au coupe tête, mal indiqué sans doute. Permanente sur cette place heureusement assez ombragée, je suis multifonction : don Quichotte d'arrondissement -comme dit méchamment RC- et hôtesse bilingue -enfin, presque- de syndicat d'initiative, ils devraient me salarier du reste.

Beny vient de passer, avec toujours les mêmes propos, l'eau du village ne serait pas potable, toxique, il y aurait des antibios dedans,  il a été mis en hôpital psy pour l'avoir dénoncé.. Il en veut à l'ancienne équipe et pense qu'on essaie de le tuer parce qu'il serait dépositaire de secrets fondamentaux... qu'il refuse de dévoiler cependant alors que ce serait le seul moyen d'échapper à ses "tueurs putatifs". Il affirme avoir reçu une balle dans le dos. Dans son délire il y a probablement du vrai mélangé à du faux mais où ? 



Il faut décrypter. Par exemple Gab, lorsqu'elle reprochait, et avec quelle violence ! à sa bonne voisine d'avoir voulu la marier à ''une porte'', faisait en réalité état de ses tentatives serviables mais insistantes et malvenues de lui faire épouser un certain ''Laporte'', paysan, veuf, et rabougri, de vingt ans plus âgé ! laid comme l'enfer et de surcroît grigou et profiteur... L'innocente sotte pensait sans doute que pour une ''vieille'' fille, quelque soit son niveau intellectuel et social -Gab n'avait que trente ans, une formation, un travail et une bonne éducation- il pouvait représenter un ''parti'' envié ! Trop humiliée, Gab avait dans son délire shunté cette histoire, la transformant en fable comme manière de catharsis.. Sans doute Beny fait-il de même.

Il réitère que ''si je veux être crédible'' (bizarrement, le mot est toujours employé par les gens qui reviennent de la mairie, un leit motiv, c'est à ça que je les reconnais) ''il ne faut pas prendre de café sucré'' ! le malheureux n'a pas compris que j'ai arrêté la grève depuis longtemps, je ne tiendrai plus debout sinon ; ne sait-il pas lire ? Il le prétend. Faux : il écrit, et pas si mal, on le voit à l'église sur le cahier de ''prières'' dans lequel il a signé une supplique émouvante pour que sa femme lui revienne. Je lui demande en plaisantant pourquoi il tourne autour de moi, regarde derrière les affiches, mes affaires... et survient parfois pour me contredire lorsque je parle à des gens... Et  il botte en touche avec une habileté que je ne lui devinais pas. Curieux personnage.

Excellente journée. Des parisiens d'origine bretonne aussi, sympa mais... qui m'ont dit -avec un zeste de fatalisme un peu méprisant, j'encaisse, bien obligée- qu'ici, ''c'était le midi, quoi''... Le midi de Pagnol, de Chamson, de Carrère ou de Chabrol, au passage tous uniment parisiens ? De Saint-Ambroix en tout cas. 

Un jeune américain musicien que l'on voit parfois le soir tard chez Momo, jouant dans une cave à côté de l'église, lit mon texte, en fait il le connait, c'est plus ou moins celui de l'affiche... et me parle de son association. Il met de l'oxygène dans le village... pourvu qu'il ne soit pas découragé et ne s'en retourne. 

Une observation générale : selon des critères obscurs ou faussés, certains qui ne font aucun effort pour s'intégrer -au contraire-, que l'on ne voit strictement jamais [pas plus que leurs "clients"] en dehors de leur querencia-enclose... sont courtisés [par ceux-là même qu'ils mésestiment] et d'autres, talentueux et omiprésents, ignorés. Les premiers font venir des chalands dit-on pour justifier cette inéquité : forcément puisqu'on les a aidés, cercle vicieux.. -Mais il n'est pas sûr que le village en profite.-  Les seconds en font aussi venir, mais ce ne sont pas les mêmes et ceux-là peut-être dérangent. Hors caste, pas des riches étrangers acheteurs de... ou pas seulement.


En fait, ceux qui ne voient une activité -fût-elle artistique ou pseudo- que comme un business axé sur le profit [ce qui va de pair souvent -pas toujours- avec la médiocrité] s'accordent peut-être mieux à l'esprit du village que ceux qui créent, libres, dérangeants [ou considérés comme tels par un pouvoir très frileux.] Les premiers rassurent, les seconds font peur: irrécupérables. Pas de levier contre ceux qui en général n'ont jamais reçu de subventions  ou d'aide quelconque. C'est l'avantage. 

Cela explique la déréliction intellectuelle de villages qui courtisent les médiocres et ignorent ou accablent des créateurs -qui partent-. C'est peut-être voulu, on est mieux entre soi. Une démonstration sous forme de question : qui a pensé à contacter Gunther Leitzen qui a réalisé un film sur la résistance allemande dans les Cévennes,  notamment sur le Puits de Célas?  Il passe en Allemagne; pas ici ! Il  a une maison à Saint-André où il vient en vacances avec des étudiants et on le voit souvent à la librairie ou au salon de thé. Passionné par la France dont cet allemand parle parfaitement la langue et par les Cévennes, il transmet ailleurs sa passion dont ici nul ne lui sait gré.



 Le pizzaïole, lui, va fermer, il en a marre ''les gens sont méchants''  etc...  Un peu simpliste... C'est moi qui tente de le convaincre que c'est juste une image faussée, ça le fait bidonner. Il lit, observe que ma ''robe'' est parfaitement écrite, on est prof ou on ne l'est pas,  et comme je suis obligée de lever les deux bras, remarque que dans cette attitude je ferais un épouvantail parfait. XX qui attend son tour, avec qui on bavarde chiffons ou plus exactement "cric de manivelle" me confirme que c'est lui en effet (c'est ce qu'on m'avait dit) qui a voulu ''casser'' la conduite d'eau le jour où on venait la lui couper... la conduite ou éventuellement le grand shtroumpf élu des coupeurs d'eau de l'époque, dommage. Voici donc ce que j'appelais l'argument ''cric de manivelle'' ici croisé deux fois.  Précision: on ne lui a pas coupé l'eau. MAIS A MOI, SI. Tant mieux pour eux mais lorsqu'on est une femme, redite, ça ne simplifie pas. Il faut se caser costaud, quoi... Monde de film B ou la peau d'une nana ne vaut rien en soi, mais son fric, si.

Lorsque je disais que tout ceux qui ne sont pas récupérables ne sont pas favorisés -faible mot- peut-être est-ce mon cas ? une galerie d'art contemporain ? rien de plus fort, de plus porteur qu'une installation... qui peut être comprise même par des illettrés ou des non francophones. Est-ce là le fond du problème? Qui sait ? Il doit bien y avoir une raison tout de même, au delà de ce qu'on peut subodorer, de ce harcèlement auquel je suis soumise depuis que je suis revenue, toutes tendances confondues. Irrécupérable ? Non, ça ne peut être ça...  triste à dire mais je dirais : même pas.

Mardi 3 août
Pas de marché donc, ce n'est pas politiquement correct mais je ne peux pas. Bernard non plus. Le végétarisme aussi.. On se bat pour les toro -très bien et on ne peut qu'éprouver une grande admiration pour Garrigues et son assoc qui sont récemment descendus dans l'arène, se sont fait tabasser et ont obtenu l'interdiction des corridas en Catalogne- mais pas pour les poulets, les petits n'intéressent personne, là comme ailleurs. Il est vrai qu'eux, on les mange.  


Un oubli hier, significatif... et je me suis promise de ne rien omettre -ce serait mentir en pochoir-. Un gus qui avait discuté (chiffons) avec un signataire de ma pétition devant moi, et qui, me dit le copain, était le maire de son -lilliputien- village, repasse peu après devant moi... Croyant à un retour intentionnel, je lui tends le tract. Forte réaction, immédiatement agressive : "Je connais cette affaire et vous préviens, je ne prendrai pas parti dessus!" Ma réponse ne l'est pas moins, je ne suis plus la même, un bon point du reste. "Et je ne vous le demande surtout pas, je vous informe seulement : lorsque comme élu on doit tourner dans le sens du vent, il faut savoir  le prendre, non?" Il a pilé aussitôt, souri (!) pris le papier ("merci")... et détalé.  

Autre oubli, rajout plutôt, à propos de mon intuition sur la jeune journaliste de Fr3. Un écrivain ou artiste est souvent médium sans le savoir : lorsqu'il écrit, il est parfois dans un état qui rappelle la transe sans aucunement s'en rendre  compte. L'exemple le plus saisissant est celui du Titanic dont l'histoire fut "écrite" quelques années avant sous forme de roman, mais il en est bien d'autres  moins connus. J'en ai quelques uns personnels que je tairai ici sauf deux qui s'encadrent parfaitement dans ce blog. 

Voici : il y a quelques temps, voulant parler du village et en faire une sorte de roman philosophique, j'avais "tout" flouté grave de manière à brouiller les pistes et j'étais assez satisfaite du résultat. Au centre de l'histoire, j'avais figuré un personnage inventé (ce que je ne fais jamais car je ne sais pas faire) avec quelques détails sur lui très précis et surtout des éléments de son cursus un peu outrés, dévidés en chaîne... bref, je l'avais chargé un max:  le "pervers" typique des romans de gare ou quasiment, l'Harmattan voulait des lecteurs. Là, j'étais absolument sûre de mon coup: le mélo parfait... 

Le bouquin était prêt à l'envoi lorsque par chance j'ai rencontré par hasard à la librairie un gus qui n'était pas un ami mais qui connaissait très bien le village et dont la discrétion - quasi professionnelle- était, supposais-je, à toute épreuve... Sur ce dernier point, j'avais raison, et sur l'autre aussi du reste. Mais...

... Il me le rendit peu après, gêné. Là, je le cite: "C'est excellent... un peu long mais bien fait, rien à dire.. Seulement, excusez-moi, je n'ai pas à vous donner de conseils, mais tout de même puisque vous m'en demandez.. pour quelqu'un qui veut faire attention à ce qu'on ne reconnaisse pas les gens, vous vous posez là!
Qu'est-ce à dire ? 
Ce n'était pas la première fois que ça m'arrivait mais jamais de manière aussi.. magistrale : le personnage-clef que j'avais ouvragé.. existait vraiment, comme si je l'avais fidèlement "copié". Et mon lecteur incrédule de me dérouler alors une à une les anecdotes -il y en avait trois dont une extrêmement improbable- concernant ce "héros", toutes attestées et connues, et du reste pas seulement par lui.. [Publier eût été gênant pour les victimes..] A un cheveu. Le tapuscrit déjà mis en page (!) dort et dormira toujours dans mes tiroirs... et dans 2000 ans, ne dérangera plus personne. 

Affaire embarrassante vite oubliée comme tout ce qui est gênant... sauf que j'ai réitéré récemment en plus grave. Ayant voulu reprendre une -excellente- nouvelle policière d'un écrivain néophyte que je jugeais un peu sèche, j'y rajoutais un personnage, une jeune femme dont je fis la clef de voûte. Elle existe vraiment, je l'avais juste esquissée pour laisser à l'auteur la liberté d'en faire ce qu'il voulait. Et dans mon scénar, je la fis morte dans des circonstances qui s'adaptaient tout à fait à sa nouvelle. Je lui donnai mon esquisse et barka, à lui de jouer. Mais le soir, sur le net, un peu gênée qu'elle soit si reconnaissable, je surfai sur son nom: stupeur, elle était réellement morte peu avant. C'est pourquoi je ne me risque plus au roman.





Leibniz parlerait de "perception sans aperception"; Bergson d' "illusion rétrospective"; Freud, d'inconscient et Platon, de "réminiscences". On entend ou perçoit quelque chose -de gênant moralement, de dramatique voire d'anodin- et on l'oublie aussitôt, on oublie même qu'on a oublié (!)... et on le retrouve tel que parfois des années après dans la création artistique qui fait sauter le verrou "moral" apposé sur la mémoire. Ce que l'on croit avoir intuitionné, en réalité, on l'a toujours su tout simplement parce qu'on l'a entendu ou vu. Ca colle pour le roman sur Saint-Ambroix, à la rigueur, mais pas pour l'affaire du Titanic ou de la jeune femme morte peu avant mon "invention romanesque" de sa disparition. Pas d'explication donc. L'écriture est une drôle d'affaire. 



Je m'y recolle... Ces discussions deviennent une nourriture intellectuelle.

Jeudi 5 août
En quatrième vitesse. Le vide grenier ce soir... Bernard est arrivé. Un appel de PC, curieuse initiales mais bon, ce sont bien les siennes pour le coup (comme il est un personnage "public" je ne change pas) qui lui bosse bien (mais à Montpellier) dans son assoc d'anciens combattants... proche justement du PC... Il me demande les coordonnées de Gunther Leitzen le cinéaste allemand. Et "comment ça va?" je ne sais si c'est une allusion à la grève de la faim... mais j'en profite pour lui dire que ce n'est pas anodin et fatigue énormément ensuite, peut-être à cause de la chaleur. -Hier je n'avais plus la force de décoller, aujourd'hui ça va au poil..- Et je lui fais un mail vengeur... qui en fait ne le concerne pas totalement car il n'est pas d' "ici". Mais il sait où me trouver tout de même... passons, ce n'est pas grave, mes signalements on bondi je m'en fous et je ne suis pas seule à me battre, il y a peut-être des cas plus lourds quoique... Et puis il a fait la guerre -d'Algérie- et bon... mon histoire peut lui paraître anodine. Joie d'aller voir Bernard tout à l'heure, bien qu'hier mon état d'épuisement était tel que je le redoutais un peu. C'est passé. L'état de la maison me fait honte, bon, c'est ainsi, je n'ai pas eu la force de nettoyer. Si j'étais une immigrée, on dirait "évidemment, qu'attendre d'une arabe.." mais j'ai la chance d'être PHS, alors ce n'est pas si grave, ça fait même genre, voyez comme elle est sympa elle ne se la pète pas etc.... Mais c'est la merde tout de même pour les copains. Gênant, ils risquent le choléra s'ils sont fragiles, moi je dois avoir des anti corps. GO. Douche et je file. Les chiens sont tout joyeux ce matin, ils suivent mon mouvement, enfin "elle" a l'air bien, ouf... Il fait moins chaud aussi, je ne suis pas très bien adaptée à la région. Gaffe : Jean en est mort (de la canicule). Pas adapté lui mon plus.




Jeudi 5 Août 2 heures
Je suis installée. J'attends Bernard. L'affiche est abîmée, je dois l'arranger, en fait je la mets sur le platane, avec un peu de culpabilité.

Les gens sentent l'ambro solaire, ça me rappelle la mer... Marseille aussi.

Une femme de Marseille, justement, qui cherche le festival des cordes sensibles, honte à moi je ne sais pas où c'est, tout passe autour de moi sans que je ne le voie. Un scoop ? Elle me dit qu'à Marseille, ce genre de "chose" est courant -mais là on s'y attend- et qu'il y a un ''observatoire'' (?) qui s'occupe de ces questions  -un différend entre des particuliers et une administration, le pot de terre contre le pot de fer dit-elle, avec plusieurs instances qui vont jusqu'à Bruxelles. Et que ça marche. En fait, j'ai tout essayé -dis-je peut-être à tort- sauf ça. A voir. Je n'ai pas très bien compris de quoi il s'agit.




Et voici un ''pseudo'' qui passe, m'évitant soigneusement... je ne résiste pas à le décrire tant il est chou : grand, beau, élégant style négligé-étudié, long foulard froissé battant son dos sur pantalons blancs nickel bref un ''artiste'' qui annonce la couleur à cent mètres, avec qui on avait parlé longuement autrefois (une galeriste du crû, fût-elle gauchiste engagée art contemporain n'est pas à négliger). Il cherchait à l'époque à se caser à la DRIF où disait-il il avait déjà travaillé et visiblement tentait de remplir son carnet d'adresse local. Il s'assied chez Hamid, le troquet le plus ''chic'' de St Ambroix comme chaque après-midi: c'est là qu'il s'expose pour lancer quelques lignes, du reste c'est là que je l'avais rencontré. En fait sympa, souriant, lâchant une carrière qu'il disait engagée (?) il avait suivi son épouse prof et faisait contre mauvaise fortune bon cœur. Notant soigneusement les noms que je lui citais et me questionnant mine de rien -j'ai vu par la suite qu'il avait exposé chez certains, se prévalant de moi- il tisse sa toile comme il le faut. Et séduit. Gauchiste, apolitique, situ, engagé-dégagé, il sait prendre le vent délicatement, sans flagornerie ou du moins ce n'est pas visible car il a du talent.

Ce qui a mis la distance avec moi fut l'expo au Ranquet où visiblement il avait tenté, apparemment sans succès (?) de se faire admettre. Sans importance, l'essentiel était d'être VU au vernissage, de rencontrer des gens, de se montrer-appréciant-connaisseur, tout un art en effet. C'était pourtant avant l'affaire du chemin ''effondré'' et j'étais venue en voisine, assez mal fringuée -je ne faisais que passer en allant défricher chez moi si je me souviens bien-. Et il était clair que pour lui -ce en quoi il se trompait- que, devisant avec tel édile, tel acheteur, tel important, il ne convenait pas de me voir ou très discrètement, business is business, l'artiste travaillait... son réseau. Mauvaise pioche puisque l'un d'entre eux était un ami mais bon... une gaffe normale : on ne peut tout connaître lorsqu'on débarque dans un village et il arrive qu'on se trompe de cul à lécher.




Il est assis et feint de lire Midi-Libre devant un café, c'est un plaisir délicat de le peindre sur mon clavier alors qu'il se demande seulement qui il va pouvoir ferrer aujourd'hui. Pas grand monde, sauf, mais c'est vraiment un tout petit gibier, une adjointe qui passe en vitesse court vêtue... qui ne le voit même pas, il faut dire qu'il n'a pas fait beaucoup d'effort, il sait pouvoir mériter mieux.

Des bretons qui passent, lisent, s'indignent et signent aussitôt sans que je ne le leur demande -je demande rarement, je ne sais pas pourquoi, aujourd'hui c'est comme ça-.. Ce n'est pas la première fois que des bretons réagissent aussi vite et bien, hier déjà il y en avait eu plusieurs, ça met du baume au cœur...

Une femme de Saint Ambroix que je ne connais pas, elle n'est là ''que'' depuis trente ans (!) c'est à dire depuis que je suis partie! m'interroge, comprend au quart de tour, s'indigne... et refuse de signer... Sa réaction était tellement simple, sans hypocrisie  ''je préfère pas vous savez'' que moi aussi, je n'hésite pas un poil : ''Vous êtes commerçante ?''... ''Oui.'' OK. Mais elle est branchée ''net'' et va voir ça de près, dans la solitude de son appartement, discrétos.
Vive le net qui met à égalité des ''petits'' et des ''grands'' comme a dit la femme de Marseille tout à l'heure. Enfin, pas tout à fait... Il modifie voire inverse les rapports de force certes... mais aussi  peut créer une autre forme de domination... qui parfois s'oppose et contre balance la répression subie par les ''petits''... mais d'autres fois peut jouer à contre sens, créer une répression aussi grande. Il favorise aussi incontestablement les intellos -pour une fois- ou ceux qui savent écrire sans effort et taper sur un clavier, les techniciens et les dégourdis qui apprennent vite à se servir d'un logiciel... Pas forcément les riches -sur le net tout ou presque est gratuit.-. mais il y a tout de même un investissement à la base, un ordi -tout le monde n'a pas la chance d'avoir un fils informaticien- et accès internet... Il faut aussi accepter de ramer quelque temps car c'est inéluctable et ne pas s'énerver, ne pas avoir ''peur'' de la bécane ! C'est comme un cheval. Sans Fred, je ne sais pas si j'aurais eu ce courage.




Des belges aussi. Toujours la même gentillesse immédiate et simple, et la même ''modestie'' un peu agaçante. ''Excusez-nous, on n'est pas d'ici alors...'' Mais si mais si... Finalement ils réalisent et prennent le tract en me remerciant. ''Courage à vous.''

Le soir
Des gens si nombreux que je n'ai pu noter tout au fur et à mesure  (en fait, je n'ai rien noté du tout)... et je suis trop crevée pour le faire à présent. En vitesse... 

Des femmes indignées, une jeune employée municipale -documentaliste- de la région parisienne en vacances chez une cousine qui me parle des combines de sa municipalité où on "achète" couramment les voix au point que les élections ont été annulées plusieurs fois, sa carte d'électrice ressemble au passeport d'un jet set...  Et c'est le petit miracle d'une sorte de coup de foudre comme ça arrive parfois, son visage fin et bien tapé au ciseau me rappelle celui de Lydie... et il s'avèrera que c'est un peu plus que ça.

Car un jeune que je connais de la galerie et à qui j'ai parlé des "Lettres à Lydie" -il n'a rien oublié de la bataille de la Madeleine, en parle avec elle et sa cousine-.. mais il n'a pas le net, trop pauvre, pour se l'offrir, du coup je crois malin de lui sortir de la voiture le tirage-papier destiné à H.... et, devant son volume, 100 pages, il recule comiquement -il faudra que j'en fasse un digest-... Il propose alors de mettre des affiches à sa fenêtre -lui et ses copains seraient OK dans sa rue- je trouve ça chouette mais je finis par refuser car je trouve qu'il se mouille trop... Du coup, je parle des "Lettres à Lydie" et -honte à moi mais ce n'est pas moi qui ai lancé la discussion- elles vont aussitôt  acheter le livre en deux exemplaires pour les lire en même temps, me les apportent et je le leur dédicace... Emouvant, je suis sur un nuage... 

 

 Un miracle du net

Une prouesse technique aussi, qui me marquera, ainsi que les quelques personnes qui étaient là. Un gus me demande mon nom, sort son téléphone, le dit dans l'écouteur (? j'ai presque peur, c'est quoi ce truc, un type des RG ?) et aussitôt observe: "vous êtes écrivain... tiens vous avez écrit sur le Puits de Célas..." Incroyable, il a immédiatement surfé sur moi tout en écoutant ce que je dis à un petit groupe ! et je "me" vois apparaître sur son écran ainsi que certains de mes livres qui défilent en lecture, comme ça, dans la rue, loin de tout accès wifi ! Vague impression d'être déshabillée mais c'est plutôt bien, on dirait qu'il "vérifie" au fur et à mesure et ça me va tout à fait... "Et ça coûte cher ce truc?" Oui hélas. Dommage, quelle affaire ! Il signe évidemment aussitôt, après avoir eu l'obligeance de passer sa merveille à d'autres pour qu'ils puissent regarder eux aussi. 

Il y a aussi le voisin anglais de H. avec lequel nous parlons longuement... en anglais ou ce que je crois en être... un type passionnant en contrastes, tout à fait atypique, géologue connu, autrefois jet setter, descendant de la famille des rois d'Irlande et ex gauchiste actif au demeurant... à présent installé ici à l'abri du besoin, ayant rompu avec sa vie mondaine à la suite d'un drame... dans une petite maison poétique qu'il reconstruit et où il se reconstruit ! J'aimerais mieux le connaître. Ce soir je me sens bien. 



Des femmes d'un village à côté extrêmement combatives et imaginatives avec lesquelles on s'est bien marrées. J. aussi, avec qui on a pris un pot... Elle se sent bien dans un village et mal dans une grande ville, où on est seul... A analyser : pour moi c'est exactement le contraire, la ville où on a un contact plus direct, où tout et tous défilent sans avoir autre chose à montrer que ce qu'ils veulent bien, à un moment donné, (demain peut-être ils ne voudront pas)... et ils le font en général sans défaut, (à quoi bon frimer puisque tout le monde s'en fout et aura oublié dans cinq minutes), où on peut (je parle du quartier latin) s'inscrire dans une conversation d'à côté sans déroger ni s'arroger...  ("non je ne suis pas d'accord sur ce que tu dis au sujet de"..) me semble plus propice à la liberté. Ca va plus vite et la vie est courte : ce qui prend 5 minutes ("non je ne suis pas d'accord sur ce que tu dis") ici prend un an...  il y a les préséances, il faut passer par un tel qui connait un tel qui peut-être pourra etc... soit, je ne le fais pas, je fonce droit, mais je choque sans doute justement pour cela, même si je mets de l'oxygène aussi c'est évident. On y arrive certes mais c'est long long long...





... une adventiste qui me parle du Saint-esprit... mais se montre étonnamment pugnace par rapport à l'injustice que je subis et à l'augmentation des factures d'eau -cette chrétienne se propose d'occuper la mairie manu militari ni plus ni moins !- une soirée comme il en faudrait plus. Je me sens comme à Anduze ou à Paris. 

J'ai aussi retrouvé MN, qui m'explique sa défection pour le sit in par le décès imprévu d'un ami hospitalisé. Triste, j'aurais dû y penser, elle m'avait déjà parlé de lui, de son état de santé... Je deviens égoïste, je l'avais pratiquement oublié. Du coup, j'ai aussi oublié de lui demander... Y penser demain. 

Une femme que je connais au marché me signale qu'une jeune fille a aussi attrapé un staphylo après s'être baignée, mais au visage, au dessus de la lèvre et vers le côté, plus ennuyeux encore qu'à l'aine car les yeux ne sont pas loin, elle est sous antibio puissants. Elle est juste en face et je la vois en effet, visage un peu déformé. Raz le bol.  
 Je lui achète une chemise blanche très ample, superbe et y inscrit le texte de l'affiche sur l'arrière. Demain, je ferai l'avant ! Un vendeur que je connaissais aussi m'a donné des chaussures  -je lui en avais acheté une paire-... Et pour finir, chez Momo où j'avais voulu envoyer le message, j'ai vu GF qui m'a parlé d'écologie, de culture bio, de l'eau de la Cèze etc...  Cette irrédentiste héroïque, pas d'électricité, pas d'eau courante, pas de supermarché  etc... me dit qu'apparemment, il y aurait clivage dans l'équipe entre les écolos et d'autres. L'idée d'un marché bio, excellente, initiée par une copine à elle, a été refusée sans appel.  Niet et niet, ça dérangerait le marché normal. Il semble que les femmes n'aient pas grand chose à dire et re et re et re... Un flash : une adjointe attendant au pied un collègue qui devisait pendant ... allez un quart d'heure, debout, sagement comme il convient lorsqu'on est une femme donc espèce totalement négligeable. Pourquoi acceptent-elles, triple zut ? Ca me donne une  idée de tableau-install comme j'aime (et mes amis ça se vend aussi!) : "La création du monde" de Courbet avec des images de mecs en surimpression, ça c'est pas idiot, je sens que ça va le faire... J'ai commencé avec des copains par facilité, dont j'ai les photos sur l'ordi, un test. J'espère  -non, je sais, ce ne sont pas des imbéciles- qu'ils ne m'en voudront pas. Sarko aussi ça peut le faire, quoique je ne le vois pas tellement macho : pour se hisser à des femmes qui lui sont si supérieures -au moins question taille- il faut un sacré culot, ne pas craindre les moqueries, donc ne pas être trop maschio. Ca me le rend sympathique, navrée si ce n'est pas correct politiquement. Je m'arrête, épuisée... mais d'une bonne fatigue ce soir. Plus mal au dos. Serait-ce psychosomatique ? 
 

Vendredi 6 août
Un article désopilant de Sylvie Barbe, et son blog (voir à son nom ou dans le blog répertoire).. Je "rectifie" pourtant avec un post assez long sur les cévenols, qui lui ont certes fait du mal mais je crois tout de même à un sinistre malentendu... Aimer et haïr se ressemblent et on peut détester par amour frustré, riez vous avez le droit. Optimiste, quoi. Et là, désolée, je ne puis dire pourquoi. Patience, dans un mois vous saurez. J'y retourne. L'article sur Djamaï est paru, il exulte, enfin un média s'intéresse à lui et ça va tout changer. Enfin, j'espère ! Mais je suis candide aussi. C'est La Marseillaise, bien sûr.


Je viens de lire l'article, parfait... juste 13 mots de shuntés, pas grave, obligation de mise en page sans doute, voyez comme je suis sympa aujourd'hui, c'est à n'y pas croire ma belle humeur, et oui. Au fait ces 13 mots, c'était quoi ? Allez, le suspense est insoutenable, les voici surlignés : "A la mairie, on ne va pas taper du poing sur la table pour si peu, ce "vieux" qui veut être français, c'est plutôt folklo." Pas grave allez, c'est peut-être mieux pour lui qu'il n'ait pas trop l'air revendicatif, du moins publiquement. On n'attrape pas les mouches avec du vinaigre, quoique si, ça dépend de ce qu'on veut en faire. Moi je suis plutôt tueuse. 





Il ne s'en est pas rendu compte car il lit mal mais lorsque je le lui ai fait remarquer, il m'a dit que c'était sans doute le mot "vieux" qui n'était pas "bien". 

Poste fermée, crénom de nom, 5 heures ! donc pas de sous, je dois aller en demander au libraire, un peu gênée : je ne peux même pas  me payer la Mars... avec mon article en plus ! O joie, il me fait le compte pour "Le puits de Célas" et me voilà riche ou presque. Mais j'ai l'impression de mendier, quoique non tout de même, comme il me le fait remarquer. Drôle de vie faite aussi d'expédients, ça me va tout de même...

Et surtout j'ai vu Madame F., qui a le net, ouf, je lui donne mon blog. Elle ne savait pas pour mon affaire. Il faut croire que tout le monde ne savait pas en fait, contrairement à ce que je pensais. Très bien, il me faut donc "traîner" un peu, comme me le reproche C. Un copain a vu lui aussi sa consommation doubler alors qu'il n'a rien fait de spécial, lui aussi a un compteur farceur sans doute, il y en a plein en ce moment qui font des blagues. Il s'est pointé à la mairie. Résultat, inconnu jusqu'à présent. Mais que se passe-t-il donc ? 



Retour à la mairie, personne mais alors personne, décevant, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Un observation : la foule se sent "portée" par elle-même et se montre parfois plus courageuse, plus osant, plus imaginative. Les gens seuls aussi. Mais ceux qui sont en tout petits groupes, surtout en couple, semblent verrouillés de l'intérieur, accablés. Ils réagissent souvent a minima : l'un veut s'arrêter, hésite, l'autre ne veut pas ou n'a pas vu... et à chaque fois c'est celui qui a tenté de sortir de leur querencia mentale qui perd , ils se tiennent à deux et filent même si parfois il regarde derrière. Ca doit être ça la famille. 

J'ai enfin tout écrit sur la chemise, devant compris. C'est bien, j'espère que ça résistera au lavage. 


Et une petite catastrophe ! Un jeune couple souriant mais pressé me demande où se trouve la salle municipale où doit se dérouler un film. En face. Je les revois ensuite, apparemment ça n'a pas commencé, et le gars sans doute gêné d'être passé fissa sans regarder l'affiche me demande alors, en fait c'est une affirmation : "vous êtes donc dans une grande gêne financière." Euh... non, enfin un peu... pas au point.. et soudain je réalise: "Mais vous ne croyez pas que je demande de l'argent?" Et il me répond impavide : "si bien sûr...." Zut zut, je démens fortement... et il s'interroge, étonné : mais que demandez-vous alors ?"  Zut zut et re zut. J'ai mal fait l'affiche, mais pourquoi, comment... ou alors il est particulièrement... touit touit...  je lui demande d'où il est, breton, s'il est étudiant, oui, en BTS structure métallique, la jeune femme aussi, CAP animatrice petite enfance... Pas des analphabètes donc. Y en a-t-il d'autres qui le pensent ? Il faut revoir ça... je préfère ne pas y penser... mais ça expliquerait le contournement de certains. Ils croient que je mendie. Déjà une petite gitane amie d'amie... avait cru que je ne mangeais pas par manque d'argent et s'était proposé de m'apporter des sandwiches, mais comme elle était une peu "touit touit", je n'y avais pas prêté attention. C'est peut être pire que je ne croyais. Pourtant j'étais bien fringuée to day. Impec, coiffée et tout et tout.




Il y a eu heureusement un couple de hollandais super, on a parlé en anglais et ils ont pigé quart de tour, puis lui a traduit à d'autres hollandais, deux femmes, des collègues qui m'ont beaucoup encouragée et félicitée... Ouf. Je préfère croire que le jeune "structure métallique" avait justement un écrou qui avait du jeu dans sa propre structure. Mais il y a aussi la petite gitane qui s'est fourvoyée. Peut-être faut-il accepter cela aussi...  Qu'on me prenne pour une mendiante. Mais pour de bon.

Je vais m'occuper des chiens. Ras le bol, ils m'ont fichue en l'air. Je n'ai pas pu aller à B. voir des gens importants, Sylvie avait enlevé l'adresse de son blog. Demain. 


Robin me reproche ma violence. Il ne se rend pas compte qu'ici, sous des dehors de gentillesse un peu superficielle, le milieu est en fait extrêmement dur ; il n'y a qu'à entendre parfois les gens parler. Milieu violent, parfois grossier, même avec cet accent qui rend tous les propos semblables à d'aimables plaisanteries. Lorsque je parle d'une certaine manière qu'il dit violente, c'est simplement parce que je suis moi aussi d' "ici", que je m'adapte ou retrouve d'instinct une certaine façon d'être idoine -en plus soft tout de même que la majorité-. Mais pour un bourgeois libanais d'origine rompu à cette "politesse" sans défaut des salons que j'appelle parfois hypocrisie, ça ne le fait pas. Il ne se rend pas compte qu'ici on ne le comprend littéralement pas. Il se laisse leurrer par une allure, une attitude, un sourire bon enfant qui parfois cache "le racisme à front de toro" par exemple... et ne bronche pas, même s'il entend des choses inacceptables... si bien que les gens qui les profèrent croient à une acceptation et enfoncent le coin toujours plus, en "rigolant". Et lorsque je surviens et arrête tout sec et net -il dit "violemment"- il se rencogne, un peu offusqué; on croirait qu'il a honte de moi. C'est pourtant le seul moyen : parler comme certains, se mettre à niveau. Sa réserve, le comprend-il, est malvenue pour eux. Différence de culture. Et ce sont les mêmes contre lesquels j'ai parlé me reproche-t-il, "violemment"... qui ensuite me disent (ou plutôt m'ont dit) que "ça" ne se voyait pas trop chez mon fils, "ça" étant son arabité ! Et c'est lui qui me dit que je n'ai pas à les engueuler ainsi -en fait je parle simplement sur le même ton qu'eux-. Difficile d'être entre deux chaises. 


Samedi 7 août
Anniversaires funestes : hier, Hiroshima, demain, Nagasaki... et surtout la mort de Lydie. 200 à 300 000 morts, les estimations varient... contre une seule, ma catasprophe (je laisse la coquille) nucléaire perso... évidemment c'est incommensurable mais c'est seulement à elle que je pensais avant d'ouvrir la télé. Honteuse, même elle m'aurait disputée du reste d'avoir seulement pensé à "ça" c'est à dire à moi. La Russie flambe, salut et courage à ceux qui lisent ce blog à Moscou, des inondations ailleurs, la terre se venge, bientôt, peut-être un tchernobyl saison 2, comme le feuilleton "les Tudor"... les arbres sont saturés de césium radio +, le feu va l'envoyer dans l'air, la question sera simplement le sens du vent, pourvu qu'il souffle sur le voisin, quoi. Des "scientifiques" droits dans leurs bottes, après nous avoir déjà dit que la France avait été épargnée, le vent s'étant arrêté aux frontières en zone de transit bien poliment comme un VRP sans visa qui attend sa correspondance, viennent sans rire nous dire que ce n'est vraiment pas dangereux. Les guignols. 


J'y retourne. Je dois appeler Sylvie, un petit boulot marrant à faire d'urgence dont je ne dirai rien. J'ai potassé "mon" patois car il doit s'effectuer en VO. Ca va me remonter le moral. Le patois !

Souvenir de cette collègue de Carnot, plus snob tu meurs, prof de lettres classiques -en philo on n'a pas "ça" en principe-... blonde et belle, les élèves l'avaient surnommée Catherine Deneuve, un peu plus âgée que moi -à propos, salut à toi- que j'avais remplacée, c'est à dire qu'on m'avait collé un "mi-temps" de grec dont elle ne voulait pas pour compléter mon service -bien que je ne fusse pas qualifiée pour- ... c'est à dire très exactement trois heures seulement, mais de 8 à 9 le matin (!) ... que je haïssais un peu pour cela... passons, j'étais "jeune"... Elle m'impressionnait et m'agaçait aussi par son allure "seizième", et se liait peu... 



Un brin culpabilisée sans doute, elle m'invita un soir chez elle, tout à côté du lycée pour parler boulot. C'était bien comme j'avais imaginé, immeuble chic, tapis persans et meubles de prix, il faut dire qu'elle avait eu la sagesse d'épouser un industriel plus âgé... Bref, on prend le thé dans de la porcelaine de saxe... et, à une réflexion de moi peut-être ironique-agressive, sur un texte littéraire, genre "tu es une bourge parisienne, moi cévenole, on ne peut pas se comprendre"... la voilà soudain qui se met à me répondre assez fort... dans un patois savoureux digne de Mme C. ?!?! On en a fait un film ensuite.  

Juive, fille de médecins, à l'âge de douze ans, elle avait été envoyée  dans les cévennes chez des paysans... où elle avait tout de suite appris à traire des chèvres, faire les foins, nettoyer les écuries etc... le matin à l'aube avant d'aller à l'école, comme tous les gamins du village, étant censée être une cousine dont la mère était malade. Elle s'était parfaitement adaptée et ne faisait aucunement tache parmi les autres. La guerre finie, malgré ses "parents" qui redoutaient tout pour une jeune fille de 16 ans, elle était "remontée" à Paris avec un peu d'argent qu'ils lui avaient donné, avait filé droit chez "elle"... et  trouvé son appartement occupé par une famille qui s'était offusquée de son intrusion : que venait-elle faire? que voulait-elle ? Une jeune fille de son âge était en train de jouer sur son piano... 


Ses parents ne revinrent jamais d'Auschwitz mais grâce à une assoc américaine juive, elle put obtenir un pécule, puis une bourse et plus tard une partie -une partie seulement- de ses biens, après de multiples bagarres dont ils se chargèrent. Toute sa famille ayant péri, elle vécut seule dès cet âge, retournant toutefois le plus souvent possible chez ses "parents" cévenols. Elle n'eut jamais d'enfant. L'écriture l'avait sauvée disait-elle du désespoir. Ainsi donc, ce pur fleuron de la bourgeoisie parisienne intello avait une autre face, une ex petite paysanne gueularde dure à la tâche. Tout un passé qu'elle ne voulait pas oublier. Du reste c'est mon origine, et deux ou trois choses que je lui avais dites, notamment que mon mari était juif, qui l'avaient fondée à m'inviter, ce qu'elle ne faisait jamais. En fait, on était très proches. Salut à toi Rachel. 
 

Allez, trêves de digressions, go. Roussette tout à l'heure a eu une attitude étonnante, du jamais-vu : elle a miaulé fort gentiment, s'est avancée vers moi, câline, sans me griffer ni me mordre, quémandant désespérément l'affection que d'habitude elle refuse. Sait-elle ? Un sixième sens ? Le sens du temps ? C'est le chat de Lydie qu'elle amenait partout et soignait comme un enfant -en fait, beaucoup mieux- : veto, vaccins, brossages, produits anti puces, tiques,  et même anti phlébotomes -précision, totalement inutile voire nuisible pour un chat-. Jusqu'à ce jour, jamais elle n'avait eu cette manière de faire en dehors de toute faim.

Et puis j'en ai assez, je crois que je vais me résoudre à... ce qui ne me plaît pas trop, punto d'honor en somme... mais à quoi je pense -et surtout on me fait penser- depuis quelque temps... ça tourne dans ma tête depuis que j'ai vu hier ce jeune "BTS structure métallique" qui a cru que je mendiais (!!)... Je vais aller me baigner... enfin, me baigner, c'est à voir... mais du moins à la "plage" ou au restaurant... où je ne suis jamais allée, trop de marches pour ma sciatique mais bon, je peux le faire à présent... et évidemment avec mon tee shirt très tendance : une galéjade, et on en est bien là -inutile de le jouer tragédie grecque-. Question morale : "agis de telle sorte que la maxime de ton action" etc... Je ne crois pas que Kant y trouverait à redire, moi, je ne sais pas... ou est-ce que je me leurre moi-même ? 


Est-ce que je demeure malgré tout quelqu'un de bien élevé-nickel, qui, comme on me l'a appris à Clé doit toujours "donner l'exemple bla bla bla". Une éducation coco ça marque tout de même de manière indélébile. Allez, à l'inspire, on verra, je "me" trouverai sûrement des arguments déterminants dans un sens ou dans l'autre dans la voiture... pour faire ou ne pas faire, pas forcément de bonne foi du reste (!) j'adore me mentir à moi-même comme tous les lilitants. (O je laisse le lapsus, trop beau). Robin ? Il a tellement peur d'une autre grève de la faim qu'il sera sûrement OK. Tout pour lui vaut mieux que ça, il a la trouille que j'y laisse trop de plumes, genre "à ton âge tu déconnes, tu n'es plus une gamine etc..." sympa quoi dans le style ! Moi je n'ai pas peur, simplement, lorsque je suis trop affaiblie, je ne peux plus me défendre, et ça va  très vite avec la chaleur, contrairement à ce que je pensais.  A la mairie d'abord, tout de même. 

Et bien contrairement à ce que je croyais, il est contre: "tout de même ça ne se fait pas, ce n'est pas ainsi que... ça galvaude bla bla bla..." décidément, chez lui, le géodal (je laisse la coquille) libanais prime sur l'époux attentionné -relativement-.  Ca me déçoit presque, et aussi j'admire. Question d'honneur lui aussi, tiens donc. Mieux vaut que Madame suivi-de-son-nom demeure digne des suivi-de-son-nom.. je n'aurais pas cru. Dérivation sur le thème "le mal ne justifie pas le mal". Je réponds que ça dépend des doses dans la balance, je ne suis pas dogmatique : un tout petit "mal" contre un "grand", si, pour moi, se justifie. Reste à mesurer. Ici, facile. Autre chose : perdre la fece ? (je laisse le lapsus, je pensais sûrement au staphylo) ! 



Ma foi, je l'ai déjà bien perdue, la face, et tout compte fait ce n'est pas un mal. Entre "cette-facture-sera-payée" qui me crie dessus, "il-n'y-aura-aucune-exception", idem, (là, un copain !), les "amis" venus chez moi à Paris autrefois qui m'évitaient soigneusement, et pour finir le brave BTS qui croit que je mendie... sans compter la pauvre femme qui "exige" que les flics m'embarquent "parce que je suis riche"... je ne vois pas ce qui me reste d'une position sociale théoriquement privilégiée... ET C'EST BIEN AINSI.     

Cette histoire doit/va finir. En résumé, bien que marquée par mes loubards de Vitry, j'ai ici commencé bas, très bas. On est à St Ambroix, dans mon bled, quoi, où les gens sont civilisés, pas en banlieue parisienne. "Je vous assure que je n'étais pas là... J'ai toutes les preuves..." Puis légèrement plus haut, lorsqu'il fut question de me couper l'eau au Ranquet, mais encore assez soft. Et un cran au dessus, après la saisie -mais cette fois le fait de copains ce qui est plus grave- rebelote "je vous assure que je n'étais pas là"... "prouve le" etc... On monte encore, et c'est une grève de la faim en deux temps, au début discrète, garée à trois emplacements de la mairie, exprès, je crevais simplement dans ma voiture... puis j'ai avancé d'une place, puis de deux, et enfin de trois, un point important, jusqu'à me mettre moi-même carrément devant la mairie avec des affiches. Ensuite, il y eut Bernard, Sylvie... Et l'écharpe-dazibao, là  ce fut carrément la cohue au marché... (et on me fit dire que l'affaire était réglée, ce qui ne fut suivi d'aucun document écrit)... patience une semaine, les lenteurs de l'administration c'est connu, et ensuite, encore un cran : le tee shirt plus pratique et plus lisible que je peux porter partout, à la poste, au supermarché etc... Ou enfin, au restaurant ou à la plage, c'est la suite logique.

Moralité : le "soft" ne paie pas mais alors pas du tout. Erreur d'appréciation. Allez go, je me suis moi-même convaincue... comme Manouche ou Kyo. Peut-être changerais-je tout à l'heure, je suis perdue aujourd'hui, ce BTS structure métallique m'a mis un coup sans le savoir.
 




Pour ceux qui n'ont pas le net et faciliter des tirages papier, voir  http://unefemmedetrop.blogspot.com


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